Sous les feuilles du Yuir

Arrivé à l'ombre des grands feuillages de la forêt d'Aglarond, Edelinda respira un grand coup. Décidément, on ne pouvait définitivement rejeté son espace d'origine, elle ne serait jamais chez elle que dans la forêt. La profonde nostalgie qui la ramena à son enfance lui fit aussi se rappeler les raisons de son départ.

N'ayant personne sous la main pour raconter ces douleurs, elle se mit à parler à son loup, lui, il la comprenait toujours, ses yeux le lui témoignait: "Oh mon peit Korolenko, on erre depuis si longtemp, pourquoi sommes nous partis? Parce que je t'aimais trop. Je t'aime encore, je t'aimerai toujours autant. Je ne peux plus me passer de ta présence, quand tu es arrivé, tu as volé ma vie, tu t'es emparé de mon coeur, tu m'as obligé à t'aimer"

La jeune elfe insouciante plongea son nez, ses mains, dans la fourrure de son loup, comme elle le faisait si souvent, pour lui montrer qu'elle l'aimait et elle aussi avait besoin de ces profonds contacts physiques pour donner un sens à la vie.

Après un bout de temps passé à de diverses démonstrations d'amour, Edelinda se releva et réfléchit à son destin proche. Ils étaient probablement enfin arrivés à bon port, ils trouveraient bien, dans cette trop grande forêt, des tribus d'elfes en mesure de les aider. Quittant alors le chemin, elle avanca dans les sous bois.

Sans peur d'alerter de vils créatures dans un domaine si paisible, elle se mit à demander de l'aide en criant, tantôt en elfique, tantôt en sylvestre, espérant bien pouvoir alerter ses semblables de la présence d'une jeue elfe en détresse.

Edelinda redescendit prudemment de son arbre, réfléchissant pourquoi elle avait pensé un seul moment que le pisteur serait assez bête pour se montrer au grand jour. Encore une fois, ses instincts barbares ressortaient, et quand elle essayait de réfléchir, cela parvenait rarement à une solution extraordinaire. Quand elle fut revenue sur la terre ferme, elle réfléchit encore, scruta les bois autour d'elle, puis se dit que son pisteur n'était peut être pas méchant mais simplement timide.

Elle décida alors de lui faire comprendre qu'elle savait qu'il était là, se demandant encore si ce mystérieux personnage existait bien. Elle prit son courage à deux mains, suivant une fois encore ses instincts, et dit de la voix la plus douce et la plus sure d'elle possible:" Je sais que vous êtes là, arrétez de me suivre, et montrez vous, n'ayez pas peur, je ne vous ferai aucun mal." Edelinda se dit que, au pire, si personne ne la suivait, il n'y avait personne aux alentours pour se moquer d'elle

Un petit rire amusé résonna sous les arbres. Impossible de savoir d’où il venait, il se répercutait sur l’écorce des végétaux, rendant introuvable la localisation de l’origine du rire…
Après un instant de silence, un elfe émergea du couvert des arbres, un arc à la main, un carquois de flèches dans le dos. Ses vêtements simples mais confortables étaient conçus pour faciliter son déplacement dans les bois, il n’y avait aucun doute là-dessus.
Il était séduisant, mais la neutralité de ses traits était dérangeante, voir effrayante…

-Oh non, j’imagine bien que vous ne me ferez pas de mal…

L’ironie était par contre parfaitement perceptible dans sa voix, ce qui ne manqua pas d’agacer Edelinda…

-Sinon, vous vous seriez sans doute montré bien plus prudente et discrète… La chance y est pour beaucoup dans le fait que vous ayez échappé à cet animal…

Tandis qu’il parlait, Korolenko s’était approché de lui, méfiant au départ, puis, petit à petit, bien plus détendu et amical…

Edelinda n'avait en personne une confiance parreille à celle qu'elle postait pour son chien, alors quand il s'était méfié au début, elle était resté sur ses gardes, mais maintenant qu'il se montrait convaincu de la pacificité de l'étranger, elle ne voyait aucune raison de ne pas en faire autant. Elle rangea alors son baton, et décida de se montrer amicale avec l'inconnu.

-Ohoh, mais vous semblez bien connaitre cette forêt et les monstres qui l'habitent? Vous m'avez suivi tout à l'heure, sans aucune difficulté, dois-je déduire que vous avez l'habitude de chasser les betes de la foret? Connaisseriez vous une tribu d'elfes sauvages qui vit dans cette forêt, je cherche en vain ceux de mon espèce. Voulez vous que nous parlions un peu?

Elle ne savait trop qu'ajouter, intimidé par le regard de l'inconnu, et décida d'attendre qu'il exprima clairement son avis.

L’elfe regarda Edelinda, et l’écouta parler sans l’interrompre.
Il approcha ensuite d’elle, et elle pu mieux discerner ses traits. L’impression générale restait la même. Mais elle fut surprise pourtant de voir sa haute stature, et sa carrure large. Il était quand même fort costaud pour un elfe… De plus, elle n’arrivait à définir s’il était sauvage, de lune, ou autre…

-Une tribu, peut être, un groupe sûrement. Ca dépend pourquoi ?

Il éluda les questions précédentes, jugeant sans doute qu’il était inutile d’y répondre.

Edelinda avait volontairement posé trop de questions, et des questions trop directes, pour que l'étranger se snetent au moins forcé de répondre aux plus simples, celles qui l'intéressait vraiment. Malheureusement, l'elfe, qu'elle gardait tout à fait en confiance par ailleurs, était resté très mystérieux, ce genre de personnage semblant bien lui convenir. Comme il avait ciblé sa réponse sur la question primordiale d'Edelinda, elle décida de profiter de cette brèche pour s'y engouffrer et obtenir un maximum d'informations...

-Et bien oui, je cherche une tribu d'elfe dans cette forêt, qui pourrait m'aider et m'accueillir un moment. Voyez, je suis seule et ça ne me convient pas,, j'aimerais rejoindre les miens, ou au moins voyager avec une perssone, avec qui je pourrais partager mes pensées, et ve pas les garder au fond de mon esprit toute la journée.

Disant ceci, elle avait espérée que l'elfe pourrait lui donner les informations nécessaires pour oursuivre sa quete, et elle attendit, tendue, sa réponse.

L’homme la regarda un instant, les traits insondables…

-C’est pas une tribu… Suivez moi…

Aussitôt, il fit volte-face, et s’enfonça entre les arbres, rapide et agile, sans même s’assurer qu’Edelinda le suivait… Après quelques minutes à peine, la jeune femme se rendit compte qu’elle était tellement déboussolée qu’elle ne parviendrait même pas à retourner par ses propres moyens à la clairière…

Si l’homme avait de mauvaises intentions, elle risquait fort d’avoir un peu de mal à se trouver un endroit hors de danger… Néanmoins, elle se fiait à Korolenko, et ce dernier suivait l’homme, le pas léger…

Edelinda fit comme elle avait toujours fait avec Korolenko quand avait commencé cette véritable histoire d'amour, elle lui confiait sa vie. S'il suivait l'homme, alors il n'y avait aucune raison pour qu'elle ne le suive pas, et s'il s'était jeté dans une rivière à fort courant elle l'aurait fait. Néanmoins, ce n'était pas en son ami qu'elle n'avait pas confiance, c'était en elle. Elle avit peur de ne pouvoir suivre le rythme de cette homme vraisemblablement habitué à courrir dans les bois. Elle l'était moins. Elle lui cria donc entre deux respirations:

- N'allez pas trop de vite, je vais vous perdre. Elle se garda tout de même d'alerter toute la forêt, et mesura son cri pour qu'il porte le moins loin possible, tout en se rendant audible à l'étrange inconnu. Espérant que celui ci ne reste pas sourd à son message, elle continua à courrir derrière lui, sentant son souffle petit à petit lui manquer. Elle esperait que l'homme s'arreterait le plus vite possible

Filant entre les arbres, l’homme ne fit pas mine d’entendre la plainte d’Edelinda, et ne ralentit pas l’allure. Mais fort heureusement, les arbres s’espacèrent, et les déplacements de la jeune femme devinrent bien plus faciles…

Une minute plus tard à peine –le trajet avec été court point de vue temporel, mais les muscles d’Edelinda protestaient après l’effort qu’ils avaient dû fournir… en effet, la distance parcourue était appréciable…- ils arrivaient en vue d’un campement déjà énorme mais en pleine construction…
Elfes et demi elfes s’agitaient, opéraient sans un geste de trop, parfaitement organisés.

L’homme, impressionnant de taille par rapport aux autres, se retourna, et le sarcasme immanquable franchit ses lèvres, alors qu’il ne montrait pas le moindre signe d’essoufflement, contrairement à la jeune femme :

-Ca manque d’entraînement tout ça…

Edelinda fut soulagée et heureuse de voir enfin l'homme s'arréter. D'une part, elle doutait un peu dans son jugement, mais finalement il l'avait mené à bon port. D'autre part, elle était fatiguée de courrir. Elle caressa son loup derrière la tête, le remerciant de sa confiance aveugle mais juste, puis se redressa pour regarder l'homme qui l'avait aidé. Elle sourit à sa remarque, puis lui dit:

-En effet, mais ça fasait longtemps que je n'avais pas courru comme ça, après deux ou trois fois ça devrait revenir. En tout cas, qui que vous soyez, je vous remercie de m'avoir conduit ici, je vais vous rendre votre liberté après ces quelques questions pratiques. Qui sont ils, comment dois je me présenter, pourrais je me faire accueillir parmi eux, les connaissez vous?

Estimant qu'elle avait posé suffisamment de questions, la jeune elfe se tut, contemplant le chantier. Une telle organisation n'était pas bon présage, elle montrait une autorité dans les règles qui n'avait pas souri à Edelinda dans son passé. Mais qu'importe, peut etre qu'après ces mois de chemin, elle allait trouver un foyer.

L’homme la regarda un instant en silence, puis répondit à toutes ses questions, une à une :

-Ce sont en quelque sorte les gardiens de la forêt. Ils y vivent, la protègent… Ils sont nomades et se déplacent beaucoup… Présentez-vous honnêtement et poliment, proposez leur votre aide, et vous aurez toutes vos chances…
Pour ce qui est de les connaître… Je suis un des plus hauts placés dans leur hiérarchie…

Le sourire en coin qu’il arborait laissait clairement voir son amusement…

Edelinda se demandasi quelque part, l'homme en face d'elle ne se jouait pas un peu de son esprit naïf, mais elle se dit que cet humour n'était absolument pas méchant et ne la mettait pas en danger, elle se sentait juste un peu bête dans ce genre de situation. Elle décida, pour ne pas montrer une trop mauvais face d'elle même, de pratiquer l'auto-dérision, et dit à l'homme qui l'avait amené comme si elle le voyait pour la première fois:

-Acceptez mon salut, on m'a conduis jusqu'ici, et j'ai pensé à 'adresser à vous. Je m'appelle Edelinda, je suis néet j'ai grandi dans la forêt, mais j'ai du quitter ma famille un triste jour. On m'a dit que peut être je trouverais un abri ici, un foyer. Je suis venu me présenter ici, honnêtement et poliment, elle appuya un clin d'oeil, et j'espère que vous accepterez d'adopter une pauvre jeune elfe en détresse.

Elle s'inclina, malgré le côté amusant de la situation, plein de chose de sa vie se joueit en ce moment, et elle est très bien placée pour savoir qu'il y a des moments où les erreurs ne sont pas pardonnables, il lui paraissait clair que celui ci en faisait partie.

L’homme la dévisagea un instant, l’ombre d’un sourire en coin.

-Eh bien dame Edelinda, si l’envie vous est chère, notre communauté se fera un plaisir de vous accueillir parmi nous. Bien entendu, certaines conditions s’imposent… Voulez-vous en parler devant une boisson ?

Sans attendre de réponse, il s’éloigna vers le centre du campement. Il avait manifestement l’habitude qu’on lui obéisse à la lettre… Edelinda évalua la présence d’une bonne cinquantaine d’âme dans cette organisation… Sur leur passage, peu de regards se levèrent, et la vue de la jeune femme ne semblait pas émouvoir les travailleurs. Tous étaient elfes ou demi elfes.
Quelques dizaines de mètres plus loin, l’homme souleva un pan de toile qui masquait l’entrée d’une tente, et y pénétrait… Pas très galant…
L’intérieur, bien qu’exigu, paraissait confortable, et, chose inattendue, il y régnait une chaleur agréable, et même pas moite, comme on pouvait s’y attendre.

-Installez-vous…

Il lui désigna un petit coussin, face à lui…

Edelinda était heureuse d'avoir à faire à un tel homme, qu'on lui donne des ordres ne la dérangeait pas, tant que ceux ci n'étaient pas contradictoires à son objectif, et vivre aux côtés d'un meneur d'homme avait toujours été un rêve pour elle. Elle s'assit sonc comme on le lui demandait, et regarda l'homme avec un sourire gratifiant, puis sortit un petit discours qu'elle avait murement préparé tout au long de ce voyage, à l'intérieur sombre et profond de son cerveau...

-Si vous saviez quel est mon enjeu ici, ce doit être la première fois depuis près d'un an que l'on ne me regarde pas bizarrement quand je traverse une communuté. Vous savez, en dehrs des forêts, le monde est méchant, humains comme demi-elfes, et la grande ville tue l'ame. Ce que je demande ici, c'est de pouvoir être presque considérée comme une des votres, et j'obéirais à vous et à ceux qui m'auront montré un peu de respect. Je ne suis pas violente, et je ne négligerai pas vos lois, mais je march sur les routes depuis si longtemps, qu'aujourd'hui, ici, j'éspère trouver du repos, une famille, et qu'une nouvelle vie commence.

Ce n'est pas parce que ses paroles étaient préparées, qu'elles n'étaient pas spontanées et celle-ci venait du fond du coeur. Elle était illuminée de joie, son visage ne pouvait pas rayonner plus. Certainement qu'un refus l'aurait tué immédiatement, son coeur ce serait arrété comme sa joie de vivre ce serait éteinte. Elle était prête à tout pour que l'individu en face concède ce droit de résidence, même à le tuer, bien que ceci ne soit absolument pas au programme, puisqu'alors elle amoindrirait ses chances.

L’elfe sembla touché par le discours sincère d’Edelinda. Elle pouvait voir une lueur de compassion dans le fond de son regard pendant qu’il l’écoutait, et scrutait en même temps son visage en détail.

-Vous semblez avoir beaucoup souffert, Edelinda, et fréquenté les villes des hommes. Mais ne vous inquiétez pas quant au respect des autres… Ceux qui sont parmis nous sont des tous des gens de valeurs, et nous nous considérons comme des frères. Il parlait lentement, distinctement. « Du thé ? » proposa t-il. Sans vraiment attendre la réponse, il saisit une théière déjà prête posée juste à côté et servit dans deux petits bols la boisson fumante. « Mais d’où venez vous, si vous avez tant voyagé ? »

Eclairée par plusieurs lanternes, la tente était lumineuse et chacun pouvait à présent mieux se voir. L’elfe avait une peau cuivrée, presque brillante, et des yeux verts perçants. Ses cheveux bruns, très soyeux, lui descendaient jusqu’aux épaules. Il n’était pas exceptionnellement beau pour un elfe, mais son allure imposante, son visage quasi inexpressif et son regard en faisaient quelqu’un d’impressionnant.

Edelinda ne se sentit pas génée de se voir scrutée par l'elfe. Sa réponse était tout à fait dans ses attentes, et la dernière question, qui lui demandait de parler d'elle, la gêna beacoup moins qu'elle ne l'aurait dû, car la jeune elfe était en confiance. Elle ne refusa pas le thé qu'on lui proposait, bien qu'elle n'apprécie guère cette boisson. Elle laissa le bol fumant devant elle, et fixa l'elfe dans les yeux sans en ressentir de gêne, et annonça calmement sa réponse...

-Je viens des Montagnes Cuivrées, près des Bois Sauvages, j'ai en effet beaucoup voyagé, et trop vécu parmi les hommes . Je ne puis pas être plus heureuse aujourd'hui que de revoir ceux de ma race. Je vous présente mon compagnon, et mon seul ami depuis de longs mois, Korolenko, elle saisit la tête du loup, et enfouit son visage dans sa fourrure, elle remua le nez et ressentit toute la sérénité et la tranquillité du sage animal.

Consciente qu'elle manquait aux règles de politesse, elle redressa la tête et adressa un large sourire à son locuteur. Puis elle demanda dans une parfaite courtoisie:"Parlez moi donc de votre clan, de ceux que vous appelez vos frères."

-Enchanté Korolenko, dit l’elfe en se penchant pour caresser la tête du loup. Son énigmatique sourire apparut sur ses lèvres alors qu’Edelinda montrait son affection pour l’animal. Ecoutant la question de la "jeune" elfe, il inspira, et commença:

-Vous savez sans doute qu’il y a bien longtemps, la forêt de Yuir était un large royaume peuplé de nos confrères des bois. Ils maîtrisaient une magie puissante et ancestrale, et détenaient des secrets primordiaux. Mais depuis plusieurs siècles maintenant, les humains se sont installés sur les côtes, avant de pénétrer dans la forêt pour l’exploiter et en chasser les nombreux monstres qui la peuplaient. Ils se sont d’abord liés aux elfes, créant une descendance aux caractéristiques des deux peuples. Mais bien vite, répondant à leur nature, les hommes ont commencé à décimer la forêt, entraînant la colère des elfes des bois, mais surtout des demi-elfes déjà plus nombreux. Après de nombreuses batailles, ils obtinrent des hommes qu’ils créassent une nation sur les terres entourant Yuir. Ils la baptisèrent Aglarond. A présent, nous luttons pour conserver les innombrables secrets que cachent la forêt, et la défendre contre ces humains qui viennent sans cesse la piller de ses richesses. Les Thayens et les aventuriers du royaume d’Aglarond sont notre principale menace. Comme nous partageons les mêmes idéaux, nous sommes très proches et soudés. Nous agissons ensemble, avec solidarité, et avec l'aide de la nature qui nous entoure et nous protège. Il regarda alors la jeune femme avec plus d'attention, dans les yeux. "Vous pensez vous capable, digne et envieuse de vous joindre à nous, Edelinda?"