Une petite naine dans un monde bien vaste

- Oh oh oh ! Gombo mon ami, sens-tu cette odeur ? demanda Audhild Gorunn à son ami chimpanzé. Cela te rappelle-t-il quelque chose ?

Audhild, quand elle parlait avec Gombo, s'exprimait toujours en druidique. Le temps passé avec sa défunte mère à apprendre le langage secret en faisait la langue qui lui venait le plus naturellement à la bouche, sa vraie langue maternelle. Et Audhild avait de plus en plus l'impression que Gombo commençait à comprendre ce qu'elle disait. Ainsi pour mieux se faire comprendre de son ami primate, pour mieux expliciter sa pensée, elle n'hésitait jamais à faire grands gestes et de magnifiques grimaces ! Et bien entendu, elle était actuellement en train de faire un belle tête interrogatrice devant le primate qui semblait plus que perturbé, et qui n'aurait jamais décroché son regard de la mer si la naine ne lui avait pas tapoté l'épaule. Le singe se retourna, regarda Audhild quelques secondes comme s'il la décryptait, renifla, puis hocha de la tête.

- Ouuiii ! Chult, comme ils l'appellent ! La Jungle, notre Jungle ! Hum, quelle délicieuse odeur de nostalgie ... Gombo, veux-tu que l'on passe par cette forêt ? Moi, toute cette eau ... ça m'a perturbée.

Le singe la regarda, puis lui caressa doucement le nez.

- Je prend ça pour un oui ! Allez, à l'aventure dans la Jungle de ... Mhair, avaient dit les pêcheurs ? Oui, la Jungle de Mhair nous changera de la mer ...

Elle regarda Gombo, et éclata de rire en se rendant compte qu'il n'avait évidemment pas compris le jeu de mots. Se fourrant une main dans sa chevelure crasseuse comme elle aimait le faire après un bon fou rire, elle brandit son écu porte-bonheur et cria sans peur :

- Holà, Mhair ! Prend garde, car voici venir Audhild Gorunn et son fidèle serviteur Gombo ! Mouah ha ha !

Et tout en riant joyeusement, elle pénétra dans la forêt. Ses grelots naturels faisaient grand bruit quand la chaman marchait, et peu de créatures ne l'auraient pas entendu arriver. Mais, elle s'en fichait royalement. Rien ni personne ne pourrait l'arrêter dans ce monde si beau et immense que Thard Harr lui offrait !

La naine s'arrêta dès qu'elle vit la perturbation de Gombo. Elle était très à l'écoute de son ami et lui faisait même plus confiance qu'à n'importe quel être humain. Et si son ami primate montrait de l'inquiétude, alors Audhild s'inquiètait. C'est ainsi que fonctionnait leur étrange relation. Tous les deux avaient une confiance indéfectible en l'autre. Elle interrogea donc le singe :

- Gombo ? Gombo, qu'y a-t-il ? Gombo ?

En même temps, elle tendit l'oreille pour tenter de percevoir le bruit qui avait attisé l'inquiétude de son compagnon. Il lui fallait entendre la source de cette peur, car ainsi elle serait fixée. Un réel danger se faufilait-il à l'horizon ?
D'ailleurs, tout en écoutant attentivement, elle jeta un rapide coup d'oeil autour d'elle pour voir si elle pouvait trouver une cachette en dernier recours. La naine détestait user de violence, toute vie étant sacrée à son image. Elle jugeait préférable la fuite et l'esquive au combat.

[Perception auditive +3, Détection +3]

Reprenant son courage, Audhild se redressa et caressa le crâne de son ami primate. Elle avait décidé en un éclair de faire front, car, habituée des réactions animales, elle avait pour habitude de ne pas montrer sa peur sous peine de se faire attaquer.
Malgré tout un peu nerveuse, elle continua à caresser Gombo, plus pour se rassurer elle-même d'ailleurs.

- Ne t'inquiète pas, Gombo, rien ne peut nous arrêter à côté de tout ce que nous avons traversé pour arriver jusqu'ici, chuchota-t-elle.

Elle resserra la main mise sur son bâton et se concentra sur la nature environnante, sur le moindre geste, bruit qui pourrait lui permettre d'en savoir plus sur ces ennemis. Enfin, ennemis ... sur ce point, elle se fiait aveuglément à l'instinct de son compagnon.
Elle observa donc le sol, les airs, les frondaisons, à la recherche d'un animal fuyant, d'un cri d'avertissement, ou au contraire d'un silence pesant et inhabituel ... Durant ses nombreuses années d'apprentissage auprès de sa mère, elle avait appris que dans la forêt, le moindre détail pouvait se révéler capital et qu'il fallait toujours prêter attentions aux messages de Thard Harr ! Ainsi sa mère lui avait-elle répété un nombre incalculable de fois d'être plus attentive à son environnement au lieu de s'amuser avec les singes.

[Détection +3, Perception auditive +3, Psychologie +3, Connaissances (nature) +7]

Audhild fut profondément perturbée par cette statuette. Après avoir retiré son pied, elle s'agenouilla et observa la statuette en prenant bien garde de ne pas la toucher. "Le Mal peut s'insinuer dans tous les recoins de ton corps si tu ne prends pas garde", lui avait un jour dit sa mère. Tandis que Gombo tendait la main vers la statuette pour la saisir, Audhild frappa la patte du primate qu'il retira en un éclair.

- Faut pas toucher ça, Gombo ! Ca peut être dangereux !

Elle reprit son examen du jouet. Sa curiosité la poussait à s'en saisir, mais sa sagesse l'en empêchait. Se relevant, elle réfléchit. S'en aller en le laissant là ? S'il était effectivement maléfique, le prochain venu risquait de succomber. Non, elle devait savoir d'où venait ce jouet et qui l'avait mis là. Saisissant une de ses statuettes de dinosaures, elle se la plaqua contre la poitrine tout en murmurant une incantation en druidique.

Tout à coup, les bruits des animaux autour d'elle devinrent compréhensible, comme des paroles. Elle se retourna vers la forêt et demanda doucement :

- S'il vous plaît ? S'il vous plaît, amis animaux, l'un d'entre vous pourrait-il me dire d'où vient cette statuette ? Est-ce que vous avez vu celui qui l'a déposée ici ? Et est-ce la raison de votre silence d'il y a quelques instants ?

Elle avait vraiment besoin que les animaux lui répondent, car c'était les seuls éventuels témoins qu'elle avait sous la main. Et il fallait qu'il lui répondent vite, car l'effet du sort n'était que court : elle ne disposait que d'une minute devant elle ...

[Lance Communication avec les animaux
Empathie animale : 2 ; Diplomatie : 1]

Quelques oiseaux interloqués stopèrent leur vol en entendant la druidesse, comme s'ils ne comprenaient pas comment cette drole de petite créature parvenaient à leur parler. Les plus peureux préférèrent éviter ce drole d'animal au pelage disparate, s'éloignant à tire d'ailes. D'autres, curieux, approchèrent, restant cependant à l'abrit de diverses cachettes. Mais la réponse à sa questions se fit attendre : le premier effet de ses paroles fut d'attirer sur elle l'attention d'un certain nombre d'habitants de la forêt.
Alors qu'elle commençait à douter qu'un de ces êtres daigne lui répondre, un grognemant grave fit frémir le feuillage d'un grand arbre, juste à coté d'elle.

"Qui es tu et pourquoi crois tu que nous allons t'aider? Drôle de petite créature..."

Très vite, elle devina l'origine de la voix, et, lorsqu'elle trouva enfin son propriétaire, senti un frisson courir le long de son échine. Deux grands yeux en amende étaient posés sur elle, leurs pupilles emeraudes scintillant de méfiance. C'était le plus grand félin qu'elle n'eut jamais vu!!
Sous sa soyeuse robe d'un noir encre, saillaient des muscles fins et puissants , alors que de nombreuses cicatrices lui lacéraient le corps. Sa carrure témoignait de sa force, alors que son équilibre parfait ne laissait douter de sa souplesse. L'animal en pleine force de l'age était fort de ses expériences passées, et son regard déterminé avait quelque chose de presque humain.
Retroussant ses babines, il déploya une rangée parfaites de dents d'ivoir, aussi acérées que la plus fine lame de rasoir.

"Je connais les réponses à tes questions, mais si tu veux que je t'aide, tu vas devoir faire quelque chose pour moi..."

Le fauve allongé sur une branche épaisse se releva, la fixant. Elle remarqua alors qu'une de ses pattes ne suivait pas le mouvement, pendant indifféramant dans le vide.
Mais la clartée avec laquelle s'exprimait le félin laisser douter de son aspect animal..

Audhild observa la panthère avec attention. Etait-elle réellement animale ? Un animal, avec son intelligence limitée, aurait-il pensé à un échange de services ? Quoi qu'il en soit, elle devait connaître la réponse à ses questions. Elle s'empressa donc de répondre :

- Que veux-tu ? Fais vite, mon sort s'épuise rapidement !

Elle fixa la panthère et continua de se demander à qui elle avait réellement affaire ... Elle jeta un rapide coup d'oeil à la statuette, et son malaise refit surface. Cet objet n'était pas à sa place, c'était évident. Elle ajouta alors :

- Si tu étais réellement disposé à m'aider, tu le ferais, je n'en doute pas. Alors je t'en prie, dis-moi qui a déposé cet objet maléfique ici ! Après, je t'aiderai de tout mon possible ...

Elle caressa Gombo, que la présence de la panthère ne rassurait guère, et fit face au félin en attendant sa réponse.

[Connaissances (Nature) : 7, Empathie animale : 2, Diplomatie : 1]

La panthère bondit à terre, handicapée par sa patte blessée. C'est sans agressivitée qu'elle approcha la jeune naine, bien que sa stature puisse encore en impressioner plus d'un.

-Tout ce que je sais, c'est que ce sont des créatures encore jamais vues dans ces contrées qui sont passées par là, et des hectars de jungle, j'en ai parcouru de nombreux.
Je te guiderais au village qui a subit leurs agressions, si tu acceptes de soigner ma patte.

le grand male approcha, sans montrer ni crainte ni méfiance, fort de son expérience passée. Mais son regard continuait à perturber la druidesse : il semblait ne jamais cesser de la détailler, épillant le moindre de ses mouvements où réaction, bien que l'animal ne soit ni craintif ni intrigué..

Si elle venait à mieux détailler la patte, elle remarquerait clairemant l'os brisé déchirant les chairs juste en dessou de l'articulation : la fracture ouverte sanguinolante devait être particulièrement douloureuse, et malgrés sa force le félin ne pouvait rien contre l'infection qu'il risquait avec une telle blessure.

* Quelle chance ! J'avais justement préparé un sort de soins ! *

Audhild sourit à la panthère et lui dit :

- Je vais te soigner avec plaisir, mais j'userai de la magie que me confère Thard Harr. Surtout ne t'effraie pas, tu ne risques absolument rien avec moi !

Elle sortit une autre de ses statuettes et la plaqua doucement sur la plaie. Puis elle répéta la formule qui avait sauvé la vie de sa mère :

- Desden iko !

L'énergie magique grimpa du sol dans ses jambes, et de ses jambes monta jusqu'au bout de ses doigts. La statuette fut alors enveloppée d'un léger halo vert-jaune et la plaie se referma à vue d'oeil. Audhild jeta finalement un oeil à la fois satisfait et interrogateur à la panthère. Ce sort suffirait-il pour ressouder l'os ?

[Je lance Soins superficiels]

Audhild remercia la panthère en la caressant (elle ne pouvait plus lui parler) et sortit des fourrés avec Gombo en espérant secrètement que la panthère la suivrait.
Elle avança vers ses frères en s'appuyant sur son bâton orné.

- Hola, peuple nain ! Qu'est-ce qui cause cette peur qui semble frapper tous les habitants de la forêt ? Qu'est-ce qui vous a attaqué ?

Son accoutrement étrange l'étaient pour tous, sauf pour les nains de la forêt et elle savait qu'habillée comme elle l'était, c'est à dire en chaman, ils n'oseraient pas lui mentir. Audhild espérait que le village lui apprendrait enfin ce qui avait frappé la forêt. Car en fait, la panthère ne l'avait pas fait ... Elle jeta un rapide coup d'oeil derrière elle pour voir si le félin l'avait suivi, puis se concentra de nouveau sur la réponse qu'allait lui fournir les nains.