Le cirque de Darromar

La réponse de Marivon surpris Conrad. Le jeune homme regarda alors le corps de la morte.

C'était la première fois qu'il voyait quelqu'un mourrir mais, de par son éducation, il était au courant des choses qui pouvait tuer. Les fois où il voyait son père, celui-ci demandait à un goûteur de faire son travail dans les cuisines avant d'être servi.

Son père avait expliqué au ménestrel et son frère, quelques années avant son départ, que beaucoup de gens voyaient du danger face à des concurrents et que d'autres étaient tout simplement jaloux des richesses que possédaient des gens autres qu'eux.
Qui pouvait bien voir un danger en la personne de Cassandra ? Conrad l'ignorait. A vrai dire, il ne connaissait que très peu la défunte et ne savait rien de son histoire.
Personne ne pouvait non plus être jaloux de Cassandra. Du moins... A sa connaissance.

Une autre idée lui vint en tête : peut-être que quelqu'un voulait prendre sa place.
Il regarda alors Filinia qui s'en retournait à sa tente. Etait-ce elle ? Il y avait des chances. Cependant, son physique très attirant lui aurait donné la place de Cassandra sans difficulté.

Il tourna de nouveau son regard vers le corps immobile. La seule suspecte potentielle à ses yeux était pour le moment Filinia.

Un dilemne se présenta à lui : devait-il donner ses suppositions de suite ou garder le silence pour le moment ? Il décida de ne rien faire, s'il se trompait les tensions se feraient plus fortes encore et la troupe n'avait pas besoin d'en subir plus avant le spectacle. Si du moins le spectacle aurait lieu...
De toutes façons, un nouveau suspect finira par se montrer et permettra de faire une enquête approfondie.

Finalement, il sortit son instrument et s'adressa à Marivon et Marti.

"Me permettez-vous de jouer une plainte en l'honneur de notre amie ? Je voudrais que ma mélodie l'accompagne vers le royaume où elle a à présent sa place..."

[Marti n'est pas là, il est dehors]

Marivon s'assit sur un tabouret. Il semblait avoir vieilli de dix ans. Il lança un regard noir à Conrad. Il ne prononça aucune parole, mais il fit comprendre qu'il n'était d'humeur à ne rien supporter qui puisse encore appuyer ce moment douloureux.

Le barde ferait donc peut-être mieux de s'abstenir, et de réserver cela pour l'inhumation.

Sur le pas de la porte, Irmy fit son apparition. Le teint cendreux, la vieille gnome dégluti péniblement ces paroles:

"La milice envoie ses représentants. Ils arrivent bientôt."

Ces simples paroles semblait lui coûter. Comme si elle semblait se vouloir se murer dans un silence contrit, à l'instar de Marivon.

Bien sur du poison. Elle avait fait compliqué là où il fallait faire simple. Mais, qui pouvait bien en vouloir autant à cette jeune femme. Nosant point alourdir, par ses sombres questions, le chagrin de tous, Amarillys présenta ses respects à Marivon.

« Amin hiraetha! » (Je suis navrée!)

L’elfe s’inclina respectueusement et quitta la caravane. Une fois à l’extérieure elle eut juste le temps de voir partir, en furie, la demi-elfe qu’elle avait vue plus tôt. Pour une demi, elle se comportait de façon encore plus elfe qu’elle-même, étrange mais tout à fait possible. Du moins, elle savait maintenant que quelqu’un faisait de la magie dans le groupe. Dommage qu’elle n’ai eu point le temps de lui parler. Par contre, ce n’était que parti remise. Tandis que Conrad s’entretenait avec Marivon, Amarillys se dit qu’elle devrait peut-être faire le tour de la caravane, à la recherche d’indices. Son premier geste fut de demander l’assistance de la personne qui avait été le plus amical avec elle, c’est-à-dire Conrad. Mais, avant même qu’elle puisse lui parler, ce dernier quitta les lieux peu de temps après l’arrivée d’Irmy. Elle fut tentée de le rattraper, mais l’annonce de la visite de la milice la convainquit de n’en rien faire. Déjà que plusieurs pistes avaient sûrement été détruites, plus tôt, par l’attroupement des membres du cirque, il valait mieux qu’elle fasse son petit tour d’horizon avant que les miliciens ne détruisent les autres indices, s’il y en avait. J’irai voir le barde ensuite, il lui reste toujours à me dire son nom. De plus, il a mon précieux carquois et mes flèches, pensa la rôdeuse. Je ne sais même pas où il habite. Par les abysses ceci peut attendre. La caravane! Elle ne dérangea pas Marti, mais espéra au fond d’elle-même qu’il allait reprendre contenance assez vite. Rien ne nous garantissait que l’assassin ait quitté les lieux. Elle se mit à inspecter le sol là où il y avait une moins grande concentration de pas. Il était fort probable qu’elle ne trouverait rien, mais par acquis de conscience, il fallait tenté le coup.

[ Fouille/ Pistage : Recherche de traces de pas, d’infraction possible dans la caravane, etc...]

La tâche était d'autant plus désespérée qu'en baissant les yeux, Illys se souvint que le cirque se tenant sur une place, celle-ci était pavée... Ne restait que la roulotte, qui ne lui apprit guère plus. Ni porte ni fenêtre fracturée, quand au plancher de bois à l'intérieur, impossible d'en dire quoi que ce soit. Usé oui, mais y'avait-il quelque chose d'anormal? C'était là vraiment un domaine qui lui été étranger. Trouver les traces de passage d'un chevreuil dans un bosquet, d'accord, mais celle d'un criminel en milieu urbain? Pourtant quelque part, les deux exercices devait être voisins, il s'agissait du même principe d'observation.

Mais ici, son satané malaise pour les grandes villes se retournait contre elle encore une fois.

Mais en voilà d'autres qui s'amenaient, la milice. Une douzaine de brutes en rouge et bleu, menées toutefois par un chef d'escadron qui en imposait : grand brun, presque chatain, yeux gris-vert tenaces, attitude réfléchie, il devait avoir plus de capacité cérébrale que les douze autres réuni. A la traîne derrière le groupe, Herist baissait le nez.

Et Conrad avait le malheur de se trouver sur leur chemin. Et comme il ne regardait pas devant lui, il ne les vit qu'au dernier moment, c'est à dire juste avant de marcher sur les bottes du lieutenant.

"Et bien, jeune homme? Vous alliez où comme ça?"

Il jeta un oeil à Herist.

"La caravane rouge?" le vieux musicien aquieça "Sergent, périmètre habituel!"

Les douze hommes encerclèrent rapidement la roulotte dans un rayon de vingt mètres, et mirent en place un système apparament bien rôdé. Qui consistait en quoi? Illys ne saurait le dire. Pour l'instant, elle ne pouvait que regarder ces trois personnes s'approcher : l'officier, Conrad, et Herist. Derrière elle, Marivon descendit.

"Marivon, Amarillys, le... hum, le lieutenant Kisas est en charge de l'affaire." déclara Hérist en guise de présentations.

"Bien. Racontez moi un peu l'histoire."

Marivon toussota.

"Ce midi, juste après le déjeuner, Cassandra nous à dit qu'elle ne se sentait pas bien, et qu'elle allait se reposer dans la roulotte pendant que nous montions les tentes. Comme ça faisait presque trois heures qu'elle n'était pas reparue, j'ai demandé à Isa de se porter au nouvelles."

"Et Isa, c'est ?"

"Ma nièce, monsieur. Elle a dix ans." souffla Herist d'une voix faible.

"Je note. D'après ce que vous m'avez expliqué, l'endroit est ouvert aux quatre vents?"

"Tout le monde se connaît de vue. Mais là, il y'a d'autres compagnies installées..."

"Parlez-moi un peu de la victime."

Marivon haussa les épaules

"Voilà huit ans que je suis régisseur. Cassandra était notre danseuse vedette. Elle avait la place qu'elle méritait ici. Mon boulot, c'est d'écouter les problèmes des uns et des autres. Mais Cassandra n'avait rien de plus grave ses dernières années que de choisir la couleur de ses robes."

"Nous en reparlerons. Et vous deux, j'ai cru comprendre que vous étiez nouveau ici. Que pouvez-vous me dire?"

Les yeux du lieutenant allèrent respectivement d'Illys à Conrad. Des yeux gris-vert comme la mer, abîmes amers et insondable. Des yeux dénués d'émotions, comme des pointes glacées qui transpercent l'âme. Des yeux de prédateur. Oh oui, cet homme-là était dangereux. Illys s'y connaissait mieux que personne en matière d'animaux.

Cet homme était terrifiant. C'est la première chose qui vint à l'esprit du ménestrel.

En tout cas, il sera utile pour la recherche de l'assassin.

Mais sa question était vaste et pouvait donner sur d'autres questions si la réponse n'était pas assez complète. Toutefois, Conrad sentit qu'il pourrait en dire assez sans trop en dévoiler sur lui.

"Je suis bien nouveau dans la troupe... Je me nomme Conrad et je suis originaire du Calimshan.
"Je ne connaissais que très peu Cassandra et la seule chose que je puisse dire sur elle est qu'elle était une danseuse hors du commun ainsi qu'une personne qui avait le coeur sur la main."

Le musicien garda cependant le secret sur ses soupçons envers Filinia. Il n'était pas sûr de ce qu'il avançait et il souhaitait enquêter de son côté.

Amarillys jaugea le lieutenant tandis qu’il s’adressait à Marivon. Cet homme imposait le respect ou plutôt devrait-elle dire la crainte chez ses interlocuteurs. En connaissance de cause, Illys en avait rapidement conclu que si on ne voulait pas avoir d’ennui avec ce genre de type, mieux valait être coopératif et avenant.

« Amarillys Nim’loki, Ithil’Quessir (Elfe de Lune) de Cormanthor. Je ne suis ici que depuis tout au plus une heure. J’ai passé mon temps en présence de Marivon, qui m’a nouvellement engagé, Marti et Conrad, personne dont je viens d’apprendre le nom en même temps que vous. Je ne connais pratiquement personne, à part ces gens. Sinon, pour le reste, je ne suis à Darromar que depuis hier. En ce qui a trait à la situation présente, j’ai fait le tour de la caravane, mais je n’ai rien trouvé susceptible d’aider. »

L’elfe ne voyait pas quoi dire d’autre, elle attendit donc la suite.

[pour Filinia, voir dans "les rues de la ville"]

Le lieutenant Kisas l'écouta attentivement. Mais la dernière phrase lui arracha un sourire froid.

" Vous n'avez rien trouvé? C'est parce que vous ne savez pas ce que vous cherchez."

Il s'approcha de la roulotte et se planta devant le marche-pied. La planche de bois était usée, et placée assez haut. Il l'obeserva quelques instants.

"Comment faites-vous pour grimper là-dessus? Vous posez le pied comme ça."

Joignant le geste à la parole, il posa la semelle de sa botte bien cirée sur l'arète du marche-pied. Le retirant, il se baissa pour en observer les traces à la surface. Pas mal de boue séchée, mais également quelque chose de noir. Kisas passa le doigt dessus et en retira quelque chose qui ressemblait à de la suie.

"Depuis que vous êtes arrivés ici, tout le monde à eu le temps d'enlever la boue du voyage de ses chaussures. Mais quelqu'un est passé très recemment avec de la suie, ou de la poussière de charbon. Je dit recemment bien sûr parceque cette couche n'a pas encore été recouverte..."

Le reste de l'explication se perdit en murmure. Puis songeant à autre chose, il claqua des doigts.

"Le corps est toujours à l'intérieur ? Parfait."

Avec précaution, il posa un genou à terre, jeta un coup d'oeil rapide aux alentours, puis se concentra sur la victime. Il tâta la surface de la peau, saisi tour à tour les doigts et les poignets, se livra à toute sortes de manipulations dont le but restait pour le moins mystérieux.

"D'après l'état du corps, elle devrait être morte depuis au moins dix heures. Il y a des poisons qui paralyse les muscles, ce qui explique la rigidité, mais il y a des choses bizarres."

Le lieutenant se releva, pensif.

"Monsieur Herist, venez par ici, j'ai quelques questions..."

Kisas ressorti de la roulotte et s'éloigna de quelques mètre avec Herist, laissant Illys et Conrad temporairement seuls. Vu le premier contact agréable, le jeune musicien pourrai être tenté de faire part de ses noirs soupçons à l'elfe, mais encore fallait-il qui se sente suffisament en confiance.

Visiblement, le lieutenant ne laisserait filtrer aucune piste, et les deux compagnons devait s'attendre à se retrouver impliqué de différentes manières.[/u]

Le jeune musicien avait observé ce que faisait le soldat et écoutait attentivement les quelques conclusions de ses analyses.
Il n'y connaissait pas grand chose dans ce domaine et à ses yeux, le milicien avait l'air très professionnel.

Certaines choses concordaient avec ses soupçons, Cassandra était décédée depuis dix heures or Conrad ne connaissait Filinia que récemment. Bien entendu, cela ne voulait pas dire que Filinia n'était arrivé que le jour même.

Une fois seul avec l'elfe, ceui-ci se tourna vers elle.

"Eh bien... Je crois que nos noms auraient pu s'être échangés dans d'autres circonstances, vous ne croyez pas ?" Les paroles ironiques du ménestrel auraient pu faire sourire si elles n'avaient pas été mêlées à la tristesse de sa voix.

Il se força de sourire mais il n'y parvint que partiellement. Bref, un sourire non crédible.

"Vous croyez qu'il y a des chances pour que l'assassin soit trouvé ?"

Amarillys n’avait que faire de l’arrogance de cet homme. Bien qu’elle devait admettre qu’il semblait avoir de l’expérience dans le domaine. Ce ne devait pas être son premier assassinat. La situation étant sûrement monnaie courante dans les cités. Le plus intelligent, pour elle, serait d’observer et d’enregistrer la façon de faire de cet homme. Cela pouvait toujours servir dans l’avenir et rien de l’obligeait à admettre que ce qu’il faisait pouvait l’intéressé. Amarillys ne releva pas la première question de Conrad, ceci n’étant pas nécessaire, l’expression de l’elfe en disant long, étant donné les circonstances. Par contre, à la seconde Illys pris la parole.

« Je n’en ai malheureusement aucune idée! Seul les trouvailles de ce lieutenant et l’avenir nous le diront. ( L’elfe jeta un coup d’œil vers le lieutenant et Hérist) Ils semblent en avoir pour un moment, cela vous ennuierait-il de m’indiquer où vous avez laisser mon carquois? J’aimerais bien le récupérer. Je n’aime pas particulièrement laisser mes effets à la portée de tous.»

Ce Kisas ne semblait pas très commode aux premiers abords et l’elfe n’était pas prête à entraîner Conrad, dans de potentiels problèmes. Aussi faible puisse être la probabilité.

« Bien sûr, dans la certitude que Lieutenant Kisas ne nous interpellera pas vertement. Sait-on jamais. »

A peine eu t-elle finit sa phrase, que Kisas et Herist revinrent vers eux.

"Très bien. Monsieur... De Rinadis, c'est cela ? J'ai l'impression que vous connaissiez la victime mieux que ça. Et pourquoi avez-vous fuis le Calimshan?"

La voix de l'officier était froide et détachée. Grands dieux, il en avait appris des choses en quelques minutes. Le plus effrayant était que Conrad n'avait jamais vraiment parlé de ça avec Herist. Kisas l'avait deviné d'une manière ou d'une autre. Ce type lisait-il dans les pensées ?

Derrière eux, les miliciens sortait le corps de Cassandra, recouvert d'un drap blanc. A la morgue, elle serait protégée de la putréfaction, le temp que l'on détermine de quoi elle était vraiment morte. Connaître le poison qui l'avait tué pourrai donner un indice sur l'assassin.

Monsieur de Rinadis ? Oui, c'était bien son nom et peut-être aurait-on pu l'appeler "Monsieur" dans d'autres circonstances. Mais comment cet étranger avait-il pu le savoir ? Les seuls à connaître son nom et ses raisons d'avoir quitté son pays natal étaient Henri et Cassandra.
Hérist a peut-être du en entendre quelques parties mais, à moins que celui-ci ne les espionnait, il ne pouvait en savoir assez.

Cette situation dérangeait fortement le musicien qui fronça soudainement les sourcils. Il ne voulait pas se montrer agressif car cet homme avait un aspect vraiment terrifiant mais cela ne l'empêchera pas de se défendre.

"En effet, mon nom est bien Conrad de Rinadis mais comment l'avez-vous deviné, hein ? Ensuite, j'ai quitté le Calimshan pour des raisons qui me sont personnelles et que je n'explique qu'aux personnes qui ont mérité ma confiance. Maintenant, je vous ai tout dit sur ce que je savais de Cassandra. Si cela ne vous suffit pas, eh bien j'en suis désolé."

Au fur et à mesure qu'il parlait, Conrad sentit de nouveau sa prestance revenir. S'il voulait se faire respecter de ce rustre indiscret, il avait tout intérêt à lui faire remarquer certaines choses et ce, même si cela risque de mal tourner.

"D'autant plus que je n'apprécie guère vos questions plutôt indiscrètes, Monsieur ! Ce corps que vous voyez est celui d'une amie avec qui je m'entendais énormément. Me croyez-vous capable de tuer quelqu'un qui m'est cher ? Réfléchissez-y et ne m'ennuyez pas ainsi."

Ses paroles devenaient de plus en plus autoritaires et Conrad aurait cru entendre son père s'il ne savait pas qui parlait. A présent, Conrad se disait que cela suffirait et tourna les talons pour rejoindre sa tente.

Il passa à côté d'Amarillys et lui sourit. Puis d'une voix étrangement calme après son explosion plus ou moins contrôlée, il lui adressa avec un sourire nerveux.

"Vos affaires sont dans ma tente. Si vous vous souvenez de l'endroit où vous chantiez tout à l'heure, vous verrez que la mienne est la tente la plus proche. Quand vous aurez fini avec cette personne, il désigna alors Kisas du menton avec dédain, sachez que je vous attendrais et que je serais ravi de continuer notre discussion là ou nous l'avions laissée."

Sur ces mots, le jeune homme reprit sa marche et se dirigea vers sa tente. L'idée de prendre un bain était oubliée malgré le fait que cela l'aurait sûrement relaxé.

Amarillys accueillit le nouveau développement avec intérêt. Elle observa attentivement la scène qui s’en suivit. Humm! Monsieur Kisas semble avoir touché un point sensible. Rien d’étonnant, je ne connais encore personne qui peut ce vanter d’être blanc comme neige. Et, personne qui n’aime que l’on s’introduise dans leur vie privée. Illys regarda Conrad partir et resta sceptique. Allait-il pouvoir tourner le dos à Kisas aussi facilement? Cet homme n’était sûrement pas du genre à accepter un tel affront.

" Je devrais pouvoir m'y retrouver. Merci."

De son côté, l’elfe ne voyait pas trop à quoi elle pouvait servir.

" Monsieur Marivon? Voulez-vous que l’on instaure un tour de garde plus rigoureux? "

Amarillys cherchait maintenant Marti du regard. Il avait été bien silencieux.

Conrad n'eu pas fait trois pas qu'une main d'acier l'attrapa par l'épaule et le souleva quasiment de terre. Il failli tomber tant ce retour forcé fut rapide. La voix de Kisas était dénuée de colère, mais pas de menace. On aurait dit un serpent.

"Une petite minute, j'en ai pas encore fini avec vous. Premièrement, c'est moi qui pose les questions, et elles sont indiscrètes si je le juge. Deuxièmement, vous avez déclaré tout à l'heure 'connaître très peu Cassandra' affirmez à présent que c'est 'une amie avec qui je m'entendait énormément' alors vous la connaissiez bien oui ou non ? C'est le genre de contre-sens typiquement suspect. Troisièmement, vous avez tenté de dissimuler jusqu'à votre nom à vos compagnons de voyage. Je n'aime pas trop les cachottier comme vous."

En plus d'être effrayant, cet homme possèdait une force inhumaine. Le jeune barde en avait l'épaule endolorie.

"Alors je repose la question, pourquoi avez-vous fuis le Calimshan?"

Conrad s'avisa soudain qu'il était en train de passer du statut de témoin à celui de suspect, voire de criminel calishite récidiviste en fuite! Derrière l'officier, Herist baissait la tête. Visiblement, il avait été piégé lui aussi par les questions de Kisas, et contraint de révéler ce qu'il savait sur lui.

De son côté, Marivon, le regard éteint, soupira devant Illys.

"Vous croyez vraiment qu'il pourrait revenir... tuer quelqu'un d'autre? Ce serait pire que tout. On aurait affaire à une sorte de malade mental."

Quand à Marti, s'il était silencieux, c'était qu'il n'était plus là. Depuis qu'Illys l'avait vu s'éloigner avec la fillette, plus traces de l'ours.

Son épaule le faisait souffrir et cela convainquit Conrad de dire la vérité à contre-coeur.

"Pour la simple et bonne raison que mon frère a tenté de me tuer à plusieurs reprises... Si je suis parti de mon foyer, c'est pour éviter d'avoir à combattre celui avec qui j'ai passé les pires et les meilleurs moments de mon existence ! Si j'ai caché mon nom, c'est pour éviter que ma famille puisse trouver des indices et me retrouve. Si vous connaissez les Rinadis, vous saurez qu'ils ont les moyens de se payer énormément de choses.
"Si vous voulez un résumé, je suis parti pour éviter que ni mon frère, ni moi ne soyons coupable de fratricide."

Le jeune garçon soupira tandis que des larmes coulaient de ses joues.

"Maintenant que vous savez pourquoi je me suis enfui, pensez-vous vraiment que je sois un suspect ? Quand j'ai dit que je connaissais Cassandra très peu, je disais la vérité. Pour ce qui était de l'amitié que je lui donnais, c'était tout aussi vrai. J'ai su lui faire suffisamment confiance pour lui faire connaître mon nom et elle a su garder le secret. Ce qui n'est pas le cas de tout le monde."

"Je vous ai tout dit à présent... Laissez-moi partir, je vous prie."

Il se tut alors et attendit immobile, que pouvait-il faire d'autre de toutes façons ?

Kisas pencha la tête sur le côté, ses yeux froids comme des icebergs transperçaient Conrad comme s'il était fait de papier.

"Vous êtes convaincant. Mais si vous avez menti sur quoi que ce soit, je le saurai très vite. Fichez le camp à présent, mais je ne vous oublie pas. Je vous ai à l'oeil."

Il appela un de ses subordonnés et lui distribua une série d'ordres. Apparamment, l'homme avait déjà un plan de marche. Chose étrange, il ne manquait que Filinia. Qui avait bien vite disparu d'ailleurs. Etait-elle vraiment impliqué dans cette sinistre histoire?

Il se tourna alors vers Kisas et le regarda dans les yeux.

"Qu'aurais-je à gagner en vous mentant ? Tout ce que je demande est que cet assassin soit retrouvé. Si vous pouviez garder pour vous mon identité, je vous en serais reconnaissant : cela m'obligerait à revenir au Calimshan... Ce serait dommage de punir pour mon innocence..."

Bien qu'il semblait diminué, il ne perdait rien de cette prestance que l'on lui avait enseigné il y a longtemps.

Il se tourna de nouveau sa tente et marcha en se frottant son épaule droite.

"Quel imbécile je suis..."

Kisas ne lui répondit pas, mais le fond de ses yeux étaient le reflet total de la désolation glacée du grand Nord. Par ce silence, il lui signifia que ses problèmes personnels lui était complètement indifférent.

[il ne manque que la réponse d'Illys]

« Je ne saurai vous le dire. Mais, une chose est certaine. Si cette personne est capable de tuer une dame sans ennemis apparents et bien il y a toujours la possibilité qu’il revienne. Nous ne sommes jamais trop prudent. »

L’elfe resta silencieuse un moment. Quelque chose la dérangeait.

« Elle n’a tout de même pas été tué pour rien!? »

Marivon secoua la tête, mais ne répondit pas tout de suite.

"J'en ai peur, rien a été volé."

Il croisa les bras et se laissa aller contre une grosse barrique.

"Il y a quelques années, elle menait une vie plutôt... dissolue. La maturité venant, elle a décidé de tout arrêter. Finit les amants dans chaque ville, les soirs d'ivresses, et les bouges minables. Plus rien depuis quatre ans déjà."

De son côté, Marti repointa le bout de son nez, sans la petite fille. Comme en embuscade, il attendait seul, fixant la caravane. Bien qu'étant assez loin, Illys remarqua qu'il avait les yeux un peu rougis.

"Faites comme vous voulez, reprit Marivon, De toute façon la milice va boucler le secteur. Mais si l'assassin revient malgré tout, c'est qu'il est fou ou très déterminé, ce qui le rend encore plus dangereux. Auquel cas, ne sous-estimez pas un tel personnage, même si vous êtes ue combattante aguerrie."

" Mmm.. Cela à peut-être un lien. Le lieutenant semble tellement être compétent, il saura sûrement nous dire ce qu'il en ai sous peu. (Ceci dit avec un brin d'ironie.) Pour en revenir à la sécurité des lieux, je resterai donc de garde toute la nuit. Mieux vaut être prévoyant. Je serai prudente, n'ayez crainte. Je vous laisse, le temps de récupérer mon carquois."

L'elfe avançait déjà en direction des tentes, lorsque qu'une chose lui traversa l'esprit. Était-il de cette sorte d'artiste qui, malgré toute embûche, font en sorte que le spectacle ai lieu sans faute?

" Pardonnez mon ignorance, mais avez-vous l'intention de maintenir le spectacle pour ce soir?"

"La tradition voudrait qu'on le fasse quand même. Mais je ne sais pas si tout le monde sera en état de le faire."

Marivon fit quelques pas, les épaules voutés par un poids invisible. Ses propres convictions avaient été mises à mal, alors qu'il pensait avoir déjà tout subi. La preuve en aie qu'on ne s'habitue pas à ce genre de chose.

"Kisas est homme étrange, on raconte des tas de choses. Faites attention quand même..."

De loin, Marti secoua la tête est s'en retourna d'où il était venu. Peut-être tenterait-il quelque chose de son côté?

" Je ferai de mon mieux pour couvrir le terrain."

Sur ce, l'elfe quitta en direction des tentes.

[comme c'est Conrad qui garde ton matériel, je le laisse répondre]