Au bout de la digue [Elvith]

Alors qu'il se massait les cotes en marmonnant diverses menaces à l'encontre de ces hérétiques, Elvith aperçut l'espèce de vase. Un petit sourire germa sur le visage du fou.

- Hum ...

Il s'approcha, et sortit l'objet mystérieux de son entourage d'ordures. Un espoir, fou peut-être mais un espoir quand même ... L'objet recherché par la prêtresse ?

*Qui sait ... Cet objet m'a l'air bien louche dans ce tas de carcasses, et même si ce n'est pas l'objet de ma quête, je n'en tirerai que profit ...*

Pas à un seul moment l'éventualité que le vase ait un possesseur désireux de le récupérer n'effleura le fils du Soleil Noir.
Il tenta alors, poussé par sa curiosité maladive, d'ouvrir le vase en tirant sur le bouchon. Alors qu'il s'affairait à ouvrir le vase, son esprit dérangé était déjà occupé à examiner la décharge à la recherche de quoi que ce soit d'autre qui pourrait attirer son regard.

* Apparemment, Père s'est décidé à me sortir de cette situation grotesque ... Peut-être a-t-il mis un autre indice sur ma route ?*

Alors qu'il repensait à la quête "grotesque", tout en s'acharnant distraitement sur le bouchon, il eut une brusque pulsion et balança à ses pieds le vase en hurlant :

- Quelle folie ! Oser contredire ma divine ascendance ! Dès que je me serais débarrassé de cette quête débile, je m'approcherais quand tu ne t'y attendras pas et je t'égorgerais dans ton sommeil ... Hum ...

Un sourire de plaisir malsain apparut doucement sur le visage quasi-blanc.

- Je te violerai, je te tuerai et je te violerai encore ! Je répandrai tes membres à travers le pays ! Je me délecterai de tes yeux ! Enfant de catin ! Tu vas connaître la souffrance, la vraie douleur, l'agonie ! Même après ta fin charnelle, Cyric le Grand te fera découvrir milles et une horreurs ! Je t'écorcherai et je me ferai un drap de ta peau ! J'ornerai ma dague de ta chevelure infâme ! Tu n'es qu'une fausse fidèle du Prince des Mensonges, une hérétique infiltrée !

Un frisson parcourut son corps, une envie brusque de tuer ... Il récupéra le vase et retenta de l'ouvrir, en s'appliquant cette fois-ci mais en souriant, ses désirs psychopathes le hantant ...

Tandit qu'il hurlait au ciel, le bouchon résitait avec vigueur. Il était même vachement résistant pour un bouchon. Comment? Une saleté de bouchon résiste à l'héritier du Dieu Noir? Ah c'est comme ça? Tiens prend ça, cochonnerie! Un coup sur un bout de ferraille et crrraac! A plus de bouchon! Ooops, y'a plus de vase non plus...

Et alors qu'Elvith contemplait les morceaux fracassé du petit récipient, une drôle de fumée bleue s'en élèva. Une sorte de tourbillon se forma, et une tête humaine en émergea. Enfin humaine... deux yeux, une bouche et un nez n'a jamais fait un visage humain. Pour l'instant, un masque grimaçant comme un ogre toisait l'albinos à environs trois mètres du sol. Et alors que d'autres éléments d'un corp prenaient forme à leur tour, ce visage déclama d'une voix discordante :

- AAAaahHH ! PAr TOUT les déMONS ! J'AI HOrreur qu'on ME révEILLE en SURsaut !!

Elvith eut d'abord une réaction de prudence et recula. Puis il examina la créature, et, décidant qu'un demi-dieu ne devait pas avoir peur d'un truc pareil, il se reprit et se redressa fièrement :

- Elvith, fils du Soleil Noir. Enchanté. Bon, la politesse débile passée, veux-tu bien ne pas faire tant de bruit ? Ca me fatigue ... Bon, en fait dégage avant que je m'énerve ! Allez, me fais pas attendre, j'ai un objet à retrouver ! Apparemment ça devait pas être ce vase, ou alors c'était de la camelote ... et en plus avec un gadget à l'intérieur ...

Dédaigneux, il regarda la créature, attendant visiblement qu'elle décampe et certain de sa supériorité. Comme très souvent, Elvith se surestimait ; conséquence de sa mythomanie intense ... Peu de gens se prenait pour le fils d'un dieu supérieur du Mal !
De plus, ses pulsions destructrices ne l'avait pas quitté et son sourire fou aurait effrayé le plus preux des paladins.

Elvith Gent s'imaginait toujours, dans un coin de son esprit torturé, laissant libre cours à ses fantasmes les plus sordides sur la prêtresse ...

Le corp de l'apparition semblait avoir enfin pris toute sa substance. Se dressait maintenant un humanoïde bleu musclé et glabre de presque trois mètres, avec un certain nombre de tatouages tribaux et de bijoux dorés. Il ne portait pas d'autre vêtement qu'une sorte de drapé rouge pâle.

- Qu'est ce que c'est que j'entend? Un petit avorton qui me menace?

Sa voix avait trouvé un timbre à peu près normal. Il fixa Elvith de ses inquiétants yeux noirs. Et brusquement, l'ensorceleur eu l'impression qu'une pointe de feu venait de lui transpercer le crâne, le laissant chancelant. Etait-ce du fait de l'individu devant lui?

- Mmh, hé hé hé hé ! Peut-être vais-je pouvoir enfin me distraire, après m'être ennuyé tout ce temps...

*Aïïïe ! Ma tête ! Tu vas le payer, maudite apparition !*

Ces pensées le submergeait pendant qu'il luttait contre la douleur. Puis la créature parla, et Elvith écouta attentivement tout en tentant de contenir la douleur. Il réfléchit longtemps et pesa bien ses mots :

- Tu sembles puissant. Si tu cesses de m'infliger ces douleurs, peut-être pourrais-je te recruter au nom de mon père Cyric ?

Les précédents échecs de conversion refirent surface dans son esprit tourmenté et il ajouta :

- Enfin, tu t'en fiches peut-être ... Alors ...

Il retint un cri de douleur.

- Alors ... Si tu cesses immédiatement ce que tu fais à mon esprit génial, je ... je ferais ce que tu voudras ...

Alors même qu'il prononçait ces mots, il pensait déjà :

*Et ensuite je me vengerais ... Ta mort sera horrible, tes cris résonneront jusqu'aux étoiles ... Tu ne perds rien pour attendre !*

- Je peux peut-être aussi t'aider à tuer l'ennui qui te ronge ? Peut-être désires-tu te venger de celui qui t'as mis là-dedans ?

*A moins que ... que tu ne sois un génie ? Un génie ?! Un vrai ? Serait-ce possible ?*

Sur ces interrogations, Elvith s'arrêta de parler, attendant une réponse tout en luttant le mal qui le rongeait. Peut-être était-ce justement ce mal qui avait cet effet, mais en ce moment précis sa folie semblait diminuée. Il avait l'esprit clair, enfin, même quand il avait l'esprit clair Elvith Gent restait dangereux et instable ...

(hrp : désolé du retard, j'ai eu une grosse semaine)

Le géant gloussa légerement sans se départir de son rictus sinistre qui ne laissait présager rien de bon. Un peu comme s'il cherchait le meilleur moyen de faire périr Elvith dans d'abominables souffrances. L'ensorceleur le savait bien, car il faisait exactement la même tête de sadique pervers quand il avait ce genre d'idée. Sauf que l'humain ne disposait généralement pas d'autant de pouvoir.

-Effectivement, je me fiche de ton dieu, vermisseau. Quand à celui qui m'a mit dans cette urne, connaissant le temps de vie des humains, il doit être mort depuis des siècles. Il croisa les bras et son visage se tordit en une moue méprisante. Des générations d'imbéciles ont ainsi conservé ma prison comme ornement sur leur cheminée sans me soupçonner. Humpf, enfin, revenons à nous...

Il écarta les bras et son visage s'illumina de nouveau du même sourire diabolique.

-Tu dit que tu fera ce que je veux? Et à quoi pourrai-tu m'être utile, humain?

Pour l'instant, la déconfiture d'Elvith semblait l'amuser. Mais pour combien de temps? Quand il s'en lassera, le géant risquait de passer à autre chose, et ça pourrai être nettement moins agreable.

[HRP : pas de problème ^^]

Elvith dévisagea le géant.

*Ah, tu veux jouer à celui qui fait le plus peur ? Ah ? Tu veux jouer, tu veux me mener en bateau ? On va voir qui est le meilleur à ce jeu-là ...*

Un petit rictus se forma sur le visage albinos. Puis il s'efforça de reprendre son rôle d'effrayé servile :

- Et bien, grand ...

Il hésita avant de prononcer la suite. Devait-il aller jusque là ? Renier son seul et vrai maître ? Il décida que oui : la fin justifie les moyens.

- Et bien, grand seigneur, je pourrais peut-être accomplir vos basses tâches. Je fais un parfait assassin, je suis un menteur accompli et je lance même des sortilèges. Qu'en dites-vous ?

*De toutes façons, à la première occasion, je me faufile et je me casse ... Et ensuite, dès que je sais comment t'abattre sans risque ... Hum ...*

Il retint un cri de jouissance sadique.

- Oui, qu'en dites-vous ? redemanda-t-il avec une lueur à peine perceptible de folie meurtrière dans les yeux.

Le génie se redressa. Un rire profond et crescendo, comme un roulement de gravier qui annonce l'avalanche. Un étrange coup de froid traversa l'esprit d'Elvith. La sensation lui était curieusement familière, mais il ne saurai dire pourquoi.

-J'en dit que c'est amusant. Tu es un menteur oui. Et des plus piètres. Tes capacités magiques sont celles d'un singe et tu n'a jamais tué qu'un homme dans son lit. Le seul domaine dans lequel tu excèle semble être la crétinerie. Je lis en toi comme dans un livre, tu ne croyait quand même pas me duper avec ton petit numéro?

Le géant leva une main, et quelques flammes magiques se mirent à danser. Une grosse pièce bien ronde apparu entre ses doigts.

-Allez, je te laisse le choix. Pile ou face, ça décidera de ton avenir.

Elvith se sentait de plus en plus furieux et frustré. Il ne contrôlait rien avec cet inconnu. De plus, ce dernier semblait bien décidé à ne pas laisser l'albinos reprendre le dessus.

- Hum ...

Il envisagea la fuite et réfléchit rapidement à la marche à suivre. Et alors qu'il examinait le plus discrètement possible les environs à la recherche de la meilleure manière de fuir au besoin, il répondit finalement simplement :

- Pile.

Mais déjà, il abandonnait l'idée de fuir.

* Si la souffrance doit venir, et bien elle viendra. Et, comme toujours, je l'accueillerai comme il se doit ! *

En effet, son esprit indécis avait déjà mis de côté la fuite pour laisser les pulsions masochistes s'imposer dans l'esprit du Fils du Soleil Noir ...

Le géant ne lança même pas la pièce. Il se contenta de lever un doigt avec une lueur mauvaise dans les yeux.

"Mauvaise réponse. Mais ça ne m'étonne pas de toi."

Puis Elvith se senti ébloui par quelque chose sous ses pieds. Une sorte de cercle lumineux venait de se dessiner au sol. En fait l'albinos n'avait jamais vu de portail interplanaire, alors normal qu'il ne se doute pas de ce qui est en train de s'ouvrir. Soudain, le sol perd tout substance, et la dernière chose qu'Elvith vit en tombant fût le ciel bleu de Port-Ponant et la tronche grimaçante du génie au milieu.

Sa chute fût de courte durée. Environ deux mètres. Et l'atterissage plutot dur. Quand l'ensorceleur repris conscience, la première chose qu'il senti fût le sol froid et lisse sous sa joue endolorie. En se retournant, il aperçu le plafond situé à environ trois mètres, percé d'une ouverture carré laissant entrevoir un ciel rouge étrange, chargé de nuages lourds et sombres.

La pièce en elle-même était carré, approximativement quatre fois quatre mètres. Sur trois des côtés, il y avait des portes. Enfin, ça y ressemblait. de large panneaux métalliques cannelés, mais sans poignées apparentes.

Complètement perturbé par ce trou qui s'ouvrait sur lui, Elvith ne bougea pas d'un cil, comme s'il était paralysé.

Le choc dû à la chute le rappela à la réalité, et en se frottant les yeux pour y voir plus clair il jeta un coup d'oeil autour de lui. Immédiatement, il pensa qu'il était dans une cage, ce qui eut pour effet immédiat de faire exploser toute la folie contenue en lui. Effrayé, il rampa à toute vitesse dans un angle de la pièce en beuglant de peur, jetant des regards horrifiés autour de lui. Vraiment, il était pitoyable.

Il avait succombé à cette crise profonde de paranoïa en même pas une seconde.

Il se roulait par terre, hurlant et se frappant la tête contre le sol. Un bref instant, son regard se dirigea vers le plafond, et la vue d'un ciel rouge ne fit qu'accentuer sa peur. Il se retourna brusquement, se tirant violemment les cheveux et laissant un flot de larmes couler de ses yeux quasi-rouges.

C'était vraiment la fin du monde pour le Fils de Cyric. Tous ses acquis, toutes ses certitudes s'étaient écroulées durant la rencontre avec le génie. Il n'était pas le plus fort. Cyric ne veillait plus sur lui. Des êtres encore plus maléfiques que lui existaient. Et voilà qu'il se retrouvait dans un univers qui n'était pas le sien, enfermé comme un vulgaire esclave.

Il stoppa brièvement de bouger avant de hurler avec toute la voix dont sont frêle corps était capable :

- Raaaaaaaaaah ! Noooooooon ! Pas ça ! Non ! Père ! Noooon !

Puis il sombra dans l'inconscience, son corps complètement épuisé.
La fin du monde.


Quand il se réveilla, son corps était tellement épuisé qu'il n'était presque plus capable de bouger. Seul son esprit était encore en état de marche, et l'analyse de situation fut donc inévitable. Il devait essayer de s'en aller au plus vite de cet endroit avant qu'il ne recède à la peur. Il n'y avait pas de poignées sur les portes ... Bien.
Il tenta d'évaluer la hauteur du plafond de sa position allongée, pour savoir s'il avait une chance de s'en sortir en sautant et en se hissant au rebord.

Il essayait en vain de ne pas regarder ce ciel de sang ...

Etant donné la hauteur de plafond, il serait fort étonnant qu'Elvith y parvienne en sautant. En touchant l'une des portes, la froideur du metal le fit presque sursauter. Elles étaient bizarrement faites : pas vraiment à taille humaine, sales sans être usées ou rouillées, avec d'étranges cannelure verticale. Il en allait de même des murs et du sol : gris, froids et durs, mais était-ce de la pierre ou du métal? Au bout d'un moment, Elvith envisagea ces portes comme des herses. Il fallait peut-être les soulever.

La première porte refusa obstinément de bouger. Mais la seconde en revanche réagit favorablement. Coulissant sans bruit, et restant d'elle même au niveau où l'avait ouverte, elle révèla un couloir non-éclairé qui semblait faire un coude au bout d'une vingtaine de mètre. Les murs étaient légèrement différent, d'une couleur un peu verdâtre.

La troisième porte s'ouvrit aussi. Et derrière se trouvait un couloir droit débouchant sur une autre pièce qui elle était éclairée.


(PS : Ah, merde, dans la précipitation j'ai oublié de prendre le compte narrateur. Tant pis)

Après avoir ouvert les deux portes, Elvith prit du recul et observa les deux chemins qui se proposaient à lui. L'albinos ne savait pas quoi faire : l'obscurité ou la lumière ? Shar ou Séluné ? Evidemment, il avait une forte tendance naturelle à privilégier les ténèbres. Mais là, face à ce couloir peu rassurant, il hésitait.
Cet horrible vert lui rappelait son enfance.
A l'époque, les autres gamins, le prenant pour un démon à cause de sa maladie de peau, lui lançait des légumes verts à la figure pour le repousser. Voilà que les séquelles de ce traumatisme refaisaient surface ...

Lui, à l'époque, rêvait déjà de se venger.

D'ailleurs, voilà qu'il se rappelait de son premier meurtre. Il avait chopé le leader de ses bourreaux et, par une force augmentée par magie, il l'avait tiré dans une ruelle sombre puis l'avait roué de coups avant de l'étrangler. C'était également la première fois que sa magie se montrait. Et quand il rentra chez lui plein de sang, ce fut la première fois que ses parents le regardèrent comme s'il était un cauchemar. Ses parents ... bientôt, il prendrait sa vengeance ... Bientôt, ils baigneraient dans une mare de sang à ses pieds après qu'Elvith leur ait tout expliqué : ses véritables origines, sa quête divine ... Après tout, ses parents ne l'étaient pas réellement. Pourquoi éprouverait-il le moindre remord à les tuer ? Son seul parent était Cyric, Cyric le Soleil Noir. Lui seul avait réellement pris soin de lui, aussi loin qu'il s'en souvienne ...

Finalement, refoulant ses souvenirs pour se préoccuper de la situation actuelle, il chuchota :

- Père, quel est le bon chemin ?

Sa schizophrénie prit le dessus et une petite voix dans sa tête lui répondit :

- La troisième ... Il y a de la lumière, donc sûrement des gens dedans ... S'il y a des gens, c'est que premièrement ils sont bien entrés par quelque part et que donc tu pourras sortir ... Et avec un peu de chance, tu pourras les convertir à notre culte ... Et si tu ne peux pas les convertir, tu me feras une offrande de leur sang ...

Pas plus étonné que ça, Elvith murmura :

-Bien, père.

Il dégaina sa dague, et s'avanca doucement dans le chemin illuminé en tentant de ne pas se faire repérer. S'il voulait approcher ces gens d'assez près, il devait commencer par ne pas se faire repérer au cas où ces gens soient des ennemis.

[Déplacement silencieux : 6 ; Discrétion : 6]

Elvith regarda le panneau, releva les yeux vers le couloir, et hésita. Ah, si seulement il savait ce que pouvait bien vouloir dire la phrase ! Mais là, il fallait choisir ...

Slamar sifflait, et cela énervait l'albinos. Elvith jonglait avec sa dague en essayant de se calmer mais il finit par craquer ; il attrapa le serpent par le cou et le fixa droit dans les yeux.

- Tais toi ! Tu ne vois donc pas que je suis assez stressé comme ça ? chuchota-t-il.

Il relâcha la pression sur son cher reptile, et se reconcentra sur le problème.

*Fuir ? Combattre ? Rester pour déchiffrer la plaque ?*

Après quelques rapides instants de réflexion, Elvith préféra prendre la fuite. Il prit le panneau sous son bras gauche de manière à pouvoir garder sa dague dans sa main droite, et fila dans la direction opposée au bruit.

- Aïe ! ne put retenir le demi-dieu en trébuchant. Il se releva en un éclair et brandit sa dague vers ... la plaque qui ne l'avait pas suivi. Elvith eut alors un petit sourire en coin et il murmura :

- Ah, tu veux jouer au plus malin ... Bah t'as trouvé plus fort que toi !

Alors qu'il s'apprêtait à s'engager dans un duel épique avec la plaque, il se rappela des bruits d'il y a quelques instants.

* Par Cyric ! Je dois fuir, tant pis pour la plaque ! *

Puis il jeta un regard suppliant à la plaque, comme s'il lui demandait de se détacher toute seule bien gentiment.

* Raah ! C'est trop bête, il y a peut-être de très précieuses informations sur cette plaque ! *

Se rappelant brusquement qu'il avait accès à la magie, par la grâce de son père Cyric, il sortit de sa sacoche un bout de toison de mouton, reproduisit l'incantation nécessaire au fonctionnement du sortilège et désigna du bout de son index droit l'entrée de la pièce. Il eut alors la satisfaction d'y voir apparaître un mur. Il essaya de reproduire la roche des autres murs de manière à donner l'impression à d'éventuels arrivants d'un cul-de-sac. Puis il s'assit doucement et attendit, maintenant sa concentration ... Slamar siffla, visiblement fier de l'idée de son maître, et Elvith le remercia mentalement. Puis il lui intima de ne plus faire de bruit ...

[Je lance Image silencieuse]

Elvith savait très bien que dès que sa concentration se briserait, le sort s'envolerait en fumée. Il fit donc l'effort de ne pas penser à autre chose, et c'était ardu pour le Fils de Cyric. En effet, dans ces moments de calme apparent, son esprit torturé prenait en réalité le dessus et lui envoyait des images folles de sang et de peur, de mort et de noirceur.

Mais ce jour-là, le Fils de Cyric garda ces sombres pensées dans un coin de sa tête. Il lui fallait maintenir l'effet du sort pour assurer sa survie. Il espérait même pouvoir identifier la créature qui ne tarderait sûrement plus à arriver. Enfin, si c'était bien un monstre qui était à l'origine de tout ce bruit ...

* Reste calme, Slamar, reste calme ... Non, non, pas de sifflement, je t'en conjure ... Nous ne devons surtout pas nous faire repérer ... Allez, montre-toi digne de notre créateur, Cyric, le Soleil Noir ... *

Le serpent ne fit plus un bruit et disparut dans la longue chevelure blanche de l'albinos. Elvith attendit, maintenant son sortilège et patientant.

*Hmm ... Qu'est-ce que cette attente peut-être agaçante ... Je ne devrais pas être ici, mais à Port-ponant, en train de rechercher des victimes à sacrifier à Papa !*

Le Fils du Soleil Noir fit une étrange grimace de nervosité et pendant que Slamar, tout aussi nerveux, faisait des tours de cou silencieusement, il regarda le faux mur avec hésitation.
Il ne pouvait certes pas rester là, mais l'éventuel monstre était peut-être dangereux ...

*Ah ! Tant pis !* Le sort s'évanouit sur ces lamentations. Elvith décida d'oublier ce bruit. En un instant, son esprit dérangé avait complètement perdu de vue les précédentes inquiétudes. Le Fils de Cyric afficha un sourire satisfait et se retourna pour essayer de décrypter la plaque.

- Alors, où en étions-nous ... Ah oui ! Les runes ... Qu'as-tu à me dire, petite plaque ? Ne me résiste pas, personne ne le peux ...

Il se pencha sur la plaque et tenta de déchiffrer les symboles mystérieux, toute crainte disparue de son regard ...

(HJ : j'avais même pas vu que tu avait répondu )

Un peu moins stressé par les évènements extérieurs, Elvith se repencha sur l'objet de ses désirs. L'inscription au fond de la petite alcove révélée par la tablette n'étaient pas des runes à proprement parler. Les nains écrivent avec des runes. Ici, il s'agissait plutôt d'une écriture liée, comme de l'elfique mais en plus tordu. Après avoir fait chauffer sa cervelle pendant un petit moment, l'albinos en vint à la (surprenante) conclusion que c'était de l'Infernal.

Le problème était qu'il n'avait jamais étudié sérieusement la langue de Baator. En fait, il n'avait jamais étudié sérieusement quoi que ce soit.

Sur la tablette elle-même se trouvait les neuf cercles bien alignés. Peut-être que tout cela était la partie visible d'un plus grand mécanisme, devant déclencher Cyric sait quoi. Mais comment s'y prendre, et surtout était-ce seulement en état de fonctionner?