Sur la route de Darromar

Rhandall s'était levé de bonne heure ce matin, dans sa chambre de l'Auberge des Deux Marchands et du Voleur, à Crimmor, en terre amnienne. Il se doutait bien que son nouvel "employeur" - dont il ne connaissait même pas encore le nom - verrait d'un bon oeil le moindre départ pour un jour de voyage. C'était un homme désagréable, qui ne connaissait aucune politesse et aucun respect - le genre d'hommes qui éprouvaient souvent un besoin de protection totalement inutile, ce dont Rhandall avait su profiter.

Il se souvint de sa discussion de la veille avec l'un des hommes de main de ce marchand, un homme au teint olivâtre nommé Sadi, pour qui Rhandall éprouvait déjà une certaine aversion. Cependant, les deux hommes avaient déjà eu une explication la veille, et Rhandall arrivait à comprendre cet homme, qui était lui aussi tout autant répugné envers son "maître". Rhandall devrait cependant garder un oeil sur lui. Il était parfaitement clair pour le guerrier que ce Sadi était loin d'être inoffensif, et il ne serait pas inutile de garder un oeil dessus...

C'est avec les dents serrées et un mal de crâne sur leur bord de l'insupportable que Rhandall eut le bonheur de se réveiller. Ayant passé le début de la soirée à discuter avec Sadi, le guerrier avait préféré se taper une exploration de la ville. Du moins, de la taverne la plus proche. Son exploration s'était finalement résumée à celui du fond d'une choppe, qui avait la fâcheuse tendance à devenir de plus en plus embrouillé.

Après avoir ingurgité une quantité d'alcool qui aurait provoqué le coma éthylique de ces trois camarades de beuverie de la veille, Rhandall avait jugé plus brillant de revenir se coucher. Encore chanceux que son nouveau patron ne l'est pas vu dans son état, Rhandall avait réussi à monter à l'étage sans éveiller de soupçon.

Pourtant, ce matin même, il s'en voulait d'avoir trop bu. Ce n'était pas dans son habitude et il détestait perdre le contrôle. Sans compter que ça faisait quelques temps qu'il était incapable de dormir dans un lit confortable, sans son tas de ferrailles qui lui servait d'armure. Cette nuit là, il avait totalement raté sa chance.

*Bah... Tant pis*, finit-il par s'avouer, en haussant les épaules. Il se leva finalement, ramenant ses cheveux vers l'arrière, tout en desserrant peu à peu les dents. Il jeta un coup d'oeil vers le bassin d'eau qu'il avait demandé la veille. L'eau lui rappelait violemment la soif qu'il éprouvait. L'homme hésita un moment, puis, la raison l'emportant, il se nettoya à l'aide de l'eau du bassin.

Un coup terminé, le guerrier empoigna ses effets personnels et descendit à l'étage inférieur. Le soleil était à peine lever à l'extérieur, ce qui laisserait amplement de temps à Rhandall de profité de la brise matinale. Prenant le plus de précaution possible lorsqu'il sortait de sa chambre, l'humain longea le corridor qui menait à l’escalier, puis s'engagea dans celle-ci, faisant malgré tout craquer le bois sous son poids.

Comme il s'en doutait, il était l'une des rares personnes éveillées à cette heure. Un regard rapide à la ronde lui indiqua que son patron n'était pas encore descendu. Rassuré, il alla immédiatement s'asseoir sur un tabouret prêt du comptoir, avec la ferme intention de se remplir l'estomac.

Le simple fait d'être assis à ce comptoir lui remémora la conversation de la veille. Rhandall s'était questionné grandement des suites de cette discussion. L'humain désirait répandre le dogme de son dieu par ses actions. Qu'en était-il de deux personnes qui vivent complètement dans les méandres de leur mensonge? Rhandall s'était engagé comme garde d'une caravane d'un marchant qui puait le mensonge. Sans compter qu'il connaissait l'opinion de Sadi envers son maître.

"Vivement que je sois à Darromar..." conclut rapidement Rhandall, le ton de sa voix se rapprochant d'un murmure, un soupir pendant au bout de ces lèvres.

Au contraire de son habitude, Rhandall dégustait péniblement sa nourriture. Le simple mouvement de sa mâchoire lui envoyait des éclairs de douleur dans le crâne. Par moment, il se contentait simplement d'observer le bol sous ces yeux, laissant son mal se dissiper. En fait, il avait l'esprit quasiment vidée, un phénomène exceptionnel.

Il aurait pu se questionner sur différents sujets, particulièrement le nom de son employer et la durée de leur voyage. Mais, actuellement, s'était le moindre de ces soucis. On aurait pu dire qu'il était en pleine rêverie, sans pourtant porter un sourire ou un visage crispé. De temps à autres, il avalait une bouchée de nourriture ou une gorgée de lait, des gestes aussi gracieux qu'un golem accompagnant chacun de ces mouvements.

Rhandall s'aperçut qu'il avait terminé lorsqu'il mordit dans le vide. Secouant très brièvement la tête, il regarda avec attention le bol vide face à lui.

*Mon vieux, les beuveries, c'est terminé!* conclut-il, en se relevant. *J'vais aller me rafraîchir les idées dehors... *, pensa-t-il, tout en se dirigeant à l'extérieur. Il jeta de furtifs coups d'oeil dans l'auberge, tout en se dirigeant vers la porte. Il sortit rapidement à l'extérieur, tout en prenant sa première bouffée d'air de la journée. Il s'assit ensuite dans les escaliers, observant les premiers va-et-vient matinaux de la population de Crimmor. Il n'avait pas grand chose à faire d'autres, quand il y repensait. La curiosité le poussait à explorer la magnifique cité marchande. Cette même curiosité générait beaucoup d'impatience chez Rhandall, lui qui n'appréciait guère rester en place longtemps.

Tapant du pied sur les escaliers, il était évident que l'humain ravalait de la nervosité.

Lorsque Rhandall désirait quelques choses, il avait beaucoup de mal à repousser la source même de son désir, aussi simple soit-il. Il procéda donc à une marche matinale, simplement pour visiter un coin de la ville. Et il comprit très rapidement pourquoi on considérait Crimmor comme un grand centre du commerce dans une bonne partie de Faerun. En fait, il se demandait s'il n'y avait pas plus d'établissements commerciaux que de résidences pour la population. Il avait d'ailleurs abouti dans un quartier purement commercial, qui ne faisait qu'accroître son idée d'une ville sans résidence du peuple. La logique le rattrapa assez rapidement pour lui dire que ça ne devait pas être le cas.

*Si je suis pour repasser dans cette cité l'un de ces jours, il ne faudrait pas que j'oublie d'aller faire un tour dans leurs bibliothèques. Il doit bien y avoir un moyen de consulter des trucs historiques du coin*

Son intérêt pour l'histoire s'était développé avec le temps, se jumelant à merveille avec l'un de ces objectifs de vie. On apprenait ainsi à découvrir ce que les gens du peuple appréciaient ou respectaient, même ce qu'il craignait. C'était une nécessité pour que Rhandall puisse accomplir ses objectifs.

Le présent lui revient rapidement à l'esprit, et l'humain prit le chemin du retour.

*Dire que je n'ai pratiquement rien vu. Bah... Crimmor attendra, j'ai d'autres chats à fouetter, bien plus urgent que ce repaire des tentations. *

Son patron devait probablement être réveillé à cette heure. Il marcha d'un pas plus pressé, sans vraiment se soucier des autres personnes sur sa route. Il n'avait pas le temps de toutes façons, si ce n'était que de porté une main bien ferme au niveau de sa bourse. La légèreté de celle-ci lui rappelait qu'il ferait franchement mieux de se trouver quelques choses de bien plus payant que de la simple escorte de caravane.

Sur cette pensée, il empressa d'avantage le pas, comme si son simple pas le rapprochait de son premier objectif.

Le guerrier retrouva sans difficultés le chemin de l'auberge, où en fin de compte son employeur avait fini par se réveiller.
C'était à peu près a même chose que la veille, dans le sens inverse : le marchand, dans ses grandes toges pourpres et orangées qui faisaient qu'on ne pouvait que difficilement le râter, était en train de donner ses ordres et ses laquais s'empressaient de lui obéir, sauf Sadi qui gardait son calme comme la veille, et qui dévisagea Rhandall à son entrée dans l'auberge.

Rhandall ne fit rien pour se faire remarquer, et il se passa cinq bonnes minutes avant que son nouveau "maître" ne se rende compte de sa présence. En fait, Rhandall avait l'impression que c'était la même scène qui se jouait, à peu de choses près. Sauf qu'après ces cinq minutes, le gros bonhomme l'aperçut enfin.

"Eh bien! Te voilà toi? J'espère que tu es prêt. On va pas tarder à partir, et j'veux pas qu'on me rettarde."

Le guerrier, adossé contre le mur tout juste à côté de la porte qui donnait à l'extérieur, avait les bras posés contre sa poitrine, attendant patiemment que "sa majesté" daigne le remarquer. Il en profitait pour détailler Sadi du regard, son oeil s'attardant particulièrement à toutes les subtilités du corps de l'homme de main de son patron. Il l'analysait carrément en temps que combattant, comme dans ses habitudes, forgé au fil des ans. Les intrigues politiques ou commerciales ne l'intéressaient pas de toutes façons, mais si l'occasion devait se présenter, Rhandall serait en mesure de faire justice, et ce, d'une main vindicative.

Son attention dévia peu à peu vers son patron. Le même esprit analytique reprit le dessus, trouvant lacune par-dessus lacune au gros bonhomme. Peut-être jouait-il carrément à un jeu? Comment un homme pouvait-il se permettre d'être si vulnérable, alors qu'il était entouré d'un dangereux serviteur comme Sadi? Il n'y avait pratiquement aucun doute : ce requin du commerce ne devait être qu'un simple poisson dans toutes les autres situations. La simple pensée afficha un sourire amusé aux lèvres du guerrier.

Les paroles du patron le tirèrent de ses pensées. L'expression soudainement irritée de Rhandall en disait l'on sur ce qu'il pensait intérieurement.

"Bel et bien prêt, monseigneur. Loin est de mes intentions de vous faire attendre."

*Si on oublie le fait que j'attends ta carcasse de porc engraissée au fumier depuis pratiquement une heure. Et que je te vois me demander de lever tes paquets, j'te les fais bouffer avec la garde de mon arme*

La simple vision de cette pensée afficha un sourire sincère aux lèvres de Rhandall, qui, sans même l'avoir souhaité, lui sauvait probablement des reproches pour son attitude maussade d'il y a quelques secondes. Il se contenta par la suite de simplement observé la progression des préparations de l'homme et des ses serviteurs, prêt à partir lorsque le moment viendrait.

Rhandall garda la tête basse durant un instant, ses cheveux recouvrant peu à peu son visage. Il en profita par le fait même pour observer du mieux qu'il pouvait les réactions de Sadi. Malgré que son champ de vision était franchement trouble, à cause de sa propre chevelure, il était en mesure de voir que le "serviteur" semblait porter un grand intérêt pour lui. C'était à ce demander ce que l'homme pouvait bien concocter dans sa tête de vipère...

Il baissa de nouveau les yeux, remontant la tête. Par la suite, il se passa une main dans les cheveux, les ramenant vers l'arrière, faisant comme si de rien n'était. Pourtant, une question brûlait déjà au bout de ces lèvres... et il ne put la retenir d'avantage.

"Dit-moi, Sadi. Tu attends quelques choses de moi? À moins que mon charme soit en mesure de faire douter un homme de ces désirs de chairs féminines?" Le ton fortement ironique de l'humain n'allait certainement pas plaire à Sadi, mais confirmait par le fait même que Rhandall ne s'en faisait certainement pas concernant des choses aussi futile que sa "beauté". "Tu sais bien que ça ne sert à rien de me cacher quoi que ce soit. Nous avons été assez clair hier, n'est-ce pas?"

L'homme se glissa partiellement contre la porte, s'appuyant en partit sur celle-ci. Les autres n'avaient plus rien à faire ici, et il serait surprenant de voir un client si tôt durant la matinée. Le "serviteur" allait répondre à sa petite question, c'était seulement ce que Rhandall désirait.

Sadi ne répondit pas sur le champ, se contentant de lui jeter un regard méprisant. Ilresta immobile, fixant Rhandall droit dans les yeux. Son visage affichait un calme étonnant. Puis finalement, il lui répondit, d'un air froid, mais totalement dépourvu d'ironie.

"Vous avez raison, nous nous sommes tout dit hier. Dans ce cas, je ne vois pas pourquoi j'aurais besoin de vous répondre. Chacun fait ce qu'il a à faire de son côté, et ça s'arrête là. Il n'est nul besoin d'en savoir plus sur l'autre, et ce, pour chacun de nous.

Sur ce, Sadi se leva et se dirigea vers la sortie, comme pour tester la réaction du guerier, à savoir s'il allait essayer de lui barrer la sortie ou pas...

*Foutaise!*

Ce simple mot résonnait dans la tête de Rhandall, alors que Sadi se dirigeait vers lui, dans l'intention bien évidente de sortir. L'homme pourtant, n'avait visiblement pas l'intention de lui laisser le passage. Pas immédiatement, du moins. Il ne banda aucunement les muscles pour se faire impressionnant ou bien n'afficha aucun caractère hautain. Il restait d'un air pratiquement impassible, malgré le fait qu'il tanguait légèrement la tête sur la droite, signe qu'il sentait déjà les problèmes venir... et qu'il s'en réjouissait.

"Quelqu'un qui n'aurait rien à me dire n'aurait certainement pas passé tout ce temps à me regarder... C'est d'une évidence flagrante que tu joue double jeux, Sadi. Tellement évident qu'un aveugle pourrait le voir. Tu dis toi-même que tout a été déclaré... et pourtant, je serais prêt à parier que tu doutes."

Il murmura alors plus bas, discrètement, à son intention, un sourire naissant sur ces lèvres.

"Tant que je suis là, tient toi tranquille... À partir de Darromar, je ne me soucierai aucunement de ce que tu fais au "patron". Je crois que c'est une entente assez... fiable, n'est-ce pas?" Le dieu gardien ne lui en voudrait probablement pas d'avoir prononcé de tel propos. Après tout, sa tâche se terminera à Darromar... et l'ignoble marchand ne serait plus sous sa bonne garde.

Attendant une réaction de la part de Sadi, il avait l'intention de le laisser passer, une fois cette "entente" passée. Pourtant, avec ce genre de personnage, Rhandall ne pouvait enlever ce sentiment de méfiance qui l'accompagnerait jusqu'à Darromar...

Sadi affichait clairement un ton méprisant à présent, et pour la première fois la colère semblait marquer son visage.

"Et que croyez-vous que je vais vous dire? Que pour flatter votre égo, je vais admettre que vous m'intimidez suffisament pour que je me tienne tranquille tant que vous serez présent? Vous croyez vraiment que je ne cherche qu'à doubler ce déchet, et pour cela vous vous faites un dehors de me surveiller? Détrompez-vous, il y a des choses bien plus importantes au monde que les affaires d'un marchand pourri jusqu'à la moëlle. La seule chose que j'ai faite jusqu'à présent, c'est évaluer la seule personne directemment dangereuse que comportera ce convoi. Cela vous convient, vous êtes flatté là? Aors laissez-moi sortir."

Les longs discours de Sadi en révélaient toujours plus sur cet homme et sur ses intentions. Pourtant, Rhandall ne pouvait croire qu'il dévoilait ainsi sciemment des informations sur ses activités. Etait-ce une marque de confiance? Un piège?

Rhandall fit mine de fermer les yeux, le sourire sur ces lèvres s'élargissant en quelques secondes, avant de se terminer dans un rire grave, mais étonnement sincère.

"Ha ha ha ha ha! Tu t'es regardé aller? Un brin d'humour de l'Est et voilà qu'il s'enrage! Oh là, Sadi, ne crois-tu pas que si j'avais vraiment voulu t'intimider, je serais rester simplement devant la porte à te faire des yeux méchants?"

À cet instant, il se retira de la porte, même qu'il l'ouvrit, l'invitant à sortir d'un geste évident de la main.

"Allez, sans rancune l'ami! Mais fait moi plaisir... Prends une bonne respiration et détend toi un brin, le voyage commence à peine!"

Tout autant le changement de comportement vers l'hostilité de Sadi était surprenant, tout autant celui de Rhandall vers la sympathie dissimulait probablement quelques choses de louche. L'homme n'aimait pas douter ou du moins, d'avoir la sensation qu'on cherche à le faire douter. Et la meilleure contre-attaque à ceci s'avérait de lui donner amplement de quoi ruminer ces pensées durant tout le voyage... par le doute.

Le sourire de Rhandall était étonnement sincère, mais pas pour les mêmes raisons que son antagoniste pouvait penser. La bataille n'était pas toujours une question de lame contre lame... et pouvait facilement se jouer en joute verbale. Et c'est dans la bataille que Rhandall prenait le plus de plaisir... et se rapprochait d'avantage de ses convictions.

*Merci Sadi... Je sais maintenant qu'il est possible de te faire perdre le contrôle. J'y travaillerai si nécessaire... héhéhé... *

Le voyage à peine débuté, Rhandall avait pris connaissance peu à peu des autres employés de son patron. La question pourtant lui vint rapidement à l'esprit. Où sont ces gardes du corps? Était-il vraiment possible que ce n'était que lui, un homme qui avait encore tout à prouver? Pourtant, en les regardant à nouveau attentivement, tous autant qu'ils sont, il était le seul qui donnait franchement l'allure de garder et protéger le convoi. Comment tout ça pouvait-il être possible? Le dernier groupe avec lequel il avait embarqué c'était avéré très bien protégé, en plus d'être franchement sympathique. Pourtant, en regardant attentivement les alentours, il ne put empêcher le doute l'envahir. Qui étaient-ils vraiment? Et qu'est-ce qu'il pouvait bien transporter dans leur convoi?

La chaîne, qui retenait la petite main gantée un don du père Nathaniel, bougea aux rythmes des cahots inévitables que la route leur offrait déjà. L'homme posa à cet instant sa main sur le symbole, coupant net le bruit, mais dissimulant par le fait même le symbole dans son poing refermé. Cherchait-il vraiment à le dissimuler? Non... en fait, il se recueillait de cette manière. Quand il était en quête de réponse, ce simple geste avait pour mesure de le rassurer, aussi confiant pouvait t'il se montrer en temps normal. Les traits de l'homme se détendirent, et sa poigne repris peu à peu une constance normale.

Pourtant, il était incapable de chasser ce que son propre subconscient lui soufflait. Le fait qu'il se soit probablement encore mis les pieds dans les plats... et quand plus, il s'y était carrément jeter à pied joint.

Rhandall préférait ne pas trop divulguer son doute ou de l'intérêt. Pourtant, intérieurement, il rageait.

*Pourquoi je n'ai pas cherché à savoir ce qu'il y avait dans ce foutu convoi! Qu'elle imbécile que je fais par moment! Enfin... je suis mieux de ne pas trop me faire d'idée, on sait jamais... Je pourrais me tromper..."

L'homme préférait ne savoir ce qu’il en était. Aussi bien simplement se concentrer sur son travail, ça valait mieux pour tout le monde...

La caravane se mit donc en route et prit la direction de Purskul, première étape de leur voyage, cité à guère moins d'une journée de voyage. Le paysage de la campagne amnienne commençait à devenir un peu monotone, et n'offrait effectivement guère d'intérêt.

Rhandall avait commencé à discuter avec un simple employé de son "patron", qui se chargeait plus ou moins de l'organisation du voyage et des étapes qu'ils prendraient jusqu'à Darromar.

La cité de Purskul qu'ils traverseraient bientôt et où ils feraient vraisemblablement halte pour la nuit, abritait selon cet homme une population de demi-orques plus importante que dans le reste de l'Amn, du fait de l'esclavage. Pour peu que certains s'en soient bien tirés, il était probable qu'ils proposent leurs services en tant que mercenaire. Les doutes de Rhandall n'étaient donc peut-être pas fondés. Et pourtant, son malaise subsistait.

Ce n'est que vers le milieu de la journée que se produit un premier événement. Un groupe de cavaliers les dépassa et fit s'arrêter la caravane pour poser quelques questions à son patron, qui commença à s'énerver de façon quelque peu bruyante. Rhandall regrettait de ne pas avoir assisté au début de la conversation...

"Et c'est pour ce genre de questions que vous me faites arrêter mon voyage? Vous avez qu'à bien faire votre travail au lieu de ralentir et faire perdre de l'argent à l'honnête marchand que je suis. Allez on repart."

Rhandall eut juste de voir l'air agacé du commandant de cette patrouille montée avant qu'ils ne prennent le départ. Cette brève interruption dans leur voyage commençait à l'intriguer.

La conversation tournait à bon train, Rhandall démontrant par le fait-même qu'il appréciait franchement s'informer sur les différents lieux qu'ils traverseraient. Il ne cacha pourtant pas sa surprise lorsqu'il appris que leur prochain point d'arrêt possédait une forte concentration de demi-orque. Pour lui, durant la grande majorité de sa vie, il les avait considérés comme des accidents de parcours. De mémoire, il ne pouvait même plus se rappeler s'il en avait déjà croisé un. Apprendre maintenant qu'une communauté en maintenait une bonne bande en esclavage provoqua une forte surprise chez l'homme.

C'était d'ailleurs durant cette conversation que le groupe de cavalier surgit à l'horizon. À ce moment, Rhandall n'avait porté qu'une courte attention vers eux, les prenant pour de simples voyageurs... Pourtant, alors qu'ils s'approchaient, l'instinct le força à poser la main sur la garde de son arme. Il n'allait pas chercher à provoquer les hostilités, mais allait se contenter d'observer. Cependant, il fournit des réponses plus détachées à l'employé durant ce temps.

"Tu m'excuseras..." Finit-il par dire, alors que la caravane fut arrêter. Il se redressa un brin, puis il observa la situation, alors que son "patron" jouait la carte de l'honnête marchand. Rhandall, les dents serrés par ce qui sonnait franchement faux à ces oreilles, ne chercha pourtant pas à le montrer.

"Il y a un problème?" , finit-il par dire, de sa voix grave, faisant par le fait même le minimum que l'on attendait de garde de convoi. Malgré l'interrogation, le convoi avait déjà repris la route. Poussant un soupir renfrogné, il s'était assis de nouveau. Pourtant, il observa quelqu'un un des employés, comme s'il cherchait à voir si quelques choses pouvaient trahir un sentiment de malaise parmi-eux.

[Test de psychologie si nécessaire]

Le marchand semblait réellement plus énervé qu'inquiet.

"Non, il n'y a pas de problèmes. Ces crétins sont à la recherche d'un homme, et ils croyaient qu'on l'aidait à fuir la ville. Pfff, ils font que m'faire perdre du temps, s'ils étaient si efficaces ça fait longtemps qu'ils l'auraient capturé, leur homme. T'as pas à t'en faire, et pour le moment j'crois pas que tu aies trop de travail..."

Ainsi, la caravane repartit, et le calme revint. Rhandall ne lisait pas spécialement d'inquiétude dans le regard des serviteurs, mais en revanche, Sadi n'était visible nulle part...

D'ailleurs, la journée fut assez tranquille, mais le gaillard ne rapparut pas avant l'arrivée à Pruskul. Le groupe se dirigea vers une auberge et Rhandall vit se répéter la scène à laquelle il avait assisté à Crimmor ; la même image du marchand donnant ses ordres alors qu'il partait s'installer tranquillement...

L'attitude du marchant semblait fidèle à ses habitudes, ce qui permis à l'homme de se détendre un peu plus, ses soupçons pouvant enfin faire relâche. Pour l'une des rares fois, il parlait sans désintérêt dans la voix, le regard toujours lancé en direction de la patrouille.

"À moins que ce qu'il cherche soit d'une importance critique. J'aurais du mal à croire que les autorités d'une ville dépêcherait une unité de garde simplement dans le but d'enquiquiner les voyageurs. Pourtant, il devrait bien si attendre que toutes sortes de babiole traverse les portes! C'est leur problème s'il ne fouille pas les cargaisons aux départs..."

Il n'avait d'ailleurs pas remarqué de ce genre de fouille. Après tout, dans une grosse caravane comme la leur, il serait tellement facile de passer à peu près n'importe quoi que ça serait la moindre des choses de la fouiller... enfin, si Rhandall aurait fait ce genre de boulot, il n'aurait certainement pas hésité. Enfin, pourtant, voyant les réactions normales des serviteurs, l'homme finit par se dire qu'il ne donnait pas les allures de coupable du transport de matériels illégaux. Cependant, il constata rapidement la disparition de Sadi. Le lien se fit rapidement pour l'homme...

*Qu'est-ce que tu as bien pu mijoter, tête de vipère?* Penchant un brin la tête, l'homme posa son pouce et son index sur chaque coté de son nez, frottant proche du niveau des yeux, montrant un signe de fatigue par le fait même. Une fatigue d'avantage psychologique que physique. Ce genre de type pouvait franchement lui brûler de l'énergie rapidement que des heures et des heures d'entraînements martiaux. Intérieurement, il espérait que Sadi ne revient pas

Pourtant, cet espoir fut vite démoli à leur arrivée en vue de Pruskul. Comme par enchantement, la problématique de service en personne se présenta de nouveau, faisant simplement grincer les dents de Rhandall.

Il contenait du mieux qu'il pouvait ses émotions... et c'est avec un soulagement prononcé qu'il mis enfin les pieds au sol, rendu à destination. À cet instant, il avait l'impression d'un déjà-vu. La scène de la veille se répétait, à une exception près. Tant qu'il aurait besoin de lui, Rhandall allait simplement suivre la caravane, jusqu'à ce que tout le monde soit entré... à ce moment là, il aurait sûrement la soirée pour lui-même.

De toute façon, personne ne semblait pour le moment ne soucier de lui. Sadi avait de nouveau disparu, mais peut-être accomplissait-il une nouvelle tâche pour son "maître".

Quoi qu'il en soit, Rhandall entra dans l'auberge... Pour le moment, l'aubegiste semblait en pleine discussion avec un jeune homme en tenue de prêtre et une jeune femme à l'allure guerrière. Rhandall s'assit à un tabouret, observant ce qui se passait avec attention, et attendant éventuellement l'aubergiste pour commander quelque boisson, avant de se souvenir de l'état dans lequel il s'était retrouvé la veille...

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