Haute forêt: Le début de l'aventure aveugle...

Le temps passa paisiblement, sans qu'Inaëlle donna le moindre signe de présence. Néanmoins, à peine Nero eut-il terminé son repas qu'il entendit un bruit de pas, qui vint se stopper au bas du rocher, avant que s'élève la voix familière de la jeune rôdeuse:

- Bien rêvé?

Le druide avait eu raison de ne pas s'inquiéter, elle n'avait pas mis très long à revenir. A présent, il pouvait entendre qu'elle déposait quelque chose au pied du rocher.

- Je suis allée chasser, pour nous refaire un peu de bonnes provisions: deux lièvre, et bien portants! Ils seront délicieux, et leur peau est magnifiquement douce!... Attends, je monte.

Et enfin, elle après une rapide ascension, elle vint se rasseoir près du jeune Elfe.

- Je vois que tu as trouvé ma flèche. Je ne savais pas si tu connaissais ce code, mais je m'y suis risquée... Mais tu a l'air de connaître. Ah, et puis pour ma jambe, ne t'en fais pas trop, je l'ai bien pansée, et elle ne m'empêche pas de courir. Mais je fais quand même attention. Sinon, tu veux sentir la douceur de ce lièvre? Si on trouve un peu de temps après avoir ramené la plante, je pourrai faire quelque chose de sa peau... ça te dirais... Je ne sais pas... des gants pour d'hiver, ou des fourrures de bottes?

Nero, montra un large sourire, lorsque Inaëlle était revenu. Il n’avait douté d’elle, à aucun moment. Certains de la voir revenir, il avait terminé de manger son petit morceau de pain.

-« Ah, te revoilà.. Pour la flèche, et bien en fait non, je ne connais pas ce signal.. Mais je me suis douté que tu reviendrais.. » Avait-il affirmé avec un large sourire. Il était heureux de pouvoir constater par lui-même, combien il avait raison de lui faire confiance. Il attrapa son petit bandeau blanc, qui était soigneusement plié sur son genou. Se l’attachant solidement, il sentait l’odeur de sang de lièvre de si loin.

-« Tu sais coudre les fourrures ? Dans ce cas, pourquoi pas j’en serais ravi. Mais il me faut me laisser les doigts à l’air libre. Ce sont mes seuls yeux qui me permettent de voir ce que le cœur ne vois pas.. Ce qui est physique quoi.. De la fourrure pour mes bottes serait la bienvenue » Annonça t-il avec un large sourire. Sa main, trouva la douceur de la peau de lapin. L’elfe accentua son sourire. En lui, il accorda une prière pour ces petits animaux, dont la vie leurs sera utile pour préserver la leurs. *Puissiez vous trouvez le repos dans la terre, petits amis de la nature*

- Tu ne le connaissais pas? Eh bien... Sinon, oui, je pourrai refaire une beauté à tes bottes! Mais avant, nous devons avancer, et vite... nous avons déjà perdu beaucoup de temps...

La rôdeuse se tût l'instant de réunir ses dernières affaires et de ranger sa flèche. Il semblait qu'elle était plus préoccupée qu'auparavant, son humeur n'étant plus à présent aux rires et aux douceurs.

- As-tu préparé des soins? nous en auront besoin, et surtout Ailym! Et puis, nous ne devons nous permettre de ne pas être d'aplomb au cas où... la Bête nous débusquerai...

Puis, ceci dit, elle s'assit à côté du jeune druide, et, lui posant la main sur l'épaule, elle continua sur un ton plus doux et légèrement attristé:

- Je m'en voudrai de... ne pas pouvoir vous protéger, déjà que je ne pense pas être de taille à me protéger moi même... En fait, je m'en veux déjà de risquer vos vies et celle que j'ai déjà à charge...

Alors que le druide, vérifiait de bien avoir sur soit, tout son équipement, il fut immédiatement stoppé par la réaction de la jeune elfe qui le toucha. Un sourire de miel et de douceur s’afficha alors sur son visage calme chaleureux. Lendemain, il posa sa main gauche, sur la main d’Inaëlle, qui, était posé sur son épaule gauche. Baissant légèrement la tête, il mâcha ses mots avant de prendre des paroles chantantes et douces, comme celle d’un druide qui dictait son devoir..

-« Ne te préoccupe pas, c’est l’esprit encombré qu’on fait des erreurs.. Si je devait venir à mourir, c’est que mon heure était venu.. Je préfère largement mourir avec honneur, en accomplissant mes devoirs, que de partir d’une autre façon.. Je suis née de la terre, je retournerais à la terre, Inaëlle.. Rien ne pourra me faire échapper à cette règle, et je ne suis pas décidé à l’ignorer.. Seulement, s’il devait m’arriver ‘malheur’, j’aimerais que tu prennes Ailym avec toi. C’est un animal intelligent, et.. Elle est mon amie.. » Il marqua un temps d’arrêt, comme s’il était en train de prier. Il la sentait nerveuse. Nero parvenait presque à distinguer les battements de cœur de la jeune elfe, grâce à sa main posé sur la sienne. Gardant ce sourire, quelque part désolé, d’autres part chaleureux, il tourna son visage doux, dont les yeux étaient bandés vers la voix de la jeune elfe. Un rire chantant, un rire mélodieux s’évada de sa fine bouche. Totalement détendu, Néro n’avait pas la moindre peur de trouver la mort. Endoctrinée par les druides des anciennes générations, il trouvait le fait de mourir pour une cause totalement honorable. L’elf ne rajouta rien. Toujours tourné vers Inaëlle, sa main posé sur la sienne, il marqua un long arrêt silencieux. Parfois, le silence est le meilleur moyen de communiquer. Ailym, à côté, semblait s’intéresser aux lapins. Le coup tendu vers le gibier, elle exposait son mignon petit nez vers la source d’odeur. Mais bon, l’animal ne sembla finalement pas très intéressé par l’aliment, et elle s’en retourna vers d’autres occupations.

- Eh... Ne parles pas de malheurs... Nous retournerons tous à la terre, mais à nous de faire en sorte que nous le faisions l'esprit tranquille et heureux... et le plus tard que la subsistance nous le permet. Ne penses-tu pas? Aussi, si tu rejoins la terre avant Ailym et moi, je m'occuperai d'elle, promis! Elle est aussi mon amie... comme tu l'es également... et vous êtes sûrement... les meilleurs que j'aie eu, malgré le peu de temps que je vous connaît.

Elle se tut à son tour, un peu nerveuse, comme l'avait savamment pressenti Nero de ses sens affûtés... Car les siens dépassaient la vue et ressentaient bien plus profondément ce qui se cachait en chaque être. Sans le lâcher, elle revint à un sujet un peu détourné:

- Bien... Tu as de quoi soigner cette petite gaillarde?

Tournant son doux visage bandé vers Ailym, comme s’il pouvait la voir, il se mit à sourire, étouffant un bref ricanement d’amusement.

« La gaillarde va de mieux en mieux.. La plaie commence déjà à se refermer, les bandages la protèges un peu des impuretés et qu’elle se blesse elle-même.. Non elle s’en remettra. Elle est solide.. Hein Ailym ? » A la prononciation de son nom, la femelle leva le museau vers le jeune druide, lui envoya un miaule affectueux. Montrant ses dents blanches, toujours souriant, il ria de la réaction de l’animal tout en faisant oui de la tête. Toujours sa main sur celle d’Inaëlle, il se tourna vers elle

« Je garderais mes dons de la nature, si la situation empire.. Comme tu le dis si bien, ne parlons pas de malheurs, mais rien n’est à négligé.. » Se retournant sur son sac, il s’assura que tout était à sa disposition. Il avait les vivres et ses biens, il était près pour la route. Mais alors qu’il allait se tenir prêt, une lumière s’alluma. Son bâton, il ne l’avait plus. Silencieusement, il se redressa et commença à tâter sur le rocher pour trouver le bout de bois. Celui-ci ne figurait pas sur cet espace, il avait glissé de la pierre durant la nuit. Ne trouvant que de la mousse, et le pied de la jeune elfe, il se redressa comme pour se tourner vers la rôdeuse

« …euh… tu ne verrais pas mon bâton ? Je n’y accorde pas une grande importance, mais ça m’aide toujours..»

- Bien, si tu sais ce que tu fais... j'espère qu'il ne lui arrivera rien en route!

Dit la jeune femme au sujet d'Aylim, qui lui paraissait bien mal en point. Néanmoins, le soudain souci de son compagnon vint dévier ses inquiétudes.

- Ton bâton?...Ah! Je le vois! Il a glissé juste ici.

Alors, lâchant délicatement la main de Nero, elle se leva et sembla se glisser un peu en contrebas, avant de remonter avec le morceau de bois qu'elle vint déposer a côté du druide. Alors, satisfaite, elle s'adossa calmement à un pan de roche et reprit avec un air mutin et étrangement optimiste. D'ailleurs, cet jovialité donnait une légère impression d'ironie.

- Voilà. Es-tu prêts? Nous risquons d'avoir une sacré journée devant nous!

Saisissant ce long morceau de bois, Nero se tourna vers l’animal qui se dirigeait déjà vers lui. Le druide se baissa pour accueillir Ailym sur ses épaules. Elle ne mit pas bien longtemps avant de s’installer. Allongé le long des deux épaules du jeune elfe, l’animal posa plongea sa tête entre ses pattes pour commencer à dormir. D’un geste chaleureux et quelque part protecteur, il caressa son amie. Se cramponnant à son bâton, il commençait sans tarder à descendre le rocher. Le sol qui allait se présenter sous ses pieds, terre inconnu à son regard, ne semblait pouvoir l’inquiéter. Une main sur l’animal qui reposait sur ses épaules, l’autre tenant son bâton, il sauta à pied joint pour regagner le sol. Écartant brutalement les jambes, il trouva un sol approximatif et instable qui lui fit perdre l’équilibre. Il lui fallut quelques gestes de rattrapage pour éviter le plongeon, et se redressa enfin comme fièrement. Sur son visage dévoilé, voici une touche d’amusement qui venait de s’illuminer. Il justifia ses acrobaties sans s’attarder à parler d’une éventuelle chute.

-« Une pousse de pins au pied du rocher.. Il est fragile, mais d’ici quelques dizaines d’années, si seulement le temps lui offrait l’opportunité de vieillir, il sera alors plus grand et plus noble que ce fier rocher.. » Encore une fois, paradoxalement, le jeune druide se tourna vers la cible de ses propos. Comme s’il voyait, il se tournait vers la plante qu’il avait reconnu d’une façon bien précise, et quelque part un peu mystique. D’un signe de tête amicale avec un marmonnement chantant, il souhaita une très longue vie à ce jeune végétal pleine de vie. Posant calmement la pointe de son bâton sur le sol, il se redressa et se tourna vers Inaëlle.

-« Je suis fin prêt, Ailym l’est aussi. Avec habileté, la marche rapide ne me dérange pas. Seul Ailym risquerait d’être légèrement secoué.. Elle ne trouvera pas le sommeil, voila tout.. Que préfère-tu ? »

La jeune Elfe descendit à son tour du rocher, d'un leste saut qui la mena au côté de ses compagnons. A la mine qu'elle faisait et s'il eut vue, Nero aurait remarqué son étonnement marqué... La cause n'était autre que le bond entrepris par l'aveugle. Manifestation d'un don ou preuve d'une affolante témérité? Elle jugea pourtant préférable d'en faire abstraction pour l'instant...

- Bon... j'en suis désolée, mais le temps me pousse à me hâter! Alors si tu veux me suivre, Ailym devra souffrir de quelques turbulences...

Son ton, bien qu'un peu moqueur, était sec et préoccupé... L'heure n'était apparement plus aux badinages futiles. Alors, vive et focalisée sur ses objectifs, elle s'avança dans les bois, touchant la main du Druide pour l'avertir du départ tout en ajoutant:

- La journée ne sera pas de tout repos, allons-y... Plus vite ce sera fait, mieux nous nous porterons... tous.

Nero engagea la marche forcée aux côtés du jeune elfe. Un pas certains, mais parfois peut-être instable s’enchaîna alors. La grande marche débuta, et ne faisait que de débuter. L’animal sur les épaules du druide se réveilla, sentant une progression hâtive dans la forêt. Elle ouvrit ses deux petits yeux, et observa Inaëlle. Nero baissa la tête, comme pour se concentrer. Sa respiration sembla s’intensifier, c’était comme si l’aveugle cherchait à voir. D’une caresse douce, il toucha sa partenaire qui sursauta. L’animal se mit alors à scruter les environs comme un vigie dans sa tour. Du haut de son panorama, il semblait qu’elle cherchait des défauts sur le chemin. Défaut évidement presque omniscient dans une forêt de ce type. C’est alors qu’ils démontrèrent à Inaëlle, leurs grandes complicités. L’animal de son haut point de vue, chuchotait au druide à la feuille sensible les chemins à pratiquer et ceux à éviter. La précision des obstacles restait floue, Nero devait faire beaucoup d’efforts. Intérieurement, grâce aux informations données par la femelle blessée, grâce à son ouïe et son odorat, il schématisa les alentours des bois.

Un pied à droite, contournant le rocher, un léger saut pour éviter un petit tronc. Accélérant le pas, il essayait de faire comprendre à Inaëlle qu’il pourrait peut-être courir. Courir, ou trottiner. L’elfe, silencieux, semblait vouloir engager une marche forcé dans la direction désigné par la jeune elfe.

La marche durait déjà depuis une bonne heure, lorsque la rôdeuse adressa quelques mots à son compagnon mal voyant.

- Ralentissons un peu, nous sommes dans les temps. Aussi, ne te fatigues pas trop, et ne mais pas trop de zèle à foncer à travers bois!... Même si ta petite Ailym semble avoir des yeux pour deux... Il ne faut surtout pas que tu te mettes en danger, et préserver un peu nos force nous sera vital si... nous venons à la rencontrer... Son territoire n'est plus très loin, tu sais...

D'ailleurs, Nero pouvait percevoir quelques changement dans l'atmosphère ambiante: l'air devenait toujours plus lourd, les oiseaux, toujours plus silencieux et les odeurs... étrangement brouillées...
Soudain, il senti la main de l'elfe prendre la sienne, elfe qui avait pris un ton bien maternel pour lui poser cette question:

- Tu es bien sûr de vouloir continuer? Je m'en voudrais à jamais de t'entraîner dans une aventure dont tu ne te sortirais pas indemne...