Le cirque de Darromar

L’elfe allait entrer dans ses fonctions d’une façon plutôt brutale. À peine arrivée qu’il y avait déjà des rebondissements auxquelles l’on devait faire face. Outre le faite que la situation lui donnait une source d’occupation, l’elfe ne pouvait que ressentir du détachement par rapport à tout cela. Elle ne connaissait en rien la victime et elle connaissait encore moins les gens impliqués dans l’événement. L’incident était tout simplement des plus fâcheux, mais rien pour émouvoir tout particulièrement la rôdeuse. Son but était maintenant d’assurer, au mieux des ses capacités, la sécurité des artistes du cirque.

Ses pensées prirent fin à son arrivé devant la tente, qu’elle croyait être celle de Rinadis. Par respect pour l’intimé d’autrui, Illys signifia sa présence.

« Monsieur De Rinadis!? Puis-je? »

Tiré de ses pensées, le ménestrel tourna la tête vers la rodeuse.

"Monsieur de Rinadis" ? Cela lui fit froncer les sourcils et soupira.

"Vous pouvez entrer à la seule condition que vous me nommiez juste Conrad tout comme le font les autres. Le nom que vous avez employé fait partie d'une vie antérieure..."

Il regarda l'elfe dans les yeux et se força à sourire pour tenter de faire comme s'il ne s'était rien passé avant.

"Votre équipement est dans ce coin-ci, je n'ai trouvé que ce type d'endroit pour éviter que vos affaires puissent être volées. Vous l'avez compris, tout le monde peut aller où il veut..."

" Je n'ai point pour habitude d'être aussi familière. Mais si cela peut vous être agréable et bien soit, ce sera Conrad."

L'elfe regarda dans la direction qu'il indiquait.

"Merci beaucoup de cette attention. Mon carquois m'est très précieux."

Illys en pris possession. Elle tendit ensuite la main vers Conrad.

" Faisons de convenable présentation, disons mieux que celle de cet étrange lieutenant. Amarillys Nim'loki, pour vous servir."

"Enchanté de faire votre connaissance, je me nomme Conrad, juste Conrad."

Apercevant la main tendue, il la saisit délicatement et la serra doucement.
Cette façon de saluer une Dame était contraire à ce que son éducation lui avait appris et le jeune homme se sentait légèrement vexé de ce type de salutations aussi vulgaire.
Il fallait qu'il s'y fasse dans tous les cas.

"Je ne pensais pas voir un elfe tenir compagnie à des musiciens aussi humbles que nous... Pardonnez ma curiosité mais... Qu'est-ce qui vous amène par ici ?"

Amarillys remarqua bien que l’humain tendait la main avec une légère réticence. Dieu que la race humaine était changeante, à chacun elle devait s’ajuster. Cela en était irritant et lassant à la fin. Elle avait mis une éternité à se faire à leur salutation typique, salutation qu’elle trouvait à l’époque et encore maintenant un peu trop familière à son goût. Mais, à force de rencontre, l’elfe avait constaté que la plupart réagissaient mieux quand elle se présentait ainsi qu’à sa manière à elle. Cela faisait snob, selon les termes exacts de Jonain. Conrad ne semblait pas entrer dans le moule par contre. L’elfe ne souffla mot, mais pris bien note du fait. Pourquoi sont-ils si compliqué? À la question de Conrad, l’elfe sembla peser ses mots. Probablement qu’elle tenait à rester le plus discrète possible sur les sujets la concernant.

« Bien que j’adore mon lieu de naissance, le Cormanthor est devenu pour moi source de mauvais souvenir. (Bien contre sa propre volonté, le regard de l’elfe se voilà quelque peu. Une ombre fugace qui disparu rapidement.) Le voyage étant une de mes activités favorites, j’ai quitté les Vaux sans but réel et mes pieds m’ont menés jusqu’ici. En faite, je me suis faite engager, par simple manque d’argent. Remplir ma bourse est la raison terre à terre qui m’amène dans ce cirque. »

Le jeune homme écoutait l'elfe avec attention. L'intonation employée montrait que son "invitée" ne voulait pas trop en dire sur sa vie. Ceci était tout à fait respectable car après tout, tout le monde avait ses secrets.

Regardant l'elfe dans les yeux en l'écoutant, il ne manqua pas de remarquer que le regard de l'elfe avait changé un court instant. Peut-être était-ce un regard pensif pour trouver les mots suffisants... Conrad ne s'y attarda pas.

"C'est une raison très honorable car nous savons tous deux que l'argent facilite chaque personne à être libre dans ses mouvements.
"Ainsi donc, vous vous êtes fait engager par la troupe ? Je pense qu'en voyant votre arc, j'en conclus que vous devez vous charger de la sécurité... Je me trompe ?"

Son visage était souriant et son regard ne quittait pas les yeux de l'elfe.

"Vous avez bien deviné. Et, il va sans dire que je vais entrer en fonction plus tôt que je ne l'aurai cru. J'ai d'ailleurs l'intention de commencer, dans les plus brefs délais, ma tournée des lieux. Mais, avant toute chose, j'ai une question à vous poser. Qui est la jeune femme à la chevelure si particulière et au caractère si impétueux? J'aurai aimé discuté avec elle. Il y a longtemps que je n'ai pas discuté avec quelqu'un m'étant apparenté de race. Que fait-elle ici et où habite-t-elle? Je lui rendrais bien visite."

Car, il est vrai que les circonstances n'avaient pas encore été favorable à sa rencontre avec la chanteuse. Cette femme étant probablement la seule qui pouvait comprendre son état d'esprit ou du moins qui pourrait discuter en elfique avec elle, Amarillys éprouvait un besoin particulier de faire sa connaissance. Et ce, même au risque que leur caractère ne soit pas compatible du tout. Mais, l'elfe restait optimiste.

Un malheur n'arrive jamais seul. Il ne le savait pas encore, mais peut-être que Conrad vivait là l'une des plus sombre journée de sa vie. Car le pire restait à venir. Alors qu'Illys évoquait Filinia, Marti fit une sombre entrée dans la tente. Ses yeux étaient très noirs. A ce stade, ce n'était plus de la tristesse, mais de la colère. Il parla d'une voix froide mais parfaitement maîtrisée.

"Conrad... mon gars, je crois que c'est une catastrophe. Le petit monsieur viens de me dire qu'on a retrouvé un autre corp, il y a moins d'une heure."

Le petit monsieur en question était un sergent de la milice, d'apparence tout à fait débonnaire après le glacial Kisas. Pas très grand, grosse moustache rousse tombant jusqu'au menton, tignasse fournie lui cachant presque les yeux, il n'en avait pas moins l'air plutôt vif d'esprit.

"Hem oui. En élargissant notre cercle de recherche aux quartiers environnant, nous avons trouvé un cadavre récent dans une maison abandonnée, présentant exactement les mêmes caractéristiques que, hum, Cassandra. Renseignement pris, il s'agirait de quelqu'un du cirque. Elle s'appellerait Filinia d'après nos informations..."

Il semblerait qu'Illys n'aurait jamais l'occasion de lui parler...

"Vous deviez être son partenaire de scène, alors, il faudrait que vous confirmiez son identité, plus d'autres choses aussi. Si vous vouliez bien me suivre. Il s'adressa également à Illys Si vous désirez l'accompagner, vous êtes la bienvenue."

Mais pour Conrad, clairement dit, : ce n'était pas une proposition. Pour un interrogatoire acheté, un deuxième offert par la maison Kisas. Si toute les connaissances du jeune barde se mettait à mourir, il devait s'attendre à passer d'autres sales moment. Voire à être le prochain sur la liste!


(la suite se passe aux "Quartiers environnants" )