Mélodies des ruelles, fééries des tunnels...

Depuis qu'il était arrivé en ville, Féodor errait au hasard des rues et ruelles, à la recherche d'un endroit où il pourrait se reposer quelques heures avant de tester le public local et essayer de rendre cette journée un peu plus lucrative qu'elle ne l'avait été jusqu'ici. Il avait rencontrer un charretier avec ses deux fils sur son chemin qui l'avait amené jusqu'ici, mais au moment de les quitter, après les avoir généreusement remercié, le gueux lui avait réclamé cinq pièces d'argent, et sur un ton qui ne laissait envisager aucun refus. Une taverne à la clientèle généreuse serait la bienvenue. Il avait bien croisé ça et là des auberges, mais quand elles n'étaient pas d'un standing qu'il n'avait pas les moyens de s'offrir, c'était des trous à rats, sales et malfammés, où il n'aurait pas pu dormir sur ses deux oreilles. Il passa devant le grand cirque du Pouce Frémissant, et se dit que c'est sans doute par là qu'il commencerait sa tournée de représentations. Les spestateurs suréxcités par les combats de gladiateurs seraitent sans doute généreux, et ce serait peut-être l'occasion de rencontrer un quelconque bourgeois souhaitant continuer la fête jusque dans sa demeure.
Mais pour l'heure, il mourait d'envie de se reposer, et finit par demander conseil au premier quidam qu'il croisait, optant pour une jeune-femme au joli minois qui devait, mieux que quiconque, à son avis, connaître l'endroit.

-La bonne rencontre, mademoiselle. Je cherche un endroit où je pourrais déposer mon barda et me laver de la poussière d'un long voyage. Pourriez-vous m'indiquer une auberge aussi confortable que peu onéreuse, et de préférence dans les environs du cirque?

Il se faisait charmeur et conclut sa phrase par un large sourire.

[Je sais pas comment se passent les jets de dés, je ne vois qu'un D6 à tirer. Enfin si tu peux me faire un petit test Renseignement+6, et m'expliquer dans ton prochain post... En tout cas, ça fait du bien !]

[Je m'occupe des jets, mais... Pas besoin qu'il y en ait à tout va! Un jet signifierai une difficulté véritable, hors, un choix de cible judicieux et un bon RP méritent d'être récompensés... Après, c'est à ma discrétion ^^]

La donzelle, une jeunette simple d'apparence mais bien jolie, semblait moins crasseuse que bien d'autres... Pas plus riche dans son accoutrement mais peut-être dans son soin. Toutefois, elle montra de bonne dispositions envers le barde, quoique avec une petite retenue mutine.

- Et bien... Bonne rencontre, Monseigneur! Vous cherchez une auberge peu onéreuse? Eh! Vous en avez du courage! Mais qu'irait faire un éloquent gentilhomme tel que vous dans un boui-boui de gladiateurs? Pourtant, il y en a en effet près du cirque, des de cette sorte, comme d'autres... Enfin, la seule qui soit, à ma connaissance, pas trop mal fréquentée et malgré tout abordable porte l'enseigne originale du... Serpent d'argent. Je sais, ce n'est pas un nom tout fait pour rassurer, mais c'est l'un des seuls établissements dans lesquels il m'arrive de mettre les pieds sans que je craigne de voir s'envoler mon or à chaque pas, qu'il s'agisse d'extorsions légales ou non, voir pire encore... Toutefois, elle est à un bon quart d'heure de l'enceinte des jeux, si la marche ne vous attaque pas trop le pied... mais j'ose supposer que ce n'est pas le cas, si vous arrivez en ville dans cet appareil?

Malgré qu'elle eut un accent marqué et quelques manies du bas peuple, elle semblait s'exprimer avec une étonnante ouverture ainsi que de bonnes traces d'éducation... En tout cas, on peut dire que Féodor avait su bien tomber, charmante, cultivée et perspicace était cette jeune femme, malgré son appartenance modeste! Et elle semblait avoir le temps, ou vouloir le prendre, pour engager une petite causette...

Féodor se trouva fort aise de cette judicieuse rencontre et envisageait de poursuivre la relation avec la jeune-femme. Une amie dans une ville inconnue pouvait être un avantge non négligeable. Aussi décidait-il de l'inviter à lui montrer le chemin et boire un verre en se faisant expliquer le fondtionnement de cette ville dont il connaissait la mauvaise réputation.

-Un petit quart d'heure de marche ne représente rien à mes yeux, ni à mes jambes. Je me nomme Féodor, barde itinérant. Peut-être pourriez-vous m'accompagner, ce qui nous ferait l'occasion de partager une chope et de discuter un peu. A moins que vous n'en ayez pas le temps, en ce cas nous pourrions remettre ce projet à plus tard. Vous saurez de toute façon où me trouver. Et puis si vous aimez la musique, je pense tenter une petite représentation dès cet après-midi, et les tavernes sont des lieux idéaux pour se chauffer la voix.

Envisageant par avance une réponse positive de son interlocutrice, il mima une brève révérence en l'invitant à emboîter le pas...

La demoiselle fit semblant d’être surprise de l’invitation du Barde et répondit, amusée et souriante :

- Enchantée, sire Féodor ! Pour ma part, je me nomme Eloïse, Eloïse Pirel, résidente de cette charmante cité depuis… eh bien, ma naissance ! Et de ce fait, je me dois de la faire découvrir à un charmant visiteur tel que vous, surtout que j’en ai largement le temps. J’accepte donc volontiers votre invitation, quoique celle-ci aurait du venir de moi, pardonnez mon… impolitesse !

A ses dires, la jeune femme semblait ironique, presque cynique… mais à sa mine cela n’avait rien de bien méchant. Elle semblait plutôt être en train de s’amuser à le tester... Une bien étrange demoiselle, en somme, bien peu gênée pour son milieu où avait tendance à régner le silence étouffé, brisé tout au plus par les rots de l’alcool dans les tavernes et les quelques cris plaintifs des victimes d’un système oppressant... Cette jeune femme avait quelque chose à la fois de si léger et de si inébranlable… Quelque chose laissait Féodor troublé.

- Bien, alors, allons-y ! J’ai hâte de m’hydrater un peu et d’écouter vos cordes !

Lança-t-elle sur un ton jovial et malicieux alors qu’elle prenait la tête, tout en vérifiant du coin de l’œil que le barde la suivait…

Chemin faisant, Féodor expliquait à la jeune-femme la vie d'un artiste, sur les routes et se poduisant de ville en ville, évoqua les années passées au sein de sa troupe et les rencontres qu'il avait faites au cours de ces périgrinations. Quelquechose lui disait que cette dernière ne serait pas des moindres, et tout en parlant, il observait Eloïse qui l'écoutait en marchant. Il était intarissable et aurait pu monologuer de la sorte pendant des heures, mais il se rendait compte que, même si sa vie représentait quelqu'intérêts, il allait finir par lasser sa compagne. Il envisagea de sortir son effigie pour la lui montrer, mais pensa qu'il était peut-être un peu prématuré de se compromettre si tôt après son arrivée, et qu'il essaierait un peu plus tard, une fois à l'auberge et après avoir bu quelques verres de vins. Cette fille, à son idée, devait être au courant de pas mal de choses sur Port-Ponant, et si elle ne pouvait pas le renseigner, il aura au moins fait une agréable rencontre.

-Je n'arrêtes pas de parler de moi, c'est le sujet que je connais le mieux, mais racontez-moi un peu cette ville. Et vous, qu'y faites-vous? Je vous soupçonne d'avoir une vie palpitante.

La compagnie de cette Eloïse était décidément très agréable et il n'était plus si pressé d'arriver, tant ce petit bout de chemin qu'ils faisaient ensemble lui plaisait.

La jeune femme marchait d’un pas énergique et pourtant presque volatile, qui s’accordait à merveille avec son anatomie vive et légère, se faufilant dans les foules de quelques principales artères, puis empruntant d’inquiétants raccourcis et coupe-gorges déserts, tout au plus fréquentés de quelques chats errants entre d’autres créatures pitoyables, cultivant les mystères des sombres ruelles. Ce faisant, elle écoutait Féodor d’une oreille, tout en semblant sonder les alentours de tous ses autres sens en action : les lieux n’étaient pas sûr, comme toujours dans une ville et plus encore à Port-Ponant ! Chaque détour, chaque intersection pouvait déceler son lot de surprises, rarement bonnes…
Enfin, le barde termina son long récit, soudain pris du doute que la demoiselle l’ait vraiment écouté. Mais il fut vite rassuré par la réponse qui ne tarda pas, agrémentée d’un léger sourire :

- Votre vie doit être passionnante ! A parcourir le monde… tous ces chemins ! Hmmm ! Ce doit être excitant ! Que j’aimerai m’en aller de cette ville ! Mais c’est pour bientôt… ce trou à rat pestilentiel commence à me donner la nausée… enfin, il a quand même quelques bons côtés… rares, certes. En ce qui me concerne, ce que j’y fais, et bien, je…

Elle s’arrêta net, juste après une bifurcation. L’étroite ruelle aux escaliers abrupts qu’ils avaient parcourus, semblant descendre dans les entrailles de la ville, débouchait à présent sur une toute petite place, déserte… De hauts bâtiments aux multiples balcons de bois et reliés de passerelles bancales et vermoulues, soutenus par les arcades qui bordaient la cour, semblaient être les gardiens de cette petite cache, de l’un de ses sanctuaires mystiques des tréfonds urbains aux murs peu à peu pris d’une végétation qui ne voyait que peu le soleil.
Au centre du tableau étrange et comme abandonné au milieu de l’œuvre des hommes, une petite fontaine laissait nonchalamment couler un mince filet d’eau claire, qui clapotait et raisonnait dans son bassin fendu et envahi par quelques petits lierres. L’image était saisissante, perdue dans une semi-pénombre mystique…

- Quand je disais qu’il y avait quand même quelques bons points! Ça vous plaît ? J’ai tenu à faire le détour pour vous le montrer… et ce n’est que l’une des multiples cours secrètes, qu’on dirait justes conçues pour les intrigues et les romances… féeriques! Et qui n’intéressent personne… Heureusement, d’ailleurs ! Sinon, tout serait souillé, et le charme détruit par les hommes, les marchands, le crottin de chausses, tout…

Elle soupira et s’engagea sur les escaliers qui descendaient à la petite place circulaire, exhortant toujours le barde à la suivre…

Il est vrai que ce petit lieu tout emprunt de sérénité désuette était agréable et dénotait avec le tumulte urbain auquel Féodor avait été confronté depuis qu'il était arrivé. Même si le cadre en était différent, ce moment le ramena quelques courts instant aux sessions de marquages de son enfance, avec son père, lorsqu'ils allaient repérer les arbres à abattre dans la Grande Forêt pour la fabrication des instruments. Une légère mélancolie lui envahit le coeur et lui amena quelques vers à l'esprit. Il chaussa sa cithare...

"D'aussi loin que l'on vienne
Et où le vent nous méne
Au hasard de la graine
Au pied d'une fontaine
La fleur certes un peu vaine
Dans la joie nous amène

Et en sa compagnie
Elle en chasse l'ennui
D'une âme démunie

Et de par sa présence
Elle éblouie nos sens
Et justifie l'errance"

... et, en marchant, il chantait et improvisait au fur et à mesure que l'inspiration lui venait. On aurait pu croire à les voir ainsi, que le jeune-homme se mettait ainsi en valeur aux yeux de sa compagne, mais son ode était sincère et sans arrière pensée. Cela ne l'empêcha pas, son trait terminé, de se retourner vers Eloïse, le sourire séducteur au lèvres.

-C'était pour vous, ma tendre amie. Puis tout en remettant son instrument en place, sous sa cape Sommes-nous encore loin de notre destination? Ma gorges me réclame les soins d'une grande choppe de bière.

Cette dernière phrase cassait sans doute le charme du moment, mais c'était un effet que Féodor appréciait assez.

[Un petit jet de Représentation me démangeait, mais c'était pas la peine, hein? au cas où, c'est +9]

[Représentation: 18. Assez pour une jolie chanssonnette qui fait bonne figure auprès de quelqu'un qui ne s'y connait pas. Mais Féodor n'es pas très fier de lui... ça devait être le fait de descendre les marches en même temps que de jouer ^^]

La demoiselle, arrivée au bas des escaliers, se retourna gracieusement à la voix du barde qui déclamait pour elle, faisant du même coup onduler sa longue chevelure châtain. Elle le regarda alors, souriante et un peu surprise, tout de même, par l'inspiration soudaine qu'elle insufflait au jeune homme.
A présent à ses côté, Féodor laissa doucement retomber son élan poétique, pour y mettre un point final un peu surprenant. Eloïse trouva cet effet plutôt comique, à en juger par son large sourire, mais qui semblait étrangement cacher un léger malaise. Le barde n'aurait su dire si ce trouble, apparemment une mélancolie languissante, était un effet de son charme ou de tout autre chose... Mais cela ne dura qu'un instant, puis elle fixa le jeune homme d'un air espiègle, mordillant sa lèvre inférieure, avant de prendre la parole:

- J'ai bien cru comprendre... mais... chute abrupte pour un doux poème! Cette bière, décidément, prends souvent le dessus sur nous, les femmes...

Subrepticement, un sourire prouva qu'il ne s'agissait que d'une petite touche d'ironie...

- He, rassurez vous, je ne le pensais pas. Merci! C'est bien la première fois qu'un homme me fait un éloge aussi mélodieux! Ça me touche... surtout que nous ne nous connaissons que depuis quelques instants.

Elle passa le bout des doigts d'un air rêveur sur le rebord de la petite fontaine qui siégeait juste à leur flanc, puis scruta son bassin au cours d'une longue seconde...

- Hmmm... Mais oui! Allons-y! Moi aussi, je crois que je peux l'aimer à certaines heures, l'alcool des tavernes... Venez, nous y sommes presque! Je vous fais faire un détour, certes mais pas un tour de ville, tout de même!

Riant à nouveau, elle repartit vivement vers un petit passage sinueux, menant par de nouvelles ruelles avant de parvenir, après quelques bonnes minutes, face à une porte surmontée d'une belle enseigne, originale: un serpent tout de métal s'enroulait autour du support, retenant de sa gueule et de sa queue les deux anneaux d'un panneau orné de lettres argentées et légèrement effacées: "Auberge du Serpent d'Argent"...

Féodor n'aurait su dire si l'endroit était respectable ou malfammé, rien à l'extérieur n'évoquant ni décrépitude, ni entretien exagéré. Il doutait de toute façon que son guide l'ai conduit dans un coupe-gorge et était relativement soulagé de se voir enfin arrivé à une destination. Il commençait à se languir de poser son bardas et de s'assoir, et en charmante compagnie qui plus est.
Il ouvrit la porte et se courba lérèrement devant sa compagne, l'invitant ainsi à entrer.

-Il vous en prie, mademoiselle. Découvrons le but de notre promenade.

Le bruit grinçant de l'enseigne se balançant au gré du courant d'air rythmait la rumeur qui s'échappait de l'intérieur de la taverne.

La jeune femme adressa un petit hochement de tête souriant à l'artiste bien élevé en guise de remerciement, avant de s'engager dans l'ouverture béante.
A l'intérieur, les ombres des clients un peu agités, projetées par les chandelles et la fournaise qui crépitait dans l'âtre de la cheminée, semblaient reproduire sur les parois boisées les scènes de l'alcool joyeux qui régnait en ces lieux. Avançant parmi les boutes-en-trains, pas une foule, mais tout de même une jolie bande d'habitués, Eloïse semblait seraine. Après tout, l'endroit avait l'air sympathique, désuet et chaleureux, ne paraissant pas être le théâtre de glauques magouilles et de beuveries sauvages à en renverser les pauvres servantes... Juste de la bonne humeur, de la bière et de l'hydromel, dont les dérapages pouvaient se régler en une bonne paire de baffe de la part d'une montagne de muscle, verdâtre et au nez presque inexistant, qui surveillait la salle d'un oeil intimidant depuis son coin de porte.
Au passage des deux arrivants, quelques unes des personnes présentes se retournèrent pour saluer la guide de Féodor, y compris le videur, qui lui fit un simple salut de la main et ce qui devait être un sourire.

[Jet de détection: 18]

Mais le barde eut une drôle d'impression... Quelque chose de dérangeant...:
Alors qu'ils passaient au milieu des tables et des quelques salutations, certaines mains ne s'étaient pas levées mais avaient préféré pour destination ce qui se trouvait en dessous des reins d'Eloïse... Et celle-ci ne fit que de se dégager avec indifférence pour finalement atteindre le comptoir, sur lequel elle s'accouda, tournant son regard lumineux sur le barde un peu perplexe qui la suivait.

- Alors? Vos impressions? C'est, je vous l'assure, l'une des rares auberges où il fasse un peu bon vivre. Toutes les autres, ou presque, sont soit les pires fosses des abysses, soit des caricatures de palais où la bière prend la valeur de l'or!

Féodor connaissait ce genre d'endroit pour les avoir déjà fréquentés, et s'y sentait à l'aise. Les joyeux soiffards buvant ici lui étaient plutôt symphatiques, et, en général, la viande saoule hésitait à contrarier les demis-orques gardiens d l'ordre.

-C'est parfait ma jeune amie, je me sens ici comme un sylvain dans l'arbre. Il ne nous manque plus qu'un verre et une table pour y boire et je serai comblé.


Sur ce, s'enquît de ce qu'Eloïse voulait consommer, commanda et l'invita à s'assoir à une table libre. Une fois installé, il prit l'air grave et sortit de sous sa chemise un médaillon représentant une main coupée surplombant un masque, le tout fait de métal noir.

- Ce n'est pas le hasard mais une quête qui m'amène en ces lieux. Je cherche quelqu'un. Quelqu'un qui porterait cette marque sur lui et qui a du passer à Port-Ponant il y a quelques semaines. A en juger par ce que l'on m'en a dit, cette personne n'est pas spécialemnt discrète. Est-ce que cela vous dit quelque chose?

Féodor était conscient de gâché un moment plutôt joyeux, mais il y avait tant d'années maintenant que sa gaité apparente était ombragée par la haine et la colère...[i]

Eloïse accepta avec grâce l'invitation de Féodor, lui indiquant que l'hydromel lui plaisait tout de même mieux que la bière. Mais le sérieux qui s'abattit au moment où le jeune homme sortit le pendentif, sur un ton de confidence, fit un peu froncer la jeune femme, plus de perplexité que de mécontentement.

- Ce symbole...

Elle prit délicatement le bijou dans sa main et scruta un instant son appartenance.

- On dirait... Mais... c'est bizarre... Mask? Malar? c'est peut-être un mélange... Je pense pas que ça appartienne à un culte, en fait. Et ce n'est à mon avis...

Son murmure s'interrompit, le temps de jeter un rapide coup d'oeil alentours.

- ... A mon avis, probablement pas en rapport avec les Masques de la Nuit... Mais qui saurait si ce n'est eux-même?...

La demoiselle se tut et regarda Féodor, dans les yeux, avant de lâcher le pendentif. Se redressant, elle poussa un soupir.

- J'ai bien peur de ne connaître ni la signification du symbole, ni à qui il peut appartenir... Vous savez, même si une personne n'est pas discrète, Port-Ponant est une ville immense... En plus les cultes et guildes douteux y abondent, et je ne les connais pas tous, malgré que je sois assez bien renseignée. Enfin, à voir l'objet, il ne me semble pas que ce soit une icône de la région, c'est déjà ça... Mais je suis désolée de ne pas pouvoir vous être plus utile...

Tant pis, Il fallait bien qu'il essaie. Il se doutait de toute façon que les choses n'allait pas s'enchaîner aussi facilement que des accords de cithare. Il remit son pendentif sous sa chemise et laissa de côté son air grave pour revenir une attitude plus légère. Il avait déjà eu la chance d'une heureuse rencontre, il ne fallait pas trop en demander dans la même journée.

-Si par hasard vous croisez ce symbôle, vous pourriez m'en informer... Mais faisons fi de ces tracas, je décide que l'heure est à la fête.

Sur ce, et à la surprise d'Eloïse, Féodr bondit sur la table, sa cithare en main, et s'adressa à l'assemblée...

-Messieurs, l'artiste vous salue *se qu'il fit en se courbant en avant avec un geste du bras*, et vous distille sur l'heure la bonne humeur qui déborde de son coeur.

... et entama un air au rythme soutenu, le but étant de faire danser les saoulots et de récupérer peut-être de quoi payer la nuitée.

"C'est au fond de ma chopine
Que se trouve le joyau
Qui a l'éclat du rubis
Lorsque l'on en boit de trop
C'est au fond de ma chopine
Que se trouve la merveille
Qui a l'éclat du rubis
Et la valeur pareille
C'est au fond de ma chopine
Que se trouve les bijoux
Qui ont l'éclat du rubis
Et que l'on tombe à genoux"

Cette petite chanson lui semblait tout à fait adapté à l'endroit, et lui-même se laissait prendre à la gaité de l'air.

[Représentation+9]

[je de représentation: 19, plutôt pas mal]

Tout le monde se tut un et regarda l'énergumène qui venait de grimper sur la table, cithare à la main... Et c'est ainsi, après un bref discours dans le pesant silence, que le barde jovial se mit à jouer.
Les gens de l'assemblée s'entre-regardèrent un instant, puis, les sourires naissants aux lèvres, se mirent à danser autour de la table avec un entrain qui ne pouvait qu'enthousiasmer l'artiste. Eloïse, quant-à elle, s'était premièrement levée, et bien qu'elle fusse pantoise au départ, tournoyait en battant le rythme un clin d'oeil plus tard. La soirée qui s'approchait peu à peu s'annonçait gaie et chantante, les convives commençant à reprendre la chanson avec Féodor, tout en buvant et mangeant la pitance servie par le tavernier lui aussi bien joyeux, et toujours Eloïse qui virvoletait, gracieuse et riante...
Mais soudain, la porte s'ouvrit violemment. Le claquement produit aurait pu ébranler l'édifice mais s'était contenté de faire taire les fêtards. L'aubergiste se mit à bouger dans tous les sens, cramoisi, derrière son comptoir, le demi-orque s'avança de toute sa prestance pour parer d'éventuels agitateurs... puis fit un pas en arrière avec une drôle de mine, et tous purent voir entrer le visiteur: un colosse... gigantesque, hirsute, couvert de fourrures et de cicatrices, et ne passant la porte qu'avec peine, en se pliant pour parvenir dans l'a salle où tous le regardaient avec de grands yeux... Le demi-orque, pourtant bien baraqué, semblait tout frêle et impuissant en comparaison du géant qui s'avançait, et dont la terrifiante hache se dandinait dans son énorme dos...

- Tavernier! Ton meilleur baril! Et de la boustifaille à m'en faire péter la pense! J'crève de faim, et les autres auberges servent de la merde à peine réchauffée! T'as intérêt à c'que ce soit meilleur! Bordel!

Puis il sonda l'assemblée un peu refroidie, et son regard s'arrêta un instant sur le barde, toujours perché sur sa table, et la jolie demoiselle non loin de ce dernier...

Féodor fut au moins aussi surpris que le reste de l'assemblé de cette étonnante et effrayante apparition et resta quelques secondes sans trop savoir sur quel pied danser, du haut de son piedestal, avec ce monstrueux personnage dont il retenait apparemment l'attention. Il se dit alors que si le colosse décidait de mettre l'endroit sens dessus dessous, autant ne pas se démonter et tenter quelque chose pour l'en dissuader, et si, comme le dit l'adage, la musique adoucit les moeurs, et bien il savait ce qui lui restait à faire.

-La bonne rencontre messir, il ne manquait plus que vous pour parfaire la qualité de mon auditoire. Asseyez-vous donc et profitez du spectacle, ce soir vous êtes mon hôte...

Il remit son instrument en place et entama un air plus calme et un peu mélancolique, espérant ainsi modéré le tempérament du nouvel arrivant

[Diplomatie +6, Intimidation +6, Fascination (représentation +9), prends ce que tu veux mais fais que ça marche...]

[Fascination: 20... raté. Il a fait un jet de volonté monstrueux... désolée... ^^]

La brute fixait toujours le barde et l'écoutait attentivement... Et lorsque ce dernier eu terminé son discours pour débuter sa magnifique prestation, le colosse fut bien le seul à ne pas y prêter grande attention, tournant à présent le dos au musicien, les mains accrochées au comptoir.
Eloïse, s'étant rapprochée de Féodor, avait la mine tout de même inquiète... Et à raison! Il semblait que la chopine que l'ogre venait de prendre en main commençait à céder face à sa poigne crispée... Un craquement, deux, puis le bois ne put lui résister et l'objet éclata dans son poing. Alors il fit volte-face, le regard brûlant d'une hargne peu commune, et toute l'assemblée sursauta lorsqu'il se mit à hurler de sa voix grave et imposante:

- Bordel! J't'ai demander de chanter, toi?! LA FERME!

Et la hanse de la chopine, encore à peu près entière, fendit les airs... pour venir se fracasser contre le mur derrière Féodor.
Finalement, il pu sentir des petits à-coups sur le bas de ses braies. C'était Eloïse, en proie à une terrible agitation, qui semblait exhorter le barde à se faire oublier le plus vite possible, en commençant par descendre de la table... Sur laquelle quelques personnes satisfaites avaient déposé quelques piécettes.

[oups... purée de barde au menu...]

Féodor ne se fît pas prier pour descendre de la "scène". Ce gars-là n'avait vraiment aucun goût, mais il lui manquait quelques centimètres et pas mal de kilos pour envisager son éducation. De plus, il détestait voir son art critiqué. Il ramassa tout de même la monnaie que les clients lui avait jetée et se rassit à la table,, à côté d'Eloïse

-Je n'ai tout de même pas dis mon dernier mot, cet espèce de boeuf commence à me courrir...

Il plongea la main dans la petite sacoche qui pendait à sa ceinture et en ressortit un morceau de cire et un tapon de laine, puis fit quelques brefs mouvements en marmonnant quelque chose

[Son imaginaire: bruit de patrouille de la milice.]
[En cas de réussite, il invite les clients à se manifester pour attirer l'attention des militaires]

[Jet de volonté de la brute pour ne pas réagir: 14]

Quelques cris de stupeur et de protestation s'étaient levés lorsque le barde fut pris pour cible, et le demi orque s'était à nouveau avancé, avec l'attention apparente de tenter d'imposer sa personne. Mais il s'arrêta net en tendant l'oreille...

- Euh... j'sais pas si...

A peine Eloïse avait elle débuté sa phrase en posant sa main sur l'épaule du jeune homme, qu'un bruit de patrouille se fit entendre près de la porte. Les pas cadencés parsemés de quelques cliquetis d'armes résonnèrent, comme venus de la ruelle, et tous se retournèrent, inquiets.
Le boeuf hirsute ne fit cette fois pas exception à la règle et scruta la porte en fronçant des sourcils tout en marmonnant. Mais au fur et à mesure que les secondes passaient, certains se détournaient pensant que la milice ne faisait que passer, d'autre, perplexes, se frottaient encore le menton tout en s'attendant à voir la porte s'ouvrir en fracas... Et le gros ours, bien qu'un peu gêné, restait toute fois accoudé au comptoir, mais cette fois-ci, loin de se soucier d'autre chose que les bruits de marche! C'était à présent à Féodor d'agir pour mener son plan à exécution...

Féodor, qui ne semblait décidemment pas en accord avec sa taille aujourd'hui, bondit de nouveau sur la table, sa cithare toujours à la main, et harangua la clientèle, demi-orque compris, qu'il espèrait avoir assez à sa botte pour les inciter à le suivre dans sa rebellion.

-Allons, les amis, livrons aux autorités ce malotru qui veut nous terrorriser, l'union sera notre force et sa force sa faiblesse!

Puis enchaîna sur un rythme martial aux haromines profondes et agressives qu'il espérait assez magistral pour que les autres le suivent. Malgré son apparente certitude, il n'en menait pas large et priait pour ne pas se retrouver seul avec son instrument, confronté à cette montagne de muscle et de bêtise qui ne ferait qu'une bouchée de lui et envisageait de regretter sa témérité dans les secondes qui allaient suivre. Tant pis, maintenant qu'il était lancé...

[Inspiration vaillante, Représentation +9 (et une petite prière...)]

[T'es vraiment barge tu sais ^^ ! Mais... 27! Ta prière est exhaussée! (Et sans mailler les dés, en plus...)]

Lorsque la voix du demi-elfe, à nouveau perché sur sa table, résonna au dessus des échos de marche, une clameur s'éleva dans la taverne! Le monstre se raidit et tourna sa face burinée et déformée par un rage féroce dans sa direction, le regard meurtrier. Mais malgré son désir d'arracher la tête de ce petit insolent, il avait dorénavant d'autres chats à fouetter! Les fêtards se rebiffaient, galvanisés par les cordes du révolté et la nouvelle vaillance du videur au sang vert, qui déjà s'élançait sur le colosse acculé...

[Initiative:
- Eloïse: 18
- Demi-orque: 17
- Brute: 14
- Féodor: 13
- Clients (10 personnes): 8-14
- Tavernier: 4]

A peine Féodor avait-il prit conscience que son plan était un succès, qu'il sentit que quelqu'un venait également de monter sur la table... C'était Eloïse, tout sourire, qui ne voulait en rien manquer le spectacle qui allait se dérouler!
En contrebas, le puissant demi-orque asséna un violent coup de gantelet métallique au rustre, qui, bien que ce dernier l'ait paré de son bras épais, n'avait pas du lui faire du bien. Toutefois, c'était à son tour! Littéralement enragé, il agrippa son assaillant par les épaules et lui envoya un formidable coup-de-boule... De ce fait, les cris de l'assemblée et l'agitation redoubla, mais le solide semi-orque n'était que sonné.
Le chaos avait dorénavant envahi l'établissement, à tel point que les bruits de milice n'étaient presque plus audibles... Mais voilà que c'était à Féodor d'agir!

Alors que Féodor lançait son agressive et frénétique mélodie, les clients rebiffés se mettaient eux aussi à l'action: La plupart s'approchaient de l'affrontement, certains des plus costauds remontant leurs manches, l'un d'eux s'emparant même d'un tabouret, et quelques un s'en allaient rapidement vers la portes, comptant attirer l'attention de la milice qu'il pensaient présente au dehors... Mauvais signe... Enfin, l'un de ceux qui tenaient à se battre fut assez rapide pour placer un coup à l'énorme barbare qui l'esquiva sans peine mais dû lâcher le demi-orque.
Le tavernier, quant à lui, semblait dépité tout en se protégeant derrière le un pilier du comptoir. Ce genre d'événements, c'est jamais bon pour les affaires...
Mais, remarquant les joyeux fêtards de toute à l'heure qui se dirigeaient vers la sortie, Eloïse sembla s'agiter, et agrippant la manche du barde, elle lui glissa à l'oreille:

- Ça part en couille! Ils risquent d'avoir une mauvaise surprise... et on ferait mieux de dégager en douce avant qu'ils s'en rendent compte!... Allez, viens!

Pendant ce temps, la bagarre s'amplifiait, et le videur, après s'être un peu massé le front, revint à la charge... avec un peu moins de succès cette fois, ne parvenant qu'à percuter l'une des épaisses fourrures qui couvraient le barbare, sans qu'aucun n'en retire la moindre contusion...
S'en fut par contre juste assez pour que l'homme, bestial, redouble de violence: les yeux injectés de sang, il poussa un hurlement avant d'envoyer valdinguer son plus valeureux adversaire d'un revers de poing, ce dernier s'écroulant ce coup-ci à terre sous la puissance déployée. Du même coup, pris dans une véritable rage, le sauvage s'empara de sa hache et la brandit face à ses autres adversaires, drôlement plus intimidés qu'auparavant... Comme l'avait dit Eloïse, ça partait bien en couille!

Féodor n'était pas spécialement fier de son intervention. Il avait encore la naïveté de s'imaginer que la cohésion pouvait rivaliser avec la force brutale, mais il devait s'être trompé de monde ou d'époque, et n'avait plus qu'à espérer que les choses ne dégénèrent pas au point d'engendrer la mort de l'un des symphatiques soiffards ou du patron lui-même. Il était de nouveau confronté à l'injustice et, de nouveau, se retrouvait impuissant. Que n'était-il né lui-même géant pour en découdre avec les brutes que la vie mettait sur son chemin? Pourquoi le destin ne faisait-il pas de lui l'un de ses puissants magiciens qui, d'un geste de la main, aurait envoyer cette erreur bestiale rejoindre ses ancêtres. Mais l'heure était à la sauvegarde, voire à la survie, et il suivit le conseil d'Eloïse en redescendant d'un bond de la table où il était juché, saisit sa compagne par la taille pour accompagner son propre saut, puis saisit son bardas posé au pied de la chaise dont il n'aurait jamais du se lever. Il prit la main de la jeune fille puis, l'entraînant vers la sortie...

-Tu a raison, l'endroit est mal fréquenté, allons prendre l'air!

Ses réflexes d'amuseur lui donnait l'air dégagé du potache ayant fait une mauvaise blague, mais son coeur s'assombrissait de la honte et du remord de n'avoir su plier simplement devant une situation qui le dépassait.

[un petit Discrétion, j'imagine, +2]