Dans les environs de Lunargent

Célestio regarda toute la petite troupe qui admirait le spectacle qui leur était proposé. Tout le monde semblait complètement accaparé par l'altercation qui opposait les deux hommes. Célestio désapprouvait ce genre d'attitude, car ce petit groupe restait vulnérable à une intervention de bandits et si c'était le cas, la surprise risquait d'être fort déplaisante. Il en était la preuve vivante, il avait pu s'approcher sans que personne n'intervienne. D'un autre côté, si la caravane avait du s'arrêter il devait bien exister une raison. Il décida de s'approcher des deux personnes qui avaient attiré son attention, tout en écoutant la dispute afin d'essayer d'en comprendre l'origine. Une fois arrivé à leur hauteur il les salua respectueusement, les mains dans ses manches comme à son habitude, en s'inclinant devant eux. Il en profita pour observer plus attentivement ses interlocuteurs, cherchant un quelconque indice lui permettant de savoir à qui il avait à faire. Ne sachant que faire il s'adressa à eux en langue commune sur le ton le plus neutre qu'il connaissait.

"Bonjour nobles voyageurs, je voyageais sur cette route lorsque j'ai remarqué votre caravane à l'arrêt. Il semblerait que le différent qui oppose les hommes là-bas en soit la cause. Au risque de paraître insolent je ne pourrais que vous conseiller d'essayer de régler ce dernier le plus rapidement possible, car des bandits pourraient être alertés par ces futiles jérémiades et profiter de la vulnérabilité actuelle de votre convoi. Il se peut également que je puisse vous être d'une aide quelconque."

Célestio observa l'impact de ses paroles sur l'elfe et la femme au teint hâlé, cherchant à savoir si son intervention inopinée était bien perçue. Un premier contact est toujours très important, même s'il préférait se faire une opinion des gens qu'il pouvait rencontrer sur la durée.

Lienduil regardait d’un œil désapprobateur et écoutait d’une oreille distraite le comportement des deux chefs de la caravane. Il revenait à sa ville d’adoption, qui l’avait hébergé durant presque 60 ans et lui avait appris l’Art, après une brève visite à sa ville natale, Evereska. Il avait du s’y rendre pour trouver des informations que requérait un de ses professeur pour une expérience. Le professeur en question, un demi elfe, n’avait pas pu s’y rendre lui-même pour d’évidentes raisons. Et d’autre part, Lienduil était tout enclin à revoir le Dernier Refuge.

*Rien de bon ne peut sortir d’une telle altercation. La colère ne résout rien, et ne fait que renforcer le différent. Si ils continuent, je les endors et on repart sans eux !* pensa t il avec un sourire se dessinant sur ses lèvres. *Mais non, je ne sais pas conduire une caravane. Et puis, mon Art ne doit pas servir à calmer les braves gens, mais à me défendre contre les plus cruels.*

Sur ces pensées, il vis du coin de l’œil le nouveau venu et entendis ses paroles.

*Hum, cet humain dit vrai. La région n’est pas des plus sures, et un peu de vigilance ne nous ferait pas de mal. Mais qui est ce ? Il est seul, et démuni. Mais que fait il là ?*

En se tournant vers le moine avec un petit sourire à son encontre :

- Bonjour, voyageur aux sages paroles. Montons la garde ensemble, pendant que ces deux têtus règlent leur différent. Mais qui êtes vous, et que faites vous en ces lieux ?

Deux chefs... La stupidité de ces barbares du nord défiait vraiment l'imagination.

Cependant, Niamh préférait ne pas s'en préoccuper. Elle n'était pas vraiment pressée d'arriver, après tout. Elle avait pris une caravane à Everlund qui se rendait à Lunargent, mais elle n'avait confié à personne d'où elle venait, ni où elle allait. D'ailleurs, personne ne lui avait posé la question.
Elle n'avait pas remarqué l'arrivée du jeune homme jusqu'à ce qu'il s'adresse à eux.

"Bonjour", dit-elle à son tour avec un fort accent du sud accompagné d'un sourire chaleureux. Telle est la "politesse" dans ces contrés sauvages: Si quelqu'un s'adresse à vous avec courtoisie, que ce soit un noble, un mendiant ou autre moine, il faut lui répondre de la même manière pour ne pas paraître mal élevé.

Célestio ne s’attendait pas à cette réaction. Il avait certes proposée son aide, mais il n’était qu’un étranger pour ce petit groupe et déjà on lui proposait de monter la garde et qu’on cherchait à l’éloigner. Il s’était toujours montré méfiant à l’égard des personnes un peut trop entreprenantes. Ne voulant pas condamner hâtivement son interlocuteur, il mit cette réaction sur le compte de l’inexpérience et la fougue de l’elfe, même si c’était difficile à croire. Il était plus enclin à poursuivre la conversation avec la femme. Il appréciait la retenue qu’elle avait fait preuve dans ces propos. Cependant étant un nouveau venu ici, il ne voulait froisser personne et ajouta.

"Vous avez raison, mon empressement à vous prêter assistance et mon indéfendable curiosité me font oublier toutes les règles du plus élémentaire des protocoles. Je me nomme Célestio et je voyage par le plus simple moyen de transport qu’est la marche à pieds en direction de Lunargent. Ce serait avec une grande joie que j’accéderais votre proposition, mais je ne voudrais pas offenser votre amie en ayant le sentiment de la délaisser et de faire preuve d’une indécence flagrante. Si bien sûr elle désirait nous suivre, je ne pourrais plus émettre la moindre objection. Il faut que je précise tout de même que je ne pourrais m’attarder trop longtemps, la route est longue jusqu’à Lunargent et je voudrais l’atteindre le plus tôt possible. Voyager seul comporte certains risques mais présente quelques menus avantages, qui peuvent être dans bien des cas non négligeables. D’après ce que j’entends, les inconvénients d’un voyage avec des gens n’étant pas en harmonie semblent avoir pris le dessus."

Célestio lança un bref coup d’œil pour désigner les deux antagonistes, qui s’énervaient sur un sujet dont il ne connaissait toujours pas la raison. Il se tourna vers la femme pour attendre sa réaction.
Ils semblent très intéressants tous les deux. Chacun à leur manière en tout cas. Un elfe au contact facile et une femme gardant une part de mystère autour d’elle. Il pourrait être bénéfique pour nous tous que l’on fasse un bout de chemin ensemble, afin d’en apprendre plus les uns sur les autres et partager nos expériences ensemble. Il pourrait m’être même d’un grand secours si par le plus grand des hasards ils connaissaient quelques rumeurs utiles.
Il observa plus attentivement ses partenaires du moment, cherchant les moindres détails qui pourraient le renseigner sur leur métier respectif.

Niamh ne comprenait pas toutes les subtilités des paroles de l'homme, qui semblaient plus proche du langage que les gens du nord utilisent entre eux que de celui des marchands. Ses voyages lui permettaient cependant d'en saisir aisément le sens. Son nom, Célestio, était quand à lui peu commun.

"Je m'appelle Niamh, et je vais moi aussi à Lunargent. Si vous continuez à pied, je vous suis, si cela ne vous dérange pas. Le voyage avec les caravanes est vraiment... ennuyeux, et il est inutile d'espérer que ces hommes se mettent d'accord. Vous ne croyez pas?" demanda t-elle à l'attention de l'elfe.

Sa tenue de voyage assez hétéroclite, composée d'un pantalon bouffant à la mode du sud, de sortes de babouches et d'un manteau épais et chaud acheté à Everlund, n'était cependant pas dénuée d'un certain esthétisme. En revanche, elle ne laissait rien paraître sur les activités de la jeune fille, à part évidemment sur ses longs voyages.

Lienduil est un Elfe de la lune grand et élancé. Ses traits fins et délicats accentuent encore cette impression de grâce. De ses cheveux qui tombent en une cascade noire sur ses épaules, jaillissent ses oreilles pointues et légèrement tintées de bleu. Sa peau pâle contraste fortement avec ses cheveux sombres et ses yeux bleu vif, presque bleu roi, moucheté d’or. Il porte des bottes en daim brun clair et un pantalon vert clair, attaché a la ceinture par une boucle en forme de feuille de chêne. Il porte également une chemise blanche immaculée et, par temps froid, un gilet bleu ciel. Par dessus tout, il a une cape verte foret accrochée autour de son coup par une broche en argent en forme de croissant de lune. Il porte à son majeur gauche un simple anneau d’argent, cadeau de ses parents. Il ne porte aucune armure et a à sa hanche gauche une épée longue élégante et de style elfique et derrière son dos, accroché à son sac a dos, un arc long de bonne qualité et un carquois de flèches. Il porte également sur sa hanche droite une sacoche possédants plusieurs poches. Lienduil regarda l’humaine et son homologue masculin avec intérêt et une pointe d’étonnement.

*Je ne comptais pas m’éloigner de la caravane. Simplement être un peu plus vigilant que les deux énergumènes… Il a du mal me comprendre. Et cette femme, Niamh, est bien téméraire pour s’aventurer seule avec un étranger dans les étendues sauvages du nord. Est elle simplement inconsciente du danger ? Je me demande bien… Ils sont fort différents l’un de l’autre. L’homme est habillé fort simplement, alors que la femme est assez exotique. Cependant, l’homme s’exprime bien, et la femme avec une certaine hauteur. Que cache t elle ? Quelles histoires ont-ils vécus ? D’où viennent ils ?*

En s’inclinant brièvement devant les deux humains, il dit :

- Madame, Monsieur, veuillez m’excusez. La vulgarité de ces deux personnes m’a fait oublié la moindre des règles de civilité. Je me présente : Lienduil Siannodel, de Lunargent et de retour d’un voyage. Je ne vous proposais nullement de nous éloigner de la caravane, juste de regarder le paysage, a la recherche de signes de danger, a la place des deux chefs de la caravane. Car en ces contrées, s’aventurer seul est bien risqué, a moins que l’on possède des capacités de furtivité ou de défense hors du commun. Les orques, les gnolls et les géants grouillent dans le coin et c’est pour cette raison que l’on forme des convois.

- Mais, pour vous répondre, Madame, je garde pour ma part espoir. Car si nous n’avons pas espoir en la race humaine, les elfes ne survivront pas longtemps, je le crains. L’histoire le montre bien. Mais je m’égare, vous n’en avez cure. Il est certain que si nous n’intervenons pas, le conflit pourrait durer. Voudriez vous m’aider à les raisonner ?

Célestio écoutait attentivement les paroles de chacun. Il allait de surprises en surprises. Il avait des avis partagés sur la question de la poursuite de leur voyage, au moins à présent, il connaissait les noms de ses interlocuteurs: Lienduil Siannodel et Niamh. L'elfe retournait dans sa contrée d'origine et était presque arrivé au terme de son voyage, quant à la femme elle dévoilait une certaine impatience dans ces propos qui était à la limite de la suffisance. Sa volonté de laisser tomber son moyen de transport si aisément paru étrange à Célestio. Elle faisait preuve d'un égoïsme assez inattendu qui effaça le sourire de ses lèvres. Célestio pensa qu'il faudra être vigilant à l'avenir, ou il pourrait aller au devant de fortes désillusions concernant cette jeune femme. Pour l'instant leurs intérêts coïncidaient mais qu'en serait-il plus tard ?
Il se tourna à nouveau vers les deux hommes qui se disputaient. Il en profita pour examiner le reste des personnes présentes. Il était face à un dilemme. Il était tentant de voyager parmi eux, mais la dispute semblait s'éterniser. En revanche, comme l'avait fait remarquer Niamh, poursuivre le voyage en leur compagnie n'était pas pour lui déplaire. Il pourrait également en profiter pour faire plus ample connaissance.

"Heureux de vous rencontrer. Ainsi vous allez tous les deux à Lunargent. "

Il regarda l'elfe une nouvelle fois.

"Je voudrais bien vous aider, mais tenter de raisonner deux fortes têtes comme celles-ci risque de prendre un temps assez long. Ce n'est pas que je sois pressé, ce qui ne semble pas être le cas de cette dame, mais je ne suis qu'un intrus ici et je ne vois pas en quoi je pourrais les faire cesser. Cependant la proposition de voyager ensemble n'est pas complètement dénuée de sens et je serrais plutôt enclin à l'accepter. Il ne s'agit bien entendu que d'une proposition parmi d'autres, si vous en avez de meilleurs je saurais être attentif à toutes suggestions plus sages."

Célestio se dit qu'il serait difficile de les contenter tous les deux. L'un voulait rester et l'autre ne désirait que partir. S'ils devaient faire la route ensemble, le voyage risquait d'être un peu tendu avec trois personnes aussi disparates. Mais c'était souvent dans la diversité que se forgeaient les meilleures expériences individuelles. Il eut un petit sourire en coin, alors qu'il se demandait ce que pourrait leur réserver leur futur association.

Un pas lourd et rapide interrompit les discutions entre les trois personnes si différentes. Un homme d'un mètre quatre-vingt dix environ s'avançait à toute vitesse. Il n'était pas très épais mais il en imposait par son simple regard noir. A sa hanche pendant une épée large et massive, capable de trancher chair et os sans vraiment de difficultés. C'était Pavlov Cicevitch le garde de la caravane, un humain étrange et fantomatique qui ne semblait jamais dormir. Il bouscula sans ménagements Lienduil et Celestio pour passer, pestant à voix basse contre l'incartade des deux chefs de la caravane.

"Que ce passe t-il encore ? Cessez vos conneries pour une fois ! Si je n'arrive pas à Lunargent dans l'après midi ça va barder !"

Les deux s'arrêtèrent instantanément, l'air gêné. Ils remarquaient enfin qu'ils faisaient spectacle à une bonne dizaine de personnes.

"On repart, et vite !"

On se demandait presque qui était le vrai chef, mais Pavlov avait une autorité naturelle. Quelques minutes et la caravane s'ébranlait de nouveau, le calme enfin retombé.

Si Niamh ne saisissait pas certains mots de Célestin, comprendre toutes les paroles de l'elfe, Lienduil, était un vrai calvaire. Elle dut s'en contenter pour ne pas avoir à lui demander de répéter.

"Sommes nous si faibles et peu discrets pour que vous ayez peur de marcher seul dans la campagne? Ces bêtes sont quand même intelligentes, elle n'attaquent pas tout ce qu'elles voient... en admettant qu'elles nous voient, bien sûr. Elles viennent pour piller, tuer... Les convois les intéressent plus que les voyageurs isolés.

Une certaine agressivité se ressentait dans les propos de Niamh. Restait à savoir s'il elle était à l'encontre de l'elfe ou si Niamh était simplement blasée par son voyage. Elle reprit sur un ton plus calme:

-Mais vous avez raison, Lienduil... Après tout, rien ne coûte d'essayer."

Alors qu'elle allait se tournait vers les deux hommes en question, un homme à l'allure impressionante déboula d'on ne sais où avant de la devancer dans ses projets diplomatiques. Celui-ci était visiblement plus apte à conduire une caravane que ses deux congénères. Niamh ne put réprimer un léger rire en voyant l'expression des "chefs" lorsqu'ils se firent réprimander.

"Et bien voilà qui est rêglé! Je ne pensais pas que nous étions si proches de Lunargent, mais cette une bonne nouvelle. Peut-être nous ferez vous la joie de vous joindre à nous pour le reste du voyage, Célestio?"

La brusquerie de l'homme failli renverser au sol Célestio. Non mais quel rustre. Il ne voulu pas relever l'acte brutal dont il venait de faire l'objet. Il venait de mettre un terme à la querelle des deux hommes en moins de temps qu'il ne fallait pour claquer des doigts. De plus la caravane allait se remettre en route et Niamh venait de lui demander généreusement de les accompagner. Il avait voyagé seul jusqu'ici et un peu de compagnie ne serait pas pour lui déplaire. Il pourrait également faire plus ample connaissance avec ses partenaires.

-J'accepte avec joie madame. Les voyages en solitaire peuvent aussi être ennuyeux.

Il fit un sourire complice en direction de la femme. Il ajouta également:

-Sans être trop indiscret, pourquoi vous rendez vous à Lunargent loin de votre contrée d'origine si je me fie à votre physique, rare dans ce pays du Nord. Vous avez du voyager depuis fort loin pour arriver jusqu'ici.

Célestio avait posée cette question pour poursuivre la conversation, même si la réponse l'interessait. Des personnes inconnues pouvaient être porteuses de rumeurs ou de renseignements forts utiles parfois, surtout pour lui qui était en perpétuelle quête de perfection.

Niamh répondit à la complicité de Célestio par un sourire charmeur.

-Oh, ce n'est pas un secret! Je suis ici au service de Sunie aux Cheveux de Feu. Je viens de terres lointaines du sud, car le Temple a besoin de plus de relations entre ses fidèles, si éloignés qu'ils soient. Et comme j'ai entendu dire que la Dame aux cheveux de Feu est très priée par ici... Mais je ne connais pas non plus la raison de votre voyage pour cette cité que l'on dit si belle.

L'elfe Lienduil se montrait plus discret. Niamh ne connaissait pas beaucoup de ses semblables, peut-être étaient-ils tous ainsi?

Célestio écouta attentivement les paroles de Niamh. Elle venait d'une lointaine terre du sud et était une prétresse de Sunie ou quelque chose dans ce genre. Son origine du sud retint son attention. Lui même n'était pas d'ici, mais il possédait un physique assez passe-partout. Que le monde était petit, il avait peut-être affaire à une voisine pour ainsi dire.

-Vous venez du sud, quelle étrange coïncidence, je suis originaire du Téthyr. J'ai du voyager depuis fort loin également. Quant aux raisons qui m'amènent dans ce jeune pays, elles sont multiples. Disons que pour résumer, je viens en Lunargent pour visiter quelques lieux qui semblent intéressants. Le joyau du Nord possède un temple dont la visite pourrait m'apporter énormément, peut-être connaissez-vous la maison Invincible ?

Célestio observa ses deux compagnons de voyage. Niamh était d'après ses propres paroles une servante de Sunie. Il connaissait mal les préceptes de cette religion mais il ne pouvait distinguer aucun symbole ou marque la reliant à cette divinité. Peut-être que les symboles de leur divinité ne devait pas être montrés de manière ostentatoires. Concernant l'elfe, ce soudain silence pouvait signifier beaucoup de chose. Il pouvait avoir été offensé par un propos déplacé ou bien il n'avait simplement rien à dire. Il était toujours difficile de le savoir tant cette race était secrète et mystérieuse. Il en savait quelque chose pour en avoir fréquenté dans son enfance. Mais les elfes de sa région pouvaient être forts différents de Lunargent sa ville d'origine comme il l'avait annoncé auparavant.

A l'évocation du Téthyr, un furtif sourire passa sur les lèvres de la jeune femme. Ecoutant la suite, elle réfléchit un court instant lorsque Célestio lui parla de ce temple, la maison Invincible. Ce nom le lui rappelait rien ; Peut-être était-ce l'autre nom d'un dieu guerrier? Heaum, Tyr, Torm... ou Ilmater, ce qui serait le plus logique à en juger par l'apparence du jeune homme.

"Je suis donc votre voisine du sud, conclut Niamh. C'est étonnant, en effet, que nous nous retrouvions si loin de notre terre natale... Mais je ne connais pas cette "maison de l'Invincible", à qui est-elle dédié?"

Alors qu'elle marchait, Célestio pouvait constater la démarche élégante, fière et séduisante qui était propre à la jeune femme.

Mais alors que la caravane avançait tranquillement, un nouvel évènement vint perturber la fragile quiétude de celle-ci : Un, ou plutôt une, cavalière arrivait au galop sur la route, rattrapant le convois. Elle était tout d'armure vêtue, une seconde peau métallique. Colossale, elle avait vraiment une allure de guerrière, nul doute que ce n'était pas une simple petite donzelle. Mais malgré sa stature elle dégageait une certaine douceur pas désagréable, un peu de féminité dans un monde brute.

Elle fit cabrer son cheval et s'arrêta au niveau du trio qui discutait, un léger nuage de poussière voleta lorsque le destrier retomba sur le sol. A part Lienduil et ses camarades peu de personne ne paraîssait vraiment prêter attention à la cavalière, sauf peut-être Pavlov, qui semblait avoir trouver une personne d'à peu près la même taille que lui.

La jeune femme en armure posa une question qui pouvait être somme toute assez étrange :

"Excusez moi, vous n'auriez pas vu un soldat qui portait un foulard bleu ?"

[Excusez moi, trop de boulot, et une coupure d’Internet…]

- Effectivement, les maraudeurs aiment tuer et piller. Et dans ce cas, les caravanes sont des cibles plus tentantes, mais également plus risquées. Tuer quelques voyageurs sans prendre de risques vaut parfois mieux que d’en tuer plus, mais en risquant soi même la mort. Ils sont illogiques, mais pas toujours.

Après s’être fait bousculé sans ménagements, le frêle elfe était assez secoué. Et était assez choqué par l’attitude de Pavlov. Il le regarda avec insistance, avant de passer à autre chose.

*Ca fait bien cinq minutes qu’ils se disputaient, et Pavlov a disparut ! Où était il ? Et avec tout ce temps perdu, il ne servait a rien de bousculer tout le monde, on était de toute façon en retard… Ah, ces humains peuvent être vraiment désagréables par moments !*

Il comptait également inviter Celestio à les accompagner, mais Niamh le pris de vitesse, et il referma sa bouche sans émettre un son. Apparemment toujours secoué du choc avec Pavlov, il resta silencieux pendant que les deux humains faisaient connaissance et révélaient leurs origines. Il était un peu perdu dans ses pensées, et regardait dans le vague…

*Bon, nous voila repartit. Nous devrions arriver à Lunargent bientôt. Je vais pouvoir faire part à mon maître de ce que j’ai trouvé. Enfin. J’espère qu’il sera satisfait… Et nous voila, à cause d’une simple dispute, ces deux humains et moi, liés d’une étrange façon. Seul Corellon sait pourquoi les événements sont ainsi… Ainsi donc l’homme viens du Théthyr, et la femme de plus au sud encore. Le Calimshan ? Le Lac de Vapeur ? Ils sont bien loin de chez eux… Et que nous réserve Corellon pour le futur ? Et si…*

Il fut tiré hors de ses pensées par le grondement sourd de la cavalcade d’un cheval. Il se retourna vivement, portant une main à son arc, dans son dos, pensant à une attaque. Mais lorsqu’il vit un cavalier solitaire, il laissa tombé sa main. Il se détendit encore un peu plus lorsqu’il vit que s’était une cavalière, car la plupart des humaines sont plus mesurées que les humains. Il la regarda approcher, laissant la caravane prendre un peu d’avance. Il fut fort surpris par sa question sans préavis. Voila une humaine qui a une idée fixe !

- Bonjour a vous, Ma Dame. Je crains de vous décevoir, je ne suis que de passage dans cette région, et je n’ai point vu de soldats. Mais peut être que quelqu’un d’autre pourra vous aider. Mais qui êtes vous, et pourquoi posez vous cette question ?

Niamh semblait visiblement intéressé par la conversation. Sa question sur la maison Invincible pinça au coeur Célestio. Pour une prêtresse, elle devait bien en avoir une idée. Il réfléchit un peu et lui répondit pour ne pas lui laisser le moindre doute à ce sujet.

-La maison Invincible, madame, temple d'Heaum le vigilant, celui qui veille sur le mal et chacun d'entre nous.

Il aurait voulu poursuivre la conversation, mais un cavalier l'interrompit. Il pensa à ce moment présent qu'il aurait du faire preuve d'un peu plus de vigilance, car dans ces contrées inconnues ils pouvaient rencontrer des créatures aux intentions malsaines. Lorsque, alors qu'il vit qu'il s'agissait d'une femme, la cavalière arriva à leur hauteur, instinctivement il l'examina d'un oeil inquisiteur de la tête au pieds. C'était peut être jugé déplacé par certain, mais il n'en avait cure. Il préfèrait être sûr de la personne qui se tenait en face de lui, que d'aller au devant de mauvaises surprises. La question posée par cette dernière, sans ménagement , provoqua un sentiment mitigé en Célestio. Il fallait être drôlement sûr de soit ou ne pas avoir le moindre bon sens pour être obnibuler par une idée fixe. Et il ne connaissait pas les intentions de cette femme envers cet homme au foulard bleu. Pourquoi le recherchait-elle ? Ne connaissant ni la réponse à la question de l'inconnue ni les raisons de sa recherche il préféra se taire.
Il remarqua que Pavlov n'était pas intervenu pour intercepter la nouvelle arrivante. Il semblait néanmoins intéressé par elle. Quel étrange personnage, tout de même, presser d'arriver mais ne se souciant guère de ce qui se passe dans son convoi.
L'elfe qui s'était fait silencieux jusqu'ici, venait de poser des questions que finalement tout le monde se posait. Il préféra donc attendre pour parler, jusqu'à ce que leur l'étrange interlocutrice leur précise ses intentions.

Cela faisait des jours que Cledwyna chevauchait en direction de Lunargent et la jeune guerrière en était exténuée. Elle avait parcouru des kilomètres et des kilomètres, posant toujours la même question, à tel point habituée à la prononcer qu'elle n'y faisait presque plus attention.
Mais jamais on ne s'était vraiment intéressé à son cas, alors qu'à présent, elle se trouvait face aux questions de l'étrange personnage qu'elle avait abordé, un Elfe à n'en pas douter. La fébrilité qui s'était emparée d'elle lors de sa longue cavalcade commençait à retomber. Elle se rendait à présent compte qu'il y avait ici toute une foule de caravaniers qui tous la regardaient.
La gêne se fit sentir sur son visage dont les joues prirent une teinte semblable à ses longs cheveux roux, et bien qu'imposante, elle paraissait soudainement terriblement mal à l'aise.
*Mince, j'avais pas prévu ça! Je fais quoi maintenant, moi? Reste calme Cledy…*

- Hum... Bonjour. Et ben... euh... On m'appelle Rousse-Colombe, en général. Et, je... euh... cherche un ami. Mais vous ne l'avez apparemment pas croisé...

Elle adressa un sourire gêné à l'Elfe, repoussant de sa main gauche une mèche qui barrait son front, l'autre étant fortement agrippée à son imposante hallebarde.

Niamh hocha la tête à la réponse de Célestio, et ouvrit la bouche pour dire quelque chose lorsque la cavalière se présenta. En fait, si ce n'est son visage et sa longue toison rousse, rien ne la distinguait d'un homme, songea Niamh non sans arrières pensées. Elle leva un sourcil lorsque celle-ci les interrogea.

"Non, jamais" répondit-elle simplement.

Un sourire en coin apparut sur les lèvres de Niamh à la réaction de la guerrière, et s'élargit un peu lorsque cette dernière se présenta. La jeune femme au teint sombre s'efforça cependant de reprendre son sérieux, après tout cette Rousse-Colombe était peut-être susceptible.

-Niamh, pour vous servir, se présenta t-elle.

Lienduil attendis la réponse de la guerrière en la regardant avec attention. Il contempla son armure lourde, sa hallebarde, son cheval, sa chevelure particulièrement frappante, et la teinte que prenaient ses joues…Mais il se garda bien de sourire, pour ne pas aggraver le mal aise de la jeune femme.

*Cette humaine est un peu timide, apparemment… Et une si jeune fille en armure lourde est un peu surprenante. Les femmes sont en général plus douces et plus sensibles que les hommes, chez les humains. Ce n’est peut être pas le cas avec celle-ci. Je me demande bien quelle est son histoire, à elle. Peut être cela ferait il un bon livre ? Mais je dois d’abord écrire le mien, bien sur. Et à son accent, elle n’est pas de la région non plus. Elle pourra donc elle aussi m’apprendre de nouvelles choses sur le lointain horizon. J’espère qu’on aura le temps de discuter un peu.*

A Rousse Colombe avec un sourire qui se voulait chaleureux et rassurant :

- Apparemment nous ne l’avons pas vu, effectivement. Mais peut être d’autres membres de la caravane pourront vous informer. Et parlez nous de votre ami, et pourquoi le cherchez vous. Voulez vous nous accompagner pour un bout de chemin ? Nous allons à Lunargent. Et une combattante aguerrie comme vous semblez l’être peut venir a point nommé en cas d’attaque de maraudeurs. Mais j’oublie de me présenter. Je me nomme Lienduil Siannodel, de Lunargent, et de retour d’un voyage.

La jeune cavalière recherchait un ami. D'après ce que Célestio pouvait constater il devait être proche d'elle, car sinon pourquoi parcourir le pays aussi vite sans faire attention à ce qui se passe autour d'elle. C'était plus qu'une idée fixe, elle n'avait l'air que de vivre pour retrouver ce soldat.

*Il risque de lui arriver pas mal de problèmes, si elle interroge toutes les personnes qu'elle rencontre de cette manière. Il vaudrait mieux qu'elle canalise son énergie de manière plus constructive, elle aurait des résultats plus significatifs à mon avis. Peut-être serait-il possible de l'aider ? Mais pour cela il faut en savoir un peu plus sur son histoire.*

- Célestio en voyage également pour Lunargent.

*Si elle continue à ce rythme, elle risque d'y laisser sa monture. Apparemment elle ne se soucie guère des conséquences de ses actes. Enfin écoutons plutôt ce qu'elle veut nous dire, il y a certainement une raison valable pour une telle débauche d'énergie.*

A petit trop et somme toute assez discrètement un homme encore plus grand Cledwyna s'était approché. C'était Pavlov et son air lugubre. Il jeta un regard indescriptible au petit groupe de trois et salua de la tête la jeune femme. Pour la première fois depuis le début du voyage il se fendit d'un rapide et léger sourire, c'était à peine si l'on avait le temps de le voir...

"Allons voilà que les membres de ma caravane se mettent à poser bien trop de questions à l'inconnue, à tel point qu'elle en devient gênée. Excusez les ma demoiselle ils ne savent sûrement pas répondre simplement à la plus simple des questions. Moi j'ai vu un soldat portant un foulard bleu, je ne sais pas c'est le votre mais il était de l'espèce que vous recherchez sûrement. Il est parti encore plus au nord que Lunargent, je ne sais où exactement, mais il y'a tellement de combats contre les tribus barbares là bas qu'il doit guerroyer sous l'étendard du général Haslinkov, mon frère."

Voilà qui était bien déroutant, une brute apparente comme Pavlov qui se mettait à parler comme le plus fin des aristocrates. Mais si il avait un frère général peut-être était-il bien noble, mais dans ce cas là on pouvait se demander ce qu'il faisait ici. En tout cas il savait comment attirer l'attention sur lui.

Les multiples questions de Lienduil ne firent que mettre encore plus mal à l'aise la grande jeune fille, mais la soudaine intervention d'un inconnu, un grand ténébreux à la prestance certaine, lui permit de se ressaisir un peu. Mais les propos de l'homme s'abattirent sur son moral, l'étouffant sous un sombre voile. Elle baissa la tête, ses épaules retombant légèrement, puis répondit tristement:

- Eh ben, j'ai donc pas encore fini de chercher, moi... Mais merci, ça veut au moins dire que j’ suis sur la bonne piste.
Bon, comme j’ suis bien plus loin du but que je n’ le pensais, Je veux bien... hum... me joindre a vous pour le reste du trajet. J'aurai au moins un peu de compagnie, et je pourrai peut-être servir à quelque chose.

Cledwyna descendit alors doucement de sa monture, se laissant glisser sur le côté pour atterrir un peu lourdement sur le chemin. A présent, elle se trouvait face à Pavlov. Elle devait être probablement l'une des premières femmes, l’une des premières humaines qu'il rencontrait, à pouvoir le regarder dans les yeux sans avoir besoins de lever la tête.

- Et vous dites que votre frère et général... Mais à...à qui donc ai-je l'honneur?

Puis elle regarda un court instant les autres intervenants, tour à tour Lienduil, l'Elfe curieux, l'énigmatique Niamh au teint sombre et l'austère Celestio, avant de revenir au grand homme dont elle attendait la réponse.

Pavlov descendit à son tour de cheval, glissant le long de celui-ci. Son épée large, sûrement faite sur mesure pour sa taille, retomba contre sa hanche. Droit comme I il plongea son regard sombre dans celui de Cledwyna, pour une fois il n'avait pas a baisser la tête. Il croisa ses bras d'un air quasi-impérial. Son ton ténèbreux déclara solennelement :

"Commandant Cicevitch Pavlov de la compagnie d'élite des Dragons du nord. Mais je suis, comment dire, en permission. Enfin c'est une longue histoire dont je ne vous incommoderais pas maintenant."

Evidemment cela fit tomber un certain calme sur le groupe, un haut gradé comme cela on en rencontrait pas souvent, surtout que celui-ci avait l'air particulièrement reconnu. Son autorité naturelle s'expliquait... naturellement. Il prit un air moins sérieux et lança à l'attention de tous :

"Bon que cette caravane avance, nous serons à Lunargent avant la tombée de la nuit ! Si ce n'est pas le cas j'irais moi même botter le cul des trainards... Sachez que j'ai des bottes ferrées alors..."

Ce type semblait être un phénomène...

Les Dragons du Nord... Encore un nom inconnu aux oreilles de Niamh, qui avait décidement bien des choses à apprendre sur ce pays. Et son entourage semblait parfaitement à même de l'y aider. Elle préfera cependant ne pas aborder tout de suite la nouvelle venue, qui de toute façon parlait déjà avec ce guerrier au nom barbare... Ce dernier exaspérait déjà la jeune femme: "Tout à l'heure il bousculait sans ménagement Lienduil et Célestio pour aller haranguer les deux prétendus chefs, et maintenant il fait le galant protecteur du genre bien-élevé... Et se sert de ses titres et de sa naissance pour impressionner tout le monde avant de faire le modeste. Lamentable", pensa la belle Niamh. Rien d'étonnant à ce que que les deux pauvres caravaniers aient obéis sans broncher à un commandant d'élite... Si on peut appeler ainsi un homme escortant quatre misérables chariots.
Elle reprit sa conversation avec Célestio:

"Alors vous priez Heaum? En tout cas, je n'avais jamais entendu parler de cette maison de l'Invincible. Ce n'est pas si étonnant, j'arrive seulement dans ces contrées. Et vous dites venir du Théthyr, mais de quelle ville? Myratma, Zazesspur? s'enquit Niamh en citant les cités qu'elle avait visitées. Ou Darromar?