Au bout de la digue [Elvith]

L'albinos, pris d'une crise de masochisme soudaine, posa le plus sereinement possible la plaque avant de se mordre la main. Puis, une fois qu'il sentit le goût de son propre sang dans sa bouche, il arrêta de s'agresser et ricana. Qu'est-ce qui avait causé cette crise, c'était une bonne question ...

Le fou calmé repris la plaque et s'agenouilla. Une idée lui vint. Il posa la plaque au sol et imprima neuf de ses doigts dans les cercles en exerçant une certaine pression. Ses yeux, après la crise d'il y a quelques instants, étaient plus rouges que jamais et même Slamar, intimidé, ne faisait plus un geste ni un bruit ... Elvith s'en rendit compte et tourna légèrement la tête pour s'adresser au serpent :

- Du calme, voyons ... Il n'y a pas de raison d'avoir peur ...

Il semblait avoir totalement oublié qu'il venait de se mordre jusqu'au sang. Pourtant, les gouttes du liquide vital perlaient encore sur sa main droite ...

Slamar se glissa alors dans la manche droite de l'ensorceleur, attiré par le sang de son maître. Elvith jeta un oeil et, quand il aperçut ses blessures, parut effrayé.

- Quoi ! Je me suis fait attaquer ! Une créature invisible rôde dans les parrages, Slamar, tu avais raison ! Et je n'ai même plus de sorts !

Le paranoïaque regarda autour de lui, sondant l'air comme s'il s'attendait à y voir quelque chose ...

- Qui que tu soies, saches que le Fils de Cyric n'a peur de personne mais que tu ferais bien d'avoir peur de lui ...

Provenant des tréfonds de son imagination dérangée, les bruits de pas d'une personne qui s'éclipsait discrètement se firent entendre. Elvith eu un petit sourire satisfait.

- Merci, mon cher Slamar, de m'avoir prévenu ...

Le serpent n'avait strictement rien compris à ce qui venait de se passer, mais comme il commençait à s'habituer aux crises de son maître, il ne releva pas l'étrangeté de la situation tandis que le fou se penchait de nouveau sur la plaque pour voir si l'essai avait été concluant ...

- Ah, enfin ! Enfin, le destin se met avec moi ...

Le fils de Cyric avait pensé tout haut. Cette sensation de victoire, la première depuis quelques jours, était si grisante ...

Il réfléchit puis retenta la manipulation. Il enfonça donc neuf de ses doigts dans les cercles puis attendit en observant avec attention la plaque. Si une troisième phrase apparaissait, cela deviendrait vraiment intriguant ...

Cyric était impénétrable, ses secrets aussi, mais Elvith commençait vraiment à se demander quel était le but de cette étrange épreuve. Que faisait-il donc ici ? Ne servirait-il pas mieux les intérêts du Soleil Noir au sein de Port-Ponant ?
Slamar sentit que son maître commençait à douter. Il siffla alors et fit un rapide tour du cou d'Elvith. Étrangement, l'albinos fut rassuré par ce geste. Visiblement, l'intelligent serpent commençait à savoir de quoi son maître dérangé avait besoin ...

- Cyric ! J'en ai plus que marre !

Elvith se détourna de la plaque, dégaina sa dague fermement, et s'engagea dans le tunnel de droite d'un pas vif et décidé.

Cette attente était insupportable. De toutes façons, que pouvait-il faire avec une plaque accrochée à un mur et recouvertes d'inscriptions dans un langage qu'il ne connaissait pas ? Il avait donc pris en un éclair la résolution de s'en aller aussi vite que possible de cet endroit, d'autant plus que le fait de penser au ciel rouge l'oppressait encore ...

La robe noire à l'effigie du Prince des Mensonges traînait par terre et Elvith marchait à grand pas, une grimace de rage mélangée à de la terreur déformant son visage. N'importe quel humain aurait pris peur devant cette vision ... Elvith semblait prêt à s'attaquer aux dieux, prêt à mourir ... Du moment qu'il sortait de là ! Il eut un grognement rauque et continua sa marche.

* Yaaa ! Enfin, de la chair vivante dans ces lieux de désolation ...*

Le fils de Cyric, tout émoustillé par sa découverte, réfléchit un instant. Il envisagea d'abord de se faufiler derrière eux pour les égorger. Il n'avait pas besoin de motif autre que celui de se défouler. Ses nerfs avaient étés mis à vif par cette solitude dont il avait précédemment été victime. Il affermit sa prise sur sa dague et étudia des yeux les ombres de la salle en cherchant le meilleur chemin pour se faufiler ...
Mais il revint finalement sur sa décision et rengaina silencieusement sa dague. Il ne connaissait rien au lieu dans lequel il se trouvait. En coopérant avec ces étrangers, peut-être en apprendrait-il plus ... Bien sûr, coopération temporaire !

Le fils de Cyric eut son habituel sourire effrayant, puis s'avança de manière à bien se faire repérer.

- Bonjour à vous, humains. Je crois que je me suis égaré ici par hasard, pourriez-vous me renseigner ? demanda-t-il en commun en se forçant à sourire de manière sympathique.

Tout en avançant, la main dans sa robe prête à dégainer sa dague en cas de besoin, il examina de fond en comble ses interlocuteurs, essayant de deviner leurs intentions. Pouvait-il leur faire confiance ? Là était la question ... Ce dont Elvith était sûr, c'était que eux ne pouvait guère lui faire confiance !

Comme toujours dans ce genre de situation, Slamar se fit discret. Quand Elvith utilisait son impressionnant charisme naturel pour entourlouper les gens, il avait tout intérêt à ce qu'on ne voit pas son familier reptilien ...
Elvith était confiant. La manipulation d'autrui, tel était son plus fort talent. Ces gens allaient lui dire ce qu'il voulait savoir. Tout ce qu'il voulait savoir ...

[Psychologie -1 ; Bluff +8 ; Diplomatie +3]

Diplomatie : 14
Psychologie : 8

Les deux étrangers tournèrent la tête vers lui. Sans manifester une grande surprise, ils dévisagèrent Elvith avec une méfiance de circonstance. L'homme avait son arbalète à porté de main. Impossible de deviner leur état d'esprit en cette situation. De toute manière, la sur-confiance mégalomane d'Elvith l'empêchait de se rendre compte qu'il allait peut-être se faire abattre en temps qu'intrus dans un endroit où il n'avait rien à faire.

L'homme jeta un coup d'oeil rapide à sa camarade.

"Mais qu'est ce que vous fabriquez là?"

Il parlait commun, mais avec un accent bizarre. Elvith n'observa rien de plus, si ce n'est un gros sac à moitié dissimulé par le puits.

Elvith réfléchit un peu avant de répondre. La réflexion, c'était la clé. S'il répondait ce qui lui venait à l'esprit, il ne tarderait pas à devoir éliminer ces gens ...

* Ce que je fais là ? Je suis là pour semer le chaos et la destruction en tout monde, en tout époque ! Je suis là pour répandre la fureur de Cyric, mon divin père ! Loué soit le Soleil Noir ! Mourrez pour lui, infidèles ! *

Il eut un imperceptible sourire et répondit, décidant d'exploiter la vérité :

- Et bien, je ne sais pas trop. J'étais dans une décharge après m'être retrouvé sans vraiment le vouloir dans une bagarre de rue. Quand je repris conscience, un curieux objet attira mon attention. Et en voulant l'examiner de plus près, un génie en sortit et m'expédia ici ! Vous voyez, mon sort n'est guère enviable ...

Slamar sembla d'un seul coup mourir d'envie de siffler et de mordre la nuque de l'homme. Il lui arrivait en effet d'être au moins aussi fou dangereux que son maître ... Mais par un court message mental, le Fils de Cyric imposa le calme à son ami. Ces deux-là avaient vraiment une relation qui transcendait l'habituelle relation mage-familier ...

[Bluff +8]

Bluff : 11
Détection : 16

La main de l'homme s'était sensiblement rapprochée de la poignée de son arbalète. Un avertissement implicite pour Elvith, lui indiquant qu'il avait tout intérêt à rester à distance et à ne pas faire de geste trop brusque. Même s'il semblait indécis à propos de l'histoire d'Elvith, mieux valait ne pas tester ses réflexes.

-Un génie? Qu'est ce que c'est que ces conneries...

La fille s'était mise un peu à l'écart. Ses yeux vert se plissèrent légèrement. Elle n'avait pas l'air plus tendre que son camarade.

-Fait attention, c'est peut-être un tordu.

Puis à Elvith :

-Et... c'est arrivé il y a longtemps, cette histoire?

* Moi ? Un tordu ? Mais mon pauvre ami, tu es bien loin de la réalité ... *

- Hum, non, enfin ... je ne crois pas. Je me suis retrouvé dans ces tunnels il y a peut-être ... une heure ? Mais allez-vous me dire où nous nous trouvons, oui ou non ? Cet endroit me fout la chair de poule ...

Bien que sa requête puisse paraître agressive, le Fils de Cyric mobilisait encore tous ses talents pour rester calme et poli.

* En fait, vous devriez avoir bien plus peur que moi, pauvres imbéciles ... *

Le Fils de Cyric pensait déjà à la mort brutale qu'il offrirait à l'homme et aux délices pervers dont il jouirait avec la femme aux yeux verts ... Slamar aussi s'excitait, mais tout comme son maître, il se contrôla. Elvith hésita quelques secondes, fixant le mur situé derrière les deux personnes d'un air absent, puis décida de ne pas ignorer la remarque de l'homme :

- Si cela peut vous rassurer, je ne suis pas un tordu ... Peut-être est-ce le symbole sur cette robe qui éveille en vous ces soupçons ? dit-il en désignant le symbole de Cyric qui ornait sa robe.

Avant d'aller plus loin dans son mensonge, le Fils de Cyric préférait avoir la confirmation qu'il s'engageait dans la bonne direction. Il attendit donc que l'homme lui donne une réponse ...

Détection : 15

La femme eu une sorte de ricanement sinistre comme si Elvith venait de tomber dans un piège. Un sourire ourla ses lèvres, et l'albinos remarqua alors que ses dents étaient pointues. Une lueur de mauvaise augure passa dans ses yeux verts intenses.

- Bien sûr que si, vous êtes un tordu. Vous n'avez plus la notion du temps. Surtout si vous venez des niveaux inférieurs, mais ce serait fort intriguant puisque rien n'a émergé de là-dessous depuis des lustres...

- Et s'il disait la vérité ? Il y a eu une surcharge dispersée dans le réseau tout à l'heure. C'était quand même un peu trop important pour une connexion erratique, intervint l'homme.

Brusquement, une sorte de grondement sourd résonna, interrompant la discussion. L'homme empoigna son arbalète, aux aguets.

- Tu as entendu ça?

- Bien sûr, je ne suis pas sourde, répondit-elle sèchement.

Cela n'avait rien avoir avec ce qu'Elvith avait pu entendre tout à l'heure. Ce n'était pas le vent qui produisait ce son. C'était plus net, plus... proche. La femme lança un regard meurtrier à l'ensorceleur, comme s'il était la cause de leurs désagréments. Puis elle dit à son camarade :

- Va vérifier le sceau. Vite.

Il inclina la tête et disparu au pas de course, dans le passage à gauche de celui par lequel Elvith avait émergé. Pendant ce temps, la femme posa nerveusement une main ornée d'un anneau d'argent sur le pommeau de son long poignard, ne quittant pas Elvith des yeux.

(HRP : je te ferai un plan en ASCII Art dès que possible, parce que ça devient chaud à suivre... )

* T'as d'beaux yeux. Et visiblement, tu n'as pas que ça de beau. *

Elvith eut d'amusantes pensées perverses et il fixa les yeux de la femme, puis étudia tout son corps sans nullement tenter d'être discret. Ses formes étaient-elles satisfaisantes ? Elvith avait une envie phénoménale de sexe ...
En même temps, cette histoire de "niveau" l'interpella. Il était visiblement dans un autre plan, il l'avais deviné en pensant au ciel rouge, et visiblement dans un plan à strates. Quel plan à strates pouvait être aussi inaccueillant et énervant ? Il préférait ne pas l'imaginer ...

- Bon. Ma chérie, tu veux bien me dire où on est cette fois ? Ma patience a des limites ... demanda-t-il en montrant clairement qu'il n'avait pas l'intention de se laisser dominer par une vulgaire femelle ...

C'est alors que le tunnel gronda et que l'homme s'éclipsa en parlant d'un "sceau". Elvith supposa que le sceau était peut-être la plaque qu'il avait actionné précédemment. Il ajouta alors, d'un ton nonchalant et après avoir suffisamment attendu pour être sûr de ne pas être entendu par l'homme qui s'en allait :

- Et ce sceau, il ressemble à quoi ? Peut-être suis-je tombé dessus en venant ...

Pour sûr, la fille possédait de sérieux atouts. Ses cheveux roux un peu filasse encadrait un visage sans défaut, et elle devait bien faire son mètre quatre-vingt. Toutefois, il y avait quelque chose de malsain dans son regard, quelque chose que même Elvith, si fou fût-il, ne pouvait s'empècher de trouver dérangeant.

-Appelle-moi encore comme ça, et tu va le sentir passer.

La menace claqua d'une voix sûre, de celle qui ne se répète pas.

-Cet endroit n'a pas de nom. S'il en avait un, il a été oublié depuis longtemps.

Elle jeta plusieur coup d'oeil vers le passage, guettant le retour de son camarade. Un nouveau grondement sourd se fit entendre, plus lointain cet fois. Etrangement, cela semblait être le seul bruit capable de résonner en ces lieux.

-Tu ne poserai pas la question si tu avait vu un sceau. Que crois-tu avoir vu ?

* Gniark gniark ... Pitoyable fille, tu finiras comme toutes les autres ... *

Elvith résista à l'envie de se jeter sur la catin et de la violer dans l'instant. Il lâcha un grand sourire pervers qui ne laissait aucun doute sur ses pensées et répondit avec un air de délectation :

- Hum ... comme tu veux, ma che ...

Il laissa un instant de pause tout à fait volontaire. Allait-il dire "chérie", bien qu'elle lui ait intimé de ne pas le faire ? Le premier instant, il voulut le faire par pure provocation, mais il décida de faire durer un peu plus le petit jeu. De toute façons, l'issue était inévitable. La fille serait à lui, puis il la tuerait.
Il voulait pousser la catin à s'énerver, car "à vaincre sans danger, on triomphe sans gloire". Et Elvith Gent le mégalomane aimait bien, ça, la gloire. Oh, oui, il aimait bien. Slamar le serpent aussi aimait bien. Et dans le cas présent, le reptile aimait tout autant qu'Elvith les rondeurs de la femme aux yeux verts.

- ... re. Ce que j'ai vu ? Bah, un sceau. Enfin, une espèce de plaque avec des runes en infernal. A propos, j'ai un affreux doute ... On serait pas dans les Enfers par hasard ?

Une très légère tension régnait dans son esprit. S'il était effectivement aux Enfers, il était en territoire ennemi. De plus, la putain en face de lui pouvait dans ce cas-là être autre chose qu'un simple objet de plaisir, comme une succube ...

(HRP: pour ta culture, les succubes viennent des Abysses. )

Au sourire libidineux d'Elvith, la rouquine répondit par une moue méprisante et agacée, comme on regarde un tas de fumier.

-Ce n'est pas un sceau, c'est un rack de commande... Enfin bref, tais-toi, ton bavardage m'agace.

Elle n'avait visiblement pas envie de satisfaire la curiosité d'Elvith. Le retour de l'homme mis momentanément fin à la discussion. Essoufflé, l'arbalétrier annonça d'une voix inquiète :

-Il a viré au jaune. C'est pas bon.

-Rentre au camp tout de suite. Il faut prévenir les autres qu'au moins une de ces cochonneries traîne dans le coin.

L'homme à l'arbalète s'exécuta tout de suite et disparu de nouveau dans le passage obscur. Elvith se demanda alors s'il n'était pas la cause de tout ceci, en ayant touché les runes infernales alors qu'il n'aurai pas dû par exemple... La femme s'apprêta à le suivre, mais s'arrêta comme si elle avait oublié quelque chose. Elle se tourna vers Elvith :

-Ah oui, j'allais oublier : casse-toi.

[HRP : ok, j'avais oublié, disons qu'Elvith avec ses connaissances à propos des plans qui sont proches de zéro ne le savait pas ^^]

* Un rack de commande ? Un sceau qui vire au jaune ? Des cochonneries ? Un camp ? Des autres ?... *

Elvith était perturbé. Il avait envie de crier pour laisser s'échapper sa frustration. Et bien que toutes les règles de la logique lui disaient de se taire, il cria. Il cria de toutes ses forces, laissant s'échapper un bruit strident mêlant plainte, haine et perdition.

Sans s'occuper de la catin qui se croyait, à tort, capable de lui donner des ordres, il s'assit après son cri et se mit à caresser avec une tête triste Slamar qui faisait des tours du cou de l'ensorceleur. Elvith réfléchissait. Il devait sortir de cet endroit encore plus fou que lui très vite. Sinon, il n'y survivrait pas. Et tous ses efforts pour répandre la parole paternelle auraient été inutiles.

Il releva le regard vers la femme et la fixa plaintivement. Il envisagea de la violer pour s'occuper mais décida que ça ne le sortirait pas de son problème. Il se mura donc dans un silence pesant, pensif.

La femme ne resta certes pas pour contempler la déchéance d'Elvith. Secouant la tête, elle laissa échapper un soupir et disparu bien vite dans le passage. L'albinos se retrouva seul du moins c'est ce qu'il crût au début. Assis par-terre à ressasser, son cerveau malade perdit vite la notion du temps, jusqu'à ce qu'un courant d'air froid et insistant lui fit prendre conscience que quelque chose n'allait pas. Un bourdonnement étrange si mit à vibrer dans l'air, soudainement empli de magie agressant tout ses sens.

En se retournant vers le couloir par lequel il était arrivé, il senti le souffle redoubler d'ardeur.

Quelque chose arrivait droit sur lui. S'il restait là encore une poignée de seconde, il ne tarderai pas à le savoir...

Citation :

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(HRP: toi tu est le petit E arrivé par l'ouest, en face c'est le puit, et les deux compères viennent de filer par le couloir Nord.)

[HRP : l'image est morte, tu peux me la refaire ? :p]

Qu'est-ce que ça pouvait bien être ? L'air était empli de magie. C'était un phénomène rare et grisant pour l'ensorceleur. Elvith se délecta de cette sensation pendant quelques secondes, puis se rappela à la réalité. Il lui fallait prendre une décision.
L'albinos, malgré sa curiosité maladive, craignait de découvrir la source de cette agitation. Il décida donc la fuite et s'engagea en courant dans le couloir sud, lui permettant de fuir à la fois la Chose et les deux étranges inconnus ...

Slamar avait peur. Elvith lui envoya un message qui se voulait rassurant, mais sans grand succès. Le serpent fit, comme à son habitude dans les moments de stress, des tours du cou de son maître en sifflant.

Les grands pas du fils de Cyric faisaient claquer sa robe noire dans le courant d'air, comme les robes des mariées claquaient au vent dans les contes de grand-mère.

* Une mariée ... Une jeune, fraîche mariée ... Une vierge, innocente et inexpérimentée ... *

Cette jouissance perverse faillit lui faire perdre le contrôle de lui-même. Il récupéra son équilibre et continua sa course, espérant toujours trouver une sortie de ce labyrinthe de folie ...

Elvith ralentit, pour éviter de s'écraser bêtement sur le mur qui ne tarderait pas à se dresser devant lui. Slamar était aussi anxieux que lui. Marre, marre !

L'ensorceleur continua de s'avancer, malgré les ténèbres peu rassurantes pour le commun des mortels. Mais Elvith n'était ni commun, ni mortel. C'était du moins ce qu'il croyait dur comme fer ...

- En sortant de cet endroit maudit, j'irais violer une vierge. Ca me fera du bien.

Slamar siffla un long moment, se délectant à l'avance de l'acte dont parlait son maître. Il avait prononcé cette phrase typique de ses raisonnements psychopathiques à voie haute. Preuve de son énervement grandissant ...

Dague à la main, il s'enfonça dans le noir.

Jet d'équilibre : 8

Alors qu'il fantasmait tout haut, (son esprit demeuré pensait "violer une vierge", mais ça se traduirait finalement dans la réalité par "payer une pute") Elvith sentit soudainement le sol se dérober sous ses pieds. Instinctivement, il étendit les bras pour se rattraper à quelque chose. Il parvint néanmoins à toucher le mur et à enrayer partiellement sa chute. Des angles de pierre lui meurtrirent cruellement le flanc et les jambes : un escalier! Il venait de se vautrer dans un bête escalier. Une chance qu'il avait pu freiner au lieu de partir la tête la première car il se serait certainement tué.

Le problème, c'est qu'il avait lâché sa dague dans le feu de l'action et avait pu l'entendre rebondir avec un "cling" métallique. L'ensorceleur perdit ensuite de longues minutes à chercher son arme à tâtons dans le noir, espérant ne pas s'entailler les doigts en mettant la main dessus.

Alors qu'il venait d'explorer plusieurs marches à la recherche de sa dague (ce damné labyrinthe s'enfonçait en plus sous terre?) un nouveau bruit se fit entendre tout à coup : une sorte de clic-clic mécanique régulier comme un métronome. Impossible d'en définir exactement la provenance. Cela semblait très proche, mais comment savoir avec ce sens de l'écho bizarre?

* Clic clic ?*

L'esprit du jeune Elvith commençait à saturer. Et trop d'informations dans un esprit torturé, ça n'améliore rien.
Se prenant la tête entre ses mains, comme s'il avait peur qu'elle tombe, il s'assit sur une marche et prit plusieurs secondes pour tenter de faire le vide dans sa tête.
La dague n'était pas importante, il pouvait parfaitement l'abandonner ici. Bien entendu, il se retrouverait après démuni de toute arme, mais de quoi un demi-dieu tel que lui pouvait bien avoir peur ?
Non, en réalité, le problème, c'était que la situation lui échappait. Les deux inconnus pas nets, le souffle, le clic clic ...

* Aaaah ! J'en ai plus qu'assez ! *

Il décida finalement de continuer de rechercher sa dague, ce qui devait lui donner suffisamment de temps pour trouver une solution ...

- Ah, enfin, du calme ...

Elvith rangea sa dague puis se releva. Il s'épousseta sans savoir si c'était réellement utile. Puis il recommença à avancer, doucement, dans l'escalier. Il appuyait fébrilement ses pâles mains sur le mur, en espérant ainsi pouvoir freiner de la même manière une éventuelle autre chute.

Tout en avançant, il se demandait qu'est-ce qu'il avait bien fait pour mériter tous ces châtiments ...

* Je ne sais pas où je suis, je ne sais qui ils sont, je ne sais pas ce que je fais, je ne sais pas comment rentrer ... Au final, je sais bien peu de choses ... Ah, par Cyric, cette situation commence à m'exaspérer ! *

Slamar s'était réfugié, lors de la chute, sous les cheveux blancs de l'ensorceleur. Alors que son maître décidait de poursuivre la descente, le serpent sortit de son abri et, sentant la nervosité de son maître, tenta de le calmer en descendant doucement le long de son bras. Instinctivement, Elvith se mit à caresser son serpent qui lui tournait à présent autour du poignet et se calma légèrement ...