Dans les environs de Lunargent

Lienduil avait enfin repéré un lanceur de sort potentiel lorsque Alexandra apparut derrière lui et confirma son identité. Il s’apprêtait a lui répondre qu’il aurait aimé lui parler, quand Niamh sortit de la tente. Se disant qu’il valait mieux se rendre plus présentable pour aller lui parler, et peut être même mettre quelque chose dans son estomac pour ne pas qu’il gronde trop. Il se retourna vers Alexandra pour lui répondre et pour la remercier de ce qu’elle faisait pour eux. Il lui dit en Elfique, toujours pour lui montrer son respect envers elle :

- J’irai lui parler quand je serai plus présentable, et après avoir mangé, je crois. Merci. Merci pour tout, Alexandra.

Il se tourna ensuite vers Niamh, la contempla dans son nouvel accoutrement qui faisait un peu étrange sur elle, avec son teint sombre, et lui dit en commun de sa voix musicale:

- Je pense qu’il prend la menace au sérieux. Mais, comme il l’a compris, la réelle menace est la cabale de nécromanciens qui a créé toute cette horde. Je crois qu’il n’aurait pas cru cette histoire si c’était un non elfe qui l’avait racontée… mais bon. Je vais me changer.

Lienduil alla donc sous la tente pour se changer et farfouilla parmi les piles de vêtements pour en trouver un qui lui aille le mieux possible. Même si tous étaient confectionnés pour des elfes ou des demi elfes, il était quand même assez grand. Par contre, il n’y avait pas vraiment de différence entre les uniformes masculins et féminins. Il en trouva finalement un suffisamment grand, le mit en haut de la pile et entrepris d’enlever d’abord ses bottes, puis son pantalon et sa chemise, qu’il déposa au sol, pour ensuite revêtir les habits régimentaires, plus frais, chauds et secs. Il remit ensuite ses bottes et pris sa chemise pour enlever les dernières traces de boue de son visage et de ses cheveux. Il pris aussi son pantalon car il ne voulais pas vraiment l’abandonner et sortit de la tente. Si ce n’était pas pour l’absence d’armes et l’état de ses cheveux, on aurait presque dit un des éclaireurs. Il se dirigea a nouveau vers la lieutenante et lui demanda, en commun cette fois :

- Voila, je suis déjà plus présentable. Mais est ce possible de manger quelque chose ? Nous n’avons plus mangé depuis hier midi, et notre mésaventure dans la rivière glacée nous a sapé toutes nos forces.

[Désolée du retard, je pouvais pas avant...]

Cledwyna avait haussé les épaules de résignation alors que les deux guerriers du Nord se dirigaient déjà vers les ruines... et quelles ruines! La guerrière, sentant son coeur se soulever à la vue de ce visage défiguré, figé dans son expression de douleur horrifiée et que son pied venait de percuter, courru sur quelque mètre pour aller recracher les misérables restes de son dernier repas, couvrant ainsi les racines du premier arbre venu. Puis, une fois le plus dur passé, elle s'y appuya un instant avant de se relever haletante.

* Bordel... C'est pas possible de faire ça! C'est pas possible! Ils ont pas le droit! Ils les ont tous tué, mais ils leur avaient rien fait! Ils devaient même pas être une menace... C'est dégueulasse... Dégeulasse...*

La Colombe releva sa crinière de sang humide et crasseuse, pour laisser son regard retomber sur le specatcle immonde de la violence gratuite et de l'injustice la plus abjecte qui lui aie été donnée de contempler. Et dire qu'elle avait fréquenté rien qu'un instant le monstre qui avait engendré ce massacre! Elle n'en revenait pas, et c'est toujours un peu sonnée qu'elle rejoint ses compagnons au milieu de cette clairière macabre.

- Je... Ils... On... ... Où sont les armes?... Qu'on leur fasse payer!

Elle venait de se reprendre, et au goût de sa bile venait se mêler une amertume vengeresse, pour tous ces innocents sacrifiés, pour ses compagnons et pour la trahison dont ils avaient tous été les victimes. D'ailleurs, les deux survivants du village devaient sentir se parfum au centuple, et seule une telle force, une telle haine pourrait peut-être leur permettre de vaincre.

Mais d'abord, la jeune femme resta attentive aux réponses de ses compagnons, prête à les soutenir le cas échéant... et ce malgré son malaise toujours brûlant.

La lieutenant de la compagnie de Lunargent se tourna vers Lienduil, elle avait semblée être pendant un court instant perdue dans ses pensées. Posant la main sur la garde de son arme elle répondit aux deux magiciens en commun :

"Oui mais il va falloir vous contenter de rations militaires, ce n'est pas ce que Lunargent fait de mieux en matière de goût mais on s'y habitue. Suivez-moi."

Alexandra leur signe de la suivre. Ils traversèrent tranquillement le campement, au vu du nombre de tentes il devaient bien y'avoir une cinquantaine de soldats, ça représentait pas mal de monde. La présence des militaires était assez rassurante après avoir risqué sa vie en pleine forêt face au danger...

La lieutenant les invita à s'asseoir autour d'un feu de camp, puis demanda à un subordonné elfe d'aller chercher de quoi manger. Le sous-officier revint rapidement avec les rations demandées, qu'il passa à Alexandra avant de la saluer puis de s'éloigner. Elle les donna aux deux mages.

"Régalez vous..."


Le visage d'Odan était plus que rageur, il paraissait hors de lui. Plus il contemplait les ruines de son village et plus il trépignait. Serrant les poings et hurla de colère.

"Par Tempus aucun de ces chiens ne s'en sortira vivant ! J'lai mettrais en morceaux ces bâtards !"

Il s'avança encore un peu, suivit de près par Borsk, qui sembla un peu étonné par la réaction de Cledwyna. Les deux guerriers comprenèrent qu'au vu de l'âge de la jeune femme elle n'avait jamais due mettre les pieds sur un champ de bataille. Mais lorsqu'elle parla la rage au coeur ils lui firent écho :

"Oui on va les massacrer ! Trouvons la forge, que les armes parlent, il n'y a plus de temps à perdre, tout les notres sont morts !"

Borsk les guida au pas de course dans les ruines fumantes, évitant de croiser le regard des morts. Il arrivèrent rapidement là ou il voulait. La bâtisse était entièrement en pierre et avait plutôt bien tenue. Les rateliers d'armes et d'armures étaient renversés, le forgeron était mort l'arme à la main, couvert de blessures, c'était une véritable montagne. Odan soupira :

"Deromar s'est battu jusqu'au bout, comme toujours. Ses armes le vengerons par delà la mort !
- Oui prenons ce qu'il nous faut..."

[Tu peux trouver un exemplaire de n'importe quelle arme ou armure (y comprit des armes de jet) à l'exception d'un harnois]

Malgré la faim qui la tenaillait, Niamh ne se jeta pas sur les rations pour les dévorer à pleines dents. Elle les accepta avec le sourire le plus chaleureux possible, et remercia la belle éclaireuse.

-Je ne sais pas comment vous remercier pour tout cela, dit-elle. "Sans vous, je ne sais pas ce que nous serions devenus."

Elle s'assit calmement sur un rondin de bois, et déballa les rations. L'odeur qui s'en échappait lui mettait déjà l'eau à la bouche, même s'il n'y avait rien d'exceptionnel dans ce repas frugal. Les premières bouchées la rassérénèrent. Elle ne dit mot pendant tout le temps qu'elle mangeant, trop occupée à apprécier ce met commun, mais terriblement bon en ces conditions.
Niamh n'avait de mémoire jamais connu le manque de nourriture ; même si ça ne faisait que quelques heures qu'elle n'avait pas mangé, cela provoquait en elle une angoisse étrange, à laquelle elle ne pouvait donner d'explication. Elle supposa simplement que c'était le fait d'approcher de la ville qui était son but et le stress qui y était lié.
Son repas terminé rapidement, elle avait repris un teint normal. Enfin, elle pouvait réfléchir un peu plus sereinement.

-Il n'y a rien à redire sur le goût de vos repas Alexandra, l'informa Niamh en terminant les dernières miettes restées collées à ses doigts. "Ça n'est pas aussi relevé que ce qu'on mange chez moi, mais ça reste très bon."

Ce qui occupait l'esprit de la jeune Calishite était surtout ce que tous ces autochtones pensaient d'elle, une étrangère venant de contrées si lointaines. Jusque là, elle était restée évasive sur les raisons de son voyage et son identité, mais il fallait vite changer de tactique. Se montrer plus, aller de l'avant... Après tout, n'était-elle pas sensée être une prêtresse de Sunie ?

-Alors Lienduil, où comptez vous aller ensuite ? Nous voilà à présent hors de danger, alors nous pouvons faire ce que bon nous semble... Si ce n'est que nous avons une dette envers vous, Alexandra.

Jamais Cledwyna n'avait pensé que ses paroles à elle purent engendrer un quelconque effet galvanisant, elle en fut toute surprise. Et pourtant, en une journée, elle était passée de la jeune demoiselle gauche qui peinait à s'exprimer à la combattante fougueuse qui ne désirai que deux choses: venger toutes les morts injustes et retrouver celui qu'elle n'espérait pas encore défunt...
C'est ainsi que, malgré son malaise et la vision d'horreur qui l'entourait, elle restait fixée sur son but et avança, les traits tirés, mélancoliques et inflexibles, à la suite des guerriers nordiques.

En entrant dans la bâtisse, elle fit à nouveau une moue triste désolée en voyant le cadavre du colosse, il lui rappelait son feu père...
*Les pauvres... même un tel guerrier n'a pas su contenir ces salauds de Dragons... Mais il a du leur donner du fil à retordre!*

- Il doit leur en avoir mis plein la tête avant de tomber... J'espère...

Murmura la jeune femme, tête baissée, debout devant le corps inerte. Puis elle s'enfonça dans l'ombre de la forge, tout en fixant le guerrier tombé un instant. Mais en relevant la tête, elle écarquilla de grands yeux avant d'ajouter:

- ... Et il va continuer!

Son regard se posait tours à tours sur une multitude d'armes et d'armures de robuste facture, pour en retenir quelques unes. Elle eut premièrement une armure de plates en vue, magnifique, indestructible, infranchissable... Mais après réflexion, elle se redirigea sur quelque chose de bien plus léger. Ils allaient devoir voyager vite, de plus que ce pauvre Fidéus n'était plus là pour la porter, elle et ses habituelles carapaces de métal.

- J'm'en voudrais de vous ralentir en armure lourde, même si je porte ça d'habitude... J'vais essayer de trouver une chemise de mailles.

Et c'est ainsi, après une longue fouille, que la guerrière avait trouvé son armure légère, mais avait compensé son poids avec de quoi armer un régiment: une épée, un arc, un gantelet clouté, un large bouclier en ovale, maniable et aisé à accrocher dans le dos, et une hache de lancer composaient à présent son armada. *Voilà, je suis au top! Mais attends... y manque un détail, là... et de taille!* Cette pensée venait à peine de lui traverser l'esprit qu'elle remarqua, dans un coin de la masure, une hampe et sa lame familière. Elle s'en approcha, la décrocha du mur et sortit du bâtiment, l'arme en main et l'air satisfait: elle avait retrouvé son arme de prédilection, une hallebarde. Peut-être pas aussi précieuse que celle de son père, perdue dans les eaux du torrent, mais un hallebarde quand même, bien équilibrée et en bon état.
Une fois son équipement de combat au complet, elle se posta vers l'entrée, d'où elle appela posément ses compagnons:

- Hey, c'est bon, j'suis prête. Mais, faudrait aussi prendre des rations, non?

[Waouw ^^! Bon, Cledy prend: 1 hallebarde, 1 épée longue, 1 arc long et 20 flèches, 1 hache de lancer, 1 chemise de maille, 1 écu en bois et 1 gantelet clouté. Ça donne un poids de 33,5 kg, elle reste donc en charge légère et pourra suivre les deux autres.]

Lorsque Alexandra leur parla de se contenter de rations militaires, Lienduil ne pu s’empêcher de sourire et de répondre en Commun :

- Vous savez, je me contenterais de nourriture orque tellement j’ai faim ! il marqua une pause, et puis continua avec un sourire encore plus grand et un air un peu malicieux : Ou peut être pas à ce point là quand même…

Lienduil observa le campement et se demanda pourquoi les éclaireurs étaient ainsi regroupés au même endroit, et pas en mission, disséminé dans toutes les marches d’argent. Assurément, l’armée de Lunargent n’était pas énorme, puisque la ville comptait également sur l’aide des Ménestrels, des magiciens indépendants et des autres villes des Marches. Il y avait donc une partie significative des éclaireurs de Lunargent groupés ici. Mais pourquoi ? Il observa également les échanges entre la lieutenante et le sous officier qui leur apporta les rations. Au moins Alexandra était obéie du à son rang, même si ce n’était pas par sa race. Avant de commencer à manger, il s’adressa une dernière fois à Alexandra en Elfique :

- Diola lle Shaalth. Tanya farnuva. [Merci beaucoup Lieutenante. Cela sera tout à fait suffisant]

Il pris donc les rations et commença à manger tranquillement. Cela faisait à peu près une journée qu’ils n’avaient pas mangé, car leur dernier repas avait été celui de midi, la veille, avant que toute cette aventure ne commence. Il ne voulait pas manger trop vite, car cela lui pèserait sur l’estomac. Il mangeait donc tranquillement, une bouchée à la fois, en prenant une gorgée d’eau à la gourde de temps en temps pour humidifier le tout. La nourriture n’était certes pas raffinée, mais elle n’était pas mauvaise. Les généraux de Lunargent étaient trop sage pour ne pas connaître l’utilité de conserver une force militaire satisfaite, et donc bien nourrie. Il entendis la question de Niamh, mais ne répondis pas tout de suite. Il réfléchis à la situation, et à ce qu’il voulait faire exactement.

*Bon, visiblement, le nord est en effervescence pour une raison que j’ignore. Peut être que le capitaine en sais plus, mais ce n’est pas sur qu’il me confie ces informations. De plus, je n’ai plus de livre de sorts. Il me reste donc quatre sorts qui ne me sont pas réellement utiles en combat. Et je n’ai plus d’armes non plus. Peut être que les Eclaireurs pourraient m’en fournir, mais ce n’est pas sur, vu qu’ils en ont également besoin pour eux. Et pour les sorts, il faudra que j’essaye de parler au Garde Sort de la compagnie, peut être saura t il m’aider ou me donner une piste a poursuivre… Mais je ne peux me résoudre à rejoindre Lunargent, sauf si il n’y a pas d’autres moyens de retrouver un livre de sorts. J’ai réellement l’impression qu’il se passe des choses étranges ici, et j’ai envie d’en savoir plus. Bien sur, c’est dangereux. J’ai vu plus de combats aujourd’hui qu’en treize décennies, et j’ai faillis mourir dans la rivière. Mais quel plaisir d’enfin pouvoir utiliser ce que j’ai appris toutes ces années à quelque chose d’utile, de réellement utile ! En même temps, si je meurs, je ne serai utile à rien ni personne. Donc il faut faire preuve de prudence. De toute façon, je ne suis pas sur que les Eclaireurs prendraient vraiment la peine de nous raccompagner jusqu’à Lunargent. Ou peut être que si au fond… Les Marches ont une réputation de bonté et de justice. Elle doit bien être fondée sur quelque chose. Et puis, aussi arrogant qu’il soit, le Capitaine ne laisserait probablement pas quelqu’un à une mort certaine, fut il même N’Tel-Quessir…*

Il sortit de son état rêveur et se tourna vers Niamh pour lui répondre en Commun :

- Je vais essayer de me renseigner sur la situation actuelle avant de prendre une décision. Je préfère ne pas agir à l’aveuglette. Je suis sur que le Garde Sort que nous avons vu toute à l’heure pourra me donner des informations utiles.

Lienduil se leva alors, comme pour signifier qu’il allait de ce pas voir le Garde Sort. Mais il attendit que les deux humaines répondent, au cas où elles voulaient ajouter quelque chose.

La Calishite se leva à son tour, et répondit à l'elfe d'un hochement de tête.

-Je reste dans les environs.

Elle but une longue gorgée, en réflechissant à ce qu'elle allait faire. Discuter avec Alexandra lui parut tout à fait adapté. Cela lui permettrait au moins de glaner quelques informations.

-Si vous êtes de Lunargent, connaissez vous un temple de Sunie là bas ? Je dois m'y rendre à mon arrivée en ville.

Cledwyna se barda des armes qu'elle avait récupérée, il était bon de ne plus se sentir totalement désarmée vu le nombre de dangers qui courraient dans le secteur. Elle ressortie des ruines de la forge, ses compagnons avaient eux aussi prit quelques armes, principalement d'attaque à distance comme arcs et arbalètes.

"Nous avons déjà des rations, pour le reste nous mangerons de chasse sur la route, répondit Borsk."

Ils allaient partir lorsqu'ils entendirent un cri humain, plutôt aigu, probablement celui d'une femme. Mais il n'en ressortait pas une douleur comme cela aurait pu être le cas avec celui d'un blessé, mais plutôt de la colère. En tout cas cela ne venait pas de très loin.

"Qu'est-ce que c'est que ça ? s'interrogea Odan".



Alexandra eut un léger sourire en coin face aux déclaration de Lienduil, elle paraissait amusée. Il fallait dire que pour une gradée comme elle dans une pareille armée il valait mieux garder un bon sens de l'humour pour rester saine d'esprit...

"Allez donc voir le Garde Sort messire elfe, il aura peut-être quelques conseils à vous donner malgré qu'il soit plutôt très occupé ces derniers temps."

Terminant sa phrase elle tourna la tête vers Niamh qui lui avait posée une autre question. La couleur de peau de la magicienne ne semblait pas vraiment étonner la lieutenante, probablement parce qu'en tant qu'humaine elle avait déjà vue des congénères à elle.

"Vous êtes prêtresse de Sunie ? Quoique à votre port cela se devinait. Il y'a plusieurs chapelle de Sunie à Lunargent, elle est la rivale amicale des elfes."

*C'est bien ce que je pensais, la Déesse aux Cheveux de Feu est très appréciée par ici... Celle qui a ravit Sharess des mains de la Déesse Noire. Ses serviteurs sont méprisables, ils ne méritent pas une telle dévotion ! Mais de toute manière, tous les habitants de ces terres sont méprisables. Je me demande quel intérêt nous avons à lutter contre eux, ils n'en valent vraiment pas la peine.*
Niamh sourit cependant en apprenant cette nouvelle, comme si cela la réjouissait. Elle lui répondit, avec son commun un peu maladroit.

-En fait, je ne suis pas exactement prêtresse, je suis ce que l'on pourrait appeller... une dévôte. J'utilise l'Art au service de Sunie.

-C'est une bonne nouvelle qu'il y ait plusieurs lieux de culte qui lui sont dédiés ! Certes, ma Déesse a toujours eu quelques rivalités avec Hanali Celanil, mais le Beau Peuple ne nous en tient pas rigueur pour autant. Du moins j'espère, étant donné le nombre d'elfes dans les parages, dit-elle d'un air amusé en jetant un regard provocateur à Lienduil. "Il est vrai que leur beauté pourrait attirer l'envie de certains, mais pourquoi leur en vouloir... et nous n'avons pas à rougir, nous sommes aussi attirants qu'eux. D'ailleurs, vous êtes une femme magnifique Alexandra, à l'image de votre peuple. Vous avez sans nul doute les faveurs de Sunie."

Elle abaissa la tête pour lui signifier son respect. La Calishite espérait que ce compliment toucherait la jeune femme. Avide d'en savoir plus sur la garde de Lunargent, Niamh changea de sujet.

"Y a t-il beaucoup de lanceurs de sorts dans une compagnie comme la votre ? Je ne sais pas grand chose sur les Garde sort, bien qu'ils aient un grand prestige, mais ils ne sont sûrement pas les seuls à manier l'Art."

Lienduil s’éloigna donc du feu de camp et partit dans la direction où il avait aperçut le Garde Sort pour la dernière fois, laissant les dames discuter entre elles. Il arriva rapidement à repérer à nouveau l’elfe du soleil maintenant qu’il savait quoi chercher. Il s’approcha alors de lui, mais ne vint lui parler que lorsqu’il n’était visiblement pas occupé à faire quelque chose. Il est possible que l’elfe du soleil avait remarqué sa présence, et que Lienduil attendait quelque chose. Mais mieux vaut montrer que l’on est patient à un elfe du soleil, car parmi les elfes, ce sont ceux qui ont les vies les plus longues, et ils ont donc tendance à être encore plus posé que les autres. Lorsque le Garde Sort était visiblement oisif, Lienduil s’avança respectueusement vers lui, fit une révérence comme un apprenti à son maître (ce n’était peut être pas techniquement correct, mais formellement, si), et s’introduisit en Elfique :

- Bien le bonjour. Je me nomme Lienduil Siannodel et suis apprenti à l’Ecole de Thaumaturgie de Miresk. J’aurais voulus vous poser quelques questions. Auriez vous quelques minutes à me consacrer ?

[Pour gagner du temps et du nombre de répliques, je vais ici donner mes questions si sa réponse est positive. Et je mettrai également ma réponse si la sienne est négative. Si la réponse est plus tordue, ignore mes réactions ci-dessous et je répliquerai.]

[Positive :]

Il lui répondit alors, toujours en Elfique. Il était un peu hésitant, car les Elfes du soleil sont souvent plus fiers, mais aussi parce que les Gardes Sorts sont un ordre de mage très réputé, et ils sont tous des magiciens accomplis. Il était donc également impressionné.

- Merci beaucoup. Alors, voila. En revenant d’un voyage, il m’est arrivé plusieurs mésaventures fort étonnantes et désagréables. L’assaut des bandits était relativement classique et sans surprise. Mais ce dont je voulais vous entretenir est l’assaut de zombies auquel nous avons du faire face. J’ai été fort surpris par leur nombre, puisqu’ils étaient environs trente. Selon mes connaissances, un tel nombre de zombie nécessite un mage ou un prêtre d’une puissance phénoménale, ou alors une cabale complète de nécromants. Mais je voulais savoir si vous en saviez plus, ou si je m’étais trompé dans ce que je savais. Et aussi vous prévenir de cette menace, même si j’en ai déjà parlé au capitaine, car je pense que vous saisissez mieux le problème, étant un mage. De plus, je me demandais si vous pouviez m’expliquer la situation tumultueuse qu’il y a en ce moment dans le nord, car je suis perplexe.

Lienduil attendit alors la réponse de l’érudit. Il n’avait pas parlé de la perte de son livre de sort tout de suite, car il pensait sincèrement que ses maigres compétences magiques avaient moins d’importance que la sauvegarde de la région.

[Négative :]

Il était un peu dépité de son refus, mais ne voulait pas empirer la situation. Il lui répondit donc de manière très courtoise :

- Toutes mes excuses de vous avoir importuné. Je vais vous laisser à vos occupations. J’espère que vous aurez un peu de temps à me consacrer plus tard, à votre convenance.

Lienduil recula à la suite de ces mots, restant juste le temps d’entendre sa réponse éventuelle, et il tourna ensuite les talons pour retourner au feu de camp où discutait Niamh et Alexandra, l’air un peu décu.

- Ça marche, et puis on...

Mais à peine avait elle commencé sa réponse qu'un cri, tout proche, leur fit à tous tourner la tête dans la direction de sa provenance.

*Ça devait être une femme... un gosse peut-être?... Non, une femme! Une survivante? Mais c'était pas du tout un râle! C'est quoi encore ce bordel?!...*

- J'en sais rien! Répondit elle au combattant perplexe, elle même bien déconcertée. On... on va voir!

Puis, agrippant fermement le manche de sa nouvelle hallebarde, elle avança aussi vite que possible en direction de la manifestation colérique, tout en restant sur ses gardes et attendant ses compagnons, qui auraient tôt fait de rattraper ses quelques pas d'avance.

[C'est à ce moment que Milena et Cledwyna se rejoignent]

[Milena]

Au terme d'une courte incantation, la thayenne tendit la main et un cône de flammes jaillit aussitôt de sa paume dans la direction du cadavre ambulant. Les chairs explosèrent et se détachèrent de façon peu ragoûtante, portant au nez délicat de la jeune magicienne un parfum qui rappelait vaguement le porc grillé. Le choc repoussa le zombi qui s'étala par terre et cessa rapidement de bouger après quelques tressautements bizarres. Il était définitivement hors de combat.

Mais d'autres pouvaient venir... C'était d'ailleurs ce que Milena avait cru en entendant des bruits de cavalcade derrière elle. Mais en se retournant, elle s'aperçu non sans soulagement que ceux-là étaient du monde des vivants. Et pas n'importe lesquels : une certaine paysanne très têtue que la sorcière ne pensait pas revoir de sitôt, et accompagnée de deux types à l'air peu commodes.

[Cledwyna]

En courant vers là où elle croyait avoir entendu du bruit, Cledwyna manque de se casser la figure plusieurs fois en trébuchant sur les débris. Une vive lueur éclata alors sur sa droite, à moitié caché derrière un pan de mur effondré. Emjambant une poutre noircie, la guerrière se rapprocha jusqu'à tomber nez à nez avec une fille assez svelte, aux cheveux d'un étonnant rouge profond, dont les mèches laissaient entrevoir un inquiétant tatouage.

- C'est pas quelqu'un du village... lâcha Odan, essouflé par cette brusque course.

Mais Cledwyna la connaissait déjà. L'infâme sorcière rouge de Thay, partie de la caravane quelque temps après qu'ils aient décidés de faire face aux zombis.

[Lienduil]

Lienduil se vit gratifié d'un regard peu amène, pas complètement méprisant mais presque. Le garde-sort le laissa néanmoins s'exprimer en silence. Il éleva alors une main gracieuse, ornée d'une élégante bague en émeraude qui devait certainement être magique.

"Selon vos connaissances..."

Il marqua une courte pause, tendit qu'un sourire glacé se dessinait sur ses lèvres fines.

"Vu l'étendue de vos connaissances, je me permet de douter de votre affirmation. Jeune homme, quelle est votre expérience de la nécromencie? Non, laissez-moi deviner : proche de zéro, c'est ça?"

Cela rappela à Lienduil de tristes souvenirs. Durant son apprentissage, il avait mainte fois eu affaire à d'arrogants personnages comme celui-ci. Et cela ne venait pas forcément de mages aguerris, de simples étudiants plus âgés que lui l'avait snobé régulièrement.

"Il suffit de peu de chose pour relever un mort. Un rituel, un sacrifice, au bon endroit au bon moment, peut faire des ravages. Et si ça ne suffit pas, le coup de pouce d'un artéfact y remédiera. Et maintenant, vous m'excuserez mais j'ai d'autres choses à faire."

Et sans plus de cérémonie, l'odieux magicien le planta là. Malgré tout, son explication était valable. Lienduil n'avait jamais envisagé l'usage d'un artéfact. Mais surtout, il devait s'avouer que la nécromencie était un domaine qu'il trouvait si repoussant qu'il ne l'avait effectivement étudié que vaguement. Une lacune qui se retournait contre lui aujourd'hui. Quand à la question de savoir ce qu'il se passait dans le Nord, peut-être ferait-il mieux de poser la question à Alexandra.

[Niamh]

Si Alexandra fût sensible au compliment de Niamh, elle ne le montra en rien. Mais un autre sourire amusé naquit assez rapidement sur ses lèvres. Soudain, l'éclaireuse braqua son regard cristallin sur la sharite, avec une telle force que celle-ci se crû un instant démasquée. Mais non, elle n'avait pas pu deviner...

- Deux garde-sorts nous accompagnent. Nous n'avons pas les effectifs et l'institutionnalisation des mages de guerre du Cormyr, mais pour l'instant cela suffit pour faire la différence.

*Quelle beau merdier. C'est la saison ou quoi?*

A peine à t-elle eu le temps de souffler que d'autre s'amenaient déjà! C'était incroyable, il y avait plus de zombis dans le secteur que dans le jardin de Szass Tam. Milena tourna sur les talons et leva une main menaçante pour lancer un projectile magique. Mais, une minute... mais c'était cette grande tête de mule de paysanne! Celle qui en pinçait pour l'autre suicidaire! Mais que faisait t-elle ici? Apparemment, les zombis avait dû la trouver trop coriace.

- Eh ben, quelle surprise. Je vois que t'a survécu. Le reste de la caravanne est là aussi?

Avançant d'un pas alourdi par la fatigue et le poids de son nouvel attirail, la jeune guerrière parvint tout de même à ne pas s'étaler sur le premier cadavre ou débris carbonisé venu. Mais alors qu'elle tentait de se dépêtrer d'un obstacle peu commode, cette étrange lueur enflammée surgit de l'endroit d'où étaient venues les exclamations, la forçant à s'arrêter et scruter l'endroit, intriguée et farouche. Et là, ce fut avec grande stupeur qu'elle la reconnu...

- Non... Pas elle...

Un murmure, renfrogné mais rassuré. Ses compagnons l'avaient à coup sûr entendu, mais qu'importe, la confrontation était inévitable de toute façon...

- Non, je sais... j'la connais, malheureusement...

Répondit elle doucement à Odan, avant de prendre une posture plus droite et de s'avancer avec détermination vers la Rouge, un peu... irritée.

- Toi! Lui cria-t-elle en approchant. Mais bordel, qu'est-ce que tu fous ici?! J'te croyais déjà à Lunargent ou en Enfer! Mais... je crois bien qu'on est les seules à s'en être sorties, jusqu'à preuve du contraire.

Et, le visage inquisiteur, elle se posa non loin d'elle, main sur la hanche en attente d'une réaction de la part de cette chère Milena...

Soutenant le regard courroucé de la guerrière avec une certaine insolence, Milena enroula son bras autour de son bâton et s'appuya dessus.

"Hé ho! Un ton plus bas, d'accord? Avec tout ce qui se passe en ce moment, j'ai pas besoin qu'on vienne me péter les oreilles. Surtout par toi. A ton avis, qu'est ce que je fout là? J'ai l'air de faire du tourisme peut-être?"

Elle conserva un ton assez posé, malgré la colère montante.

"Je me suis paumé, ça te va? Avec ces foutues brumes hier soir, j'ai pris le mauvais embranchement et j'ai tourné en rond. J'ai passé la nuit dans une baraque abandonnée pas loin, des putains de zombis ont effrayé mon cheval, et maintenant je suis seule, à pied, et de mauvais poil. "

La sorcière rouge étouffa un soupir. Ces évenements l'avait éprouvé plus qu'elle ne voulait l'admettre, et dans le fond elle n'était pas mécontente de reparler à quelqu'un, qui que ce fût.

"De toute façon, ils ne m'aurai certainement pas laissé entrer, à Lunargent. Bon, et toi? Vu ta tronche, j'ai l'impression que ça ne s'est pas super bien passé... Y'a beaucoup de monde avec toi?"

Elle renonça à être sarcastique. Elle en avait assez vu pour se rendre compte qu'il n'y avait pas de quoi rire.

Une moue blasée et incrédule sur le visage, Cledy laissa Milena terminer son speech à moitié plausible. Mais après tout, ces petites histoires importaient peu à la guerrière, elle n'avait pas que ça à faire, et ne tenais pas à perdre encore de précieuses minutes en engueulades comme de par le passé.

- Mouais... Ben Nan, ça c'est passé dans une merde comme j'en ai rarement vue... Les rares qui ont pu s'enfuir avec nous sont morts dans la flotte au moment où le pont qu'on traversait a pété... Je sais pas comment m'en suis tirée, franchement... Pis, bah, c'est pas que je tienne en particulier à tes oreilles, mais je tiens pas à ce qu'on recommence à gueuler comme la dernière fois... T'as beau nous avoir largués, j'ai appris qu'il fallait prendre les gens comme ils sont tant qu'ils s'occupent d'eux sans s'amuser à faire crever les autres, après... je m'en fous, je fais ce que moi je pense bon. Je te pardonne pas pour autant, mais saches que tu risque rien de ma part tant que tu vas pas à l'encontre de ce que je fais ou pense! Pis bon, que tu fasses du tourisme ou que tu me racontes des salades, moi je m'en fous, on est vivant, c'est pas mal... Tant que tu n'étais pas de ceux qui ont fait ça!

Sur ces mots, elle désigna le triste et macabre spectacle d'un signe de tête, avant de se retourner pour accueillir ses compagnons qui la succédaient, tout en ajoutant sommairement quelques mots à la magicienne.

- Avec moi... juste eux. Et pas des moindres pour autant! En plus ils ont tout perdu ici , je peux t'assurer qu'ils sont furax... Tu ferais bien de pas plus les énerver.

Odan, Borsk, je vous présente Milena une survivante de la caravane... pas franchement des plus douces!

Elle termina sa présentation aux côté des deux guerriers, puis fit face à la Rouge, la toisant avec, malgré tout, l'espoir que les deux autres ne décideraient pas d'en faire de la charpie en reconnaissant ses origines douteuses... Mais elle se promettait de ne pas bouger si c'était Milena qui venait à s'enfoncer d'elle même dans les emmerdes. De la gentillesse et de la patience, on peut en avoir, mais des limites aussi, surtout après toute une journée de merde et face à une Rouge au caractère de cochon.
Soudain, un souvenir: ses compagnons revinrent la hanter, et toute son inquiétude par la même occasion. Ainsi, la question fusa:

- Mais... Dis, tu saurais pas quelque chose sur les autres, par hasard? Hein? T'as peut-être croisé un détail suspect, des fois?

Les manières moitié menaçantes, moitié condescendantes de la guerrière n'étaient pas faites pour la mettre dans de bonnes dispositions. C'était bien son genre, de venir lui faire un sermon! Milena pencha la tête sur le côté l'air mauvais, déclamant d'une voix aigre-douce:

- Et bien quelle mansuétude, votre majesté! Oh grand dieux, je ne suis qu'une pauvre pécheresse qui n'en mérite pas tant... soyez sûre, votre altesse, que je n'irai pas à l'encontre de vos très sages commandements...

Interrompant sa tirade théâtrale, elle soupira. Irrécupérable... Quand aux deux "terreurs" qui accompagnaient la grande rouquine, leurs regards vides et leurs fronts épais en disaient long sur leurs capacités intellectuelles.

- Vraiment, tu manque pas de souffle, à me faire la morale. C'est quand même pas faute de vous avoir prévenu! Et j'ai insisté, lourdement! Mais non, vous avez préféré écouter l'autre grand nigaud d'elfe, parce que c'est bien connu, les elfes ont toujours raisons! Alors que les chiennes de Rouges, ça ne fait que mentir...

Au milieu de la raillerie, une pointe d'amertume et de rancoeur perça dans sa voix. Evidemment, elle allait pour longtemps encore payer pour la réputation de tout un pays. Si ça c'était pas du jugement à l'emporte-pièce... Et pourtant, ça lui serait facile de changer de fringues et de cacher son tatouage. Mais elle s'y refusait quoi que ça lui coûte. Elle ne renierait jamais ce qu'elle était pour arrondir les angles.

- J'ai rien à me reprocher. Alors que tu me pardonne ou pas, j'en ai rien à foutre. C'est vous seul qui avez pris la decision de vous planter. N'essaie pas de décharger pas tes problèmes de conscience sur moi.

Milena se rendit compte qu'encore une fois, elle essayait de prouver sa bonne fois, alors que ça ne servait à rien. Les jeux sont faits, dans leurs yeux, elle serait toujours une infâme Sorcière Rouge de Thay, vicieuse et indigne de confiance. A quoi bon essayer de les convaincre?

- Et non, je n'ai revu personne depuis que je suis partie. A part des zombis, comme celui-là. Dit-elle, un peu apaisé, en tapant du bout du bâton la carcasse noircie.

- Par contre, je ne suis passé sur aucun pont. On dirait que dans votre malheurs, la débacle vous a jeté sur le mauvais chemin. Et maintenant qu'est ce qu'on fait, on repart chacun de notre côté?

Lienduil supporta avec difficulté le regard méprisant de l’Elfe Doré lorsqu’il lui raconta son histoire. Il resta la bouche close lorsque le mage lui fit sa réponse acerbe, même si la colère, l’énervement et l’incompréhension s’agitaient en lui. Pourquoi, il ne s’énervait d’habitude jamais, et son âme était plus proche d’un lac immobile que d’une mer agitée en général. Mais là, le Garde Sort avait réussi à réunir de nombreux défauts qu’il avait tendance a trouver exaspérant, et à fortiori chez un Elfe.

*Oui, certes, je ne connais aucuns sorts de nécromancie. Et pour de bonnes raisons ! Si j’étais lui, je ne me venterais pas d’en connaître autant sur cette triste école de magie. De plus, même si je ne connais aucuns sorts de cette école car je ne veux pas en lancer, cela ne veux pas dire pour autant que j’ignore tout de cette école, car j’ai bien du me rendre compte que cette école était ignoble ! Et puis je ne suis pas un homme ! Quelle insulte ! Pour un peu il me traitait de Drow !

Et il me dit avec un détachement total qu’un artefact peut donner le coup de pouce nécessaire à la création d’une horde de zombie. Et cela est sensé me rassurer ? Un artefact est un objet magique d’une puissance colossale, souvent possédant une volonté propre ! Qu’un artefact maléfique soit en possession de l’instigateur des troubles dans le nord n’augure rien de bon. Mais lui, cela lui parait totalement normal et bénin ! Quel imbécile ! J’ai lu des histoires sur la Couronne de Corne, l’artefact de Myrkul, toutes plus horribles les unes que les autres ! Dans les scénarios pire que la présence d’un artefact, je ne vois guère que l’influence directe d’un dieu ou d’un archidiable. Je m’étonne même qu’il n’ait pas donné cela comme explication banale et sans conséquence, tient ! D’ailleurs, ça doit sûrement être ça, vu la désinvolture avec laquelle ils dépensent de l’énergie magique à créer des zombies ! Car il faut vraiment le vouloir pour créer autant de zombies.

Mais bon, en attendant, je n’ai pas eu l’occasion de demander quoique ce soit à propos de mon livre de sort. Non pas que cela aurait arrangé quoique ce soit. Il n’aurait jamais voulus m’aider, certainement. Comment vais-je pouvoir faire ? Il me reste peut être à rentrer à Lunargent et à demander de l’aide à mon Maître, ou à papa. Quelle misère.*

Lienduil avait continué à regarder le dos du mage qui s’éloignait, ruminant son énervement. Il pris alors une profonde respiration en se disant que cela ne servirait à rien de s’énerver. Il n’avait vraiment pas de chance, à la fois le Capitaine et le Garde Sort de cette compagnie étaient mesquins, hautains et arrogants. Même les plus grands détracteurs des Elfes devaient admettre qu’il était tombé sur une bien mauvaise hiérarchie.

Il revint alors vers Niamh et Alexandra d’un pas lent et visiblement désabusé, malgré le fait qu’il marchait toujours sur la pointe des pieds et avec fluidité. Il se passa une main dans les cheveux pour les remettre un peu en ordre, au cas où, et vint s’assoire à coté des deux humaines. Il s’adressa alors à elles en Commun.

- Ce Garde Sort n’est vraiment pas commode. Il n’a pas pris la peine de prendre ma question au sérieux et a expliqué la présence de tant de zombies par l’utilisation d’un artefact. Comme si cela était monnaie courante, les artefacts. Et comme si cela avait quelque chose de rassurant qu’un artefact maléfique soit lâché dans le nord.

Il soupira doucement, gardant pour lui le reste de ses pensées. Il se tu ensuite et écouta la discussion de la magicienne et de l’éclaireuse.

Niamh fut surprise de l'étrange regard de la lieutenante, qu'elle ne comprenait pas vraiment. Elle avait fait un léger pas de recul, se préparant déjà à lui lancer un sort, à se jeter sur elle ou à s'enfuir à toutes jambes, mais non certaine des intentions d'Alexandra, elle se retint de justesse. *Est-ce qu'elle a perçu quelque chose, ai-je été malhabile dans mes questions ? Ou bien les Nordiques ont peut-être pour coutume de surprendre ainsi leurs interlocuteurs, ils sont tellement étranges parfois... Non, quoi qu'il en soit mieux vaut ne pas attiser ses doutes, si elle en a.*

Elle haussa simplement un sourcil devant ce regard un peu déstabilisant, mimant l'incompréhension, puis se prépara à enchaîner pour ne pas laisser s'installer un silence encore plus troublant. Lienduil arriva alors, apparemment déçu de son entretient avec le Gardesort.
*En même temps, je ne vois pas en quoi son histoire de caballe est plus crédible, de telles bandes de joyeux drilles ne doivent pas souvent battre la campagne non plus... Dans cette région pourrie par la magie elfique, les enchantements, évocations et autres transmutations sont de rigueur. Non vraiment, ça ne tient pas debout. Et il y a des chances pour que ce soit lié aux invasions orques, au fond ils semblent avoir un ennemi commun : les Marches. Dans ces conditions, tout est possible...*

- Il a peut-être raison Lienduil, sans vouloir vous offenser. Elle prit un air légèrement ignorante, comme si elle ne savait pas vraiment de quoi elle parlait. "Je ne m'y connais sans doute pas plus que vous en nécromancie, mais cela ne serait pas absurde. Toute une bande de mages maléfiques aurait été facilement repérée si prêt des portes de Lunargent, vous ne croyez pas ? La garde n'aurait pas pu passer à côté..."

La belle calishite en revint à Alexandra, comme si la question était close.

- Deux Gardesort, pour toute la garnison ? Il doivent être puissants... Et votre campement, il reste en place longtemps, ou vous en changez souvent ?

[Lienduil & Niamh]

Alexandra fit un peu de place à Lienduil en le voyant arriver.

- Je suis désolée qu'Erylas vous aie rebuffé de la sorte. Il est parfois d'un lunatisme hors norme, et vous êtes visiblement tombé dans sa mauvaise période. Mais détrompez-vous, les Terres du Nord regorgent d'anciennes magies elfiques et néthérisses qui n'ont jamais vraiment péri avec leurs créateurs... c'était là l'antique empire d'Illefarn, je vous rappelle. Et un peu plus à l'est à peine, vous trouverez des traces maudites de l'ancienne Narfell. Pour qui sait chercher, de bien dangereux trésors n'attendent que d'être découverts. La question est de savoir ce que notre nécromantien a réveillé.

La lieutenante l'évoqua comme si c'était une chose tout à fait normale. Ce qui n'était pas fait pour rassurer Lienduil.

- Ce camps n'est que temporaire, nous ne somme pas une garnison. Nous avons été envoyé ici il y a un mois pour guetter l'éventuelle arrivée de bandes armées qui ravagent le nord-ouest des Marches, non loin du Boislune, et qui semblent descendre au sud. Nous ne savons pas encore s'il s'agit de barbares uthgart renégats, ou ce Pavlov, comme vous l'avez nommé. Et maintenant, il y a ces zombis qui apparaîssent.

Alexandra ramassa une brindille, jouant distraitement avec, et jetant de temps à autre des coups d'oeils nerveux par dessus son épaule, comme si elle attendait quelqu'un.

- Je dois avouer que nous sommes débordés. Presqu'un tiers des chevaliers a été envoyé à Nesmès pour lutter contre les trolls. D'autre dans le nord pour courir après ces brigands sanguinaires. Les nains de Mithril Hall sont tous occupés à aider leur congénaires de Felbarr contre les orques. Et voilà maintenant des morts-vivants. Les armées de Lunargent sont modestes, et nos ennemis se multiplient. Il se dit que le Conseil s'apprète à faire appel à un régiment mercenaire pour faire face. Ce qui risque de nous coûter fort cher... Ah, excusez-moi on m'appelle.

L'humaine se leva précipitament pour se diriger vers deux éclaireurs qui lui faisait signe de loin, laissant Lienduil et Niamh seuls.


[Milena & Cledwyna]

Odan et Borsk ne firent aucun commentaire sur les fréquentations de Cledwyna. Ils n'avaient probablement jamais vu de Sorciers Rouges auparavant, et n'avaient visiblement pas fait le rapprochement avec Milena. La prise de bec entre les deux femmes arracha même un sourire à Odan, qui s'approcha un peu, se massant la nuque un peu gêné.

- Ecoutez, je suis désolé d'interrompre vos chaleureuses retrouvailles, mais nous avons une piste à suivre. Je pense qu'ils ont pris la route du nord-ouest. Mais seuls, on ne pourra pas grand chose contre eux. Le seul moyen, c'est de prévenir les éclaireurs de l'armée de Lunargent. Ils ont leur campement pas loin. De là, on pourra...

Le blond guerrier suspendit sa phrase et devint livide. Il articula à grand peine:

- Putain, Borsk, derrière toi!

Le nordique hoqueta de surprise : un zombi tout ensanglanté jailli de nulle part. Sa tête faisait un angle bizarre, surement à cause de l'empennage de flèche dépassant de sa joue. Borsk repris ses esprits au dernier moment et planta sa hache dans la poitrine du mort-vivant, qui tenta en vain de l'agripper.

-La tête, Borsk, vise la tête!

Voiciféra Odan en tirant son épée. Mais il n'eut pas à porter secours à son ami. Borsk dégagea son arme et décapita la pauvre chose. Une fois le zombi au tapis, il n'en resta pas moins choqué.

-Putain de zombi... par Tempus, j'y croyais pas!

-Bon sang, ajouta Odan si ce Pavlov contrôle aussi des morts-vivants, les dieux savent quels ravages il peut encore causer. Il faut absolument l'arrêter.

Aucun indice des autres, aucun espoir, rien qu'une rage bouillonnante à l'intérieur. Et voilà, ça recommençait... Déjà un rictus de tension prenait place sur le visage de la jeune femme, sa poigne se refermait dure sur sa hallebarde, son regard s'embrasait... Mais elle se retint à nouveau, la vague intention de trouver une sortie plus diplomate qu'à son habitude. Mais peine perdue... Alors, les dents serrées et crispée comme un nain constipé, elle répondit avec tout autant de sarcasme que son horripilante interlocutrice:

- Hmmm... Très bien... Pour commencer, chère petite, y'en avait pas trente-six des chemins! Alors je sais pas, je l'ai peut-être inventée cette rivière, qui sait? Hein? C'est vrai qu'on sait jamais... tous nos compagnons se sont peut-être noyés dans une flaque! Pis je te signale que, même si ça m'a pas franchement plu, ton petit souffle d'égoïsme hautain, on t'as pas empêché de partir! Tu vois, moi, j'ai suivi que ma volonté d'aider les autres pour rester avec eux, parce qu'ils ils voulaient rester! Toi, j'ai bien vu que t'en avais rien a foutre de tout ce qui dépasse ton nombril! Alors prends tes airs si tu veux, mais viens pas me briser le cul avec, chienne de Rouge ou pas! Bon! Merde quoi!

Elle s'arrêta, histoire de respirer un peu et de se calmer... Décidément, ça sortait en flot, elle avait les nerfs tellement rongés... Mais un certain calme revint, durant lequel elle reprit, avec un peu moins d'agressivité.

- Pfff... Pis t'as rien vu... Génial... C'est Génial!... Bon, tu fais comme tu veux, tu te casses, tu restes, j'en ai rien à battre... Quoique si tu restes, tu t'arranges pour arrêter de me les hacher menu, et j'en ferai de même!

Par chance, Odan vint suspendre le crêpage de chignon avant qu'il ne dégénère, commençant le tout avec un tact qui était, on pouvait l'avouer, bien élégant pour un guerrier des forêts nordiques. Mais soudain, sa réplique resta en suspend, bouche bée. Perplexe, Cledy fit un quart de tour pour également prendre un air stupéfait devant le cadavre qui tombait du ciel... Alors, tout ce précipita: Vlam! Un coup de hache! Crotch! Une tête difforme qui s'envole, et le calme qui lourdement retombe en accompagnant le cadavre flasque...

- Eeeh! Mais bordel! Dites moi pas que cette merde nous suit encore!

Elle qui se croyait plus à l'abris de ces résidus de tombeaux, la voilà bien servie pourtant! Ils en revenait toujours: un vrai buffet de viandes faisandées à gogo! Sur le pied de guerre, enfin, elle scruta partout alentours, hallebarde agrippée des deux mains.

- Bon, c'est pas pour dire, mais si tout le village vient à se relever, on est pas dans la merde... On aura tout le temps de causer de cette merdasse de Pavlov ailleurs! Tu disais, les éclaireurs de Lunargent sont tout près... Qu'est-ce qu'on attend pour aller leur rendre visite?

Puis la guerrière eut un petit regard en coin pour Milena...

- Et, tu veux venir avec nous ou continuer à faire des grillades de zombie?

L'épisode du zombi ménagea une pause. Mais il rappella surtout que la zone n'était pas sûr du tout. D'autres macchabés pouvaient se relever à tout moment. Ce qui laissait à penser que le nécromantien responsable de tout ça traînait dans le sillage de Pavlov. Mais faisait-il partie de son armée? Pour l'instant, Milena avait toujours maille à partir avec une tête de mule. Son coeur bondit, secoué par tant d'accusations éhontés et de mauvaise fois. Sa voix trembla sous le coup de l'émotion

- Hé! J'ai jamais dit que t'avais inventé tout ça, faut toujours que tu déforme... que.. oh merde! C'est pas moi qui les aie tué, ces pauvres gens! Et si y'en a bien une qui écoute son nombril, c'est toi! Toi et ta suffisance, qui a convaincu les caravanniers qu'ils pouvaient résister alors qu'ils auraient dû fuir pendant qu'il était encore temps. T'es là à jouer les heroïnes, mais t'es comme les autres, incapable de se remettre en cause, et gonflée d'orgueil à en faire craquer les jointures!

Elle recula un peu, le souffle difficile et les yeux rougis. Elle se rendit compte qu'elle était sur le point de pleurer. Durant toutes sa jeunesse, passée à supporter toute les formes d'infâmies, de cruautés et d'injustices, elle s'était attaché à se fabriquer une cuirasse. Elle s'était juré que plus aucune bassesse ne l'atteindrait. Que plus aucune attaque ne la blesserait. Une armure faite de détachement et de cynisme, qui avait fait ses preuves jusque-là. Mais cette armure n'était pas si solide que ça, elle était encore trop jeune pour être vraiment endurcie. Milena essaya pourtant de se raisonner, que ce n'était pas grave, que c'était juste une anesse incapable de reconnaître ses torts... en vain, son leitmotiv ne fonctionnait plus et les dernières barrières psychologique étaient sur le point de céder.

- Tu te crois avoir agis noblement et tu me traite d'égoïste, mais regarde toi seulement dans un miroir... rien qu'un instant... Tu vois, mon égoïsme n'a tué personne, alors que ta fierté aveugle aura entraîné la mort de tout ces gens.

Sur ces paroles terribles, elle leur tourna le dos et s'éloigna. Elle avait envie de partir en courant, mais dans un sursaut de dignité elle se contenta de marcher. Et alors que personne ne la voyait, elle essuya ses larmes honteuses d'un revers de manche.

Niamh écouta les paroles de l'éclaireuse avec attention. Elle ne connaissait pas les lieux évoqués, mais pouvait se faire une idée plus précise de la situation... critique, il fallait le dire. Le royaume avait l'air assailli de toutes part, par des trolls, des orcs, des nécromanciens et des brigands. Et elle était un ennemi de plus, insidieux, caché, mais également dangereux... La civilisation disparue dont elle parlait en revanche, était fort célèbre bien au delà des Marches, elle l'avait même étudiée à Almraiven. L'empire des cités volantes, tombé par la vanité d'un homme qui voulait devenir dieu.
*C'était il y a des millénaires, et pourtant il reste encore des artefacts enfouis de cette époque ! Pas étonnant que tant de monde cherche à s'en emparer... Des reliques très puissantes peuvent tomber entre les mains de n'importe qui, mettant les Marches en grand danger... Enfin, c'est leur faute si le gouvernement en place ne cherche pas à en récupérer le plus grand nombre avant que d'autres ne le fassent. Ils ont sans doute peur de réveiller des Magies incontrôlables, pourtant ça pourrait être leur salut... Au Calimshan, on ne s'embête pas avec tant de questions, quand il y a un site à fouiller, on envoie un millier d'esclave le piller de fond en comble, et tout revient à Portcalim.*

Avant qu'elle ait pu en demander plus, Alexandra s'était sauvée. Niamh la suivit d'un oeil suspicieux tandis qu'elle allait rejoindre ses compagnons. Le regard de tout à l'heure ne lui avait pas plu du tout. *Quelque chose l'a t-il choquée dans mes paroles de tout à l'heure ? Ou bien elle a trouvé que j'étais trop curieuse ? Rah, si seulement je savais ce qui se cachait derrière ce regard...*
A présent, il ne restait plus que l'elfe...

- Vous êtes de la région, Lienduil, c'est ça ? Vous devez savoir ou se trouvent le Boilune, la citadelle de... Felbarr, enfin tous ces lieux dont elle a parlé... Je m'y perds un peu, est-ce loin ?

Elle changea de position, un peu à l'étroit dans sa tenue Lunargentine. Au moins, celle-ci avait le mérite de tenir chaud, elle était généreusement molletonnée, et le cuir la rendait imperméable au vent glacial.
En écoutant la réponse de l'elfe, elle regarda l'activité du campement.
*Les Gardesorts doivent bien avoir une tente qui leur est réservée, et où il gardent des parchemins... Ou bien ils en ont sur eux. Dans le premier cas, je peux espérer m'emparer de quelques uns...*

Sonnée par tant de virulentes accusations, Cledwyna baissa sa garde, oubliant même le mort qui venait de rejoindre ses semblables immobiles. Elle mit un instant avant de répondre, plus choquée qu'énervée, regardant la Thaïenne dégoûtée s'en aller.
La jeune femme prit alors le temps de réfléchir, et répondit avant que Milena s'en soit allée trop loin:

- T'as raison, j'le sais, j'l'ai fait autant pour moi que pour eux, j'suis ni plus ni moins égoïste que toi... Mais j'ai tué personne, t'entends! Personne! C'est eux qui voulaient pas bouger, moi je suis restée parce qu'ils voulaient pas partir, et je croyais alors qu'on avait une chance, avec les autres...

Elle se tut alors, regardant tristement la Rouge s'en aller. Elle était réaliste, sarcastique, désagréable, carrément chiante, la Rouge! Mais pas mauvaise pour autant... La grande rouquine baissa alors la tête et se retourna pour rejoindre les deux armoires à glace qui devaient n'y rien comprendre.

*Je les ai pas tués... non... je crois pas... Si? Je sais pas... ça aurait rien changé... j'ai juste servi à rien... juste failli être une victime de plus... mais si ça avait donné un coup de pouce pour la suite des événements, hein?... Nan, même pas... je sais pas...*

Les griefs de Milena la hantaient à présent, arrivant face à Odan et Borsk. La tête basse, dégoûtée d'elle même, de ce qu'elle avait fait et dit, Cledy s'adressa à eux sans même un regard:

- Alors... on y va? Je crois pas qu'elle viendra...

C'est ainsi qu'elle releva la tête, arborant un visage dur, glacial et meurtris de désespoir qui lui donnait l'air d'être elle même telle que les morts qui jonchaient le charnier. Mais, trop accablée, elle revint cacher ses traits entre ses deux cascades flamboyantes pour laisser une larme couler, amère, le long de sa joue. La même qui coulait sur celle de Milena et dont elle ne se doutait pas même de l'existence...

*Je les ai pas tué... crois moi... même si je mérite pas de te retrouver... Je voulais bien faire, mais j'ai pas réussi. Je voulais juste bien faire...*