Dans les environs de Lunargent

[Désolée du retard, j'étais un peu overbookée... enfin "Malheur à qui cherchera des prétextes, car il en trouvera!" ^^]

Les muscles et l’anxiété de la jeune guerrière suivirent le relâchement de celui qu’elle avait un instant cru bien plus hostile. Alors que ses épaules s’abaissaient plus paisiblement, elle esquissa un discret sourire soulagé et cordial au grand barbu.

* Il a l’air beaucoup plus sympa du coup… Purée ! Ce que je peux me faire des ulcères pour rien, moi!
Alors il vient d’un village du coin, y’z ont aussi essuyé la tempête… Mai l’a vu personne, donc les autres sont pas dans ce village… Si j’veux les retrouver, je dois continuer encore un peu en amont! Mais y sont p’t être morts, comme l’autre dont il parle…
Odan… Hmmm, oui, ça sonne très bien pour la région…. Et guerrier, ben ce que je pensais.*

Elle le regarda alors qu’il se présentait, tout en terminant de se rassurer, puis à son tour se présenta sans prétention :

- Eh bien, enchantée ! Moi, on me nomme Rousse-Colombe, guerrière moi aussi comme mon père… Mais également forgeronne, et ce encore de lui.

Cledwyna marqua une pause en regardant la rivière, et revint à son interlocuteur assez rapidement:

- Mais… euh… faudrait que je continue. Je dois absolument les retrouver! Je peux pas les laisser… Vous imaginez ? S’ils sont à quelques mètres d’ici en train de crever, et que je pourrai les aider…

Son regard le fixait, suspendu à sa potentielle réaction, mais n’osant pas vraiment lui demander de l’aide directement.

[Notre Cledy revient !]

Lienduil ne mit pas longtemps à tomber sur une branche à peu près correcte et pas trop pourrie par l'humidité. Le bois était froid entre les mains de l'elfe, mais celui-ci ne le regretterait pas en cas de mauvaise rencontre.

Gorgoth quand à lui s'était déjà éclipsé, aussi silencieusement qu'il était venu, telle une ombre. Au moins si il passait par hasard devant eux, les pauvres orcs ou bandits qu'il rencontrerait périraient de sa lame...

Niamh marchait tranquillement le long de la berge, il n'y avait rien à l'horizon. Descendre en aval ? Et si leurs amis s'étaient échoués en amont ? Difficile à dire, mais il fallait faire un choix, un côté ou l'autre, à moins de se séparer avec tout les risques que cela encourait.




Pendant ce temps là, Odan semblait réfléchir au propos de Cledwyna. Mais dès qu'il avait entendu qu'elle était guerrière elle aussi, son regard avait changé, il semblait encore plus respecteux. Il se gratta la tête, puis haussant les épaules il lança :

"C'sûr que ça serait bête de les laisser... Bon viens avec moi, j'connais pas mal la région, ça évitera te paumer !"

Joignant le geste à la parole, Odan se tourna vers l'amont, désignant la rivière de la main :

"Un peu plus haut il y'a une s'pèce d'autre p'tite crique, 'sont p'être échoués là bas !"

[Nous sommes en train d’aller vers l’aval, et Cledy vers l’amont… va-t-on se rencontrer ? Remarque à l’intention de Niamh : on ne sait pas qu’elle s’appelle Cledwyna, mais seulement Rousse Colombe.]

*Mais bien sur que je veux surtout vérifier que Rousse Colombe ou Celestio n’est pas tout près en train d’agoniser. Au fond, j’aurais peut être pas du essayer de trouver un argument pour la convaincre de venir, et être franc pour pouvoir mesurer sa réaction… Bah, ce n’est rien d’irréparable. C’est quand même agréable de retrouver ses vêtements secs et chauds. Ah ! Voici un bâton qui devra bien convenir. Ce qui me fait penser que ce qui serait irréparable, c’est de se faire repérer par une bande d’orques en maraude ! Et si on continue à discuter comme ça, on augmente les risques. D’un autre côté, se faire discret rend la tâche plus difficile à Rousse Colombe ou à Celestio, si ils nous cherchent. Mais à quoi bon se retrouver si c’est pour mourir ensemble ? Donc mieux vaut se faire discret et essayer de les repérer à l’ouie ou à la vue.*

Lienduil ne répondit pas tout de suite à la magicienne. Il frissonna comme son corps se réchauffait petit à petit, ajusta sa chemise blanche pour mieux le couvrir et remis une mèche de ses cheveux d’ébène derrière son oreille pointue. Il déposa ses yeux bleu roi sur Niamh quelques secondes avant de parcourir le paysage et la forêt qui les entourait pendant qu’il lui répondait de sa voix douce et quelque peu atténuée pour ne pas faire trop de bruit :

- Oui, j’ai moi aussi peu d’espoirs. Mais je m’en voudrais de ne pas avoir été voir. Mais vous m’avez surpris vous aussi. Je pensais que vous seriez plus pressée de regagner la sécurité Lunargent. A propos de sécurité, il faut maintenant faire attention. Essayons de parler le moins possible et de faire le moins de bruits possible, pour ne pas attirer l’attention de monstres prédateurs. Et faites moi signe si vous repérez quelque chose.

L’elfe commença alors à faire très attention où il marchait, en évitant les zones de feuilles mortes ou de branches et avait les oreilles aux aguets. Tous les elfes marchent la pointe des pieds en premier, donc il avait naturellement une démarche plus silencieuse que les humains, talons en avant. Ses yeux n’arrêtaient pas d’alterner entre le sol forestier et les sous bois, pour surveiller à la fois ses pas et les alentours.

[Detection +3, Perception auditive +3, Déplacement silencieux +3]

Niamh s'arrêta en voyant quelque chose flotter à la surface de l'eau. Son sac ? Non, juste un morceau de bois qui dérivait lentement, ralenti par les remous de la rivière. *Il faut te faire une raison, tu ne le reverras pas. De toute façon, avec l'eau l'encre se sera effacée...* Résignée, elle se décida à s'éloigner de la rive où elle avait plus de chances de se faire repérer si quelques sauvages passaient par là. Elle vint juste derrière l'elfe, et brisant son souhait de silence, s'enquit en baissant cependant la voix :

-Je vous ai surpris ? Vous m'avez en si piètre estime ?

La calishite comptait embêter un peu Lienduil à la fois par son "inconscience" en lui désobéissant, et par ces question plutôt... chiantes. Cependant, elle marchait elle aussi légèrement, en faisant le moins de bruit possible. Elle avait perdu ce qui lui servait de chaussures en même temps que le reste, et sentait les feuilles et la terre humide sous ses pieds nus, ce qui ne pouvait que l'aider dans sa discrétion. Pour l'instant, la sensation n'était pas spécialement désagréable, mais elle le serait beaucoup plus si par hasard elle devait se mettre à courir.

[déplacement silencieux +2]

Cledwyna fut ravie de la réaction d'Odan, ce qu'elle exprima par une certaine excitation optimiste à l'idée de repartir à la recherche de ses compagnons:

- Oui! Allons y!

Elle commença à avancer rapidement, tout sourire.

- Ils seront sûrement là bas! Peut-être mon cheval aussi, et le chariot qui sait!

Mais quelque chose lui traversa l'esprit, et elle se retourna vers le grand blond.

- Et... ben merci beaucoup de m'aider!

Mais un instant, elle eut un flash terrible: Elle avait cru voir à la place d'Odan un soldat en armure scintillante au visage doux encadré de cheveux d'un blond de soleil, au bras duquel flottait un grand foulard bleu fermement attaché.
Sur le coup, elle eu le souffle coupé, et resta un instant dans une stupeur immense, persuadée que son coeur allait exploser. Mais en une fraction de seconde, sa vision laissa place au gaillard barbu, ses tatouages et sa grande épée, qui même s'il était blond ne pouvait être celui qu'elle avait vu
Elle s'arrêta, se frotta les yeux et le regarda à nouveau... Non, c'était bien un type du coin qu'elle n'avait à coup sûr jamais rencontré avant.

*Mais... C'est pas possible... Pas possible... Mais cet Odan, il sait peut-être quelque chose? Enfin, pas pour l'instant, Lienduil, Niamh et les autres d'abord!*

- Euh... Je te laisse passer devant, Odan... Moi je connais absolument pas l'endroit...

Lienduil et Niamh s'enfoncèrent doucement dans la forêt, le plus discrètement possible. Mais même si les deux n'étaient pas particulièrement bruyants ils n'étaient pas particulièrement silencieux non plus, ils n'étaient pas des experts dans l'art de se dissimuler... Heureusement pour eux, à part les chants de quelques oiseaux il ne semblait pas avoir âme qui vive pour l'instant.

Ils marchèrent ainsi pendant plusieurs minutes, l'ombre des arbres commençait commencer à masquer les rayons du soleil, si bien que l'air humide et frais finissait par prendre aux os des deux magiciens... Même sous son épais manteau, Niamh commençaient à frissonner, surtout pieds nus, il en allait de même pour Lienduil.

Les sables du temps s'écoulèrent, la traversée était tranquille mais froide, mais bientôt elle fut brisée par un sifflotement, quelqu'un était en train de siffler non loin de Lienduil et Niamh ! Mais ou exactement ? L'elfe tourna la tête autour de lui, sans rien voir au premier abord, mais finalement son regard se bloqua sur un homme qui s'avançait vers eux, vêtu de noir et vert. Si il n'avait pas siffler le mage ne l'aurait sûrement jamais remarqué tant son camouflage était de bonne qualité. Il ne paraîssait pas armé, mais une capuche tombant masquait totalement son visage, décidément il y'avait bien du monde dans cette forêt !



Odan passa devant, il semblait parfaitement connaître l'endroit, empruntant des raccourcis qui contournaient des bosquets trop denses ou des petites crevasses bourrées de ronces... Au bout d'une dizaine de minutes d'exploration il jeta par dessus son épaule à Cledwyna :

"J'r'marqué que la région est moins tranquille qu'avant ! D'puis que les armées des Dix-Cités s'promènent pour chasser les barbares renégats il y'a des mercenaires et des "aventuriers" qui pulullent ! Quand j'vois parfois l'jeunes qui s'retrouve dans la piétaille, ça m'fait mal au coeur !"

Mais soudainement il s'arrêta de parler et se figea, comme un chasseur repérant sa proie. Il porta sa main à la garde de son épée, puis chuchota :

"T'entends ça ? Y'a des brindilles qui craquent..."

Cledwyna dû tendre l'oreille un maximum pour percevoir ce bruit, mais il était bel et bien réel et se rapprochait...

[Juste pour rappeler que j’ai des bottes moi. Je rappelle aussi qu’on avait décidé de faire une centaine de mètres avant de repartir dans la bonne direction… donc « les sables du temps s’écoulèrent »… hum. Alors je fais comme si on avait été et qu’on était repartit. Si ça ne t’arrange pas, dis le et je change.]

Lienduil ne répondis pas à la Calishite. Il se retourna vers elle et mis son index sur sa bouche pour lui dire de se taire, et repris ensuite sa marche aussi silencieuse que possible.

*Je ne vous ai pas spécialement en piètre estime, Dame Niamh. Seulement je ne vous fais pas confiance. Mais ça, je ne vous le dirai pas. Donc je ne vous répondrai pas, d’autant qu’il faut être le plus silencieux possible. Si vous continuez avec vos questions, je vous aurai en piètre estime !*

Ils parcoururent la centaine de mètre qu’ils s’étaient fixés, et ne trouvant rien et ne voyant rien, ils revinrent sur leurs pas. Ils faisaient toujours bien attention où ils mettaient leurs pas, et avancèrent doucement, mais prudemment. Ils croisèrent bientôt l’endroit de la rivière où ils avaient rencontré Gorgoth, et continuèrent dans la direction qu’il leur avait indiquée. Lienduil aurait bien aimé passer plus de temps à admirer le spectacle toujours fascinant de la nature, mais la menace constante des maraudeurs lui enlevait bien vite l’envie de contemplation. Il laissait une partie de ses pensées vagabonder pendant que la plus grande partie de celles-ci étaient concentrées sur l’environnement. Le froid l’envahissait à nouveau, malgré l’effort de la marche, ses maigres habits ne suffisant pas à tenir le froid à l’écart, et il frissonna plusieurs fois. Lorsqu’il entendit le sifflement, il s’arrêta net, toutes ses pensées se concentrant à nouveau sur le moment présent et sur cette personne encapuchonnée qu’il avait finalement réussis a repéré. Il fit signe à la magicienne pour l’avertir de la présence, et pour qu’elle se mette à couvert, pour ensuite faire un léger déplacement dans le but de se cacher le mieux possible, au cas où la personne ne les aurait pas encore remarqués.

*Ouf ! Heureusement que mes oreilles ont servis là où mes yeux ont faillis. J’espère qu’il est amical, ou alors qu’il ne nous a pas vu ! Je ne suis vraiment pas en position de combattre. Mais qui peut il bien être ? Si il n’est pas armé dans des régions aussi hostiles, c’est qu’il est soit inconscient soit très confient dans ces capacités, quelles qu’elles soient. Et vu son accoutrement et sa capuche qui forment un camouflage, je miserais plutôt sur le second. Un rôdeur ? Un druide ? Un bandit de grand chemin ? Aucune réponse ne me parait totalement logique… Et pourquoi avoir sifflé, si il se donne tant de mal à se camoufler ?*

[On pourrait savoir à quoi ressemblait le sifflement ? Un appel ? Une mélodie ?]
[Discrétion +3, Déplacement Silencieux +3]

Derrière Odan, Cledwyna s'appliquait à ne pas butter sur les pierres qui bordaient les fosses de ronces, regardant bien où elle mettait les pieds tout en essayant de scruter un peu les alentours, ce qui s'avérait assez compliqué à réaliser simultanément.

- Des armées des Dix-cités tu dis?.. Ouhw!

Elle failli perdre l'équilibre, mais se rattrapa rapidement grâce à son bâton.

*Bordel! c'tait moins une! Saloperie... Enfin c'est bon... Odan sait des choses qui pourraient donc certainement m'être utiles pour te retrouver...*

Cledwyna eut à peine le temps de penser ceci et de reprendre son équilibre que son guide l'avertit d'un danger immédiat, s'emparant derechef de son arme. Le bruit s'approchait, aucun doute possible effectivement. La jeune guerrière acquiesça à l'attention du grand barbu, s'empara à deux mains de son gros bâtons, et fronça les sourcils en scrutant la forêt avec une attention redoublée, fermement décidée à en découdre le cas échéant.

*Ah! ben voilà... Allez viens donc toi, on t'attends!... Mais... et si c'était l'un des autres? Bah, on verra bien!*

[C'est pas pour être méchant Lienduil, mais les commentaires HRP, si ils sont inutiles, je m'en passe parfaitement, alors j'utilise les expressions que je veux, et si tu avais déjà essayé de faire cent mètres en forêt en essayant de ne pas faire de bruit tu saurais que ça prend un maximum de temps... Donc stop.]

L'elfe identifia rapidement le siffement comme une mélodie chantante, à priori cela ne devait absolument pas être de mauvais augure. Et lorsqu'il discerna parfaitement l'homme que se tenait droit comme un I à quelque mètre de lui à peine, il eut l'étrange sensation qu'il devait parfaitement connaître le terrain. Le type leva une main gantée en l'air, en signe de salut. Son visage toujours invisible il lança d'un ton presque joyeux :

"Salut la compagnie !"

Sa voix n'était absolument pas celle d'un homme. D'un geste il rabattit sa capuche, révèlant le visage d'une femme superbe. Les épaisseurs de tuniques qu'elle portait pour la protéger du froid masquaient plutôt bien ses courbes, mais on devinait facilement qu'elle devait être divine.

"Alexandra Karadan. Vous êtes Ami ou ennemi ?"

En jetant cette phrase elle avait à moitié relevée les pans de son manteau, révélant la garde d'une rapière finement ciselée.




Cledwyna avait beau regarder autour d'elle, rien ne semblait se présenter. Pourtant le bruit de pas était de plus en plus fort. D'un coup Odan fit volte face, puis éclata d'un rire sonore !

"Borsk tu ne pourra jamais me surprendre, tu es aussi discret qu'un sanglier !"

La guerrière tourna la tête, apercevant un homme en train de bougonner, de la même corpulance qu'Odan, une lourde hache dans la main.

"Désolé je n'ais pas le temps de plaisanter ! Le village à été rasé !

La voix de l'homme était vibrante de colère et à la fois empreinte de tristesse... Un silence pesant tomba, puis le visage d'Odan se contracta de rage, il cracha d'un ton mauvais :

"Qui a fait CA ?!
- Une compagnie de mercenaire... Les... Dragons je crois..."

Sortant du couvert de l'arbre derrière lequel elle s'était vainement cachée, Niamh dévisagea la jeune femme qui s'était présentée. La Calishite n'avait rien vu venir, à peine avait-elle perçue la mélodie quelques secondes plus tôt. Cette femme était en effet très belle, il fallait le reconnaître... Son nom avait l'air tout à fait typique de la région. Décidément, les gens du coin aimaient se promener dans les bois, alors que Niamh aurait tout fait pour en sortir le plus vite possible. Très courtoisement, sans prendre un air menaçant, tout juste un peu méfiante, elle fit quelques pas vers Alexandra.

-Amis, répondit-elle. Dans notre situation, nous n'avons vraiment pas besoin de nous faire des ennemis... Je m'appelle Niamh Jeshira.

Elle s'inclina légèrement en guise de salutation, jetant un oeil discret vers la lame de la nordiste. *Elle doit sûrement savoir se battre... Encore une héroïne recherchant des bandits à tuer ?*

-Et voici Lienduil. Nous escortions une caravane, et nous avons eu un... accident en amont, un pont a lâché. Pour l'instant, nous sommes les deux seuls survivants...

Lienduil s’apprêtait à répondre à l’inconnu, ou plutôt l’inconnue, une fois qu’elle eu relevé sa capuche, mais Niamh le devança et ses mots moururent dans sa gorge. Mais ce n’était pas plus mal, car ainsi il avait l’occasion de réfléchir à la situation, et aux paroles de la magicienne…

*Mais cet inconnu est une humaine ! Quelle journée pleine de surprises ! Cette forêt est peuplée d’une quantité impressionnante de personnes. Dommage qu’il n’y ai pas de Tel’Quessir, cela aurait peut être été une journée plus agréable… Mais je m’écarte du problème ! Sommes nous des amis ? Mais nous ne savons pas qui elle est ! Une Dragon du Nord ? Une rôdeuse ? Niamh a peut être raison de parier que nous ne sommes pas des ennemis, puisqu’elle ne nous a pas attaqué tout de suite. C’est plutôt engageant. Et, tiens, Niamh à un nom de famille ! Jeshira… A retenir, au cas où. Et elle dit que nous escortions une caravane ? Pour moi, c’était plutôt voyager en compagnie d’une caravane…Même si nous avons été amené à protéger cette caravane en l’absence des Dragons du Nord. Pourquoi a-t-elle choisis ce mot ? Elle voudrait se donner un rôle plus positif ? Où n’a-t-elle pas fait attention ? Mmm… C’est peut être inconscient et dangereux dans de telles contrées, mais je pense qu’il vaux mieux savoir d’amblée si cette Alexandra est une amie ou une ennemie, et donc jouer franc jeu avec elle. Lunargent ne laisse personne indifférent dans les Marches d’Argent.*

Lienduil tenait toujours son bâton dans la main droite et, n’étant pas encore sur de l’identité d’Alexandra Karadan, se tenait près à l’utiliser. Mais mis à part son attention, il se tenait de manière parfaitement inoffensive et pacifique. Il regarda l’humaine du Nord pendant que Niamh parlait, et pris la parole dès qu’elle eu fini, essayant de préciser certaines choses avant que l’inconnue ne réponde. Il s’exprima en Chondathan de sa voix toujours mélodieuse malgré le froid qui le gagnait.

- Bonne rencontre à vous, Alexandra. Je me nomme Lienduil Siannodel, et suis un citoyen de Lunargent. J’espère que vous pourrez, sachant cela, juger par vous-même si nous sommes des ennemis ou non. Et j’espère également que nous aurons la chance d’en savoir un peu plus sur vous…

Voila. Il l’avait dis, pour le meilleur ou pour le pire. Maintenant, le destin et les dieux décideraient des conséquences de ses actes.

Lorsqu' Odan lâcha son rire, la jeune femme fût bien surprise, mais moins encore que lorsqu'elle tourna la tête:

*C'est dingue! Ces bois sont encore plus courus que la place de mon village!*

Néanmoins, elle ne put s'empêcher de pousser un profond soupir de soulagement et de sourire un peu. Mais bien vite, les paroles du dit Borsk effacèrent le sourire apaisé de Cledwyna, alors que le pire était à venir: les Dragons du Nord avaient rasé leur village, et sur cette nouvelle, elle ouvrit de grand yeux puis sembla se replier sous un effet de panique intérieur qu'elle contint tant bien que mal.

*Quoi?! Les dragons?! Nos Dragons?!... Enfin, ceux qui étaient avec nous... Merde merde merde, je fais quoi moi?!!! Je savaient bien que ce Pavlov et ses mercenaires étaient des connards! Mais si je leur dis que j'étais avec ils vont peut-être me massacrer! Mais si je leur dis pas... Et puis si les autres sont avec les Dragons?... Là, ma grande, c'est vraiment pas ton jour... Va falloir te décider... Je crois que j'ai une idée... qui peut me coûter ma peau... mais après tout, avec tout ce que je risque dans la région, ça peut pas être vraiment pire...*

Alors, d'un ton peu assuré elle se prononça:

- Les Dragons du Nord... Je connais un peu ces types là... Je peux vous aider.
C'était bien un grand type louche avec une épée étrange qui les menait, n'est-ce pas?

Demanda-t-elle à l'arrivant, espérant qu'ils comprendraient bien qu'elle était de leur côté, du moins contre les Dragons. En espérant que les autres, s'ils s'en étaient sortis, n'en feraient pas partie...

Alexandra salua d'un hochement de tête les deux profanes. Elle croisa les bras et s'approcha de quelques pas, gardant toujours une posture décontractée, elle paraissait vraiment alaise dans cet environnement. A l'oeil exercé d'un elfe il pouvait déduire qu'elle devait être rôdeuse, ou quelque chose du genre. Posant alors ses mains sur les hanches, l'humaine reprit toujours d'un ton amical et navré :

"Un accident en amont ? Quelle terrible nouvelle ! Deux uniques survivants ? Que les âmes des morts trouvent leurs chemins... Si vous avez perdus des amis dans cette funeste histoire j'en suis désolée, vous avez toutes mes condoléances."

Penchant la tête un sourire éclaira de nouveau son visage qui s'était assombrit. Réajustant les pans de son manteau vert elle enchaîna sur un sujet plus léger :

"Je suis une éclaireuse au service de l'armée de Lunargent, une des rares non-elfe de mon régiment. Les escarmouches qui se déroulent dans le Nord rendent le pays dangereux, d'ailleurs on ne connait pas exactement la cause de tout ça, enfin surtout nous, les soldats. Je peux vous mener à un endroit sûr, comme le campement de ma division, de là vous pourriez rallier Lunargent avec de nouveaux... vêtements et rations... D'ailleurs si vous avez la moindre information sur des faits étranges que vous avez rencontrés dans la région il faudra en faire part à mon capitaine, Illutivar Salissir."



Odan se tourna presque instantanément vers Cledwyna, le regard brûlant de rage. Saisissant la guerrière par les épaules il l'a secoua de ses bras puissants dans tout les sens, partagé entre l'impatience et la colère :

"Tu les CONNAIS ?! Mais qui sont-ils ?! Les Dragons ? Qu'est-ce que qu'cela ?! Parle mais parle !"

Le guerrier continua de serrer Cledwyna, tremblant. Mais il se calma petit à petit, des larmes au bord des yeux, sa voix se perdit doucement, emportée par la douce brise du Nord.

"Parle..."

Il n'arriva pas à dire autre chose, la machoire contractée par ses sanglots, Borsk tapa sur l'épaule de l'homme et déclara en essayant d'être le plus apaisant possible :

"Désolé pour ton fils et ta femme... Aucun n'ont survécus... L'assassin qui a fait ça s'appelait... Pa... Palov... Quelque chose comme ça, ses tueurs ont clamés son nom avant de brûler les maisons..."

Niamh frémit en apprenant que cette femme était une gardienne de Lunargent. *J'approche vraiment de mon but... Je ne pense pas que j'aie quoi que ce soit à craindre de celle là, ce n'est qu'un soldat de première ligne et sans pouvoirs magiques. Mais pour entrer en ville ça sera plus dur, j'ai entendu parler de défenses magiques et si je ne fais rien ils sauront qui je suis réellement... Cette éclaireuse pourrait peut-être m'aider à pénétrer dans Lunargent sans que des dizaines de gardes mages me tombent dessus. Et voilà qu'elle nous propose de nous y rendre, voilà qui fait mon affaire ! Enfin, je n'y suis pas encore.*

-Des escarmouches vous dites ? Il est vrai que la région est agitée en ce moment... Nous avons essuyé deux attaques hier, et à mon avis le pont n'est pas tombé par hasard. Votre protection sera la bienvenue, et si Lienduil est d'accord, je propose que nous allions au campement tout de suite. De toute façon, il y a peu d'espoir de retrouver d'autres rescapés, cela fait une éternité que nous longeons la rive... Je ne connaissais aucun des autres voyageurs.

A vrai dire, la Calishite en avait marre de marcher sans but certain, avec ce manteau pour seul vêtement et le ventre vide. La chaleur d'un feu de camp lui important bien plus que de retrouver quelques pleupleus à moitié noyés. Et surtout, rencontrer le capitaine la rapprocherait de sa mission.

La jeune femme, quant à elle, eut à peine le temps d'écarquiller de grands yeux surpris et un peu apeurés lorsque le puissant gaillard la saisit pour la secouer comme un prunier.

- HeeeEEEeeeEEE...!!! Du calme!

*Mais y m'fait mal ce fou! J'y suis pour rien moi!... Mais ils sont pas au courant... si ça c'est pas être dans la mouise jusqu'au cou... J'ai intérêt à leur expliquer, et vite!*

Par chance, Odan sembla se calmer, mais sa mine déconfite et désespérée rendit Cledwyna perplexe. Soudain, les paroles de Borsk eurent l'effet d'une énorme gifle qui la laissa bouche bée une fraction de seconde.

- Pavlov...

*Putain! J'en étais sûr! Le salaud... Je pensais bien que ce type était louche, mais là...*

Un éclair de vivacité la sortit de ses réflexions sur le dit général pour la ramener au danger d'actualité: elle était entre les pattes d'un malabar qui allait, certainement, lui broyer le crâne de rage si elle ne prononçait pas immédiatement la phrase qui ferait d'elle leur alliée, ou du moins c'est ce qu'espérait sincèrement la jeune Cledwyna.

- Pavlov! C'est le chien dont je parlais! C'est une crevure, et il a causé la mort de dizaine d'autres innocents avant de s'attaquer à votre village! Sa mort serait cent fois méritée!

Lança-t-elle en prenant les bras d'Odan, pour se retirer de son étreinte le moins brusquement possible. Enfin, c'est elle qui vint poser avec compassion sa main sur l'épaule de l'homme brisé.

- Je suis désolée pour ta famille... Et je vous aiderai, je le promet!

Son regard se tourna alors vers Borsk, d'un air sombre et déterminé.

- Je vous dirai tout ce que je sais de lui et de ses hommes, ainsi que ce qui m'a menée ici. Alors, vous êtes prêts à m'écouter?

*Elle semble sincèrement touchée par la mort de nos compagnons. Il me semble que nous sommes enfin tombé sur une personne digne de confiance. Et elle dit faire partie des éclaireurs de Lunargent ! Elle est donc certainement quelqu’un de valeur. Et si elle est une des seules non elfes de son régiment, elle doit avoir du talent, car les régiments d’éclaireurs contiennent pas mal de très bon rôdeurs elfes verts ou elfes d’argent. Et elle doit sûrement parler l’Elfique, au cas où il faudrait lui dire quelque chose sans que d’autres comprennent...*

Lienduil sourit en écoutant les paroles d’Alexandra. Il lui répondit, toujours en Chondathan :

- Je suis heureux d’avoir eu la chance de tomber sur vous dans cette forêt troublée. La disparition de nos compagnons de route m’accable, et j’espère encore en retrouver sains et saufs. Je ne les connaissais pas vraiment, mais ils me semblaient des gens bien. Le nord semble ne pas dormir tranquilles ces derniers temps. Je suis d’ailleurs surpris de votre manque de méfiance à notre égard. Aviez vous confiance en la nature de mon héritage, où êtes vous nombreux et près à nous tuer à tout moments ? Quoi qu’il en soit, je suis heureux de votre proposition, et près à vous suivre à votre campement dès vous le voudrez. Et je donnerai toutes les informations possibles à votre capitaine.

Il fit ensuite une courte pause, a peine le temps de reprendre son souffle (car il n’a pas l’habitude des longs discours). Il se demandait si l’éclaireuse verrait la différence entre les paroles des deux magiciens. Il lui dis ensuite, en Elfique cette fois ci :

- Vous devez être fière de faire partie des Eclaireurs, et avec raison. Toutes mes félicitations. Je suis pour ma part apprentis magicien à l’Ecole de Thaumaturgie de Miresk, de retour de voyage.

Comme elle l’avait dit, les humains étaient rares dans les éclaireurs. Elle devait être fière de pouvoir se comparer aux éclaireurs elfes. Mais les elfes ne la voyaient pas nécessairement tous comme une égale. Même à Lunargent, les elfes peuvent être fier de leur race. Donc le compliment venant d’un elfe la toucherait sûrement. Et le lui dire en Elfique était aussi une marque de respect, car cela voulait dire qu’elle le parlait, ce qui était bien en soit. Maintenant, si il s’avère qu’elle ne parle pas l’Elfique, Lienduil s’excuserait de sa présomption et lui traduirait la phrase. C’était donc à la fois un moyen de savoir si elle parlait Elfique et de la complimenter.

[Lienduil suit Alexandra si elle part en direction de son camp]

L'éclaireuse avait écoutée Niamh avec attention. Pour une guerrière de première rang la calshite avait presque l'attitude d'une noble, ou au moins de quelqu'un au dessus de la société, ou qui pensait être au dessus de la société. Elle avait quelque chose d'étrange, peut-être était-ce le fait qu'elle passait pour une étrangère dans ce pays Nordique. Sa couleur de peau et ses cheveux n'étaient pas communs du tout ici...

Alexandra tourna la tête vers Lienduil, obsevant l'elfe des pieds à la tête. Elle avait l'habitude d'en voir, il était peut-être même natif de la région. Posant une main sur le pommeau de son épée, la jeune femme haussa un sourcil en entendant les paroles prononcées en chondathan de Lienduil.

"Un manque de méfiance ? Non, juste un certains sens de l'observation. Vous n'avez ni armes, ni armures, ni le moindre livre ou sac, ou quoique ce soit. Avant de vous aborder j'ai aussi vérifiée qu'il n'y avait personne d'autre avec vous."

Elle ajouta ensuite avec un franc sourire :

"Et comme je n'ai pas pour habitude de m'en prendre aux voyageurs isolés..."

Mais l'oreille de l'humaine sembla fremir lorsqu'elle entendit des mots elfiques. Adressant un signe de tête reconnaissant à Lienduil elle répondit d'une voix aussi claire que le magicien, sans aucun accent :

"Merci Seigneur elfe, vos compatriotes ne sont pas faciles avec moi, mais la vie en ait rendue d'autant plus interessante. Et je suis sûr qu'un jour vous mériterez le rang convoité d'archimage."

Il fit ensuite signe aux deux magiciens de la suivre, et s'enfonça profondément dans la forêt. La marche fut assez longue, l'humain avançait sans faire le moindre bruit, aussi légère qu'une plume sur les brindilles, alors que même en faisant attention Lienduil et Niamh avaient l'impression d'êtres de véritables poinds lourds... Finalement ils arrivèrent à la lisière d'une petite clairière, un camp militaire y était installé avec toute sa rigueur et sa discipline. Des sentinelles étaient déjà en train de venir à leur rencontre, ils portaient les tuniques caractéristiques de l'armée de Lunargent. La patrouille qui s'avançait était entièrement constituée d'elfes. Celui qui semblait être le chef s'adressa justement à Alexendra en elfique :

"Qu'apportez vous là, lieutenante ?
- Des voyageurs victimes d'un accident sur le fleuve, mon capitaine, et de plusieurs attaques. Ils seraient les seuls survivants de leur caravane.
- Ah oui ? il se tourna vers Lienduil, semblant ignorer Niamh, qui êtes vous exactement et que venez vous faire par ici ?"



Les deux hommes s'étaient tournés vers Cledwyna dès qu'elle avait prononcée le nom "Pavlov". Leurs regards pesaient lourdement sur elle. Ils étaient sombres et colériques, mais s'adoucirent lorsqu'elle parla de les aider contre l'assassin en question. Le général du Nord était donc bel et bien un sanguinaire. Au vu de ses prouesses martiales il semblait réellement dangereux pour la région, car pour aider à "l'effort de guerre" il était peut-être même prêt à raser d'autres villages avec ses mercenaires... Evidemment il devait avoir rejoins le gros de ses troupes pour causer autant de dégâts. Si on comptait qu'en plus il avait un frère l'attendant encore au Nord avec d'autres soldats...

"Si t'sais tout ça dis le nous, on aura p'être une chance d'le rattraper comme ça ! Expliques toi guerrière !"

Le ton d'Odan était encore bourru, mais la tristesse commençait déjà à laisser à place à une terrible envie de vengeance...

Lienduil ris doucement et de manière un peu auto dérisoire en entendant les paroles d’Alexandra. Il inclina lui aussi la tête et lui répondit tout de suite, toujours en Elfique.

- Archimage ! Gardesort sera déjà pas mal. Toutes mes félicitations pour votre Elfique également.

Il la suivis ensuite à travers bois, en réfléchissant aux évènements de la journée, et en réfléchissant sur ce qu’il pourrait bien dire à un capitaine éclaireur qui a probablement d’autres choses à faire de l’histoire pathétique d’un apprentis mage. Le froid, oublié temporairement lors de la rencontre avec Alexandra, revenait dans ses membres. Il regarda Niamh distraitement lorsqu’il vit son air mécontent, et il se rappela qu’elle ne parlait peut être pas Chondathan et sûrement pas Elfique. Cela lui avait complètement échappé ! Il se pencha alors vers elle pour lui chuchoter en langue Commune :

- Excusez moi d’avoir parlé à Alexandra en Chondathan et en Elfique. C’était pour des raisons… diplomatiques. Je m’efforcerai de traduire ce qu’il se dit d’important pour vous si nous continuons de parler ces langues.

Il repris alors ses réflexions sur ce qu’il pourrait bien dire et suivit l’éclaireuse à travers bois en essayant de l’imiter et d’apprendre d’elle en matière de discrétion. La clairière et l’espace dégagé se dévoilant soudain à ses yeux l’arrachèrent à ses pensées. Il n’avait pas vu de Tel’Quessir depuis le début de son voyage de retour, et en voir à nouveau était toujours un plaisir. Mais le plus plaisant était de les sentir, de les ressentir. A travers la Toile, il pouvait sentir leur présence comme l’on sent d’où vient le soleil qui nous tape sur le dos. Cette expérience unique et rassurante de savoir des frères aux alentours lui rappela, comme à chaque fois, ses années à Evereska et ses premières années à Lunargent.

Il chassa ses pensées nostalgiques de sa tête pour faire face comme il le devait au capitaine des Eclaireurs. Au vu de sa réaction vis-à-vis d’Alexandra et la façon dont il ignorait Niamh, il plaignait un peu les deux humaines. Mais au moins était ce un elfe de la lune et pas un elfe doré, qui aurait pu être pire. Il inclina sa tête devant le capitaine et commença à lui raconter leurs mésaventures du mieux qu’il pu.

- Bonne rencontre Capitaine. Je me nomme Lienduil Siannodel, apprenti à l’Ecole de Thaumaturgie de Miresk. Elle s’appelle Niamh Jeshira, magicienne du Calimshan, et ne parle ni l’Elfique ni le Chondathan. Nous étions en train de voyager en compagnie d’une caravane de marchands à destination de Lunargent lorsque nous fûmes attaqué par des brigands. Pavlov et ses Dragons du Nord ont repoussé l’attaque et sont partit à leur poursuite, nous laissant la défense de la caravane. Plusieurs choses m’ont intrigué dans cette attaque. Premièrement, elle me semblait assez suicidaire. Deuxièmement, un personnage en robe, probablement un nécromancien, nous a observé durant le combat. Troisièmement, le chargement des chariots était des lingots de plomb. Ma conclusion est que le plomb était une couverture pour le réel chargement, qui m’est inconnu et a été volé durant l’attaque. Quatrièmement, une magicienne rouge de Thay est apparue de nulle part durant les combats. Elle a combattu à nos coté cependant et semblait connaître Pavlov.

Il pris alors une grande inspiration et continua son récit, en essayant de rester concis tout en donnant suffisamment de détails pour qu’il ai une information complète de la situation.

- Après cela, le brouillard et la pluie sont venu, aussi surprenant que cela soit, ainsi que l’odeur des corps en décomposition. La magicienne rouge de Thay nous a faussé compagnie et on ne l’a plus revue. Nous avons organisé les chariots de manière défensive et préparé un chariot de fuite si nécessaire avant qu’ils arrivent. Une trentaine de zombies sont sortit de la brume et nous ont forcé à fuir. Nous avons pu les semer, heureusement, mais au prix de plusieurs vies. Nous avons alors traversé un pont au dessus d’une rivière en crue. Pour une raison ou une autre, il a craqué et nous sommes tous tombé à l’eau. J’ai perdu connaissance à un moment et lorsque je me suis réveillé, j’étais seul, sur la berge, avec l’humaine. Pendant que nous reprenions nos esprits et réalisions que nous avions tout perdu dans l’accident, Gorgoth, le porteur d’Ascaran, est venu nous parler et nous a donné la direction de Lunargent et un manteau pour l’humaine. Nous avons ensuite suivit cette direction tout en faisant attention à des signes d’un quelconque survivant à l’accident. Nous n’en avons trouvé aucun, mais la Lieutenante Alexandra nous a trouvé et amené ici.

Il s’interrompit alors et se tut, laissant le capitaine digérer son histoire, et en profita pour observer le campement. Il n’avait pas voulus faire de commentaires personnels dans son récit, ne laissant que les faits, autant que possible. Il réfléchit si il n’avait rien oublié d’important, et si dit que ça devrait faire l’affaire…

- Bien!...

S'empressa de répondre la guerrière, étrangement excitée et presque optimiste à l'idée de s'engager dans une telle aventure. Inconscience ou folie? Personne n'aurait vraiment su le dire...

- Alors... je vous raconte tout depuis le début! Je viens du nord du Mitan, et j'étais en route pour Lunargent sur le dos de mon pauvre Fidéus... mon cheval, hein... quand j'ai rattrapé une importante caravane. Elle était dirigée par ce salaud de Pavlov, à qui j'ai demandé quelques informations. Mais ne sachant pas encore à quelle ordure j'avais à faire, j'ai également accepté d'escorter la caravane sur la fin de son trajet, et là, j'ai bien vu que ce type avait l'air tout sauf sympathique.
Cette caravane, elle était sensée transporter une cargaison secrète, et en voyage, j'ai rencontré quelques autres voyageurs, des magiciens pour la plupart, certains sympathiques, d'autres moins, et qui se doutaient aussi de quelque chose de louche... Bon... jusque là tout va bien... Mais tout d'un coup, on s'est fait prendre en embuscade! Et c'est là que les Dragons de Pavlov se sont montrés et ont combattu pour "défendre" la caravane. Je les ai aidé à repousser les brigands qui nous harcelaient, et c'est là que j'ai vu qu'en plus d'avoir des hommes efficaces, leur maudit général avait une épée magique! On aurait dit qu'elle s'enflammait à chaque coups, et il a eu vite fait de démembrer le chef ennemi... Un vrai carnage!
Malheureusement...

Cledwyna prit un temps d'arrêt pour voir où en était son auditoire impatient, pour reprendre aussitôt:

- Malheureusement, l'un de nos compagnons avait été gravement blessé par plusieurs coup de hache! J'ai couru à son aide avec l'un des magiciens, un Elfe de bonne nature, et nous avons essayé de maintenir son état jusqu'à l'arrivée du soigneur. J'ai appelé de l'aide de la part de ces foutus Dragons, mais ils n'ont pas bronché, Pavlov, cet enflure, nous à même accusé de s'être mêlé de leurs affaires en voulant défendre le convoi!
Mais ils nous ont vite abandonné, sous prétexte qu'on leur avait subtilisé leur précieux chargement...
Peu de temps après, quelque chose d'étrange s'est passé, des brumes sont venues nous emprisonner et la pluie transforma toute la forêt alentours en marécage... Les mages supposaient des présence d'outre-tombe, de nécromancie... et nous avons essayé d'organiser une défense, en espérant trouver des armes dans les chariots... Mais non! Il n'y avait que du plomb! des centaines de livres de plombs dans ces putains chariots!
Et c'est le moment où une horde de dizaines de Morts a décidé de sortir des brumes! Ils devaient être commandés par un nécromant, mais nous ne pouvions lui faire face, et tout le monde a fuit dans la plus grande panique, malgré que mes compagnons et moi, on essayait de les calmer et les diriger en lieu sûr! Mais à cause de l'abandon de ce maudit Pavlov, des dizaines de caravaniers innocents sont morts bouffé par des cadavres ambulants!
Et là, on est arrivé sur un pont, qui a cédé sur la rivière en crue! Tout les survivants et moi même, on s'est fait emporté! Et j'ai perdu mes compagnons, mon cheval et tout ce qui m'appartenait avant d'arriver... ici, où je suis tombée sur Odan en cherchant s'il y avait d'autres survivants...

Elle stoppa ainsi son récit, presque à bout de souffle tant elle avait mis de coeur à le conter. Et à présent, elle commençait tout de même à ce dire qu'ils ne pourraient peut-être pas en tirer grand chose... Toutefois, bien que rougissant un peu, elle garda une certaine fermeté qui allait de paire avec son excitation presque trop énergique.

- Alors à présent, je suis prête à vous suivre sans peur pour venger tous ceux qui sont mort par la faute de ce fils de putain, que ce soient vos familles ou mes compagnons!

Et Rousse Colombe les regarda tour à tour, la mains toujours posée sur l'épaule d'Odan.

- Mais... pour vous aider, il me faudrait autre chose qu'un bâton à la con! Et d'ailleurs, à trois contre une armée... Il vous reste des hommes et des armes?

Le capitaine elfe étudia Lienduil sous toutes ses coutures, la mine un peu hautaine de l'officier était assez agaçante, le grade devait un peu lui monter à la tête. Néanmoins il écouta le magicien sans l'interrompre, probablement parce qu'ils étaient tout deux de la même race. Une fois que Siannodel eut terminé son récit le militaire inspira profondément et entama une longue tirade en elfique :

"Hé bien quelle aventure racontez vous là ! Des mercenaires visiblement sans scrupules, des bandits, des mort-vivants et enfin un puissant nécromant ? Sans compter que vous avez aussi croisé une sorcière rouge de Thay peut-être associé à ce mystérieux général... Pavlov ? Son nom m'est inconnu. Et finalement vous vous êtes réveillés face à Gorgoth ? Dire que je croyais que ce n'était qu'un mythe d'alcooliques des tavernes les plus minables de Lunargent. Enfin voilà qui est fort intéressant, la présence d'un nécromencien ici devient assez inquiétante compte tenu des troubles de la région."

Il paru réfléchir un court instant, puis avisant la situation ajouta :

"-Bon en tout cas vous n'allez pas rester dans cette tenue... indécente. Lieutenante, trouvez leur de vrais habits et de quoi manger, vous me ferez un rapport sur vos éclaireurs ensuite.
- Oui mon capitaine.
- Parfait, disposez maintenant."

Alexandra fit signe au deux magiciens de les suivre, une fois un peu plus à l'écart, elle leur adressa la parole en commun, pour que Niamh comprenne aussi.

"Excusez-le, il est assez axé sur la discipline militaire et supporte assez mal tout ce qui ne porte pas un uniforme. Enfin bref, suivez moi, la tente de l'équipement n'est pas très loin."

En effet un pas de plus et il était face à un large abri, gardé par deux soldats qui s'écartèrent immédiatement en voyant Alexandra. Elle les fit entrer et déclara avec un sourire :

"Nous n'avons rien d'autre que des tenues réglementaires, il faudra faire avec."

De l'index elle désigna une pile de vêtement au blason de Lunargent.




Les deux hommes semblèrent un peu remotivés par la verve de Cledwyna, elle avait dit tout ce qu'ils pensaient. D'un autre côté ils avaient aussi été assez impressionnés par le récit, et les prouesses martiales de Pavlov. Quoique Borsk se souvenait aussi avoir vu les flammes glacées de la lame du général, le genre d'arme que seuls les grands aventuriers ou les meilleurs guerriers pouvaient espérer posséder un jour. Ils restèrent alors un instant silencieux, jusqu'à ce le nordique à la hache d'acier déclare d'un ton sombre :

"Non il ne reste personne d'autre que nous... Par contre il doit peut-être rester des armes dans la forge du village, je ne crois pas que les hommes de Pavlov aient tout emportés... On pourrait y jeter un coup d'oeil... De toute manière il n'y aura que depuis là bas que l'on pourra retrouver la trace de ce maudit bâtard !"

*Hum, je commence à me demander si tout compte fait, Alexandra n’aurait pas eu la vie plus facile avec un Ar-Tel-Quessir ! A l’entendre, c’est moi, l’alcoolique des tavernes les plus minables de Lunargent ! Je suis d’accord que je ne dois pas ressembler a grand-chose, à moitié couvert de boue, mais quand même… Il faudrait peut être composer des compagnies de soldats plus mixtes, car visiblement ce capitaine a une opinion un peu trop basse des autres, et à fortiori des N-Tel-Quess. Heureusement pour moi, il a accepté de me parler car je fais partie du Peuple. Enfin, il est bien trop tard pour faire quoi que ce soit pour changer son point de vue sur le monde. Il a eu des siècles pour se persuader de ses idées. Mais il faut quand même que je le prévienne, car des vies sont en jeu !*

Juste avant de prendre congé du capitaine et de suivre la lieutenante, Lienduil s’adressa à nouveau à l’elfe [En Elfique] :

- Capitaine, je dois vous prévenir que, selon mes maigres connaissances en magie, aucun nécromant ne pourrait lever une telle horde de morts vivants, à part peut être Larloch lui-même. Je pense qu’il s’agit d’une cabale plutôt que d’un nécromancien isolé. Au revoir, Capitaine.

Le magicien le salua à la manière elfique en disant ces derniers mots, et suivit Alexandra à travers le camp. Il arrivèrent près de la tente d’équipement, et Lienduil fit un rapide compte rendu à Niamh en Commun, comme promis, même si il n’y avait rien de réellement important qui avait été dit :

- Je lui ai dit qui nous étions et lui ai raconté notre histoire, depuis l’attaque de la caravane par les brigands jusqu'à notre rencontre avec Alexandra. J’espère qu’ainsi il pourra agir en conséquence pour contrer ces menaces, ou en tout cas transmettre l’information aux personnes qui pourront régler le problème. Il nous a invité à nous changer et à manger avant de passer à autre chose.

Il reporta son attention sur l’éclaireuse lorsqu’elle s’adressa aux deux lanceurs de sorts et souris un peu à ses paroles et hocha une fois la tête pour lui signaler qu’il la suivait volontiers à la tente. Il s’arrêta devant l’entrée, laissant passer Alexandra et Niamh dans la tente et leur dit, toujours en Commun et pas trop haut pour qu’elles seules entendent, depuis le rabat de la tente :

- Revêtir les tenues régimentaires de Lunargent est un honneur que je ne l’ai pas mérité, mais je le ferai volontiers dans les conditions actuelles. Peut être qu’ainsi, votre capitaine nous regardera de moins haut... Niamh, je sais que les humains sont pudiques, alors je vous laisse vous changer, et je rentrerai après.

Lienduil s’éloigna alors un peu de l’entrée de la tente pour laisser Niamh tranquille et continua d’observer le camp. Il cherchait en particulier si il y avait un Gardesort, car il voulait confirmer ses dires à propos de la cabale de nécromanciens, et voir si il avait éventuellement une idée pour reconstituer son livre de sorts, ou pour trouver une alternative. Mais il n’était pas sur que des Gardesorts patrouillent avec les régiments d’Eclaireurs… Et son estomac lui rappela qu’il n’avait plus mangé quoique ce soit depuis fort longtemps et que les émotions creusent…

Niamh fut arrachée de son observation peu fructueuse des soldats de Lunargent. Elle ne savait toujours pas si il y avait des lanceurs de sorts parmi eux. *Je verrai ça plus tard...* Elle suivit Lienduil et Alexandra jusqu'à l'abri, écoutant avec attention les explications de l'elfe.

-C'est fort aimable à lui, dit-elle en évoquant le capitaine. L'armée de Lunargent a l'air organisée et compétente, je ne doute pas qu'elle saurait gérer ce problème du nécromancien.

Elle remercia Lienduil avec un sourire chaleureux lorsque celui-ci lui proposa de se changer la première. S'avançant sous l'abri, la jeune calishite se saisit d'un uniforme et gagna un recoin discret de la tente, sans cependant chercher à se cacher outre mesure. Niamh, et on pouvait le comprendre, assumait parfaitement son corps et n'essayait pas le moins du monde de le soustraire au regard des autres. *Ces gardes n'ont pas l'air si méfiants à l'égard des étrangers qu'on me l'avait prédit... Qu'elle aubaine, quoi de mieux qu'un uniforme pour pénétrer dans la Cité ? Tout pourrait aller pour le mieux, si seulement j'avais encore toutes mes possessions... J'arriverai facilement à trouver de l'or par divers moyens, mais même avec cela, je ne pourrai recouvrer tous mes sortilèges. Mais qu'importe, je ferai sans.*

La jeune femme se dévêtit de son manteau de fourrure, puis se débarrassa des lambeaux de vêtements qu'il lui restait. Le "deux-pièces" qu'elle s'était façonnée ne lui servirait plus à rien à l'avenir, et elle le jeta négligeamment par terre. Elle enfila l'uniforme, qui avait l'avantage d'être conçu pour une femme -ou plutôt une elfe, car il était un peu petit-, mais dont le confort n'était en rien comparable aux soieries calishites que Niamh affectionnait.
Elle tenta ensuite de se coiffer un peu, mais sans miroir ni peigne, la tâche n'était pas aisée. Elle ramassa ensuite la fourrure, qu'elle mit sur ses épaules : même avec ces nouveaux habits secs et chaud, elle ne serait pas de trop.

Sortant de l'abri dans son nouvel uniforme qui lui seyait plutôt bien, elle s'adressa à l'elfe :


-Vous pouvez y aller. Pensez-vous que ce capitaine soit décidé à lutter contre les morts-vivants et leur créateur, ou il ne nous prend pas au sérieux ? Cela pourrait se comprendre, moi même qui ai vu l'attaque de mes yeux, j'ai eu du mal à y croire...

*Wouaaaa... Ça a marché! Ben... faut dire que c'est pas souvent que je me lâche comme ça, avec des inconnus... Je me sens...comment dire... proche d'eux... on est tous dans la merde, ça doit être pour ça.*

Tout en étant terriblement inquiète, surexcitée, écrasée sous le poids des responsabilités et encore sous le choc cette longue suite d'événements, elle était fière et heureuse d'avoir réussi à se faire des alliés. En bref, son esprit était en ce moment un magma bouillonnant d'idées à la fois moroses et optimistes, tiraillé dans tous les sens entre sombres pensées et motivation tenant presque de l'héroïsme.
Seulement, une bonne partie de son optimisme s'éteint au souffle des mots de Borsk. Elle qui, au sein de son imagination débordante, se voyait déjà en compagnie de toute une troupe au trousses des Dragons, fut à nouveau durement confrontée à la réalité dans laquelle elle vivait: Ils étaient seuls face à une armée... Comment faire?
Elle baissa la tête, la main sur le menton et un air sombre lui plissant le front.

- Mouais... bon... Enfin, allons-y! On verra ce qu'on pourra trouver et emporter! Mais...

Cledwyna venait de penser à une chose, une chose bien peu plaisante mais qui le sera encore plus sur place: le spectacle d'un village dévasté, de cadavres, et surtout... de ceux de la famille d'Odan! Elle n'osait pas imaginer la douleur que cette torture pourrait lui infliger. La jeune femme se tourna vers lui, et lui demanda d'un ton triste et gêné:

- Hum... Je me disais, Odan que... tu devrais peut-être attendre en dehors du village qu'on revienne avec les armes... Je pense pas que voir... enfin les voir... Je pense que ce s'rait pas très bon.

Elle s'attendait néanmoins à ce qu'il ne recule pas, même devant une telle épreuve. Il était fier, mais elle était emplie de compassion, et espérait qu'aucun n'ait à endurer plus que ce qu'il leur était déjà arrivé.

Lienduil scruta le campement, à la recherche d'un quelconque lançeur de sort, ou en tout cas de ce qui pouvait y ressembler. D'abord il ne remarqua que des soldats, tous en armures légères, portant de longues armes éffilées ou des arcs. Mais finalement il repéra un elfe du soleil paraissant plus gradé que les autres, en train de donner des ordres à ses subalternes. Il portait des atours de mage verts et bleus très clairs avec une cotte de maille de fabrication elfique par dessus. Une épée longue rangée à la ceinture, appuyé sur un bâton, il était d'âge mûr et d'allure altière. Lienduil ne remarqua pas Alexandra qui s'était glissée derrière lui, si bien qu'elle le surprit en lui adressant la parole : :

"C'est le sous-lieutenant Erylas, le mage de la compagnie. Vous voulez lui demander quelque chose ?"

Avant qu'il ne réponde Niamh était sortie de la tente, lui adressant une autre question...



Odan s'était tourné vers la Cledwyna en surfusion, lui adressant un regard sombre mais déterminé :

"Non, je préfère tout affronter de face. Pas de lâcheté dans ma famille."

La déclaration laissait sans réplique. Sans perdre plus de temps le petit groupe se mit en marche, guidé par Borsk qui avait tout l'air d'un pisteur qui connaissait son métier. Ce fut sans problèmes qu'ils retrouvèrent le village en suivant un sentier forestier.

La vue qui s'imposa à Cledwyna était horrible. La première chose qui l'attaqua fut une immonde odeur âcre et repoussante de chair carbonisée, celui lui vrilla les narines. Elle eut du mal à faire un pas de plus, les cadavres étaient entassés au pied des maisons en ruine, encore en train de brûler. La guerrière croisa les visages grimaçant et mutilés des corps pourrissants, du sang noir s'écoula de leurs plaies macabres. Les crânes étaient éclatés, la cervelle étalée. Les ventres ouverts, les entrailles répendues par terre, des mouches et des insectes grouillants déjà dans cette horrible victuaille. Cledwyna eut un violent haut de coeur, c'était la première fois qu'elle voyait ça ! Le désastre d'un massacre en face, l'odeur et les grimaces des morts gravées à jamais dans son esprit ! C'était bien pire que le feu de l'action, là il n'y avait qu'un charnier, ou femmes, enfants et vieillards étaient proprement découpés avec les soldats. Cledwyna avança encore, trébucha sur un corps sans tête, elle porta la main à sa bouche, ça en était trop !

[Jet de volonté pour ne pas ... vomir : Echec]

Et la jeune dame ne pu retenir ses tripes, une vague de bille lui brûla la gorge...