La fin d'un long voyage

Quel voyage que celui qui venait de s'achever! Illys ne pensait pas que cela serait si long de faire le voyage du Cormyr jusqu'en Téthyr, mais il est vrai qu'il était souvent nécessaire de faire des haltes.

Malgré tout, l'elfe avait su se rendre utile, puisqu'elle avait fait office d'éclaireur en compagnie d'un humain, un forestier qui venait des lointaines contrées d'Orient. Elle avait appris à s'entendre avec cet homme qui faisait souvent preuve de sagesse par rapport à la nature qui l'entourait et savait faire preuve d'humilité. Il lui avait souvent tenu compagnie, à elle qui ne se sentait que très peu à l'aise avec ces humains des cités surpeuplées.

La caravane de marchands arrivait maintenant à Darromar, nouvelle capitale du Téthyr. Que les choses passaient vite chez les humains! On lui avait raconté qu'il y a à peine vingt ans, le Téthyr était encore un royaume unifié, qui avait connu entre temps des guerres civiles avant de se réunifier sous une couronne une nouvelle fois.

C'était manifestement là une terre d'opportunité, et elle avait souvent entendu parlé de ses cousins Sy-tel-quessir habitant la Wealdath, la forêt du Téthyr, qui, bien qu'inférieur en taille à Cormanthor, et n'abritant pas de merveilleuses telles que la Cour elfique, était le refuge de bon nombre de ses cousins verts et cuivrés.

Mais pour l'instant, la forêt du Téthyr était encore loin. La caravane arrivait aux portes de Darromar alors qu'Illys était plongée dans ses pensées. Les rues étaient surpeuplées, comment pouvait-on supporter de vivre dans un tel endroit? Finalement, monsieur Marcus, qui dirigeait la caravane, choisit une auberge dont il était vraisemblablement un habitué.

Sa femme, qui avait souvent discuté avec la jeune elfe, emmena Illys à l'intérieur, car c'était "la tâche des hommes que de s'occuper des marchandises et des chariots".

L’elfe s’excusa d’un signe de tête au forestier. Non sans regarder d’un air horrifié les têtes empaillées qui parsemaient les murs. Une fois à l’extérieure, Amarillys se détendit quelque peu et repris du cœur au ventre. Une fois l’esprit libéré de tout stress, l’elfe respira profondément et sentit disparaître la crispation de ses épaules.

"Comment font-ils? Des moulins à paroles, voilà ce qu’ils sont!"

Les oreilles de l’elfe en bourdonnaient encore. Tout en jetant un regard aux alentours, Amarillys constata que bien qu’encore nombreuse, la foule n’était plus aussi compacte qu’au début. Au fond d’elle-même, Illys savait pertinemment qu’une fois l’effervescence du jour passé, les rues devenaient calmes et que ce n’était pas aussi crasseux qu’on pouvait le croire.

L’achalandage de l’auberge témoignait bien de la population du Téthyr. Des humains à perte de vue, parsemés de ci, de là, par quelques halfelins. La jeune elfe se surprenait toujours de l’étonnante capacité qu’avaient les humains de se répandre partout. Rares étaient encore les endroits que l’on pouvait décrire encore libre de leur présence. Tous si différent les uns des autres, et plutôt ingénieux malgré leur courte vie. Elle en était là dans ses pensées quand un halfelin chancelant, saoul comme une barrique, sortit de l’auberge. Amarillys sourit d’amusement devant ce tableau. Il lui rappelait drôlement quelqu’un.

Il doit être de la même ligné que Jonain! Il ne semble pas plus porter l’alcool. Il adorerait cette endroit, j’en suis certaine.

La jeune femme alla s’asseoir dans un coin en retrait et profita pleinement de son moment de solitude. Il y avait si longtemps, qu’elle n’avait pas jouis d’un moment à elle seule. Maintenant, il lui fallait réfléchir à une façon de partir poliment de son côté et laisser Marcus et sa femme à leurs occupations. Nelith allait lui manquer, par contre. Elle avait apprise à apprécier cet homme.

Et la jeune elfe resta assise là, perdue dans ses pensées, pendant au moins vingt bonnes minutes. Il n'y avait désormais plus personne dans la rue, et la jeune elfe était désormais seule... Mais ce n'était pas comme être seule en pleine nature.

Là, Illys était seule, dans la ville, dans un milieu qui lui était étranger. Ce sentiment la mis soudain profondément mal à l'aise, alors qu'un brouillard épais tombait peu à peu dans les rues. Elle avait même froid, et commençait à trembler.

C'est le moment que choisit Nelith pour sortir de l'auberge. Il semblait lui aussi n'éprouver aucun plaisir à cette soirée et se dirigea vers Illys, avec un léger sourire au coin des lèvres, qui était tout ce dont la jeune elfe avait besoin à cet instant pour se sentir mieux.

"Illys? Vous allez bien? Je ne vous voyais pas dans l'auberge..."

Puis, voyant l'effet du froid sur l'elfe, il prit sa cape et lui posa sur les épaules.

Amarillys se retourna à l’arriver de Nelith. Elle sourit lorsqu’il lui prêta sa cape.

" Merci! "

Elle eut un moment d’hésitation à la question de l’homme. Comme si elle pesait ses mots.

" Mmmm... Je ne peux point vous dire que je vais parfaitement bien, car ce serait vous mentir effrontément. Mais, en mettant de côté le faite que je n’apprécie pas particulièrement ce lieu et bien, je ne me porte pas trop mal. Et, comme j’en avais le choix, ici ou l’auberge, j’ai préféré être ici. " Dit-elle avec une pointe d’humour et un sourire en coin.

Amarillys se releva et invita Nelith.

" Cela vous dérangerait si l’on marchait quelque peu? "

L’elfe avait déjà amorcé son avancé, sachant que le forestier n’y avait jamais vu un inconvénient. Tout deux ayant l’habitude d’être en mouvement durant leurs conversations et que chacun appréciait cette activité.

" J’en étais rendu à craindre d’aller dans ma chambre. Je vous assure que, si par malheur, il y a une tête empaillée dans la pièce, cette dernière risque fort de faire un vol plané par la fenêtre. J’ai parfois de la difficulté à vous comprendre vos congénères. Et même, plus souvent que parfois. Comment des gens peuvent apprécier ce genre de spectacle? Un total manque de respect envers ces bêtes! "

L’elfe se massa la nuque avec lassitude, tout en prenant une bonne respiration. Elle retrouva, de ce faite, son calme. Tout en observant avec curiosité les rues de la ville, Amarillys décida de récolter quelques informations.

" Est-ce que vous connaissez bien le Téthyr et même Darromar ? "

Comme la jeune elfe s'y attendait, Nelith la suivit et vint se placer à ses côtés alors qu'ils commençaient à partir dans les rues de la ville, arrosés par une pluie fine qui ne les dérangeait pas plus que ça.

Tout en écoutant ses paroles, l'homme hocha la tête d'approbation.

"Moi aussi j'ai parfois du mal à comprendre mes congénères. Mais vous savez, il y a souvent plus de différences d'un humain à un autre que par exemple d'un elfe de la lune à un elfe du soleil, c'est dire! Et pourtant, il est vrai que où que je me rende, je me rends compte que très peu respectent les autres formes de vie, et ne pensent qu'à eux..."

Ses propres paroles le firent lui-même se plonger dans une certaine réflexion dont il ne sortit que lorsqu'il entendit la nouvelle question de sa camarade de route.

"Si je connais bien le Téthyr? Je crains bien que nom. Comme je crois vous l'avoir déjà dit, j'ai grandi très loin d'ici, dans les contrées orientales... je ne sais du Téthyr et de ses terres que ce que j'en ai lu dans les livres."

"Donc, nous sommes au même point tous les deux. Je n’ai que peu de connaissance sur ces lieux. Et c’est bien pourquoi je suis ici."

Tout en marchant, l’elfe mémorisait les boutiques qui pourraient lui être utile, ainsi que les auberges qui environnaient. Le silence commençant à s’installer. Amarillys, qui voulait absolument éviter de penser à elle-même, entrepris de reprendre la parole. Évitant, ainsi, de parler d'elfe du Soleil ou même d'elfe de lune.

"Parlez moi à nouveau de votre contrée. Je ne suis jamais aller en ces lieux. Parlez moi de la population qui y vit, des divers lieux importants, de vos propres impressions... Dites moi ce que vous voulez en faite."

Toujours aussi curieuse et assoiffé de connaissances en tout genre, l’optimisme de l’elfe avait repris le dessus. Elle découvrit, au loin, que le temps semblait ne pas aller en s'améliorant.

"Vous venez? Vous me raconterez tout cela au chaud. J’ai soif et en plus cette petite bruine pourrait nous causer du tort à la longue. C'est assez sombre au loin. Signe de mauvaise température peut-être? Mieux vaut ne pas prendre de chance. Bien que de retourner vers « l’Ode à la tuerie » ne me tente guère, du repos ne serait pas de refus et en plus je n'apprécie pas particulièrement d'être loin de mes effets pendant une longue période. Et de plus, honte à moi, je vous prive en ce moment même de votre protection."

Sur ces paroles Amarillys fit mine de rendre sa cape à Nelith, contrite qu'elle était de le laisser dans cet état.

"Je m'en voudrais qu'un ami, tel que vous, attrappe un mauvais rhume par ma faute."

"Soit, je vous suis. Vous avez raison, nous serons mieux à l'intérieur."

Et les deux compagnons retournèrent à l'auberge, côte à côte. Durant la soirée, l'ambiance s'était calmé, les clients avaient tous eu le temps de prendre leur repas et de festoyer ; et ils n'étaient désormais guère plus d'une dizaine dans la salle commune qui était à présent beaucoup plus tranquille - ce qui ne fut pas pour déplaire à l'elfe.

Elle invita son compagnon à s'installer dans deux confortables fauteuils auprès de la cheminée, détournant volontairement le regard de la décoration, et s'approcha du feu pour se réchauffer.

Nelith la rejoint, et ils restèrent ainsi, dans le silence, pendant cinq bonnes minutes. Puis Nelith prit la parole, tout en adressant un sourire à Illys.

"Ainsi vous désiriez en savoir plus sur les terres d'où je viens? Je crains qu'il n'y ait beaucoup trop à dire pour une seule soirée. Mais je suis né dans le Grand Val, dans une ville nommé Uthmere, bordant la grande forêt du Léthyr. Ainsi, comme vous le voyez, j'ai toujours vécu dans des régions sauvages. Je crois bien être encore moins habitué que vous aux grandes cités humaines..."

Une fois de retour à l’auberge, l’elfe avait repris possession de son sac et une fois son contenu vérifier, avait réussit à réellement profiter du reste de la soirée. Maintenant confortablement installer devant un feu bienfaiteur, Amarillys pouvait réellement apprécier la quiétude des lieux. Elle observait, sans raison particulière, son arc et son épée, tous deux déposés à portée de main, lorsque que Nelith arracha l’elfe à sa bulle sans pensée. Face aux dires de l’homme, elle ne pu s’empêcher de lever un sourcil circonspect à son égard.

"Quelle idée étrange! Un homme qui ne côtoie pas ses pairs, du moins, ceux des cités. Si un jour quelqu’un m’avait dit que je rencontrerais un humain pouvant rivaliser avec moi sur ce point, je lui aurais rit au nez. Tout est possible, je dois bien l’admettre. Je suis, donc, en droit de croire que votre ville, Uthmere, ne doit pas être des plus populeuses. Du moins, c’est ce que m’indique vos paroles. Et, je constate aussi que votre voyage fut beaucoup plus long que moi. Bien que nous ne soyons pas si éloigné l’un de l’autre. Les Vaux ne sont pas si loin du Grand Val à ce que j’en sais."

L’elfe s’installa un peu plus confortablement tout en jetant un regard discret aux alentours. Observer son entourage étant une des occupations favorites de l’elfe. Elle repéra de ce faite, le tenancier des lieux, qui passait non loin. Elle l’arrêta poliment au passage.

" Pardonnez-moi! Pourrais-je avoir une bière je vous pris? "

Le choix pouvait paraître étrange, venant de la part d’un elfe. Mais, Amarillys avait apprise, aux côtés de son meilleur ami Jonain, à préférer cette boisson au vin ou même à l’hydromel. Y’en à partout, c’est moins cher et c’est la meilleur façon de se faire des amis, sincères ou non! Foi d’un p’tit’homme! On ne peut pas s’y tromper! Comme il avait l’habitude de dire.

Amarillys avait beau parlé, elle enviait, en quelque sorte, cet homme. Il avait une façon si désinvolte de parler de sa vie en régions sauvages. Comme si cela coulait de source. Je vous souhaite, mon ami que votre vie, bien que courte, reste toujours pavée de liberté, pensa-t-elle. Tant d’années perdues à jamais, tant de sacrifice, tant... Non, elle ne devait pas s’arrêter sur le passé. Être mélancolique signifiait une rétrogradation. Elle devait aller de l’avant, progresser.

Amarillys caressait ses pendentifs songeusement. Toute en expirant profondément l’elfe se leva gracieusement. Elle effleura l’épaule de Nelith pour le réveiller.

" Vous devriez aller dormir. Vous avez besoin d’un repos bien mérité. Votre espérance vie est si courte, mieux vaut la vivre en pleine possession de vos moyens. N’est-ce pas? C’est ce que je vais faire, pour ma part. Je vais prendre un peu de repos et profiter du reste de la nuit pour réfléchir. Au plaisir de vous revoir peut-être demain. "

Elle lui sourit gentiment et s’éloigna en direction du comptoir. Elle s’informa pour sa clé, le numéro de la chambre et pour la possibilité d’avoir de l’eau chaude, ou bien froide le cas échéant, pour faire sa toilette. Une fois les réponses obtenues, elle monta les escaliers. Une fois dans la pièce, l’elfe laissa choir ses effets, s’installa en tailleur sur le lit et finit tranquillement sa bière en attendant l'eau souhaité.

Cette même tristesse se reflétant dans son propre regard. Elle sourit faiblement et s’approcha de l’homme. Vraisemblablement, le groupe allait partir pour la suite de leur voyage.

« Soyez prudent, je vous en conjure. N’aller pas au devant des dangers inutilement. J’espère avoir un jour la chance de croiser à nouveau votre route. Si, un jour, vous êtes dans le besoin, souvenez-vous que les halfelins portant de nom de Le Freluquet dans la contrée d’Amn seront là pour vous aider. Et, même chose, pour ma famille en Cour Elfique. Rechercher les Nim’loki et le Thannen. Il vous suffira de parler de moi ou de mon meilleur ami, Jonain. Celui dont je vous ai tant parlé. »

Elle mit sa main droite sur sa poitrine et inclina légèrement la tête, dans un salut respectueux.

« Aa’ menle nauva calen ar’ta hwesta e’ ale’quenle! Quel marth mellonamin! » ( Puisse votre route être pavé de verdure et que la brise suivent vos pas! Bonne chance mon ami! )

Ensuite, elle lui tendit la main à la façon humaine, tout en lui octroyant un sourire moqueur. Un jeu que tous les deux avaient développé suite à un malentendu. Le premier jour de leur rencontre, elle l’avait salué à la façon elfique et Nelith en même temps à la façon humaine. Tout deux ayant le même réflexe de politesse, elle avait transféré à la façon humaine, mais Nelith de son côté avait fait pareil, à l’elfique. La scène fut plutôt hilarante. Depuis ce temps, Illys lui tendait toujours la main suite à un salut elfique.

Les Marcus semblaient déjà prêt à quitter.

« Vous devriez y aller! Nos conversations vont me manquer. »

Nelith rit de leur petit jeu, puis resta silencieux. Il lui adressa un simple signe de main avant de s'éloigner. Il ajouta simplement :

"Au revoir, Illys, et merci."

Illys les regarda partir, silencieuse, appuyée contre un mur, sans savoir ce qu'elle allait faire maintenant. Le couple des Marcus lui fit également ses au revoirs, enchantés qu'ils avaient été de faire le voyage en sa compagnie. Elle s'empressa d'aller payer sa chambre auprès de l'aubergiste, avant que celui-ci lui signale que Madame Marcus l'avait déjà fait pour elle.

Amarillys sourit de gratitude, pas vraiment surprise face à ce dernier acte de générosité de Madame Marcus. Cette dame avait bien des défauts, mais elle avait le cœur sur la main, il va sans dire.

Amarillys quitta donc les lieux, non sans soulagement, disant adieux à ces affreuses têtes empaillées. Sur le pas de la porte, tout en ajustant la sangle qui maintenait arc, épée et carquois en place, l’elfe inspira un bon coup et amorça son premier pas de cette nouvelle partie de sa vie en solitaire. Tout en se mêlant à la foule, Amarillys détacha sa bourse de sa taille et la rangea précautionneusement à un endroit moins facile d’accès, c’est-à-dire dans un repli de son armure de cuir. Un des avantages d’avoir partagé la vie d’un meilleur ami roublard, c’est qu’on apprenait vite à surveiller ses poches.

« Difficile de passer inaperçu ici! » murmura-t-elle pour elle-même.

Des humains partout. C’était à ne plus savoir où donner de la tête. Ne sachant pas trop où elle allait, Illys suivait la foule. Qui, sommes toute, se dirigeait vers le marché, car en très peu de temps, elle distingua les cris des marchants, le chant de ménestrels, le caquètement de poules et bruits d’autres bêtes. La place du marché était en effervescence. Elle n’était pas encore sur place qu’elle prenait les dieux à témoins, elle ne viendrait ici quand cas de réel besoin. Le moins souvent possible en résumé. Les ménestrels, de par leurs chants, étant une source intarissable d’informations sur le folklore des lieux, les hauts faits de héros ou tout simplement en poèmes de qualités. Amarillys choisit d’aller discrètement prêter une oreille attentive à leur art. Chemin faisant, une affiche en bois sculpté accrocha son regard. On y vendait armes et armures. Elle y fit halte, sa curiosité piquée au vif. Elle poussa la porte du commerce.

Amarillys se taillait un chemin au milieu de la foule. Les humains ne savaient-ils donc pas vivre ensemble sans se tenir convenablement? Ici, des marchands qui se disputent pour une question de tarifs, là, une bagarre qui éclate en plein milieu de la foule, qui se réunit pour assister à la scène - spectacle pitoyable, qui arrivait cependant à captiver l'attention de tous... Si les humains avaient parfois de bons côtés, par moments, Illys n'arrivait plus du tout à les comprendre. Et ce, sans compter les gens qui se bousculaient dans la rue, sans même s'adresser un mot de pardon... Certains en profitaient même pour tenter de dérober quelques bourses, problème auquel Illys avait d'emblée rémédié en dissimulant sa bourse sous son armure.

Et puis il y avait les musiciens de rues, qui comptait des histoires de temps plus ou moins reculés... Ainsi Illys en apprit-elle plus sur l'histoire de ce royaume, des circonstances de la chute de la monarchie il y a quelques dizaines d'années qui avait mené le pays à la guerre civile, de sa restauration il y 4 ans, aboutissant de l'arrivée sur le trône de la Reine Zaranda et du Roi Haedrak III... Elle apprit également à travers les chants et les discussions que le nouveau couple royal était aimé de son peuple, et avait toujours agit de sorte que tous leurs sujets n'avaient pas à se plaindre, évitant ainsi tout risque de nouvelle guerre civile.

Illys continua à vagabonder dans les rues, et s'intéressa finalement sur une boutique dont l'enseigne indiquait "Chez Brenald - Armurier. Armes & Armures de qualité." La jeune femme pénétra dans la boutique, assez sombre. Un gnome assez âgé, l'air aimable, était installé au comptoir. Il négociait avec un grand homme à l'air basané et aux cheveux noir de jais, la mine particulièrement sérieuse. Le marchand gnome interrompit leur conversation pour s'adresser à l'elfe.

"Oui mademoiselle? Que puis-je faire pour vous aider? Recherchez-vous quelque chose? Un article particulier?"

Les oreilles encore bourdonnantes de tout ce remue-ménage, Illys pris un instant pour s’éclaircir les idées. Amarillys se rendait compte, qu’en décidant de rester ici pendant un moment, qu’elle venait de s’imposer un défi de taille. Que les humains peuvent être barbares dans leur façon d’agir. Aucun respect mutuel. Et, ils se demandent ensuite pourquoi la majorité des elfes les regardent de haut. Nous ne les voyons que comme ce qu’ils sont, une société des plus chaotique. Mais, l’elfe, avec le temps, apprenait à ne pas mettre tous les humains dans le même panier. Et, il fallait admettre que leur côté chaotique était à la foi un défaut et une qualité. Mais, il y avait longtemps qu’Illys ne cherchait plus à comprendre les humains. Cela ne l’intéressait pas particulièrement. Elle apprenait plutôt à les connaître. Le reste viendrait peut-être de lui-même par la suite.

Amarillys adorait ces boutiques. Une somptueuse odeur de cuir neuf, de bois et autres matières nous envahissait les sens. Tandis que l’éclat du métal occupait le regard. L’elfe avait toujours trouver que ces endroits dégageaient calme et puissance à la foi. Le propriétaire des lieux l’accueillis à son entré.

" Bonjour Maître Nogoth! " (Gnome en elfique) Répondit-elle respectueusement. " Ma foi, je ne venais que jeter un coup d’œil à votre marchandise, mais il me vient à l’esprit que j’ai du me départir de mes anciens brassards il n’y a pas si longtemps. Et peut-être vendez-vous des pierres à aiguiser? Mais, ne vous occuper pas de moi pour le moment. Je s’aurai attendre mon tour."

L’elfe regarda la boutique. L’endroit débordait d’armes et d’armures en tout genre. Le paradis de tout guerrier, rôdeur ou autre homme d’arme qui se respecte. Et l’elfe n’était pas en reste. Elle avait déjà repéré les armures de cuir et, par curiosité, c’était approché.

Le gnome sourit.

"Non, non, ne vous inquiétez pas. Mon autre... client, dit-il en regardant l'autre homme, peut attendre. Je vais vous chercher ça."

Puis il partit vers l'arrière-boutique, pendant qu'Illys se mit à observer les armures de cuir. C'était vraisemblablement du travail de grande qualité pour certainces de ces pièces. La jeune femme resta ainsi à inspecter minutieusement les armures pendant quelques minutes, lorsque soudain, elle sentit deux mains puissantes la saisir aux hanches. L'homme, à l'odeur très désagréable, lui murmura à l'oreille, sur un ton guère rassurant :

"Belle pièce, n'est-ce pas? Parfaitement adaptée à votre taille... si svelte et si gracieuse..."

Sur le moment, le cœur de l’elfe cessa de battre, la peur la figeant sur place. Et puis, le sentiment de déjà vu rendit la chose insupportable. La colère s’additionna à la peur. Une colère telle, que le tout transperça dans sa voix froide et hargneuse. Plus jamais quiconque ne la toucherait contre sa volonté. Elle s’adressa à l’homme d’une voix blanche, dans un murmure au début.

"Retirez vos mains! Retirez vos salle pattes de sur moi! Feuyaer! À moins que vous ne teniez absolument à perdre, ce qui fait de vous un homme. "

Car, tout en parlant Amarillys avait saisit sa dague qu’elle cachait dans sa manche et l’avait appuyé d’une main ferme au niveau de l’entrejambe de l’homme. Malheureusement pour elle, sa seconde dague n’était pas à porter de main. Maiaron! Suppliait-elle dans sa tête. Elle ne savait que faire. Elle était prête à tuer, s’il le fallait. Ce dernier était trop fort pour elle, donc inutile de se débattre. Seul son arme pouvant l’aider. L’elfe paniquait intérieurement. Elle n’attendait que le moment où il retirerait une main pour se soustraire rapidement de son emprise. Les pupilles dilatées, la respiration saccadée, les muscles tendus, Illys était prête à tout pour s’échapper.

"Lâcher-moi! " Intima-t-elle la mâchoire crispée, mais assez fort pour que le gnome à l’arrière puisse l’entendre.

"Tampa tanya! Sii’! " (Cesser cela! Maintenant!)

Le stratagème d'Illys réussit puisque l'homme s'écarta, non sans lui murmurer auparavant :

"Ce n'est que partie remise... On se reverra..."

En effet, le gnome arrivait, ayant entendu les cris de l'elfe.
A sa vue, l'homme se dirigea vers la sortie.

"Nous en reparlerons une autre fois, cher ami, mais réfléchissez à ma proposition. Vous n'en aurez pas d'autres. Pour le moment, je vais vous laisser avec votre... cliente."

Sur ce, il se retourna sans que son interlocuteur n'ait pu prononcer le moindre mot. Finalement, le gnome se retourna vers Illys.

"Nous disions donc, une pierre à aiguiser, dit-il tout en la posant sur la table, et de nouveaux brassards."

Il y avait cinq paires de brassards en cuir neufs, tous de texture et de couleurs différentes.

"Je vous laisse choisir."

Mais la jeune femme n'écoutait qu'à moitié...

Toute tremblante qu’elle était, l’elfe resta debout. Et ce, malgré que son cœur lui dictait de se laisser choir au sol et de pleurer comme une enfant. Son orgueil aidant, l’elfe se retint de vomir comme elle en avait envie. Elle rangea malhabilement sa dague, se recomposa un visage avant de faire face au gnome. Se raclant la gorge avant de parler.

" Plaît-il? Oui, c’est cela! Une pierre et des brassards. "

Amarillys inspecta les brassards les uns après les autres. Les soupesant, étudiant la qualité du travail, éliminant certains d’entre eux. Le tout en ayant encore l’odeur âcre de l’homme dans les narines. La peur cédait lentement la place à un sentiment soulagement.

" Si je puis me permettre. Mais, quel est le nom de l’homme qui vient de quitter les lieux? Un de vos fabriquant d’armures? Il semblait bien s’y connaître en la matière. "

Par les Dieux! Pourquoi ai-je ouvert la bouche? Cela avait été plus fort qu’elle. Elle voulait savoir à qui elle avait affaire. Sachant très bien que le gnome n’était probablement né de la dernière pluie, Amarillys décida de jouer la carte de la vérité.

" Si cela m’est possible, j’aimerais éviter de le rencontrer à l’avenir. "

Elle pointa des brassards qui rappelait le mieux le style elfique tout en ayant la même teinte que son armure.

" Ceux-ci m’intéresse. Puis-je en connaître la valeur marchande? "

Le gnome la dévisagea, quelque peu soupçonneux, mais peut-être plus par rapport à ce qui s'était produit qu'envers l'elfe.

"Berndt? C'est l'un de ces hommes venus du grand Nord, arrivés en ville depuis peu. Ils ont montés un commerce non loin, d'armes bien de leur pays, et cherchent à s'associer avec moi. Mais je ne leur fais guère confiance. Je gage que si vous ne cherchez pas à vous approcher d'eux, ils vous laisseront tranquille."

Le gnome consulta ensuite un dossier contenant divers parchemins et feuilles de papier ; il consulta brièvement l'un d'entre eux avec son monocle, puis procéda à un bref calcul mental.

"Alors, cela fera deux piécettes de cuivre pour la pierre, et dix-huit pièces d'argent, soit une d'or et huit d'argent pour les brassards. Comme vous m'êtes sympathique, je vous fait cadeau de la pierre à aiguiser. Voilà pour vous, ma p'tite mademoiselle."