L'Auberge [Klovar]...

Le barbu haussa un sourcil et s'extirpa à demi de sa cachette pour épousseter le sable du sol sans quitter l'apparition des yeux.

— Tiens tiens qui est-ce donc que cette photophore nocturne? interrogea-t-il avec un sourire engeoleur.

[Connaissance (Mystères)]

— Mon cher Ebrisk, voilà une apparition qu'il vous faut comparer avec notre fuyard de la nuit passée ...

Il hocha la tête en place de salut.

[Connaissance Mystères réussite]

La chose était bien une fée, et non pas un esprit du désert. Etrange, car généralement ce genre de créature préférait les bois et les forêts. Donc si il y'en avait une ici c'était que quelqu'un l'avait ammené... Et il se pourrait bien que cela soit Klovar, à son total insu. La fée se stabilisa devant le mage, des petites étincelles pleuvaient sous ses ailes. Elle battit comiquement des sourcils, analysant le barbu sous toutes ses coutures. D'une petite voix elle se présenta :

"Qui es-tu toi ? Moi je suis Ysa. Ysa la fée, oui. Alors qui es-tu ? Tu as beaucoup de poils ! Pourtant tu n'as pas l'air d'un ours... Et ça c'est quoi ?"

Soudainement elle descendit devant Ebrisk. Elle semblait intriguée par le familier.

Ebrisk n'aimait pas beaucoup la nouveauté et il se cacha derrière son maître, laissant juste entrevoir un oeil.
Klovar inclina la tête et répondit:

— Derrière moi son altesse Ebrisk, mon compère et familier, et moi je suis Klovar, un homme, certes velu néanmoins tout ce qu'il y a de plus banal.

— Maître elle fait des choses magiques! C'est une créature ensorcelée! glapit le petit démon.

— Paix mon minuscule ami, ... cet être n'a pas manifesté d'intentions hostiles, je suis certain que si elle voulait nous occire ce serait déjà fait, rassura Klovar, ... quand à vous Ysa la fée, il semblerait que le désert ne soit pas votre élément. Par quel moyen vous êtes vous retrouvée comme nous, loin de toute oasis et de toute cité? Car je ne voudrais alarmer personne mais on ne peut pas survivre indéfiniment dans le désert, même en chassant les serpents et les scorpions pour leurs substances nutritives.

La fée sembla s'amusée de la réaction d'Ebrisk : Elle ne devait pas penser qu'une quelconque créature pouvait avoir peur d'une chose aussi petite qu'elle. Ysa gloussa, puis revint à la hauteur de Klovar. Quand le mage parla du désert la fée secoua la tête de gauche à droite, tous ses gestes étaient gracieux mais faisait immanquablement sourire.

"Il fait très chaud, trop ! Ca oui ! Mais moi je m'en moque, parce que je connais les paroles magiques qui font venir l'eau. Hihihi toi tu ne sais pas ! C'est toi qui m'a ammené ici, tu ne le savais pas ? Tu m'as transporté dans un étrange sac... Sans ménagements aucun ! Oh ça non ! J'étais malade à force d'être ballotée... Tu savais que j'étais malade ? C'est pour ça que je suis partie."

La petite voix de la fée s'arrêta un instant, elle débitait à une telle vitesse... A croire qu'elle n'avait pas besoin de respirer ! Elle haussa un sourcil, et demanda à Klovar :

"Mais toi, le velu, pourquoi tu n'es pas resté avec tes amis ? Ce n'est pas très sage..."

Klovar sourit à demi, posant la main sur la nuque.

— Ahem disons que ... je n'ai pas vraiment eu le choix. Au départ, ils devaient m'emmener au nord jusqu'à Port Ponant mais quand tu es partie, j'ai tellement retourné le sable pour te retrouver que je me suis mis en colère. Ils n'ont pas beaucoup aimé le fait que je les oblige à te chercher et ils ont préféré me rouer de coup et de me laisser frire ici ... à noter pour plus tard (si plus tard il y a) les marchands n'ont aucun humour.

Il fit monter Ebrisk sur son épaule pour le rassurer un peu, et invita d'un geste la fée à s'assoir sur l'autre.

— Bon, je veux bien faire le bat jusqu'au prochain point de civilisation si ça vous intéresse,... les désert ce n'est pas très intéressant à visiter bien que ça grouille de vie quand on sait tendre l'oreille et regarder correctement. Et je ne tiens pas à y casser ma pipe à cause de la soif, et j'ai la responsabilité de la bonne santé de maître Ebrisk.

Klovar gratta l'arrière de la tête de la créature pour lui arracher un sourire, spectacle quelque peut incongru voir repoussant, et adressa un regard bienveillant à la fée.

— Quand à vous, Ysa-la-fée, si vous voulez que nous repartions loin de cette fournaise, je suis votre homme. Nous avons choisi de nous enterrer le jour pour rester à l'abri du soleil et de sortir la nuit bien qu'il fasse frisquet. En revanche je crois qu'on se dirige dans la bonne direction pour rejoindre un peu la civilisation. Avec un peu de chance on croisera une caravane et une âme charitable me donnera un peu de travail en échange du voyage.

Il rajusta sa robe à cause du froid.

— Je vous présente aussi mes excuses, je devais vous escorter jusqu'à Port Ponant mais on ne m'avait pas dit que vous étiez une fée. Je ne devais rien ouvrir non plus, donc acceptez mon repentir et faisons route ensemble si vous trouvez notre compagnie agréable.

La fée gloussa et tourna sur elle même. Finalement elle se posta à quelques centimètres du visage de Klovar. De si près il pouvait parfaitement la distinguer. Elle était magnifique, un minuscule brin de fille. Ses paupières battirent une succession de fois, d'une manière comique. Sa petite voix reprit:

"Pourquoi viendrais-je avec vous ? Pourquoi ? Pouuuurquoooi ? Hmmm ?"

Elle recula d'un bond, puis rit. C'était une cascade cristalline. Elle désigna le nord, le sud, l'est, et l'ouest.

"Si tu pars là ou tu pars tu sera de vieux os désséchés avant d'arriver à destination ! Hihihi ! La civilisation est partout, mais si tu ne prends pas la bonne route... Hihihi !"

En effet, Klovar ne savait pas vraiment ou il était après tout, puisqu'il ne savait pas ou il avait était enterré. C'était déjà une "chance" qu'il soit tombé accidentellement sur la fée.

"Moi je peux rentrer toute seule, d'une pensée ! Hihihi ! Mais je m'ennuie toute seule..."

Elle fit la moue, s'arrêta un court instant dans son débit de paroles. Puis demanda finalement :

"Vous voulez jouer avec moi ?"

Aïe que n'avait pas dit la fée? Déjà Ebrisk s'agitait dans tous les sens à l'idée de jouer, et ce n'était pas une sinécure pour Klovar de devoir à présent tenir la garderie, néanmoins jouer en plein désert avec une fée? Bah quitte à mourir autant ne pas le faire en s'ennuyant comme un rat mort à compter les grains de sable.

— Ce serait volontier mais cette journée m'a beaucoup épuisé, et Ebrisk et moi n'avons pas bu depuis longtemps, j'ai peur que nous mourrions tous deux d'inanition au cours de la soirée si nous ne trouvons pas rapidement à boire. Après, tant que vous voulez, si on peut trouver quelque chose de solide, du genre petits cailloux, morceaux d'os et autre, ... ou bien des noyaux de datte, je pourrais vous dessiner un damier ... mais en attendant, je crois qu'un petit remontant s'impose.

La fée secoua la tête, d'un air décidée. Ce genre de créature pouvait se montrer très têtue parfois. Elle battit des ailes, donnant plus d'ampleur à sa réponse négative à la suggestion de Klovar. Elle n'était visiblement pas d'accord, elle ne devait pas vraiment être consciente du risque que courait l'humain à rester ainsi.

"Non moi je veux un jeu, un jeu d'esprit ! Hé j'ai une idée homme barbu ! Hihihi oui une idée !"

Elle s'arrêta un instant, semblant se concentrer sur sa pensée. Finalement elle s'ébroua et lança de sa petite voix féminine :

"Je dis une devinette et si tu perds je te laisse ici ! Si tu gagne c'est à toi et tu as le droit d'en dire une ! Si je perds je t'emmène hors d'ici ! D'accord ?"

Klovar était partagé entre l'idée d'expliquer à la fée comme la situation était critique et l'envie irrésistible de jouer aux devinettes avec elles. Bien sûr en homme sage et pondéré, il choisit de jouer.

— D'accord mais si je perd tu emmènes quand même Ebrisk loin d'ici!

Elle tourna son regard vers Ebrisk, semblant peser le pour et le contre. C'est vrai qu'elle le trouvait amusant, mais sans plus. Finalement elle secoua sa petite tête de droite à gauche et lança :

"Non non non ! Les conditions sont posées ! Si tu ne veux pas jouer je pars et je te laisse ici ! Hihihi !"

Voilà qui avait au moins le mérite d'être clair. C'était un peu un marché de rhinocéros, mais Klovar avait-il réellement le choix ? Car honnêtement ses chances de partir en vie du désert, à pied, étaient extrêmement minces. Dans les deux cas il jouait tout sur un coup de dé... Le destin était vraiment pas sympa parfois, enfin, il était surtout très joueur.

Le barbu haussa les épaules. Au moins son compagnon savait que son maître tenait à lui c'était déjà ça. Cependant il les avait conduits dans le désert, c'était à lui de les en tirer ...

— Si je peux choisir où tu nous emmène tous les trois, c'est d'accord. Tu as choisi la moitié des règles, je peux choisir le reste n'est-ce pas? Si cela te convient bien chère Ysa, pose ton énigme!

La fée se dandina dans les airs pour finalement accepter d'un petit "oui". Malgré ses apparences un peu gamine elle devait être beaucoup plus rusée qu'elle ne le paraissait... Elle refléchit un instant, fouillant sûrement sa mémoire, à la recherche d'une egnime. Finalement elle prit une posture presque solennelle et déclara :

" Ce sont trois Zhents qui ont un frère en commun. Mais leur frère meurt durant un accident. Pourquoi les trois Zhents n'ont-ils plus de frère ?"

Trois phrases pour faire remuer les méninges. Quand on connait la réponse c'est toujours simple, sinon c'est assez terrible généralement.

Klovar eut un instant l'impression qu'Ysa cherchait à le mener par le bout du nez, ... il avait déjà entendu ce genre d'énigmes, et pensait que la réponse pouvait convenir pour celle-ci aussi.

— Voyons, ... je crois que je n'aurais pas besoin de faire appel à un ami ... donc ayant un frère en commun, tes Zhents sonts donc quatre au total, mais si après la mort de ce frère tes Zhents n'ont plus de frère, c'est parce que les trois soeurs ayant survécu doivent déplorer la mort de leur frère commun, je crois que cette réponse convient.

Klovar espérait ne pas avoir fait de trop grosse bourde, il était déjà à la question de "repêchage" ce qui n'était pas bon signe en général pour un si vieil étudiant.

La fée s'envola de quelques centimètres, battant des ailes avec une frénésie renouvelée, elle applaudit même Klovar pour son "exploit". Elle redescendit ensuite plus calmement, ayant l'air en fait peu surprise de la réussite du vieux mage.

"Ouiiii c'est ça ! Celle-ci est facile ! C'est à toi le barbu ! Essaye de me pièger hihihi !"

Elle rit de sa petite voix cristalline, laissant Klovar se concentrer. Ce genre de "duel" pouvait durer longtemps, à moins que l'adversaire ne tombe sur une devinette qu'il ne connaissait pas ou particulièrement difficile. Mais pour les esprits affutés cela était d'autant plus rare, ce qui prolongeait la compétition.

Klovar saisit sa barbe un instant et fronça les sourcils. Il aurait aimé prolonger le duel mais il devait absolument gagner ... il avait eu de la chance pour la première énigme mais certainement ne pourrait-il en contrer une autre ...
Il fallait qu'il trouve réellement quelque chose que la fée ne pourrait savoir, mais quoi? Sa culture n'était pas considérable, surtout qu'une partie lui en avait été retirée de force ... soudain il sourit et tendit un doigt interrogateur vers l'être ailé.

— Trois astrologues veulent éprouver leurs talents de divination. Ils disposent pour cela de quatre lames de tarot rouge et quatre lames de tarot noires. Ils mélangent les lames, en tirent chacun deux au sort sans les regarder et se les fixent sur le turban.
Ainsi chacun peut voir les lames des deux autres, mais pas celles qu'il porte sur la tête.
Le premier regarde les deux autres, réfléchit et en conclut : Je ne peux pas déterminer quelles lames ornent mon turban.
Le second lui répond alors : Tiens donc! Dans ce cas moi non plus ...
Et enfin, le dernier leur dit : Alors moi je peux dire exactement ce que j'ai sur le turban.
Ma question est simple, quel jeu de lames possède le dernier des trois astrologues, et comment le dernier a-t-il pu deviner celles qu'il possédait? par quel prodige?

La fée écouta Klovar en papillontant des yeux. Un petit sourire se dessina sur son petit visage, il était clair qu'Ysa avait déjà trouvée la réponse, presque avant même que le mage ne termine sa phrase. Peut-être connaissait-elle déjà la chose, et donc elle n'eut pas à réfléchir. Quoique la devinette du mage n'était pas très difficile en fait, il suffisait de bien l'interprêter.

"Hihihi celle-ci est facile le barbu ! Les lames que portent le trosième astrologue sur son turban sont soit deux noires soit deux rouges ! Hihi ! Pourquoi ? Parce qu'il en reste deux dans le paquet de huit lames, donc pour pouvoir deviner ce qu'il porte, le troisième astrologue a vu que ses deux collègues avaient tout deux les même lames dans leur turban, c'est à dire les quatres rouges ou les quatres noires. Ainsi il ne peut rester que deux lames rouges ou deux lames noires dans le paquet et le troisième astrologue porte les deux dernières. C'est aussi simple que cela n'est pas ?"

Elle était sûre de sa réponse, cela avait paru naturel pour elle. Une sacrée adversaire en perspective. Le mage allait devoir faire mieux que ça pour en finir.

Le mage secoua la tête

— Non, désolé, je t'ai demandé ce que le dernier astrologue, qui a pu deviner ce qu'il avait sur la tête, avait effectivement sur la tête. De surcroit tu n'as pas tenu compte de ce qu'ils disaient ... le premier à parler n'a pu deviner.
Or le second, sachant que le premier n'avait pas pu deviner, en a conclu qu'il ne pouvait rien conclure.
Et enfin sachant que ses deux collègues ne pouvaient pas conclure, et que le second ne le pouvait en sachant que le premier ne le pouvait pas, il a pu en déduire ce qu'il avait ... ce qui n'est pas la même chose, ta réponse ne tient pas compte des remarques des deux premiers astrologues.
Désolé Ysa ... ce n'est pas la bonne réponse.

Les yeux de la fée, dorés et joyeux, virèrent au rouge sang. L'air et l'atmosphère s'épaissit, semblant prendre Klovar dans un étau mental. D'où venait cette soudaine force ? La fée s'approcha du mage, se postant à quelques centimètres à peine. Sa voix se fit sifflante et menaçante, ce qui était surprenant venant de cette créature.

"Tricheur ! Je n'aime pas les tricheurs ! Tu joues sur les mots, la réponse à celle-ci était bonne, oh oui ! Tu n'as pas dit qu'il fallait tenir compte des répliques de ses collègues et que chacun pouvait voir les lames des deux autres, donc ma réponse est possible et de surcroit bonne... Tsss... Humain au mauvais esprit !"

Elle emit un cri perçant et s'éleva au dessus du mage, le toisant depuis cette nouvelle hauteur.

"Tu veux voir tes os dans ce désert ?"

C'était une question ambigue... Une nouvelle devinette ? Si c'était le cas il valait mieux avoir la bonne réponse. Le pire dans l'histoire c'est qu'Ysa avait raison, Klovar avait oublié de préciser certaines "closes" de sa petite histoire, domage.

Le barbu secoua la tête

— Pourquoi? Tu comptes me voir agoniser parce que tu t'es trompée en répondant à mon énigme? Si je pousse ton raisonnement jusqu'au bout, tu n'as pas précisé qu'il fallait préciser que l'on devait respecter l'énoncé de l'énigme ... donc c'est toi qui as triché en ce cas ... et on peut continuer ainsi longtemps. A présent c'est toi qui fais ta loi ... je suppose.

Klovar haussa les épaules

— Mais je ne te permettrais pas de partir en salissant mon intégrité sur ce genre de choses, je n'ai pas triché ... je n'ai jamais triché de ma vie (enfin je crois), le premier a juste dit "je ne peux pas...", le second a dit "dans ce cas, moi non plus", et le dernier a dit "Alors moi je peux" ... de même je t'ai dit "Ainsi chacun peut voir les lames des deux autres, mais pas celles qu'il porte sur la tête." donc tu me mens en disant que je ne l'avais pas dit.

Ta réponse n'est pas la bonne, tout simplement parce que le dernier a dit "alors" et que tu n'as pas tenu compte de la réponse du seul dont j'attendais que tu me dises la déduction. Ne serait-ce que pour celui là tu n'as pas respecté l'énoncé de l'énigme.

Quand on joue il faut s'attendre à perdre, si tu voulais juste me laisser mourir, ce n'était pas la peine de jouer avec moi en plus ... prendre à un homme qu'on laisse mourir le temps qu'il lui reste ... c'est un défaut que je croyais seulement propre aux humains.

Klovar avait tout à fait raison, il avait posé cette énigme en des termes précis et Ysa n'avait pas pris le temps de l'écouter et de tenir compte de chacun des mots ... une grande lassitude l'envahit ... et il se détourna de la fée ...

— Ce n'est pas ma faute si tu n'as écouté que ce que tu voulais ... j'ai gagné notre jeu et ce n'est pas la peine de te donner bonne conscience en me traitant de tricheur. Tu étais d'accord sur les termes de ce contrat ... je donne la bonne réponse à ton énigme, j'ai le droit d'en poser une ... si tu ne réponds pas juste, tu m'évites de mourrir loin de la femme que j'aime ...

Le magicien était abattu, il pensait réellement que la fée respecterait les termes de leur contrat, mais ne s'attendait pas à ce qu'elle fut si mauvaise perdante ... il se mit à parler tout seul, semblant ne pas voir Ebrisk qui ne savait sur quel pied danser.

— Et pourtant oui elle est simple ... si le premier voyait 4 lames rouges, ou 4 lames noires, il aurait conclu que lui en avait deux de la couleur opposée. Ce n'est pas le cas puisqu'il dit qu'il ne peut pas conclure. Donc au moins le troisième ou le second ont deux lames de couleur différentes. Si le troisième a deux lames rouges, ou deux lames vertes, le second aurait conclu plus tôt. Et ce n'est pas le cas non plus. Donc le troisième a bien une lame de chaque couleur ... non petite fée, tu t'es trompée ...

Oh que non il n'avait pas tort dans cette sinistre affaire, il avait posé l'énigme dans des termes précis, termes trahis par la personne qui avait cru la résoudre en un tournemain ...

" Va brûler en Enfer ! Je te maudis humain ! "

Quelque chose n'allait pas dans la voix de la fée, elle était différente, elle respirait bien autre chose que la gaïtée. Elle se moquait bien des explications de Klovar, et comptait bien lui faire payer ça. Elle cracha un mot dans une langue inconnue, mais agressive et violente. La mage fut soudainement prit d'une faiblesse et tomba sur un genou.

" Tu va crever à petit feu dans ce trou puant ! Je viendrais sucer la moëlle de tes os plus tard..."

La créature révèla une rangée de dents pointues, nul doute qu'elle mettrait sa menace à exécution. Mais avant que le mage n'est le temps de riposter ou de dire quelque chose, Ysa avait disparue dans une volute de fumée.

Klovar se sentait plus faible que d'habitude, comme cela pouvait-il bien se faire ? Il avait du mal à raisonner, à se mouvoir ou à faire quoique ce soit d'autre. Quelle genre de malédiction l'affectait ? En tout cas il valait mieux s'en débarasser au plus vite, et déjà survivre au désert. Klovar avait dû perdre sa bonne étoile, car depuis son départ ce fut une avalanche de tuile qui lui tombait dessus. Il faisait nuit pour l'instant, il ne lui restait plus qu'à marcher en espérant prendre la bonne direction.

[Maudit : -2 Dans toutes les caractéristiques en permanence jusqu'à ce que tu es trouver un moyen de t'en débarasser.]

Le barbu observa le manège de la "fée" avant de la voir disparaître. Il secoua la tête et son regard retrouva un semblant de lucidité.

— Si ça c'était une fée mon vieil Ebrisk, moi je suis une courtisane Cormyrienne ... en tout cas ça nous a évité bien des problèmes. A présent il ne faut plus perdre de temps, essaie de nous capturer quelques serpents, tu prendras encore un peu de mon sang si tu as soif, et je vais tâcher de fabriquer des collecteurs de rosée si j'arrive à trouver des pierres.
S'orienter en revanche est une autre histoire, disons que le soleil se lève à l'est et monte au sud au point le plus chaud, quand nous dormirons ... on va marcher globalement vers Calimport, en espérant quitter ce désert une bonne fois pour toutes. Si tu as une idée je suis preneur ... mais diable pourquoi n'y a-t-il pas un seul cactus ici?

Klovar ramassa une poignée de sable et sourit à demi. Le petit démon le regarda et reconnut une expression familière ... il sourit à son tour. Puis le magicien se mit à pouffer puis éclata de rire, imité bientôt par son familier qui agita les ailes en signe de regain de vie. Bergerial hocha la tête sans cesser de sourire.

— Ca va mieux non?
— Et comment, je dirais même plus : ça pourrait être pire.
— Imaginons par exemple que nous ayons été séparés.
— Ou pire : que nous soyons obligés de rester ensemble!
— Ne m'en parle pas, j'en frémis!

Les deux compères reprirent la route, le familier juché sur l'épaule de son maître et faisant mine de barrer un navire, indiquant le cap...