Horizons incertains

Tout semblait se passer pour le mieux, en fin de compte, Alizée lui révélant même qu'elle vénérait Tempus, comme lui ! Fièrement, il lui dit :

"Tempus guide mon bras, à moi aussi."

Et il hocha la tête. Ecartant les bras en signe de remerciement contre cette certitude de trouver un emploi par la suite, il sourit à sa nouvelle partenaire.

"Tout m'a l'air bien. Il nous reste beaucoup de temps, dit-il en regardant le soleil qui était à son zénith, alors quel est le plan ? Quand dois-je vous retrouver, et où ?"

Rohrbag décidait de laisser la jeune femme diriger, après tout c'est elle qui l'avait engagé. Avec l'après-midi devant lui, il pourrait se préparer et réfléchir aux solutions, si la situation devait venir à mal tourner. Peut-être faudrait-il se faire discret jusqu'à l'instant des "opérations"...

"Au fait... l'homme que vous chassez, est-ce parce qu'il est adepte de Shar ? Se mêler à des conflits religieux est dangereux... d'autres motifs pourraient nous servir, dans le cas où la situation... vous voyez ce que je veux dire ?"

Se mordillant la lèvre supérieure, il regardait Alizée, songeur...

*On va peut-être finir par bien s'entendre finalement !*

Alizée écouta attentivement l'ogre, les mains sur les hanches, ses deux armes au foureau et son arc dans le dos. Elle imaginait déjà qu'elle allait sûrement devoir s'en servir, c'était plus qu'un préssentiment, quasiment une certitude !

La guerrière jeta elle aussi un coup d'oeil au soleil, en effet ils avaient bien six heures devant eux avant d'agir. Elle réfléchit un instant, essayant mentalement toutes les possibilitées tactiques, son analyse fut rapidement et simplement conclue par l'évidence suivante : Il allait falloir rester à l'ombre.

"Retrouvez moi au soleil couchant à l'exterieur de la ville, juste après la place marchande, c'est là bas qu'ils campent. En attendant je vous conseille de rester discret, moi je vais sûrement faire une petite reconnaissance, pour voir combien il y'a de garde et leur position."

*Et dès la chute de la nuit on règle le problème... J'espère que tout se passera comme il faut.*

"Il se pourrait bien qu'il vénère Shar en effet. Mais cela n'a que peu d'importance, pour moi c'est un voleur point à la ligne, consideront le comme tel."

"Bien, alors je vous retrouverai là-bas. Au soleil couchant, donc... espérons que ce rat ne profitera pas des ombres pour nous échapper."

Le demi-ogre se sentait bien... Il aurait du temps pour explorer un peu la ville, d'ici-là, et pour prendre un peu de repos.

"Séparons-nous, si c'est bien tout ce qu'il y a à savoir. Je vais me dégourdir un peu les jambes, et je retournerai à l'auberge... vous n'aurez qu'à venir m'y trouver, si vous avez besoin de moi plus tôt que prévu. A ce soir, donc."

Sur ce, les yeux du géant brillèrent étrangement. Oui, il lui restait du temps pour s'enivrer des effluves de la ville, de sa liberté enfin conquise et du nouveau départ, de l'horizon encore incertain qui s'offrait à lui !

Le barbare passerait le temps comme prévu, marchant d'échope en échope, de ruelle en ruelle sans avoir peur des regards rivés sur lui... A Luskan, rien n'était comme ici, où les gens lui paraissaient soudain plus accueillants... Vers le milieu de l'après-midi, il irait à l'auberge, pour se laisser bercer par le sifflement du vent dans la cheminée. L'esprit libre.

Alizée hocha la tête pour confirmer les dires du gigantesque ogre. C'était une bonne chose de faite, une bonne avancée. Pendant que son nouveau "compagnon" allait trainer en ville elle irait bien voir la caravane, de loin bien sûr. Mais elle aimerait bien emporter Selrian, les prêtres avaient généralement une bonne mémoire...

Elle salua Rohrbag et entra dans la taverne juste en face d'elle. La guerrière se fraya un passage en slalomant entre les tables de l'établissement et alla rejoindre son ami. Elle l'attrapa par l'épaule et lança de sa voix claire :

"Selrian, viens ! Nous avons quelque chose à faire et je pense bien avoir besoin de toi !"

D'un même mouvement elle jeta cinq pièces d'argent sur le comptoir pour payer le repas et la bière.

Selrian était en pleine discussion avec l'aubergiste, et sursauta lorsque la jeune femme le saisit à l'épaule.

"Oh... C'est vous... Je ne vous avais pas remarquée, et j'ai été... Enfin, passons. J'arrive.

Nous reprendrons cette conversation plus tard ! Bon après-midi !" adressa-t-il à l'aubergiste, avant de faire demi-tour.

Le Sélunite suivit la jeune femme jusqu'à l'extérieur, et se plaça à ses côtés, afin de pouvoir parler à voix basse sans être entendu par personnée d'autre. De toute façon, le vent du sud qui se levait couvrait en partie leur conversation.

"Quelles sont vos intentions, maintenant, Alizée ? Je pensais qu'il était dans vos intentions d'en savoir plus sur les membres de cette caravane..."

[Excusez le retard avec mon ordi...]

Alizée tira Selrian hors de l'auberge, elle jeta rapidement un signe de salut au gérant et sortie. La guerrière s'arrêta et se tint à côté du sélunite, elle lui murmura à voix basse :

"Tu as raison, il faut en savoir plus. Je pense que nous devrions faire une petite reconnaissance..."

Elle inspira profondément, enroulant une de ses mèches autour d'un doigt de sa main gauche d'une manière stressante. Elle s'arrêta soudainement dans son mouvement, son visage se tournant lentement vers le jeune prêtre. Le court silence qui s'ensuivit fut tendu à craquer, on sentait presque les neurones de la guerrière s'entrechoquer tant elle semblait réfléchir. Elle claqua des doigts et déclara :

"J'espère que vous avez une bonne mémoire et une bonne vue ! Car tu vas devoir être mon guetteur si je puis dire... Et... Arrête de me vouvoyer ! J'ai l'impression d'être à la cour..."

Sans lui laisser le temps de répondre elle s'élançait déjà vers la position de la caravane.