La fin d'un voyage, le début d'une histoire

Sa question? Celle qui portait sur l'heure de départ? Peut-être sa réponse ne lui convenait-elle pas? Dans le cas contraire, Gavin ne comprenait pas ce que lui demandait Hiartus...

"Eh bien, si vous voulez parler de l'heure de notre départ, autant partir sur-le-champ, alors... C'est bien ce que vous vouliez savoir?"

La réponse de Gavin n'étonna pas Hiartus qui lacha un nouveau grognement.

"Gromph ! C'est bien la jeunesse, ça ! Tout, tout de suite ! Eh bien soit... De toutes façons, Dame Miara m'en voudrait de ne pas t'aider alors je ne crois pas avoir trop le choix... Laisse-moi juste le temps de ranger ce qui me reste à ranger et nous partirons de suite."

Il se remit à son rangement en prenant des anneaux si brillants que l'ont pourrait les croire faits d'argent.

Gavin patienta pendant que le marchand rangeait toutes ses affaires, vaguement intéressé par ses marchandises les plus exotiques, d'un genre qu'il avait rarement eu l'occasion de voir...

"Et maintenant, où allons-nous ?" demanda le jeune homme. Selon ce qu'il avait entendu dire, le voyage jusqu'aux Marches de Relkath ne serait pas de tout repos. Gavin était intrigué... Comment cet homme pourrait-il bien lui rendre le voyage plus facile ? A moins qu'il ne dispose de ressources cachées.

*Peut-être que, tout simplement, il dirige une caravane...*

-D'abord, on va aller s'équiper un peu... Tu as des provisions? Sinon je peux t'en fournir, c'est seulement pour ne pas se charger inutilement.

En levant la tête, il aperçu trois miliciens qui patrouillaient en jetant des regards inquisiteurs, et se dépêcha de ranger ses derniers bibelots. "Ne traînons pas ici, si tu veux bien" dit-il en grommelant et en surveillant les gardes du coin de l'oeil. Il lança un grand sac sur son dos en poussant un nouveau grognement, et tendit un autre, plus petit, à Gavin. Ceci dit, ce petit sac étant chargé de bijoux, armes et autres objets de métal, il n'en était pas moins lourd et devait bien peser ses vingt-cinq kilos.

Alors qu'ils marchaient, s'éloignant du marché, le barde remarqua que Hiartus boitait légèrement. Cependant, cela n'avait pas l'air de le gêner et il avançait rapidement. Ils passèrent quelques pâtés de maison, s'engagèrent dans une ruelle toute proche du port, et Hiartus s'arrêta devant une porte à moitié vermoulue. La ruelle était sombre et crasseuse, des détritus jonchaient le sol et un filet d'eau saumâtre circulait entre les pavés inégaux. Naturellement, une odeur immonde flottant dans l'air achevait ce triste tableau. "Saloperie d'serrure" grommela Hiartus qui luttait avec la porte. Celle ci finit par s'ouvrir dans un grincement ignoble. L'intérieur n'était guère plus reluisant que la ruelle, et était simplement composé de deux pièces avec une tables, un lit, un râtelier, une armoire croulante et de trois chaises.

L'homme sortit une bouteille et deux gobelets de terre cuite de son armoire, s'assit -en grognant- sur une chaise et se servit avant de remplir le verre de Gavin sans même lui demander son avis. "Installe-toi donc, on va quand même pas partir sans boire un coup!" Puis il but cul-sec, et se resservit.

"Des provisions ? Non, je ne crois pas... Le voyage a épuisé toutes celles dont je disposais. Donc oui, si pouvez me ravitailler, ce sera le bienvenu. Mais je pense que nous règlerons les détails chez vous, n'est-ce pas ?" dit le jeune homme en voyant Hiartus s'inquiéter de ces quelques gardes.

Gavin le suivit ainsi non sans difficultés... Depuis son adolescence, il avait perdu l'habitude de porter des sacs si lourds. Malgré tout, cela lui rappelait quelques bons souvenirs de ses voyages passés.

*Et même celui-ci ne sera peut-être pas si désagréable... Quoique...*

Les deux compères venaient en effet de pénétrer dans les ruelles de Velprintalar, qu'il avait jusque là imaginé "moins pire" que dans les grandes cités occidentales. Comme quoi, il ne faut pas se fier aux apparences ! Velprintalar était certes une très belle cité, mais les choses sont les mêmes dans toutes les grandes villes de Faerûn.

Gavin suivit l'homme dans sa demeure. L'endroit était assez pauvre, pour un marchand disposant d'une telle quantité de bibelots. Peut-être son commerce ne rencontrait-il pas vraiment un grand succès ? Quoi qu'il en soit, Gavin analysa longuement le breuvage avant d'en goûter une gorgée. Il n'aimait pas vraiment les alcools forts, mais il ne se sentait pas de refuser une proposition d'un homme qui allait lui rendre service...

Gavin grimaça en goûtant la liqueur, mais passé le goût excessif de l'alcool, restait un goût fruité assez agréable. De toute façon, Hiartus ne remarqua rien puisqu'il venait de vider son second verre, et avait commencé une série de grognements assez proche des gargarismes, ceci tout en fermant ses yeux aux sourcils broussailleux. Un bien étrange personnage...

Alors que Gavin buvait le contenu de son verre à petites gorgées, Hiartus se leva et s'avança vers un coin apparemment vide de la pièce. Il se baissa, et saisit un anneau de fer cloué au sol que le jeune homme n'avait pas remarqué. Il ouvrit la trappe sans effort, et s'allongea presque pour plonger le bras à l'intérieur de cette espèce de cachette. Il en sortit deux paquets enveloppés de torchons, et y déposa la plupart des bibelots qu'il vendait, n'en gardant qu'un sac raisonnable. "J'arriverai bien à refourguer ça" grommela t-il.
Puis il referma la trappe et posa les paquets sur la table branlante. Lorsqu'il les déballa, Gavin constata qu'il s'agissait de deux bonnes tranches de lard salé d'une livre chacune. Hiartus s'assura de leur bonne conservation, en rangea un dans un gros sac à dos sorti de l'armoire et posa l'autre devant le jeune homme.

Il ouvrit le cadenas bloquant la chaîne de sont râtelier et en extirpa une impressionnante arbalète, une dague, deux épées courtes et une plus longue. Elles n'avaient pas l'air très bien entretenues, et l'épée longue portant même quelques tâches de rouille, cependant elles étaient de bonne facture.

-Si tu as besoin d'une épée courte, sers-toi, le reste me suffit. On va acheter d'autres vivres sur le marché. Il sortit encore quelques couvertures, ustensiles de campement, outres d'eau, et bien d'autres choses de son armoire pour les fourrer dans son sac. "Mais tu as l'air déjà bien équipé pour le voyage."

Effectivement, la liqueur n'était pas si mauvaise, quoiqu'assez forte... Peut-être qu'en la laissant vieillir un peu plus... Cela lui rappelait l'hydromel de Valerian, qui était tout aussi fameux lui aussi.

Puis Gavin regarda silencieusement Hiartus déposer toutes ses affaires, ne gardant que quelques unes de ses babioles dans l'espoir de les vendre en route - ou peut-être, plus vraisemblablement, par habitude.

Les deux tranches de lard constituaient déjà un début en soi, mais ne serait effectivement pas suffisantes pour tout le voyage. Gavin sentit un sentiment de honte l'envahir. En plus du voyage jusqu'aux Marches, l'homme allait aussi lui offrir les vivres pour voyage. Quelle misère de ne pas avoir prévu suffisament de ressources pour arriver à terme ! Il aurait pu attendre une saison de plus à Brost, travailler un peu plus et accumuler TOUT l'argent nécessaire au voyage... Mais il avait laissé son impatience prendre le dessus, une fois de plus.

Le jeune homme sortit de ses pensées lorsque, dans un grand fracas métallique, Hiartus déposa tout son équipement sur la table. Aux paroles de l'homme, il examina l'épée en question... Pas très bien entretenue, certes, mais au tranchant toujours vif. Il hésita avant de se saisir de la lame et de l'attacher tant bien que mal à sa ceinture.

*A charge de revanche, mon bon Hiartus... Je crois que je vous suis largement débiteur à présent.*

"Oui, oui, je crois avoir déjà tout le nécessaire... Je vous suis. A propos, vous comptez voyager seul, ou appartenez-vous à une caravane ?"

-Mmh, c'est plutôt moi qui ai une dette envers Dame Miara, tu sais. Et tu peux me tutoyer, je compte pas être le seul à le faire! Hiartus regarda Gavin d'un œil un peu amusé. "Une caravane, dans Yuir? Je ne pense pas, mon garçon. Nous seront sans doute seuls, si ce n'est avec un vieil ami, mais rien n'est sûr. Allez, puisque tu es prêt, allons-y."

De son pas claudiquant, il sortit de la masure tout en rangeant ses propres armes à sa ceinture, suivi de près par le barde. Il referma avec difficulté la porte à clé, puis emprunta la ruelle par là où ils étaient venus. Une fois arrivé dans la rue, il prit à droite avant de s'arrêter devant une bâtisse coincée entre deux habitations. A entendre les hennissements et en humant la forte odeur de paille et de crottin qui s'en dégageait, il s'agissait d'une écurie. "Attends-moi ici, à moins que tu veuilles visiter les lieux..." Que le jeune homme le suive ou non, ce fut assez rapide : Hiartus donna quelques pièces de cuivre au garçon de la petite écurie, et ressortit avec un petit chariot pas très stable, tiré par un poney à la robe brun clair parsemée de larges taches blanches. L'homme y déposa ses bagages, invitant Gavin à faire de même.

-Garde le chariot bien à l'œil, on est jamais trop de deux pour éviter les voleurs... Maintenant, au marché !

La journée était belle et les dans les rues circulait une foule de gens. Ils arrivèrent en une dizaine de minutes au fameux marché, une place vaste et bien éclairée, dont les étals étaient assez organisés. Hiartus alla d'un marchand à l'autre, achetant fruits secs, pain, fromage... "Si tu as besoin de quelque chose, c'est le moment. On rencontrera pas de ville de sitôt."

[Note : Quand je mets du texte entre *, ce sont des pensées ! Tant pis pour cette fois !]

Pour toute réponse aux paroles de Hiartus, Gavin se contenta de lui adresser un sourire reconnaissant. Il le suivit ensuite à travers les rues de Velprintalar, jusqu'à arriver à l'écurie, d'où Hiartus sortit un chariot assez branlant. Le jeune homme y déposa son sac, et caressa le poney, toujours perdu dans ses pensées.

Sur le marché, Gavin resta près du chariot pendant que le marchand faisait ses achats. Il jeta un coup d'oeil vaguement intéressé aux différents étalages, mais de toute façon, il n'avait ni le besoin, ni les moyens d'acheter quoi que ce soit pour l'instant.

Ayant fini ses emplettes, Hiartus décida finalement de quitter le marché. Ils déambulèrent dans les rues et les ruelles de la grande cité, prenant approximativement la direction du sud. L'homme un peu bourru parlait peu.

-Tu as l'air bien jeune pour un tel voyage! constata t-il au bout de plusieurs minutes de silence. Quel âge t'as, mon garçon? Et qu'est-ce que tu comptes faire chez ces elfes? M'enfin, tu es pas obligé de me répondre, cela te regarde...

"Cela ne me dérange pas, Hiartus, répondit Gavin d'un ton aimable mais quelque peu mélancolique. Oui, je suis assez jeune, mais j'ai déjà beaucoup voyagé pour mon âge. J'ai 24 ans. Je suis originaire du Téthyr, loin au Sud-Ouest... Si je veux aller aux Marches de Relkath, c'est parce qu'une personne de ma connaissance, qui m'était chère, est originaire de là-bas... Et j'ai perdu sa trace depuis déjà..."

Là, Gavin marqua une pause... Cela faisait déjà plusieurs mois qu'il était parti de chez lui... Et deux ans qu'il n'avait plus revue Eliora. Pourtant, il gardait encore un vif souvenir des instants passés en sa compagnie.

*Il ne faut pas laisser la nostalgie t'envahir. Reste concentré sur ton objectif.*

"Depuis déjà deux ans."

Ah, l'amour... soupira Hiartus, un peu taquin. Apparemment, il avait perçu les sentiments de Gavin dans ses paroles. C'est vrai que ces elfes sont sacrément jolies. Elfe, ou semi-elfe d'ailleurs, mais j'imagine que tu connais l'histoire de Yuir et de l'Aglarond.

Les deux hommes, avec leur poney et leur chariot, passèrent devant une petite foule de gens qui pénétrait dans un bâtiment de pierre blanche, haut et bien entretenu. Juste après, ils croisèrent deux hommes, dont l'un tenait fermement un lourd gourdin. Ils semblaient chercher quelque chose ou quelqu'un, et regardaient autour d'eux d'un air malveillant. Sans uniformes, ils n'avaient pas l'air de miliciens, en tout cas pas d'une milice officielle. Sur ses gardes, Hiartus poursuivit son chemin.

-Je n'aime pas ça... grommela t-il.

"J'en connais quelques bribes oui, j'y suis déjà venu... Mais ça remonte à trois ans. Les choses ont-elles évoluées depuis ?"

Gavin réprima un malaise à la vue des deux hommes à l'air quelque peu hostile...

*Pas des ennuis... Pas déjà...*

Le jeune homme baissa le regard tout en observant les deux hommes du coin de l'oeil et se rapprocha de Hiartus pour lui murmurer

"Effectivement, ça ne présage rien de très bon... Restons sur nos gardes..."

Ira vient de là

-Non pas vraiment, rien n'a changé pour ce que j'en sais. Je fais parfois des voyages aux marches de Relkath, pour y acheter des produits elfiques... C'est pour ça que je connais bien la route. Mais ça fait bien longtemps que je suis pas allé dans le bois de Yuir.

Les deux hommes continuèrent le chemin sur quelques mètres, avant de bifurquer dans une ruelle afin d'éviter l'avenue trop encombrée. Mais derrière, du grabuge se fit entendre. On percevait surtout, couvrant le bruit de la rue, des "Au voleur!" et autres "Arrêtez la!".
Tout à coup, Gavin et Hiartus qui s'étaient retournés pour voir ce qui se passait, virent quelqu'un débouler dans la ruelle. C'était une jeune fille, fine et agile, habillée de vêtements simples mais pas moches pour autant. Sa longue queue de cheval voltigeait derrière elle sous l’effet de sa course effrénée. Elle courait si vite d’ailleurs, qu’elle serait bientôt à la hauteur des deux hommes. Hiartus ne faisait pour l'instant que regarder, et il était difficile de savoir ce qu'il comptait faire. Les poursuivants de la "voleuse" n'allaient pas tarder à arriver... Et dur était le sort que l'on réservait aux voleurs, tout le monde le sait.

Gavin adressa un regard interrogateur à Hiartus qui ne savait pas vraiment comment procéder. Il se retourna et vit la jeune fille courir de plus en plus vite, poursuivit par tout un groupe d'homme. Elle était presque à leur hauteur.

*Elle est jeune, et on l'accuse de vol... Mérite-t-elle son sort ? Autant chercher à en savoir plus par la suite...*

Gavin se tourna vers le côté et tendit sa main à Ira. De toute façon, au premier coup d'oeil il avait pris sa décision.

"Venez, prenez ma main, nous allons vous aider ! Hiartus, plus vite !"

[Je change de mise en forme, en utilisant également les * pour les pensées, de manière à éviter les confusions.]

*Fonce, fonce!... hein? Quoi?*

Alors que Ira allait tenter de se glisser sur le côté du chariot, l'un des deux hommes lui tendit la main, lui proposant de l'aide. Sans même réfléchir, elle s'arrêta brusquement, tout en s'accrochant à son bras pour freiner son élan.
Puis, elle jeta un coup d'oeil en arrière.

- Vite! ils sont bientôt là!

*Mais, est-ce que j'peux leur faire confiance?... C'est un peu tard de toute façon...*

- Vous avez une idée?

Tout en parlant, la jeune roublarde avait regardé un instant le jeune homme, lâchant un peu son bras. Elle fixait à présent la ruelle en se mordant la lèvre inférieure.

*J'aurais pas du m'arrêter, j'aurai pas du m'arrêter! Il vont me choper, bordel!*

Hiartus parut plutôt surpris en voyant Gavin tendre la main à la voleuse. Il regarda en avant, vers la rue sur laquelle débouchait la ruelle: Ils n'auraient jamais le temps d'y arriver avant que les poursuivants d'Ira ne déboulent. Alors, grommelant, il regarda la jeune fille une fraction de seconde avant de lui saisir brusquement le bras.

-Monte là d'dans! marmonna t-il en la poussant vers le chariot.

*Là dedans? Mais il vont me trouver!*

Mais déjà, le type un peu bourru l'y poussait. Alors, la jeune fille s'y glissa précipitamment, manquant d'y atterrir tête la première en voulant jeter un nouveau coup d'oeil en arrière.

Une fois à l'intérieur, elle se fit toute petite, et se blottit dans un coin entre deux bagages et ramena rapidement sa cape par dessus elle.

*Pourvu qu'ils me voient pas! J'vous en prie! Et pourvu qu'ils ne me vendent pas! Mais quelle merde, cette situation, qu'elle merde!*

Ira attendait, anxieuse, la suite des événements.

[Discrétion, toujours le même bonus.]

[Discrétion d'Ira: 23]

Avant même que la jeune fille ne soit dans le chariot, l'homme sortit une toile de jute verte d'un recoin du véhicule. Il étendit celle-ci au dessus d'Ira, lui offrant une bien meilleure cachette. A ce moment, deux hommes pénétrèrent dans la ruelle en courant: Gavin reconnut les individus un peu louches qu'ils avaient croisés juste avant.

-Vite, elle est partie à droite! s'exclama Hiartus en pointant du doigt l'autre bout de la ruelle. Les deux hommes semblèrent prendre au bluff, et dépassèrent le chariot en bousculant son propriétaire et Gavin. Mais alors que l'autre continuait sa route, le deuxième s'arrêta, et fit demi-tour, l'air soupçonneux. Il s'approcha lentement des deux hommes, et de leur chargement... Il était de taille moyenne, des cheveux bruns et courts, grossièrement coupés. Il n'avait en rien l'air d'un milicien, mais son gourdin avait sûrement déjà maintes fois servi. Derrière, personne ne venait pour l'instant: Sois les gardes avaient déjà laissé tomber, ou bien la jeune fille les avait largement devancés.

Blottie dans son coin, Ira n'entendait pas vraiment ce qui se passait: Son cœur battait la chamade, et elle devait se concentrer pour ne pas faire de bruit en essayant de reprendre une respiration normale... A nouveau, une douleur aiguë pointait au niveau de ses côtes.

Gavin adressa un regard interrogateur à Hiartus, ne sachant pas vraiment comment agir... Surtout, se contrôler, et ne pas laisser la tension se manifester sur son visage.

Il regarda l'homme qui regardait d'un air suspicieux le chariot.

*Hum, il faut trouver un moyen de l'éloigner de là... Mais comment ?*

Puis soudain, il eut une idée. L'autre homme croyait être parti à la poursuite de la jeune fille, autant renforcer la conviction de son camarade.

Discrètement, et profitant du fait qu'il était en partie dissimulé par Hiartus, Gavin commença à incanter à voix basse, tout en tirant un peu de cire de sa sacoche à composantes. Il tenta au mieux de se remémorer dans son esprit la voix de l'autre homme.

[Lance Son Imaginaire dans la direction de l'autre homme afin de faire croire qu'il appelle à l'aide son compagnon.]

[Son imaginaire permet pas d'imiter des paroles, pour ça il faut ventriloquie, mais c'est pas grave.]

Quand Gavin commença à proférer ses paroles magiques, Hiartus se tourna vers lui et le considéra sans comprendre, tout comme l'homme au gourdin qui ouvrit la bouche pour dire quelque chose. Il fut interrompu par ce qu'il crut être le cri d'alarme de son compagnon, et accourut à son aide.

-Ouf, on l'a échappé belle, fit Hiartus dont rien ne révélait s'il avait lui aussi été pris au subterfuge ou non. "Reste plus qu'à partir d'ici... Mieux vaut faire demi-tour."

Prestement, il fit reculer le poney jusqu'à la rue, puis ils firent un détour aboutissant finalement à la porte principale de la cité. Il y avait beaucoup de monde sous les grandes arches, et il mirent assez longtemps à passer. Au bout de quelques minutes, ils arrivèrent enfin à un endroit un peu plus tranquille, loin de la route très empruntée par les caravanes. Tout le monde put ainsi souffler un peu, et Ira sortir de sa cachette. Hiartus avait l'air assez préoccupé, et regardait en direction d'un village en contrebas. En effet, ils se trouvaient sur une colline parsemée d'arbres offrant une vue magnifique sur la grande Velprintalar qui semblait coincée entre la mer et la campagne luxuriante.

-C'est bon mon p'tit, y'a personne ici, tu peux pointer le bout du nez, dit l'homme.

Durant la petite altercation, Ira avait essayé de se calmer au mieux. Mais alors que la charrette s'éloignait, les quelques cahots n'avaient fait qu'empirer sa douleur. Elle était restée crispée, les bras et les dents serrés, dans une position des plus inconfortables pour toute la durée du trajet. Mais heureusement, ses douleurs physiques empêchaient les morales de faire irruption en cet instant... Elle ne s'était absolument pas remise de ses chocs, à commencer celui de la veille, et c'est tout juste si elle commençait à réaliser tout ce qui s'était passé, tous ces événements à l'intérieur de cette maudite ville.

Lorsque la jeune fille sentit la carriole s'arrêter et entendit la voix de l'homme l'exhortant à sortir, sont premier réflexe fut de rester un instant tétanisée.

*J'vais trouver quoi si j'sors?!... Y m'attendent p'têtre pour m'faire du mal! Y vont vouloir me faire des trucs horribles avant de me laisser agoniser éventrée à poil au bord de la route!... Mais merde! Je veux pas mourir!... Courage, je dois le faire de toute façon... J'y vais!*

Elle sera fortement le manche de l'une de ses épées de la main droite, et de l'autre, chassa timidement l'étoffe qui la cachait. Puis, aussi brusquement qu'elle était apparue au coin de la rue, elle bondit sur ses jambes, un peu arquées pour une meilleure posture défensive, et pointant son épée tour à tour sur les deux hommes, ne sachant lequel fixer.

- J'vous... J'vous interdit d'me toucher!

Cria-t-elle, tremblante et farouche.
Mais, voyant ses deux sauveurs qui ne lui voulaient absolument aucun mal, sa paranoïa excessive retomba d'un coup. Et Ira resta un instant totalement perdue. Elle lâcha son arme, et retomba assise sur les bagages, avant de se recroqueviller, la tête sur les genoux, pour commencer à sangloter.

Rincevent vient d'ici

Gavin et Hiartus eurent un léger mouvement de recul en voyant Ira surgir ainsi, puis eurent l'air désemparé en la voyant fondre ainsi en larmes. Ce fut le plus âgé qui réagit le premier, en lui adressant des mots rassurants.

-Ne t'inquiète pas, c'est fini... Nous on ne te veut pas de mal, tu es en sécurité maintenant, on est là pour t'aider.

Il se pencha par dessus le rebord du charriot, et lui posa sa grosse main calleuse sur l'épaule comme pour la réconforter. Il n'avait pas l'air de craindre un éventuel coup d'épée... Cet homme n'avait pas l'air tellement engageant : Pour ce que la voleuse pouvait en voir, il portait une barbe fournie, sa voix était rauque, et il poussait sans cesse de petits grognements sourds.

Pendant ce temps, Rincevent l'apprenti sorcier arrivait à quelques pas de la scène. Personne ne le vit approcher, car les deux hommes lui tournaient le dos et la jeune fille avait la tête entre les mains.