Les faubourgs [Remus]

L'homme eu un léger mouvement de recul, le temps d'identifier l'énergumène qui lui sautait dessus. A vrai dire, on attendait rarement autant de politesse de la part d'un demi-orque. Toutefois, il se montra plus curieux que méfiant ou mal à l'aise, comme ce fût tellement le cas dans tout les autres endroits que Remus avait pu visiter.

"Heu, vous êtes de l'armée du Bâtard?"

Puis, comme s'il avait commi une bourde en posant cette question, il s'empressa de répondre à celle de Rémus pour changer de sujet.

"Ah, la chapelle d'Ilmater, c'est à trois pâtés de maisons d'ici, dans cette direction..."

Et il montra au demi-orque un chemin relativement clair à suivre. Rémus n'avait que très rarement rencontré d'autres prêtres du Dieu Brisé, mais nul doute que ses coreligionnaires lui réserverait un bon accueil.

*L'armée du Bâtard ?? Qu'est ce que c'est que çà ?...*
N'ayant pas eu le temps de réfléchir à la question de ce brâve homme, que la réponse de celui-ci à sa première question arriva.
Ecoutant avec attention les indications que l'homme lui donnait, il sembla finallement à Rémus que la chapelle ne serait pas trop difficile à trouver.

- Merci beaucoup ! Que votre journée soit bonne !

Laissant l'homme retourner à ses occupations, le prêtre et sa mule se remettent en route prenant tranquillemela direction de la chapelle...

La fameuse chapelle occupait un coin de rue à l'écart de l'artère principale. C'était un batiment en longueur à deux étages, avec des travers en bois à l'ancienne. Le signe des deux mains liées s'étalait sur le mur, et c'était là la seule indication. La porte à double battant qui devait donner sur la nef était légerement entrouverte, mais à part ça nul signe de vie. Même les alentours immédiats ne souffraient d'aucune agitation.

Rémus n'eu pas vraiment le loisir de frapper à la porte, une voix l'interpellant par derrière.

"C'est pour quoi? On achète rien vous savez... Ha, frère, frère!"

Le demi-orque se retrouva face à un curieux bonhomme portant les habits du culte, revenant certainement d'une course en ville. Il était petit, campé sur des jambes courtaudes, ses cheveux grisonnant en bataille formant une étrange couronne au-dessus de son visage noueux.

"Quelle heureuse surprise, que puis-je pour vous frère?"

Ce n'est qu'une fois de plus près que Rémus sonstata que son coreligionnaire souffrait d'un strabisme divergeant, ce qui rendait ce gouailleur personnage encore plus... folklorique.

Le petit homme avait beau avoir un physique bien spécial voir comique, cela n'entrait pas certainnement en considération pour le prêtre semi-homme surtout au vue de son Dieu, mais il son interlocuteur avait certes une "gueule"...

Souriant au petit homme, Rémus lui répondit :
- C'est Ilmater lui même qui a guidé mes pas jusqu'à vous mon Frère, et je vous avoue que je suis bien heureux de vous voir !
En réalité je viens d'arriver dans votre belle Cité, et pour le moment je cherche un toit pour la nuit pour moi et ma brave compagnie que voici. Il désigne sa mule. Ensuite, étant donné que je suis de passage, peut-être puis je vous proposer mon aide dans une de vos tâches ?

Le prêtre fût secoué par une sorte de rire bizarre, comme si Rémus venait de dire une chose immensément drôle. Puis il se reprit brusquement.

"Aaah oouii! Ilmater lui-même... ça doit être trrrès important alors? Mmmh? Mais bien sûr, vous pouvez rester aussi longtemps que vous le souhaitez. Nous somme toujours ravi d'avoir de la compagnie."

L'espace d'un instant, on aurait pu croire que l'homme avait dit "nous" parce qu'il se parlait à lui même. Mais certainement que la petite congrégation qui vivait là devait compter des membres plus sobre. Malgré tout, cela s'annonçait plutôt bien. A vrai dire, Rémus ne savait pas encore combiens de temps il allait rester en ville.

"Je suis le frère Ivo. Héhéhé. Mais venez donc, je vais vous présenter les autres."

*Hu ?..*
Merci frèe Ivo, je suis honoré d'être aussi bien acceuilli parmi vous. Il s'incline légèrement.
Puis il ajoute sur un ton enthousiasmé
Mais dites moi, combien de membres du clergé comptons nous ici à Lunargent ?
Vous devez avoir une charge importante avec une vcité de cette taille ?
Il marque une courte pause.
Ma fidèle mûle peut-elle nous suivre dans vos locaux ou dois-je la laisser provisoirement quelquepart ?

Trois questions dans un laps de temps aussi court, c'était assez pour inverser le strabisme de l'homme. L'oeil gauche monta vers le haut tandit que le droit glissa sur le côté. Mais en fait, il venait juste de lever le regard au ciel. Ou de regarder vers Rémus, impossible à dire.

Puis il secoua la tête, levant les bras en l'air.

"Oh, mais ne soyez pas timide! Venez donc je vous dit!"

Apparament, les questions s'était télescopées dans son cerveau sans produire de réponse à aucune des trois. S'emparant de la longe de la mule, il fit un gros noeud à un anneau de bronze près de la porte. Puis, avec une vigueur insoupçonnée, il tira Rémus par la manche.

Tout le rez-de-chaussé servait pour le culte. Une vingtaine de bancs alignés, usés par l'âge, tout comme les tentures élimées et les murs défraîchis. Une cinquantaine de fidèles devaient pouvoir prendre place ici. Au fond, après avoir passé le petit autel recemment revernis, un escalier en colimaçon menaient à l'étage. Rémus failli se casser la figure plusieurs fois en suivant à toute vitesse le remuant bonhomme. Là, au fond d'un étroit corridor, il se retrouva dans une sorte de bureau/bibliothèque/scriptorium. Les livres débordaient des étagères, s'empilant sur toute les surfaces disponibles, on manquait visiblement de place pour les rangers.

"Frère Stud, frère Gildas, nous avons de la visite!"

Les deux moines levèrent le nez de leurs écritoires. Stud, la quarantaine bien passé, le crâne nu et la mine sévère, échangea un regard avec Gildas, à l'abondante barbe couleur neige et aux épaisses bésicles vissées sur le nez, qui lâcha un petit rire.

"Hihihi, voyez son air, il ne s'y attendait pas."

Indirectement, la situation répondit aux questions de tout à l'heure. Le clergé d'Ilmater à Lunargent comptait vraisemblablement trois membres permanents pour une église de quartier, quand au frère Ivo il ne devait pas avoir de charge du tout.

C'est qu'il avait de la force le petit homme ! Ou du moins une certaine vigueur et un certain entrain ce qui surprit Rémus.
Traversant le rez-de-chaussée à toute vitesse avec juste le temps d'apercevoir la vétusté des lieux, le semi-homme manqua plusieurs marches mais il se rattrapa miraculeusement à chaque fois.
Puis, à l'étage au fond d'un couloir, la porte s'ouvrit sur une sorte de capharnaum de livres et parchemins au milieu duquel deux érudits et serviteurs d'Ilmater levèrent le nez de leurs écritures lors de l'entrée quelque peu fracassante des nouveaux arrivants.
L'un dévisagea Rémus du visage ce qui ne le rendit pas sympathique au premier abord tandis que l'autre semblait se moquer de lui !
*Aïe aïe aïe ! Ca commence fort !...*
Se ressaisissant et reprenant courage, Rémus s'inclina pour saluer ses confrères.

- Frère Stud, Frère Gildas, je suis honoré de faire votre connaissance.
Le prêtre se redresse et ajoute.
- Je fais escale dans votre belle cité et frère Ivo m'a chaleureusement acceuillit au sein de votre communauté.
Peut-être pourrais-je vous être d'une aide quelconque le temps de mon passage en ces lieux ?

Gildas mordilla le bout de sa plume, l'air amusé, tandit que Gildas se mit à sourire à son tour. Il appuya une main sur le bord de l'écritoire comme s'il allait se lever, mais finalement ne bougea pas.

"Et bien, que de civilités! Allons, pas la peine de faire autant de manières entre nous. Dit-donc Ivo, il a l'air un peu coincé, le collègue. Même au séminaire de Suzail ils ne sont pas aussi protocolaire."

"C'est parce que ça fait des siècles que tu n'a pas mit les pieds là-bas" intervint Gildas "Et toi donc, l'ancêtre!" rétorqua aussitôt le chauve.

Le vieil homme se contenta de hausser les épaules tranquillement et fit mine de continuer son travail. Visiblement, ils avaient l'air familier de ce genre de taquineries. Sans relever tout de suite le nez de son parchemin, Gildas ajouta:

"Alors, vous venez d'où, jeune homme? Eh, tiens, nous ne connaissons même pas votre nom."

Tel un vieux couple, les deux prêtres se taquinaient gentiment ce qui ne manqua pas à Rémus d'afficher un très léger sourire au coin des lèvres.
*Et dire que d'habitude ils se plaignent des incivilités de la jeunesse...*

Veuillez m'excuser. Je me nomme Rémus et avec l'aide ma mûle Miki je voyage de villages en villages par delà la forêt de Boilune et parfois celle de Bois Froid pour apporter l'aide d'Ilmater à ceux qui en ont besoin.

"Oui, oh, Ilmater accompagne ceux qui donnent sans compter pour autrui." déclara Ivo, achevant sa phrase par une sorte de salut dans le vide.

"C'est très intéressant" ajouta Stud d'un ton très tranquille. "Mais pourquoi être venu si au sud?"

Etant un prêtre itinérant, je n'ai pas d'attache particulière en un lieu donné tel que vous. répondit Rémus.
Il marque une courte pause et reprend.
Mes pas guidés par Lui, il désigne vaguement le plafond au dessus de sa tête, m'ont simplement orienté sur un autre chemin me dirigeant ainsi vers d'autres personnes ayant besoin de ses services.
Mais, comme gênait par ce qu'il dit, Rémus ajuste ses petites lunettes rondes, je vous avoue aussi que plus je m'approchais de la cité, plus elle m'intriguait et je voulais voir à quoi elle ressemblait.
Me voici donc aujourd'hui face à vous ! conclut-il en souriant, satisfait de ses explications.

Stud grommela quelque chose dans sa barbe, comme s'il allait reprocher quelque chose à Rémus, mais le chauve se tu finalement. Tout comme le vieux Gildas, qui semblait reconcentré sur son travail.

"Ah, mais, il faut que je trouve un endroit où vous mettre!" déclara Ivo.

Le petit bonhomme passa derrière Rémus et remonta le couloir en sens inverse. On l'entendit bientôt s'exclamer :

"Ici, ça sera très bien!"

En se retournant, le demi-orque le vit pointer une porte ouverte près de l'escalier. Et bien, cela lui réglait au moins la question du toit.

La pièce fait à peu près trois mètre sur deux cinquante, éclairée par une petite fenêtre étroite percée assez haut dans le mur. Une vieille paillasse sert de lit, à même le sol usé. A part un tabouret dans un coin et une sorte de tablette, il n'y a pas d'autre meubles. Une modeste cellule, qui semble inoccupée depuis des années. L'air hilare pour une raison connue de lui seul, Ivo repeigne vaguement ses cheveux fous avec les doigts.

"Nous avons tous eu depuis longtemps notre content de voyage. Nous étions tous missionaire itinérant à une époque plus ou moins lointaine. Maintenant nous vivons de la recopie des saintes écritures, quand nous ne travaillons pas à l'hospice."

Les yeux d'Ivo clignèrent comme ceux d'une vieille chouette. Il secoua sa tignasse ébouriffée.

"Mais, je dois préparer la prière de trois heures! Il est des braves gens qui compte sur nous. Et après, il faut que je range les provisions. Bah, tu n'a qu'à y aller sans moi, puisque tu es si pressé. Ce n'est pas bien loin de toute façon. Deux rues à peine."

Puis il tourna les talons, comme appelé par une voix inaudible. Le petit prêtre traversa le couloir et disparu dans l'escalier. Et au dernier moment, quand Rémus ne s'y attendait pas, il remonta brusquement, passant la tête par l'encadrement :

"Dit-leur que tu viens de ma part. Ils comprendront."

Puis il disparu de nouveau dans l'escalier -pour de bon cette fois.

Malgré une certaine déception quant à la réponse d'Ivo, Rémus ne s'en laissa pas pour autant démonté et entreprit donc d'aller visiter la ville et l'hospice seul.
- Ah ?... Bon, d'accord. Tant pis, j'irais seul alors. Merci pour les indications ! Bonne préparation et bon rangement !!

Laissant Ivo à ses importantes tâches, le prêtre tourna les talons et prit tranquillement le chemin de la sortie et de la liberté.
*Oulala, je ne sais pas depuis combien de temps il sont enfermés là dedans mais ils feraient bien de reprendre la route de temps à autre...*

Une fois dehors, il se remémora les paroles d'Ivo et réalisa qu'il n'avait aucune indications précises si ce n'est le fait que l'hospice se situait à deux rue du temple d'Ilmater.
Regardant autour de lui et ne sachant quelle direction prendre il décida finalement d'aller droit devant lui.
*Voyons voir, Ilmater guide mes pas vers ceux qui ont besoin de son aide. Au pire je visiterai la ville !*

En s'approchant un peu, Rémus compta six ou sept personnes attroupées autour d'un petit chariot. Il ne pouvait voir qui parlait à ce moment là, mais il saisi un morceau de conversation.

"...il est immense! Je ne sais pas ce que c'est, mais il n'est pas humain."

D'autres exclamations confuses parcoururent la foule.

"Incroyable!"

"C'est un géant, vous croyez?"

"Dire qu'il est à nos portes!"

Rémus était pratiquement arrivé sur place. Un homme d'âge mûr se tourna vers lui. A la grande surprise du prêtre, il pâlit soudainement, comme si le gaillard venait de voir un fantôme. Le mouvement se propagea est tout les autres regards furent tour à tour attirés vers le demi-orque. Et tous se peignirent des couleurs de la crainte et de l'inquiétude.

Ils s'écartèrent, murmurèrent, et se dispersèrent comme s'ils venaient de se souvenir qu'ils avaient quelque chose de très urgent à faire.

Pour le prêtre, cette réaction avait de quoi surprendre. Il avait souvent souffert du mépris des autres, mais si en arborant les couleurs d'Ilmater, cela ne durait jamais longtemps. Mais c'était bien la première fois qu'il inspirait un tel effroi. Un autre homme près du chariot, qui devait être au centre de la discussion de tout à l'heure, s'empressa en le voyant de remballer son matériel de rémouleur itinérant. Lui aussi semblait très pressé de partir.

L'homme sursauta comme un voleur pris sur le fait en l'entendant s'adresser à lui. Il tremblait comme une feuille, fixant avec effarement Rémus qui arrivait sur lui. Décidément, quelque chose ne tournait pas rond ici.

"Euu-euuh, écoutez, j'veux pas d'ennuis! Je faisais que passer, j'ai juste vu de loin, hein! C'est tout, j'ai rien vu d'autre, promis!"

Le rémouleur remballa en catastrophe. Il avait visiblement très peur de ce que Rémus pourrai lui faire. Mais quoi donc? Le demi-orque n'avait rien d'un envoyé du diable pourtant. L'homme enpoigna les bras de sa charrette, prêt pour le départ.

"J'suis qu'un honnête travailleur! J'ai rien fait de mal!"

Autour d'eux, les passants les évitaient soigneusement. Tout en leur jetant des regards furtifs, histoire de savoir ce qui allait se passer.