La fin d'un long voyage

"Je tâcherai de les éviter. Et, vous avez raison de ne pas lui faire confiance. Mon cœur me dit que cet homme possède un tel manque d’honneur, qu’il n’hésiterait pas à vous poignarder dans le dos à la moindre occasion. " Dit-elle sombrement.

Berndt! Je vais me souvenir de ce nom et de cette affreuse puanteur qui sont associés à ce déchet. L’elfe fut taciturne un bref moment, puis reprit ses esprits.

L’elfe sortit sa bourse de sous son armure et donna deux pièces d’or au gnome. Une fois la bourse de retour en place, elle rangea la pierre dans son sac. Contente de ses nouvelles acquisitions, Amarillys, tout sourire, dû retirer sa dague et son fourreau de son bras droit, afin d’enfiler ses brassards. Une fois tous deux solidement attachés, Amarillys entreprit de relocaliser ses dagues. Se faisant, l’elfe se renseigna auprès du marchant.

"Peut-être pouvez-vous m’informer. À votre avis, quel est le meilleur endroit auquel je puisse demander du travail? La cité doit bien avoir besoin des services d’un rôdeur. N’est-ce pas? "

Les deux poignards retrouvèrent refuge à la ceinture de la rôdeuse. Il n’était plus question qu’elle en garde une dans sa botte. C’était la seconde fois qu’elle se trouvait dans l’incapacité de s’en servir. Elle ne se ferait pas avoir une tierce fois.

Le gnome se gratta le sommet du crâne, en riant.

"Berndt est colérique. Mais pas fourbe, non. Il n'est pas assez malin pour ça!"

A son autre question, le marchand haussa les épaules, dans le vague.

"Un rôdeur? Vous voulez dire ces gens qui courent les bois? Et bien... euh... Oh, allez voir du côté des caravaniers. Dans certaines terres sauvages, il est toujours bon d'avoir un pisteur pour ouvrir la voie. Il y en a plusieurs qui devraient arriver à la porte Est aujourd'hui et demain."

Il rangea le reste des marchandises en sifflotant une petite ritournelle typiquement gnome.

À la mention du manque d’intelligence de l’homme, Amarillys ne pu s’empêcher de rire.

" Cela aurait dû traverser mon esprit. C’est bien la première fois que je surestime quelqu’un. Je m’en souviendrai. Merci. " Dit-elle à la blague, bien que son commentaire reflétait sa mentalité d’elfe. Un elfe de lune, bien que plus conciliant que tout autre race elfique, n’en restait pas moins un elfe.

Le faite de voir le gnome, rendit Illys quelque peu nostalgique. Ce peuple, lui rappelait les halfelins. Et surtout, que son halfelin de meilleur ami lui manque cruellement. Sa bonne humeur contagieuse et son sens inné à se mettre les pieds dans les plats, brillaient, tout deux, par leur absence. La vie en était tellement monotone. Et puis, le gnome reprit la parole, attirant son attention.

Des gens qui courent les bois! Pensa-t-elle un brin insulté. Comme si nous ne faisions que cela de nos journées. Le terme utilisé lui rendait surtout l’image d’un ahurit bien heureux qui sautille d’un bosquet à l’autre, une fleur à la main avec un sourire niait au visage. Manquait plus que les nuages roses, un lapin à boucle décorative dans le cou, et voilà le tableau qu’Amarillys avait à l’esprit. Elle fronça un peu le nez de dédain et se secoua imperceptiblement la tête pour chasser cette scène stupide. Le terme de pisteur la réconfortant quelque peu.

" Les caravaniers vous dites! À la porte Est! Parfait alors! Merci beaucoup pour vos précieux renseignements et gardé la monnaie. " Offrit-elle en signe de gratitude.

" Namaarie! " Le salua-t-elle en elfique avant de quitter les lieux.

Le gnome leva le nez du gros livre de compte qu'il venait d'ouvrir.

"Oui, bonne journée à vous."

La rôdeuse n'eu pas trop de mal à trouver son chemin jusqu'à la porte Est. Mais plus elle s'en approchait, plus la foule se faisait dense. Il semblait y avoir beaucoup d'activité aujourd'hui, un bon signe peut-être.

Lorsque les caravanes arrivent en villes, elles s'arrêtent dans la zone des entrepôts, où des dizaine d'ouvriers transbordent les marchandises sur d'autres chariots plus petit qui partent approvisionner les magazins de la ville. Nombre de personne vivent de cette activité. Ils s'occupent non seulement des cargaisons, mais aussi des chevaux et des chariots pendant que les propriétaires partent boire un verre dans les tavernes toutes proches.

Si Amarillys voulait se faire engager dans une caravane, elle était au bon endroit. Il ne restait plus qu'a trouver les bonnes personnes. A priori, il y en avait plusieurs susceptibles d'être au courant de tout ce qui se passait ici. Le contremaître de l'équipe de transbordement, qui devait savoir qui venait d'où, les horaires de départ et d'arrivée, et tout les pépins qu'avaient pu avoir les caravanes, y compris un manque de personnel... D'un autre côté, il y avait aussi les aubergistes qui ont pu entendre les bavardages des marchands à leurs comptoirs.

La taverne la plus proche, Le Merle Sifflotant, était actuellement bondée de monde en ce milieu d'après-midi. C'est tout juste si la svelte elfe de lune pu se frayer un passage jusqu'au comptoir. Des gens de toutes origines y conversaient dans un brouhaha infernal. Quand l'aubergiste, un gros bonhomme moustachu, l'aperçu, il se pencha en avant, jetant sa serviette par-dessus l'épaule.

"Qu'est ce que je peux pour vous, m'dame?"

Amarillys dû lever le ton pour se faire entendre, chose des plus difficile en ce lieu. Illys regrettait maintenant sa décision. Trop de monde, beaucoup trop de monde, mais une telle mine d’informations. Mieux valait outrepasser son aversion pour cet endroit confiné et profiter de l’occasion. Faites que je n’ai point à faire cela trop souvent.

« Une bière et votre spécialité maison, s’il vous plait! »

Elle n’avait même pas eu le temps de finir sa phrase que l’aubergiste s’en était retourner vers un autre client tout aussi vite qu’il était apparu devant elle. Il servait efficacement chaque client, n’ayant même plus besoin de regarder pour retrouver les chopines sur ses étagères, comme pour prendre le bon alcool dans le bon tonneau. Il était dans son domaine et cela se voyait. Et, même si, elle avait voulut lui poser une question, ce dernier était trop afféré pour même prendre la peine de l’écouter.

Profitant du départ d’un client, l’elfe pris rapidement possession de son tabouret. Il n’était pas question qu’elle mange debout. Une fois assise confortablement, son sac maintenu solidement sur ses genoux, donc difficile à voler, Amarillys s’activa mine de rien. Essayant de mettre de côté les coups de coude, poussés dans le dos et autres désagréments que lui occasionnait la situation géographique de son siège, l’elfe s’évertua à repérer les groupes les plus susceptibles d’être des caravaniers et surtout d’écouter ou même lire sur les lèvres si possible, ici et là, les conversations alentours. Rayant rapidement de son esprit les discussions sans intérêts.

[Perception auditive / Détection ]

Illys eu rapidement sa bière. De bonne qualité, cependant on l'informa qu'on ne servait plus à manger à cette heure, de toute façon les cuisines étaient vide de par cette affluance.

(perception auditive: réussite mitigée)

Difficile d'entendre quelque chose dans tout ce chahut. En se concentrant un peu, elle finit tout de même par saisir deux ou trois phrases au vol, émanant des personnes les plus proches. Encore fallait-il en déduire leur utilité.

"... vous êtes au courant ? Le prix du poivre à encore augmenté. Faudra penser à investir..." dit un marchand halfelin à son voisin.

"... j'attend une cargaison de Port-Ponant, mais ils ont encore du retard..." maugréa un grand homme assis un peu plus loin.

"... vous allez voir le cirque? Les artistes sont arrivés aujourd'hui." Un jeune gaillard travaillant au déchargement posait cette question à un camarade.

"Ils ont du courage, les routes sont peu sûre ces dernier temps, dit-on." répondit ce dernier.

"Hé, qui m'a piqué ma bière?" grogna un vieil homme.

Le sentiment d'oppression que ressentait Illys se faisait de plus en plus fort. Tellement, qu'elle avait une forte envie de frapper quelqu'un ou quelque chose. Avant de devenir agressive et de laisser libre cour à son impulsion, l’elfe ne bu, sans même en apprécier le goût, que la moitié de son verre. Elle paya son dû et quitta les lieux sans plus attendre. J’ai fait preuve d’une totale stupidité, se morigéna Amarillys. Comme si l’on pouvait obtenir des renseignements parmi une bande de gens sans savoir vivre. Comment font-ils pour apprécier des endroits pareils? Une vraie bande d’enfants sans éducation.

Une fois à l’air libre, Amarillys savoura l’oxygène qui entra à plein poumon. Une sensation de fourmis, lui parcourant les bras, lui procurait un besoin fou de bouger, de frapper ou tout simplement de pousser quiconque entrerait dans son espace vital. Au contraire de tout cela, la rôdeuse serra convulsivement les poings et entreprit de s’éloigner de cet endroit cacophonique.

« Par les Dieux! Dans quoi me suis-je embarqué? »

Ses informations étant pratiquement nul. À part le fait qu’un cirque était en activité, elle n’avait rien de bien constructif à se mettre sous la dent. Si ce n’avait été de son aversion presque maladive des endroits clos, l’elfe aurait peut-être eu l’idée de poser directement des questions, au lieu de rester, là, à rien faire. Mais, son instinct de survit ayant pris le dessus, engendrant une panique sous forme d’agressivité, elle avait fuit la source de la menace. Aussi bien aller voir le contremaître dès maintenant, maintenant que j’y suis, se dit-elle. Mieux valait en savoir plus avant de décider quoi que ce soit. La marche jusqu’à l’entrepôt la calmerait sûrement.

Amarillys n’aimait pas perdre son temps et pour l’heure, toutes ses actions lui semblaient être une perte de temps monumentale. Ses trésors de patience semblaient s’être, tout à coup, envolés comme feuille au vent. Les grandes cités n’avaient point de bonnes influences sur elle. Au lieu de rester sagement en retrait, le temps de repérer la personne voulue, Illys se dirigea vers un groupe de travailleurs.

" Pardonnez moi, mais pourriez-vous me dire qui est en charge de ses lieux, je vous pris? "

Un jeune gars de même pas vingt ans en sueur s'arreta dans son mouvement pour lui faire face. Il la détailla de la tête aux pieds, le regard concupiscent.

"Ah, le contremaître... oui... euh..."

C'est tout juste s'il n'allait pas se mettre à baver. Les autres derrière commençaient déjà à ricaner. Mais un gigantesque demi-orque jaillit de nulle part et lui flanqua une formidable taloche derrière les oreilles.

"Et alors? Je vais t'apprendre à reluquer! Retourne bosser, feignasse!"

Le malheureux rentra la tête dans les épaules et s'éloigna avec sa caisse entre les mains. Pour faire bonne mesure, le géant verdâtre lui mit un grand coup de pied aux fesses. Les autres ouvriers s'empressèrent également de retourner à une activité normale. Le demi-orque se tourna alors vers Illys, les bras croisés.

"Je suis le contremaître Stamper. Vous désirez?"

Amarillys souleva les yeux de découragement face à la réaction du jeune homme. Ce dernier était facilement impressionnable, une chance pour lui qu’il ne rencontrerait pas certaines de ses congénères, beaucoup plus belles qu’elle. Ils sont tous pareils! Pensa-t-elle.

La vue du demi-orque occasionna une désagréable sensation à Illys. N’ayant pas l’intention de perdre ses chances d’obtenir de bons renseignements, elle resta impassible. Ni hostile, ni amicale. Aucune ambiguïté ou comédie de la part de l’elfe. Il n’était pas question qu’elle fasse semblant d’apprécier le demi-orque. Pas question de rire de l’intelligence du contremaître, car ce dernier n’était sûrement pas né de la dernière pluie.

" Merci! " Amarillys jeta un œil significatif vers le jeune.

" Je suis nouvellement arrivée à Darromar. L’armurier Brenald m’a conseillé de venir ici à la Porte Est, dans l’optique de me trouver un emploi auprès des caravaniers. Vous êtes le mieux placer pour me renseigner sur ce point. Est-ce que quelqu’un chercherait les services de rôdeurs? "

Le demi-orque se gratta un début de barbe et réfléchit longuement.

"Hem, voyons... Beaucoup font l'aller-retour vers Port-Ponant, c'est une route sûre et bien balisée, je doute qu'ils aient besoin d'aide. Pour aller à Zazzespur ou plus loin en revanche, c'est une autre histoire. Beaucoup de sales trucs sortent de la Waeldath en ce moment. Vithamar d'Eauprofonde, Buriz Marchebois, et Ludwig le cormyrien ont prévu de faire ce voyage dans les prochains jours. Peut-être sont-ils enclin à engager de l'aide."

Il décroisa les bras, secouant la tête.

"Vithamar est un peu parano, il ne prendra aucun risque. En revanche je vous déconseille Buriz, il n'aime pas les elfes. Reste aussi les artistes du cirque, certains prévoient de remonter vers le nord après le festival. Je ne les connaît pas tous, mais Herist est un ami."

Pas question qu’elle voyage avec quelqu’un de moindrement parano ou avec les Anti-elfe comme elle les nommait. L’un comme l’autre, ils étaient source d’ennuis.

" Le cirque vous dites! Herist! Cette option me plait. Où puis-je trouver votre ami et sa joyeuse troupe de compagnons? "

L’elfe souriait inconsciemment à cette idée. Vivre auprès d’artistes pourrait s’avérer intéressant.

La tête du demi-orque oscilla sur son cou de taureau.

"Toutes les compagnies engagée dans le festival se partagent la Place du 7 Uktar, où l'on a dressé le grand pavillon. Ce vieux grigou d'Hérist doit être quelque part dans le coin... Tiens, mais j'ai croisé Marivon tout à l'heure, c'est un de ses collaborateur. Il entrait chez Stine, le tisserand au bout de cette rue. Peut-être y est-il encore? Lui doit savoir où le trouver."

« Merci de m’avoir accordé de votre temps! Vos conseils me sont précieux. »

Sur ce, Amarillys prit congé du demi-orque et se rendit tranquillement vers le tisserand que lui avait indiqué le contremaître. Elle repéra vite l’enseigne de loin. Elle dû se faufiler entre plusieurs passants pour atteindre l’endroit convoité. Car, l’elfe constatait maintenant que les rues étaient toutes achalandées peu importe le moment de la journée. L’adaptation serait plus dure qu’elle ne l’avait imaginé, mais une pensée l’encourageait. Si tout allait bien, elle ferait bientôt partit du convoi du cirque en tant qu’éclaireuse et probablement même garde. Elle n’aimait pas particulièrement se battre, mais, ironiquement, c’était ce qu’elle savait faire le mieux, entre autre chose.

La porte se présentait devant elle. La rôdeuse la franchit dans un joli tintement de clochette. Elle se présenta au comptoir.

« Veuillez me pardonner! Le contremaître Stamper m’a indiqué la possibilité que je puisse trouver un certain Marivon dans votre boutique. »

A l'énoncé de son nom, un homme mince au visage sévère se retourna vivement. A ses côtés, une petite gnome d'un âge assez avancé faisait son choix entre plusieurs couleurs de tissu.

"Je suis Marivon. Mais je n'ai pas l'honneur de vous connaître?"

Il venait de s'adresser à elle en elfique, confirmant l'homme érudit. Difficile de lui donner un âge, mais moins de quarante probablement. Pour quelqu'un qui travaillait dans un cirque, il ne donnait pas l'air d'être un rigolo. Il respirait le sérieux voire l'inflexibilité. Rationnel et pratique sans pour autant être arrogant, bref, la compétence, mais certainement pas la légereté.

Quel doux langage à ses oreilles. Cela faisait des lunes qu’on ne lui avait pas parler en elfique, ou plutôt devrait-elle dire dans un elfique de qualité et, surtout qu’elle faisait face à un égal en ce qui avait trait à l’attitude. Son regard pétilla de plaisir et le fait d’entendre quelque chose de familier la détendit de façon perceptible. Elle se tourna vers son interlocuteur avec le sourire d’une personne ayant trouvé ce qui ferait son bonheur. L’elfe n’était pas démonstrative à l’excès, mais son visage et surtout son regard pouvait en dire long quand on s’y arrêtait un instant. Sa nature propre reprenant ses droits, Amarillys reprit son attitude posée et se fondit dans la langue elfique sans même s’en rendre compte.

"‘Quel amrun! " (Bonjour!) Le salua-t-elle tout en s’inclinant comme elle le faisait toujours.

"Essamin naa Amarillys Nim’loki! Vee’amin nyaraya a’lle, Stamper nyare en amin tanya lle sinta deanam manke naa Herist, mellon en Stamper. " (Je me nomme Amarillys Nim’loki! Comme je vous le disais, Stamper m’a dit que vous saviez possiblement où se trouve Herist, un ami de Stamper.)

Après cette entrée en matière, l’elfe réalisa son manque de politesse en ne parlant qu’elfique devant la dame gnome.

" Pardonner mon manque d’égart envers votre personne. Je me nomme Amarillys Nim’loki. " Continua-t-elle en commun, ne sachant si cette dernière parlait une autre langue. Elle refit face à son interlocuteur et continua en commun.

" Le contremaître m’a laisser entendre la possibilité que je puisse travailler pour le cirque grâce à mes aptitudes de rôdeuse. À titre d’accompagnatrice du convoi. Dont, la raison de ma présence ici. "

La gnome haussa les épaules, signifiant que ce n'était pas grave, et garda le silence. Le dénomé Marivon pencha la tête sur le côté.

"Qui ça, Stamper? Il vous a laissé entendre que ?"

Pas possible, elle était tombé sur un avocat. Rien que ça façon de détailler ce que vous venez de dire donnait irrésistiblement l'envie de se taire de peur de passer pour un âne. Quelqu'un d'aussi méticuleux devait certainement être affecté à la trésorerie ou à l'intendance du cirque. Donc déjà quelqu'un de bien placé pour prendre les décisions. Il croisa les bras.

"Nous avons déjà notre propre pisteur. Pourquoi devrai-je vous engager également?"

L’attitude de Marivon piqua Amarillys au vif. Ce dernier agissait de façon un peu trop hautaine pour un simple humain. S’il croyait qu’elle allait s’en laisser imposer, il pouvait toujours aller se faire cuire un œuf. L’elfe resta de marbre, mais son ton, initialement amical, avait retrouvé toute sa froideur coutumière. Rien d’agressif, mais qui notait tout simplement de l’attitude stoïque qu’elle affichait normalement.

« Je ne vous ai point parlé d’une certitude, mais d’une possibilité il me semble. Je ne suis ici que pour me renseigner sur cette dite possibilité. Je ne suis pas un simple pisteur, mais une rôdeuse. Ne vous en déplaise de la nuance. Outre le pistage, j’ai une grande connaissance de la nature et des notions de survie que cela nécessite, je pratique avec aise les premiers soins et je me défends plutôt efficacement contre l’attaquant. Le maniement de l’épée et de l’arc ne m’est point inconnu. Ce qui n’est pas a négligé lors de long voyage, les attaques pouvant venir de partout. Je n’ai besoin que de quatre heures de repos, ce qui me donne vingt heures pour assurer la sécurité de tous avec l’acuité de mon regard et de mon ouïe. Ce qui n’est pas donné à tous. Que les dieux soient remerciés pour m’avoir donné la bénédiction d’être une elfe. Par contre, ces aptitudes, que j’ai su développé au cours des mes 136 années de vie, ne vous intéresse point, comme vous avez déjà un pisteur. Donc, pardon d’avoir occupé inutilement votre temps. Madame! Monsieur! Ce fut un plaisir de vous rencontrer! Que la journée vous soit favorable!»

Sur ce, Amarillys les salua l’un et l’autre, se retourna dignement et gracieusement en direction de la porte. Elle venait assurément de perdre une bonne occasion de se taire, mais il n’était pas né celui qui allait la traiter de simple pisteur. Elle trouverait immanquablement mieux ailleurs, même si cela signifiait qu’elle serait condamnée à rester dans la cité.

L'homme lui répondit d'un ton égal, comme si toutes ces émotions ne l'atteignait point.

"Et moi je ne vous ai point dit que je ne voulais pas de vous, je vous ai seulement demandé ce que vous pouvez nous apporter. Notre rôdeur possède déjà une solide expérience, pouvez-vous en dire autant? Le fait d'être née elfe n'est aucunement gage d'exellence et ne justifie en rien que nous puissions vous engager les yeux fermés, ne vous en déplaise. Et si votre orgueil est tel que vous êtes persuadée du contraire, à votre guise! Mais sachez que vous aurez du mal à trouver quelqu'un capable de supporter autant de suffisance."

Nulle colère n'animait son visage, il restait aussi imperméable qu'une statue de marbre. Mais on sentait bien qu'il n'était pas du genre à se laisser marcher sur les pieds.

Face à la réponse de Marivon, Amarillys stoppa nette. Le terme de suffisance qu’il employa atteignit Illys de plein fouet. Il n’avait que trop raison. Pour elle, la suffisance excessive était applicable aux elfes dorés, non à elle. Du moins, elle essayait de faire de son mieux pour ne pas être ainsi. Et, en ce moment, ceci ne fonctionnait pas du tout. Elle ne se reconnaissait plus elle-même. Jamais elle n’aurait agit ainsi en d’autre circonstance. Elle se retourna vers lui, mais ne fit pas mine de s’approcher. Elle s’adressa sincèrement à lui.

" Pardonner moi mon attitude, mais les cités semble me faire perdre l’esprit. Je ne tiens qu’à mettre une chose au point. Je n’ai jamais, au grand jamais, insinué qu’être elfe était un signe d’excellence. Contrairement à certain de mes congénères, je ne pense point de la sorte. Je ne faisais que mentionner notre avantage visuelle et auditif, rien de plus. Ne généralisé pas mes propos je vous en pris. Nous avons certainement le défaut d’être hautain, pour la majorité d’entre nous, mais par contre les humains sont un peu trop prompts à nous mettre tous dans le même panier. Je ne vous en blâme pas, mes manières n’aidant pas beaucoup dans la situation. Je vous présente donc, mes excuses sincères. Pour répondre à votre question, oui j’ai de l’expérience. Un rôdeur n’est que plus efficace en compagnie de ses semblables, de mon avis. Il est difficile de justifier nos qualités quand nous ne connaissons pas les gens avec qui l’on veut nous comparer. Surtout que tout un chacun possède des défauts et des qualités tout aussi différents les uns des autres. À quoi cela sert-il de vouloir...je vous embête sûrement...je vais vous laisser. Si vous me permettez, sans aucune offense de ma part, vous ne devriez pas cataloguer aussi facilement les gens. Loin de moi l’idée de vous faire la morale, mais tout n’est pas tout noire ou tout blanc. Je devrais d’ailleurs y faire plus souvent attention. Je ne suis pas comme vous m’avez décrite. Peut-être qu’en d’autre circonstance, car il est dommage que vous m’ayez rencontrer sous mon mauvais jour. "

Amarillys avait parlé, tout du long, sur un ton neutre et quelque peu las. Elle n’était pas très fière d’elle, mais elle détestait au plus haut point l’attitude de l’homme. On aurait dit un elfe doré en puissance, pire même. Elle ne voulais en aucun cas lui tenir tête, mais en même temps elle ne pouvait tolérer qu’il agisse comme s’il était roi et maître des gens. Et, comme ce dernier semblait enclin à rabrouer tout opposant, Illys préférait partir n’ayant pas envies de subir le manque d’égard de Marivon. Ce n’était probablement pas l’intention de Marivon, mais l’elfe n’était pas d’attaque moralement et émotivement pour vraiment y voir claire. Plus jamais elle ne se soumettrait à qui que ce soit.

Une pensée l’effleura, un voile de douleur passa dans son regard un bref instant et un sentiment d’oppression s’empara d’elle. Fermant les yeux une fraction de seconde, l’elfe s’inclina face à l’homme et ouvrir la porte de la boutique, prenant une grande bouffée d’air.

" Si vous me permettez, je vais prendre l’air. Pour ma part j’en ai terminé, mais si vous voulez continuer cette discussion, je serai au pas de la porte. "

Ainsi l’elfe lui laissait sa chance de répondre, ne voulant pas partir en sauvage comme elle s’en allait le faire au départ.

L’elfe s’arrêta au pas de la porte observant avec découragement la foule.

" Dieu que je déteste les citées! " se dit-elle tout bas.

"Si vous déplorez l'image que les autres ont de vous, vous ne pouvez vous en prendre qu'à vous même!" lança l'humain d'une voix forte.

"Allons, allons, ne jetons plus d'huile sur le feu." dit la vieille gnome, s'exprimant pour la première fois.

Marivon se pinça l'arète du nez, reprenant ses esprits. Il saisit le rouleau de tissu qu'ils étaient en train d'examiner.

"Bien, un problème à la fois. La couleur te conviens, Irmy ? Je pense que cela ira aussi pour Nikki."

"Cela me va aussi. N'y passons pas la journée."

"Je te laisse régler."

Marivon revint vers Illys, l'air déjà plus avenant.

"Bien. Vous avez déjà fait ce genre de travail? Les caravanes, je veux dire..."

" Oui. Je viens tout juste de terminer un voyage depuis les Vaux. J'ai guidé jusqu'ici, en compagnie d'un ami forestier, un groupe de commerçant. " Dit-elle d'une façon monocorde.

Elle se massa la nuque avec lassitude et soupira.

" Veuillez excuser mon attitude! Je n'ai plus l’habitude de faire face à des gens ayant une forte personnalité. J’ai une tête de cochon, si je reprends les termes exacts de mon meilleur ami. Disons que votre manière d'être m'a fait prendre le mort aux dents sans la moindre raison valable. Je deviens extrêmement sur la défensive aussitôt que je me retrouve dans des lieux aussi populeux. Il semblerait bien que vous m’ayez servi d’exutoire. Je devrais vous en remercier, car maintenant je me sens moins tendu. N’est-ce pas ironique? " Dit Illys avec un rire à mi-chemin entre la dérision et le découragement.