Purskul, après une longue chevauchée

Le petit groupe de deux compagnons que formaient la jeune guerrière et le prêtre de Séluné était parti de Crimmor alors que le soleil était à son zénith. Leur chevauchée dura tout l'après-midi et ils ne croisèrent en tout et pour tout rien de plus que quelques voyageurs, souvent regroupés en caravanes qui se dirigaient ainsi vers Crimmor. Ce fut donc un trajet rapide, sans guère de halte ; et la hâte dont ils devaient faire preuve ne laisser guère de temps au palabre.

Le soleil était sur le point de se coucher lorsqu'ils arrivèrent à Purskul, le grenier de l'Amn selon les dires de Selrian. Ce dernier indiqua qu'il avait un endroit tout indiqué où passer la nuit.

La ville était en réalité guère plus petite que Crimmor, mais l'activité qui y régnait n'était pas comparable. Certes, là aussi, de nombreuses caravanes venaient faire une halte, mais ce n'était souvent que pour passer la nuit et se ravitailler, alors que Crimmor était un véritable centre commercial.

Ce qui n'empêchait pas les auberges d'être pour la plupart remplies, et Alizée trouva particulièrement appréciable le fait que Selrian semble savoir où ils pourraient passer la nuit. En effet, l'auberge où il les guida était bien rempli, mais là encore Alizée s'étonna de voir que Selrian comptait le tenancier parmi ses connaissances. La guerrière prit place au comptoir pendant que son compagnon négociait avec le patron...

"Voilà qui est bon! Notre bon ami ici présent, dit-il en présentant l'aubergiste à la jeune femme, qui la salua brièvement d'un signe de tête, va nous faire préparer une chambre, et a envoyé un garçon pour prendre en charges nos chevaux. En revanche, j'ai essayé d'obtenir des informations sur notre affaire, mais il n'y a rien de bien intéressant. A part peut-être une caravane qui est arrivée de Crimmor il y a une trentaine de minutes." dit le prêtre, tout en désignant un marchand du regard, qui était en train de donner ses ordres à ses serviteurs. A la vue de sa tenue et de son accent, il n'était guère difficile de deviner qu'il était calishite...

"Je doute que l'on relève quoi que ce soit d'intéressant ce soir..."

Purskul, une ville que connaissait vaguement Alizée, juste de nom. Pour elle c'était une cité loin du nord, pleine de demi-orque en plus. La guerrière n'avait pas spécialement d'appriori sur les différentes races qui peuplaient Faerun, mais Squall lui avait raconté tant de chose horrible sur les orcs... C'était à cause des verts qu'il avait perdu un de ses compagnons d'arme.

Ils étaient arrivés dans la ville à la tombée de la nuit. La chevauchée avait était tranquille, aucun obstacle ne s'était dressé devant eux. Au crépuscule il n'y avait guère d'activité à Purskul, seuls quelques passants trainaient encore dans les rues. Finalement Selrian l'ammena à une auberge, qu'il semblait connaître. Ils laissèrent les chevaux à un garçon d'écurie puis il entrèrent dans l'établissement.

Alizée s'étonna, cette fois-ci Selrian l'avait vraiment surprise : Il tenait l'aubergiste comme un bon ami. Décidément le jeune homme connaissait beaucoup de gens. C'est un bon moyen de survivre pensa la guerrière. Elle s'installa à une table non loin du comptoir, en équilibre sur un chaise. Elle passa en revue toute les personnes présentes dans l'auberge. Rien de bien intéressant à part un calshite braillard qui commençait à agacer les oreilles d'Alizée.

Selrian la rejoignit après qu'il ait fini de négocier avec le patron. Il lui parla d'une caravane recemment arrivée en ville. Le jeune moine semblait douter de l'intêret de cette information mais il ne valait mieux pas laisser une seule information derrière soit.

"Une caravane ? Il y'a à peine une demi heure ? N'oublier pas ce qu'à dit le tenancier des adeptes de Shar : La caravane était partie il y'avait à peine une heure. Notre homme ne peut-être qu'à bord d'une caravane recemment arrivée."

Tout en parlant à Selrian elle remarqua un des "serviteurs" du calshite. Celui-ci était particulièrement imposant. Grand et musclé il devait sûrement faire parti de la garde "rapprochée" du braillard. Mais à la mine désabusée de l'homme il ne faisait nul doute qu'il était beaucoup plus malin que ce que l'on pouvait croire.

Observant d'un oeil scrutateur le travail des employés et les hurlements incessants de son employeur, Rhandall ne pouvait pas s'ennuyer d'avantage. Intérieurement, il remerciait le brave serviteur avec qui il avait pu maintenir une bonne conversation. Sinon, tout aurait été pour encourager un sentiment profond de déprime. Le paysage était maussade et peu changeant, son "patron" semblait un éternel colérique et les serviteurs en général aussi bavard qu'un amas de pierre. Sans compter la disparition de Sadi, après le passage de la patrouille. Encore un argument pour lui faire maudire son choix.

Il se fit rapidement à l'idée qu'on avait plus besoin de lui. C'est avec un regain d'enthousiasme qu'il entra dans l'établissement, bien décidé à prendre cette soirée comme s'il avait travaillé durant toute la semaine. Un bon repas, une bonne boisson puis la possibilité de se nettoyer. Il allait aussi en profiter pour nettoyer son armure par le fait même. Analysant peu à peu les plans de sa soirée, il ignorait totalement les hurlements de son employeur. De toutes façons, il ne lui était pratiquement jamais adressé.

Laissant ses pensées filées, il constata pour la première fois l'ambiance des lieux, peu surpris par l'abondante quantité de gens qui emplissait l'endroit. Ça ne l'empêcherait pas de se permettre une soirée tranquille, a écouté les histoires des multiples voyageurs. C'était avec ses simples pensées que l'humain se glisse comme il le peut entre les tables, la chaîne rattachée à la garde de son arme battant son flanc au rythme de ses pas.

Il rejoignit rapidement le comptoir, posant une main sur celui-ci, entre ce qui devait être l'un de ces explorateurs alcooliques et un homme qui correspondait à la description classique d'un Selunite. Sans trop se soucier, il regarda en direction de l'employé qui s'empressait comme il le pouvait de répondre à la demande. Pourtant, ça n'empêche en rien à l'homme de pousser un appel rapide et sec, la mauvaise tension de sa journée ayant le malheur de s’évacuer de cette manière.

"Aubergiste!"

Croisant les bras, il attendit patiemment, laissant son regard voler un peu partout, sans pour autant chercher des objectifs précis. Cependant, il ne pouvait nier que le Selunite, avec sa compagne, formait le groupe le plus hétéroclite de l'établissement. Probablement encore de ces gens qui se disent "aventuriers" et en quête de sensations fortes. L'humain ne put s'empêcher de les envier. Mais pour lui, ce genre de vie lui serait enfin offert à Darromar... Du moins, c'est ce qu'il croyait...

L'aubergiste commença à adresser quelques paroles de salutation à Alizée lorsqu'il fut interrompu par le même homme qu'Alizée observait quelques instants auparavant, qui l'apostropha sur un ton légèrement énervé.

"Oui, que voulez-vous?" demanda-t-il à Rhandall sur un ton impatient.

La jeune femme observait encore l'homme du coin de l'oeil... Lui aussi semblait avoir accompagné la caravane de Crimmor. Peut-être un suspect potentiel... Mais en même temps, s'ils tombaient sur leur voleur dès leur première halte, ce serait vraiment un miracle, une fortune digne des plus grandes faveurs de Tymora...

Alizée était plongée dans ses pensées, et elle n'avait presque pas remarquée l'homme qu'elle observait précédemment s'ammener jusqu'au comptoir. Le type n'était pas très avenant au premier abord, et son ton sec ne fit que confirmer les choses. Il portait la tenue d'un guerrier : plastron, vêtements simples et pratiques. Une épée longue, un marteau de guerre et une dague, voilà ce qui constituait visiblement son équipement. Sans compter un bouclier rond. C'était beaucoup pensa Alizée, autant d'armes pour un seul homme, et il pouvait très bien en avoir d'autre cachées autre part. Un détail n'échappa à la vue de la jeune femme : Relié aux paumeaux de chacune des armes, une petite chaîne sur laquelle était accroché le symbole de helm. Un serviteur de l'Oeil sans sommeil ? Enfin ce n'était pas si étonnant pour un gardien de caravane... Mais tout dans sa tenue et ses manières indiquait plutôt quelqu'un d'assez... brutal voir violent. Un homme atypique.

Son visage était marqué par le temps et les traitements difficiles. Il était buriné voir même un peu fatigué. Un vétéran ? Peut-être... Alizée doutait que cela soit son voleur. En effet elle voyait mal ce genre d'homme se faufiler discrètement et adroitement dans les ténèbres du temple de Séluné. A limite charger et tuer tout les prêtres pour s'emparer du calice... Mais si il était adepte de Heaum, cela ne pouvait pas être un voleur, ou alors il ne craignait pas le couroux de son dieu.

Alizée se leva avec souplesse et grâce, puis s'accouda au comptoir. Elle avait soif, une chevauchée aussi longue asséchait. La guerrière jeta de nouveau un coup d'oeil à l'homme qui était juste à côté. Comme d'habitude elle se sentait toute petite : le type faisait bien deux têtes de plus qu'elle et il devait bien faire deux fois son poids. Enfin, même si elle n'imposait pas, Alizée était loin d'être fragile...

"Une fois que vous aurez servit cet homme, donnez moi une bière s'il vous plait."

La guerrière avait parlée d'une voix aimable, ce qui trancha nettement avec la précédente demande. Elle passa négligement sa main sur les gardes de ses épées, puis posa son arc long contre le comptoir. Il fallait qu'elle en sache plus sur la caravane qui venait d'arriver, car elle était potentiellement celle du voleur. L'air de rien elle tourna la tête vers le "colosse".

"Vous faites parti de la caravane marchande qui vient d'arriver ? Le voyage a-t-il été bon ?"

Elle s'attendait naturellement à une réponse brusque, voir à se faire envoyer paître. Mais elle savait recevoir ce genre de réactions, elle avait un sacré caractère aussi...

Quelque peu ancré dans sa rêverie, l'humain se fit rapidement ramener à la réalité, l'aubergiste l'interpellant avec une tension palpable dans sa voix. Rhandall ne s'en étonna guère. Après tout, il ne lui avait certainement pas offert une raison de se montrer sympathique. C'est d'une voix grave, sans animosité réelle, qu'il répondit à l'homme. Ce n'était pas qu'il se sentait coupable de quoi que ce soit, mais simplement qu'il n'avait pas la tête à s'attirer de mauvaises faveurs. C'était son "congé" ce soir et il n'allait certainement pas le bousiller à cause d'un aubergiste en colère.

"Une chambre, si possible avec le nécessaire pour me nettoyer, ainsi qu'un bon repas, puis... euh... mouais... Une boisson, de préférence, sans alcool." C'était bien la première fois depuis les dernières semaines qu'il s'interdisait une bonne bière.

Le combattant tira près de lui, du bout du pied, un tabouret, sur lequel il s'assit, de faibles craquements du bois qui constitue le tabouret se faisant entendre, alors que la lourde masse corporelle de l'homme, et de son équipement, s'écrasèrent carrément sur celui-ci. C'est qu'il avait déjà passé de meilleures journées. Les pensées parties à la dérive, l'homme ne semblait guère se soucier de son "antithèse" vivante qui venait de prendre place non loin de lui. Rien n'était pour les rapproches, mis à part probablement les armes qui pendaient ici et là, soit dans des fourreaux, soit simplement à porté de main.

En fait, lui-même ne s'était que peu rendu compte de son approche, attendant les clés et son repas, étant actuellement sa seule et unique priorité. Seul la voix polie et respectueuse de la femme le fit sortir de ses préoccupations superficielles. Et c'est avec l'oeil du combattant qu'il la scrutait. Pratiquement n'importe qui l'aurait regardé avec le regard du séducteur, voir simplement celui d'un simple homme, près à succomber face à un minois aussi joli. Pourtant, en voyant l'expression sur le visage de l'humain, ce n'était certainement pas sa priorité. Il l'analysait carrément, comme un sergent l'aurait fait avec une recrue. La gamine, comme il l'appelait déjà dans sa tête, malgré le fait qu'il pouvait très facilement avoir le même âge, semblait taillé dans un roc bien solide. L'entraînement avait raffermît la musculature de ses bras, et il était près à parier que le reste du corps répondre aux même critères. Un simple coup d'oeil rapide observa avec intérêt l'une des deux lames qu'elle portait. Un travail simple, mais bien, digne de l'oeuvre de bon forgeron.

Il ne s'attarda pas d'avantage, ce qu'il avait vu était suffisant. Un simple sourire orna à ce moment ses lèvres, comme si la simple vision d'une personne en mesure de résister à ses assauts lui plaisait fortement. En d'autres termes, il voyait la scène de combattant à combattant, l'une de ces réelles passions. Et c'est dans de nouvelles rêveries qu'il se lança, rapidement interrompu par la voix de cette même "gamine". Elle s'était adressé à lui?

*Étonnant... * Pensa le guerrier, tournant à son tour la tête vers la guerrière, sans pour autant afficher de signe qu'il était d'humeur.

"Avec l'homme qui ne se fatigue jamais de crier?" C'était un fait qui était maintenant su de tout le monde, alors aussi bien ne pas l'ignorer. "Mouais... Si ça peut vous rassurer, il aura terminé dans quelques minutes."

La seconde question s'enchaîna assez rapidement, coupant rapidement l'homme dans les propos insolents qu'il s'apprêtait à pousser envers son employeur. Son regard, maussade tout à coup, en disait assez long sur ce qu'il pensait du voyage.

"Ne m'en parlez pas... Oh! Pas que le voyage c'est mal passé. Bien au contraire! Tout s'est franchement bien passé! Si bien que... "Son faux enthousiasme retomba assez rapidement" je ne me suis jamais autant ennuyé de ma vie. En toute honnêteté, je me demande si l'envie de poursuivre ce travail y est. Mais bon, l'entente est passée hein! Je n'ai pas le choix!" Le ton de sa voix reprit un brin de positivisme, alors que son attention était sommairement porté sur son interlocutrice.

Alizée laissait courir ses doigts sur le bord du comptoir, impatients de saisir l'anse d'une chope. Son regard était toujours tourné vers l'homme, se plantant dans ses yeux verts. C'était une grande manie de la guerrière, quand elle parlait à quelqu'un elle ne pouvait s'empêcher de leur faire vraiment face à face, quasiment. Cela mettait parfois mal à l'aise les personnes avec qui elle parlait, qui detournaient parfois le regard. Elle écouta avec un certain intêret les paroles de l'homme, tentant de glaner quelques informations sur la caravane.

Quand il évoqua l'homme braillard, ce foutu calshite, Alizée eut un petit sourire, amusée par la fatigue du guerrier envers son employeur. Il était vrai que son patron semblait particulièrement irritant, le genre de personne qu'Alizée ne pourrait supporter plus d'une dizaine de minutes ; elle n'aimait vraiment pas qu'on lui donne des ordres... Ce qui avait parfois fait exploser son pauvre père...

Le sourire de la guerrière s'accentua encore un peu, le "colosse" manquait cruellement de conviction sur le deroulement de son voyage. Il était clair qu'il s'était ennuyé comme un rat mort flottant en gré du courant pestinentiel d'un égoût. La fin sa réponse ne fit que confirmer les doutes d'Alizée. Il fallait avouer qu'elle s'était entendue à une réaction plus sèche, mais le type devait en avoir bien trop marre pour gâcher sa soirée.

La main de la jeune femme s'arrêta de courir sur le bois, pour s'étaler paume ouverte contre celui-ci. Elle soupira, son regard qui brillait toujours d'une étincelle d'énergie et de bonne humeur vira à plus sombre.

"Je m'ennuie pas mal aussi..."

Elle avait presque murmurée cette phrase, baissant la tête. Puis lorsqu'elle la releva elle ajouta d'un ton plus enjoué :

"Je suis sûr un problème sacrèment casse-tête ! J'aime bien me poser des questions, c'est bon pour le mental, mais je préfère avant tout un bon combat vous comprenez ? Et cela doit bien faire deux bonnes semaines que je n'ais plus offert une "danse" à quelqu'un !"

Elle rit de sa propre situation. C'est vrai que cela pourrait être pire, mais ça pourrait être bien mieux aussi. Le pire, pour elle, adepte de Tempus, c'était le manque d'action. Visiblement elle s'était retrouvée face à un homme dans la même situation, celui donna un certain regain d'énergie.

"Je vous plains, votre employeur à l'air d'être, excusez moi le terme, un sacré emmerdeur. A votre place je serais sûrement déjà partie ! Dites moi, combien de temps resterez vous ici ?"

L'enthousiasme n'y était franchement pas, comme elle l'avait si facilement remarqué. D'ailleurs, son regard en disait aussi long, sinon d'avantage, que tout ce qu'il aurait pu ajouter. De temps à autres, il déviait le regard, comme s'il méprisait la simple inaction que provoquait un simple regard fixe et constant. À moins qu'il ne s'agisse d'un malaise, dû à ce qu'il percevait comme une insistance? Difficile à dire, mis à part que les yeux mi-clos de l'homme revenaient toujours se réfugier dans le regard de la guerrière, sans démontrer aucune forme d'arrière pensée. Après tout, si ça peut lui faire quelque avec discuter quelques temps, ça ne ferait qu'occuper une partie de sa soirée.

Il posa ses coudes sur le comptoir, tout le contraire de l'enseignement concernant l'étiquette que sa famille avait tant bien que mal tenter de lui montrer durant son enfance. Puis, fermant le poing droit, il recouvre ensuite celui-ci de sa main gauche. La base de son menton trouva rapidement refuge sur le "support" nouvellement formé. Il dévia partiellement la tête vers l'endroit où la "gamine" était installée, poursuivant par le fait même son observation, répondant carrément à la nécessité de ce "face à face" qu'elle semblait tant chercher.

C'est avec une certaine surprise que Rhandall découvre un aspect inattendu de la jeune femme. Il l'avait déjà qualifié comme une "combattante" qui doit savoir où elle s'en va, mais il ne se serait certainement jamais douté qu'elle en faisait une passion. Tellement qu'elle trouvait le moyen de poétiser sur ce que plusieurs personnes considéraient comme horrible.

L'humain trouvait ceci particulièrement étrange. Qu'est-ce qu'elle pouvait réellement chercher? Pouvait-elle le lire, comme on le ferait d'un journal intime ouvert à la vue de tous? Ou bien était-elle réellement comme ça, une de ces femmes guerrières, de plus en plus commune dans les légendes, qui voulait rafler sa part de l'histoire? Rhandall s'imaginait probablement encore des choses, les bases de méfiance de son comportement lui faisant souvent douter de tout, à part quelques exceptions. Il n'en reste pas moins, elle avait réussit à réveiller une forme d'intérêt, cette "gamine"!

"Je suis très bien placé pour vous comprendre." Un sourire se dessinant sur ces lèvres, presque carnassier, dévoilant par le fait même une partie de sa dentition, pas la plus parfaite, mais mieux traités que bien des gens. " Mis à part peut-être le concept de danse. "On" m'a reconnu une manière particulière de croiser le fer, et, je peux vous assurer, il n'y a rien de poétique dans mes méthodes..."

Il n'avait rien caché par le fait même. En fait, c'était une façon de la mettre à l'épreuve. Combien de personnes avaient-ils réussi à chasser en insinuant dans leur esprit qu'il est de ceux qui prennent un malin plaisir à carrément démembrer un adversaire... tout en cherchant à le garder vivant! L'imagination des curieux pouvait parfois produire des concepts si étrange...

Il ne répondit pas immédiatement à sa seconde question, cherchant à voir comment cette mystérieuse inconnue allait réagir, alors que tout dans son attitude démontrait des tendances fortement prédatrices. Puis, son sourire se détendit, alors qu'un rire grave se faisait entendre, provenant du plus profond de sa gorge.

"Il faut m'excuser! J'ai cette habitude de tenter de faire peur aux curieuses et curieux! Donc, vous disiez?"

Ce qu'il ne disait pas, c'est qu'il y avait une part de vrai qui se cachait dans ces propos. Mais, il ne cherchait pas à beurrer le pain d'avantage, préférant simplement éclairer la chandelle de la jeune femme, alors qu'il reprenait lentement son allure sérieuse, le sourire s'éclipsant par le fait même.

"Personnellement, j'appelle ça un "transfert de service". J'ai fait route de très loin, de la grande cité de Suzail... Enfin, si vous connaissez, mais bon, la plupart des gens connaissent. Quoi qu'il en soit, ça fait des semaines que je voyage. Toujours de la même manière, offrir la protection, en échange d'une place dans leur convoi, puis d'une bonne compagnie pour la route.

Mais bon, ma déception à été à Crimmor, tout juste hier, lorsque la seule possibilité de voyage que les Dieux ont bien voulu m'accorder était avec ce marchand. "Il baisse un peu plus le ton. "Si vous voulez mon avis, il est tellement irritant qu'il doit mettre sa propre santé en péril... enfin, si vous voyez ce que je veux dire?. "Rehaussant de nouveau le ton, il enchaîna de sa voix grave.

"Si je ne suis pas parti, c'est qu'il passe par l'endroit où j'ai l'intention de m'arrêter. Darromar! J'ai entendu dire qu'il y avait plein de trucs intéressants là-bas! Alors, pour être honnête, si quelques jours d'ennuis peut me valoir une vie active et enivrante, et bien, pourquoi pas?"

Le sentiment que sa voix dégageait était loin d'être hostile ou ennuyé. Bien au contraire, c'est à croire qu'il avait un grand besoin de parler, quitte à le faire seul. La présence d'une voyageur pour l'écouter ne faisait que lui plaire d'avantage. Puis, s'arrêtant dans ses propos, il réfléchit qu'un cours instant, avant de reprendre, cette fois-ci, sans grand intérêt.

"En quoi ça peut bien vous intéressez? Enfin... Si vous insistez vraiment, on part demain, dans la matinée. Enfin, c'est le plus probable."

Lasse d'attendre la bière qui tardait à venir, c'est vrai qu'il y'avait du monde mais tout de même, Alizée s'adossa carrement au comptoir, les coudes sur le bois lisse. Pendant le mouvement elle avait brièvement quittée du regard son interlocuteur, pour rapidement revenir vers lui. Alizée avait cru discerner de la surprise au fond du regard de l'homme, lorsqu'elle avait évoquée son manque de combat. Il était vrai que les adeptes de Tempus féminines ne courait pas les rues, et cela surprenait toujours un peu. Mais elle adorait ça, l'affrontement, croiser le fer, le plaisir de gagner arme à la main.

Enfin, l'homme avait daigné à sourire, lui renvoyant une phrase lourde de sous-entendus. Mais Alizée s'en amusa plus qu'autre chose, se contantant de sourire. En effet, les fois ou elle était allée au temple de Tempus elle avait croisée des voyageurs bien barrés... Des guerriers certes, mais complètement timbrés ! C'était limite si il ne mangeait pas le coeur de leurs victimes pour avoir plus de "force" par la suite... Que l'homme qui était en face de lui soit légèrement sadique sur les bords... Elle avait du mal à y croire, peut-être parce qu'il arborait le symbole de Heaum, donc par ce fait elle ne pouvait imaginer quelqu'un de vraiment mauvais. Mais les apparences étaient parfois trompeuses... Enfin elle n'était pas particulièrement méfiante non plus alors...

Elle l'écouta la suite, l'homme semblait avoir une certain loyauté et paraissait respecter ses engagements. Une qualité. Alizée tenait souvent ses promesses aussi, mais elle ne les faisait que d'elle même. L'homme venait de Suzail, une cité qui était vraiment lointaine pour elle, mais son père lui en avait souvent parlé, c'était dans le Cormyr.

La véritable surprise d'Alizée fut l'engouement qu'avait le "colosse" pour Darromar, ville qu'il semblait trouver interessante. Pour la guerrière l'endroit n'était vraiment qu'une étape, elle trouvait l'endroit assez... normal en fait. Quoique peut-être qu'en réalité il y'avait bien plus de chose que la cité ne le laissait paraître, elle ne connaissait pas assez bien le sud pour vraiment se prononcer mais elle n'avait jamais entendue parler de grandes choses à Darromar. Enfin il était sûr que si l'homme cherchait juste du "travail" il en trouverait sûrement là bas, la ville était de taille importante.

Mais à la dernière phrase du "colosse", Alizée haussa un sourcil, si rapidement que le mouvement était presque imperceptible. Mais cela avait dû suffir à montrer tout l'intêret qu'elle portait à la caravane, inutile d'essayer de la cacher plus longtemps.

*Demain ? Cela ne laisse pas beaucoup de temps pour voir si notre voleur est à bord...*

"Cela m'interesse oui, simplement parce que... elle baissa la voix, jetant un coup d'oeil autour d'elle, puis continua, je suis à la recherche d'un voleur, un type qui serait plutôt qualifié d'ailleurs. Et comme il se serait embarqué dans une caravane en partance pour Darromar, la votre pourrait-elle celle que je cherche."

Alizée en avait peut-être trop dit, mais elle se doutait que l'homme en face d'elle ne répéterait rien, simplement parce qu'il n'avait aucun intêret à le faire et qu'en plus il ne semblait pas pouvoir supporter son employeur. Donc si celui-ci hébergeait un voleur de son plein gré, le "colosse" se ferait peut-être même plaisir à le dire. Elle enchaîna à voix normale cette fois-ci :

"On m'a engagée pour ça. Enfin bref si vous avez vu quelque chose de suspect faites moi signe..."

Elle allait l'interroger sur Darromar et ce qu'il comptait vraiment faire, mais elle s'arrêta, marquant une pose, pour voir si il n'avait pas quelque chose à dire sur la caravane.

Rhandall fronça les sourcils peu à peu, alors qu'il constata cette étrange réaction provenant de son interlocutrice. Il était évident que ces histoires de caravane l'intéressaient... d'avantage plus que tout ce que l'homme pouvait lui raconter.

Et il en comprit rapidement la maison, alors que l'inconnue lui dévoila ce qui se rapprochait d'avantage de ses véritables objectifs. Tout s'expliquait maintenant! Retroussant discrètement le coin des lèvres, il n'avait plus besoin de se poser des questions inutiles. Sans donner l'impression de vouloir parler, il l'écoute attentivement, apprenant par le fait même l'objectif de sa recherche.

Lorsqu'elle se tue, les méninges de Rhandall travaillaient déjà à plein régime. Carrément se fier à ces impulsions, il l'aurait envoyé à Sadi. Pour lui, le serviteur était déjà trop louche pour mériter de se faire oublier. Cependant, il ne pouvait que se l'avouer. Mis à part des suppositions, il n'avait aucune preuve permettant de lui mettre l'étiquette du voleur. Un nouveau lien se fit immédiatement à cet instant. Les cavaliers qui les avaient arrêtés sur la route, aujourd'hui. N'était-il pas eux aussi à la recherche d'une personne, qui se serait embarqué dans une caravane?

"Vous n'êtes pas la seule, pour sur. Des hommes montés nous ont arrêtés en cours de route, cette après-midi. Pour la même raison à mon avis. Il cherchait un homme qui aurait utilisé le couvert des caravanes pour fuir. De quoi faire perdre patiente à l'ours mal léché qui me sert de patron..."

Quant à savoir s'il avait vu quelques choses de suspect, Rhandall se contenta de tenir son animosité envers Sadi en dehors de tout ça. Après tout, elle recherchait un coupable, mais l'humain n'avait aucune idée de l'employeur qui subventionnait les recherches, ni même l'objet qui avait pu être voler. Sans preuve, le guerrier préférait ne pas se lancer dans des suppositions qui pourrait s'avérer fausse. Intérieurement pourtant, il espérait que le voleur recherché serait Sadi. Ces actions mettaient franchement beaucoup de soupçons sur son dos, et puis, ça lui donnerait une bonne raison de lui montrer la "bonne voie"... à sa manière.

Ne sachant pas vraiment s'il devait la mettre sur une piste qui pourrait être fausse ou bien la retirer de ce qui pourrait s'avérer la bonne piste, sans compter qu'il ne connaissait en rien l'employeure de la guerrière, Rhandall cru bon d'avoir davantage d'informations.

"Mouais... Je peux savoir sous quelle autorité vous travaillez? Et par le fait même, avez-vous une manière de me prouver vos dires? Je ne pense pas que ce genre d'information doit rester secret... du moins, pour une personne qui pourrait s'avérer un potentiel témoin."

Il fallait bien commencer à quelque part? Et le plus logique serait de procéder à ce genre de formalités. Après tout, qui dit que cette femme ne tentait pas de profiter d'une opportunité en or pour commettre, si ce n'est pas améliorer un crime?

Alizée nota le léger, presque imperceptible, sourire du "colosse" dès qu'elle lui avait révélée ses véritables intentions. C'est vrai qu'il avait dû se poser diverses questions sur elle, car même si son approche était nonchalante son insistance sur la caravane l'avait percée à jour. Il sembla réfléchir un instant à la question de la guerrière, fouillant sûrement sa mémoire. Peut-être connaissait-il quelqu'un de suspect, peut-être hésitait-il à le dire ou peut-être qu'il n'avait simplement rien à dire. Finalement il évoqua une bande cavaliers, qui étaient visiblement à eux aussi à la recherche d'une personne particulière. Mais cela paru tout de même étrange aux yeux d'Alizée, en effet les Selunites qui l'avaient engagée semblaient garder le secret sur ce vol, essayant peut-être de dissimuler ou d'étouffer cette étrange affaire. Alors pourquoi des gardes mettraient-ils le nez là dedans ? Non c'était un raisonnement stupide en fait : qui avait dit qu'il s'agissait de gardes ? Cela pouvait très bien êtres des indépendants, une bande de mercenaires ou encore d'autres Sélunites... Voir même pire : Des adeptes de Shar à la recherche de leur collègue, pour faire passer la "marchandise". Non la dernière hypothèse était bien trop tortueuse pour être vraie... Quoique Shar était connue pour ses intrigues.

Finalement Alizée fut tirée de ses intenses réflexions lorsque le "colosse" lui posa une question. La guerrière leva les yeux vers lui, qui s'étaient perdus dans le vague. Elle paru hésiter un instant, son sourire laissant place à une mine plus sérieuse. Mais rapidement son regard si fit plus clair et elle se présenta :

"Excusez moi j'en oublie les bonnes manières, je suis Alizée Moonwind d'Eauprofonde."

Elle salua le "colosse" d'un mouvement de tête. La guerrière avait tout à fait comprise les doutes de son interlocuteur, à sa place elle en aurait fait autant. Il était vrai qu'elle aurait pu être n'importe qui, alors autant mettre les choses au clair :

"Disons que je travaille toujours pour moi même, mais là j'ai décidée de rendre service au temple de Séluné. Un voleur s'est introduit chez eux, au fi des protections divines. Normalement ce genre de défenses sont très difficiles à violer. Le cambrioleur est donc extrêmement doué ou alors il a recouru à un objet magique. L'objet qui a été dérobé est..."

Elle s'arrêta de nouveau, ne sachant pas si elle devait dévoiler la nature même de l'objet. Enfin après tout que cela pouvait-il bien faire ? Si l'homme qui était en face de lui n'était pas digne de confiance elle en avait déjà bien trop dit, donc autant y aller jusqu'au bout... Surtout que le "colosse" avait l'air franc, pas le genre de type à manigancer des affaires de vol.

"... un calice en argent de la déesse Séluné. Le voleur appartiendrait très certainement à l'Eglise de Shar, sinon il ne se serait pas risqué à courir autant de risques pour si peu."

Avec un brin d'impatience, Rhandall redresse le dos, puis pose ces mains entrelacées sur la table, commençant à se les frotter d'une façon qui en disait long sur le sentiment naissant en lui. La faim se faisait ressentir de plus en plus, et il n'avait pratiquement pas touché à sa gourde durant tout le voyage, ce qui n'aidait certainement pas à entretenir sa soif naissante. L'homme détourne son regard de la "fillette", cette même impatience l'empêchant de rester fixé trop longtemps. Il reporta peu de temps après son attention sur elle, un soupir franchissant ses dents serrées.

"Alizée Moonwind d'Eauprofonde... Grande cité selon ce que tout le monde dit, où tout semble si bien aller. Quelques choses me dit que c'est justement pour cette raison que vous vous retrouvez si bas dans les terres."

Son périple en caravane l'avait mené non loin d'Eauprofonde, il y à quelques semaines déjà. L'humain n'avait pourtant pas voulu y mettre les pieds, préférant attendre dans l'un de ces "croisés des caravanes", comme il les appelait souvent. Il n'en connaissait pas vraiment d'avantage sur la cité, et, en restant honnête avec lui-même, cette ville ne l'intéressait pas vraiment.

L'homme laissa la jeune femme poursuivre dans ces explications, sans chercher à l'interrompre. Pourtant, elle put constater qu'il observait un peu partout, derrière elle. Ses yeux volaient pratiquement de tout bord tout coté, analyste. Une habitude, consistant à repérer les oreilles indiscrètes, un "phénomène" qui énervait Rhandall lorsque les aveux pouvaient attirer des problèmes. Les vols de babioles religieuses avaient souvent un peu trop tendance à cacher des méthodes et des raisons au-delà de ce que l'oeil mortel pouvait voir et le cerveau mortel penser.

"Je présume que votre "compagnon" derrière vous est votre guide. À moins qu'il soit envoyé spécialement pour vous harceler d'histoires des Selunites ou vous mettre plus de bâton dans les roues?" L'homme ne méprisait pas autant les Selunites qu'il pouvait le faire de tous les adorateurs de la Triade... Particulièrement les adeptes de Torm... Cependant, il est évident qu'il possédait une certaine méfiance, malgré le côté chaleureux que cette déesse affichait.

"Quoi qu'il en soit! Je suis Érébus Stormchild, de Suzail..." L'un des rares mensonges qu'il prononçait en toute liberté. Il était mieux de laisser Jonathan Rhandall Arcadis mort, dû moins, jusqu'à ce qu'il aille une excellente raison de le faire ressortir. En fait, depuis son départ de Suzail, probablement toutes les personnes connaissant son "nom", le connaissait sous le nom d'Érébus Stormchild. En soit, l'humain trouvait que c'était beaucoup plus digne d'un maître-lame... Rhandall étant un nom si commun... " Quoi que maintenant, nous sommes en mesure de dire simplement, vagabond."

Ça ne servait plus à rien de jouer le rôle de l'homme attentif, plus ou moins intéressé. Le fait de lui avoir dévoilé tout ceci l'avait, d'une certaine manière, intégré de force dans tout cet arnaque.
"Vous devriez attendre avant d'en rajouter. Buvons, mangeons... prenons l'heure suivant sans tension inutile. Nous discuterons en privée par la suite... " Puis, ajoutant un peu plus bas, à l'écoute seul de la jeune femme. " J'ai peut-être une piste pour vous... Je ne garanti pas qu'elle soit la bonne, mais elle vous empêchera de révéler des secrets importants à de modestes voyageurs... à l'avenir..."

Alizée retourna le nom de son interlocuteur dans tout les sens. Ce n'était pas très commum, Erébus. Pas très Cormyrien non plus... Enfin ce n'est pas parce qu'il venait de Suzail qu'il était né là bas bien sûr, il pouvait très bien venir d'un pays plus lointain encore. Le "vagabond" qu'ajouta Stormchild fit légèrement sourire Alizée, c'était sûrement bien plus que de l'auto-dérision. Peut-être une réalité. Le type semblait avoir très faim, et commençait à s'agiter. Alizée était dans le même état, un peu agacée de ne pas voir sa commande arriver, mais que faisait-il de l'autre côté du comptoir ? Plus on attend plus c'est bon disait-on. Mais "on" dit pas mal de bêtises.

Erébus semblait avoir une certaine apréhension envers Séluné, de la méfiance. Enfin cela avait l'air d'être un Heaumite convaincu, cela paraissait un peu étrange, généralement c'est deux divinités s'entendaient bien. Quoique Alizée n'en jurerait pas, elle ne les avait pas assez côtoyée pour vraiment se prononcer. Et puis elle n'était ni pour l'une ni pour l'autre, donc ne se sentait pas vraiment concernée non plus...

Avec un air amusée elle désigna Selrian d'un mouvement de tête. Le mépris que semblait developper Erébus envers le pauvre Sélunite la fit presque rire. En effet le jeune moine n'en méritait pas autant, il était brave et ne ferait pas de mal à une mouche. Quoiqu'il pouvait cacher son jeu mais pas à ce point là. Elle lança au colosse :

"Inutile de le regarder avec ces yeux là, je vous jure qu'il ne fera de mal à personne celui là... Et ça va il ne m'a pas innondée d'histoires de Sélunites..."

Elle éclata d'un léger rire, se détachant du comptoir. Elle se tourna face à Erébus, haussant un sourcil à sa dernière phrase. Sur l'instant elle ne su que dire, pourtant ce n'était pas très compliqué... Mais elle avait l'impression d'un sous-entendu là dedans, à moins que cela ne soit la fin de journée simplement. Retrouvant la parole elle désigna une table à côté du comptoir.

"Attablons nous ici... Avec un peu de chance le serveur retrouvera ses jambes..."

Le regard de Rhandall dévia vers la table proposée par la guerrière. Puis, il reporte un court instant son attention sur le Selunite, la lenteur dans ces mouvements trahissant la faim qui le tenaillait d'avantage.

"Pourquoi pas?" Finit-il par dire, commençant bien malgré tout à ce sentir un peu trop serré sur son tabouret. Sans compter que le fait d'avoir si rapidement "séduit" une jeune beauté pourrait créer davantage de tape à l'oeil. Il fallait l'avouer, la perceptive lui plaisait fortement. Pratiquement personne ne porterait attention à ce qu'il allait discuter, seul la vision les ferait tous réfléchir, à se plaindre de leur pauvre manque de chance dans les romances de voyageur que plusieurs semblaient apprécier.

Une illusion... rien de moi. Les yeux et oreilles les plus attentifs ne verraient que formalité entre potentiel confrère et consoeur d'armes.

"Avec de la chance, je serai servis avant demain matin." Finit-il par ajouter, sur un ton de voix plus élevé, la pointe d'ironie dans ses propos étant impossible à ignorer. Se glissant du banc, il franchit la courte distance qui les séparait de la table. Rhandall se tira une chaise, puis fit glisser son sac à dos juste à côté. Il s'assit rapidement et donna quelques coups de pied sur le sac, pour le glisser entre ses deux pieds.

Il déposa ses mains sur la table, pianotant avec les deux contre le bois, le regard légèrement perdu dans le vide, visiblement non porté vers les bavardages... tant qu'il n'aurait pas la chance de prendre une bouchée.

[Désolé pour le retard, mais en fait je crois que l'on attendait mutuellement une réponse de l'autre...]

Le serveur s'ammenait enfin, d'un pas nonchalent. Il posa la bière et la nourriture sur la table puis s'éclipsa. Alizée eut un regain d'énergie à la vision des victuailles, et surtout d'une bonne bière... Certes cela ne valait pas un bon cognac cormyrien mais elle n'avait vraiment pas l'air mauvaise. Du coin de l'oeil la guerrière avait parfaitement remarquée la mine méfiante de Selrian, qui, visiblement n'avait pas du tout confiance en Erébus. Il était vrai que l'homme avait une mine assez patibulaire au première abord, mais il semblait garder cette attitude plutôt pour éviter de se faire importuner par le monde entier que par caractère véritable. Quoique...

Alizée attrapa la hanse de sa chope. Depuis le matin elle n'avait rien bu d'autre qu'un seul et unique verre d'eau. Son "confrère" qui avait l'air d'être affamé depuis le début de la conversatio allait sûrement lui aussi se jeter sur les victuailles. Alizée avala une gorgée de bière fraîche. Dans la taverne cela semblait être "l'heure de pointe", il y'avait énormément de monde qui venait manger et boire. Rapidement le brouhaha s'intensifia alors que Selrian, lui, partait faire un tour. La guerrière se demanda ou pouvait-il bien aller, si il connaissait encore d'autres personnes dans la ville, ce qui n'était pas improbable.

Mais elle revint à la réalité, chassant ses pensées en posant sa chope sur la table. Le colosse en face d'elle semblait surveiller quelqu'un ou quelque chose du coin de l'oeil. Repoussant une de ses mèches qui lui tombait sur le front, elle s'adressa à Erébus d'une voix empreinte de curiosité :

"Vous semblez regarder quelque chose derrière moi, de quoi s'agit-il ?"

[Effectivement, tu m'en vois désolé ^^' ]

La réaction qu'avait prévu la jeune femme s'avéra vrai en moins de temps qu'il faut pour lancer les paries. Ce même repas lui fit ignorer à la fois son interlocutrice et ce désagréable Sadi, qui semble par moment un peu trop s'interpréter comme son espion personnel. Malgré tout, la seule chose que les deux personnes pouvaient remarquer, dans l'immédiat, c'était simplement une série de bouchée rapide, sans grande manière, mais bien entendu, sans non plus se montrer trop "porc".

Le départ de Selrian ne faisait que le rassurer d'avantage. Le jeune homme n'avait pas caché sa méfiance du Selunite, et le tout semblait franchement réciproque. Ce genre de réaction commune était fréquent pour Rhandall. Comme s'il dégageait carrément son manque de confiance complet envers la plupart des fidèles croyants des diverses divinités du panthéon, si énorme, que tout Toril contenait. Il n'aurait probablement pas engloutît la nourriture aussi rapidement si ce type serait encore dans les environs. Même Sadi n'était pas en mesure de le faire.

Il ralentit cependant son rythme vers le milieu de son repas, saisissant la hanse de la choppe, il s'en envoya une bonne rasade dans le fond de la gorge. Puis, reposant la choppe sur la table, il semblait prendre conscience qu'il n'était pas seule du tout. Et l'inconfort désagréable que ce Sadi éveillait en lui reprit rapidement le dessus, endurcissant les traits du visage de Rhandall. Il jeta un long moment un coup d'oeil par dessus l'épaule d'Alizée, puis, sortit de sa fixation par la jeune guerrière, il secoue brièvement la tête, souriant comme si de rien n'était.

"Quelque chose hein? C'est une bonne idée, le prendre pour un simple pot à fleur pourrait me faire rire. Mais, c'est plutôt ce pseudo lèche-botte du patron qui m'énerve. Pour quelqu'un qui devait se mêler de ces affaires, pas besoin de dire qu'il a oublié la part de l'entente..."

L'homme venait possiblement d'échapper un point important, qui pourrait facilement faire douter Alizée de quelques choses. Lui-même ne l'avait pas dit dans cette intention. Après tout, cette entente n'était rien d'important.

Alizée s'interrompi en plein mouvement, alors que sa choppe montait machinalement à ses lèvres. Elle se figea un court instant dans son mouvement, interloquée par la dernière phrase de Erébus. Même si la curiosité la tenaillait, la démangeait d'une force incroyable, elle ne se tourna pas pour voir ou portait le regard de l'homme en face d'elle. Elle avala finalement une nouvelle gorgée, et reposa lentement sa choppe sur la table, marquant le geste en la faisant claquer sur le bois usé. Elle se mit en équilibre sur sa chaise, se balançant dans le vide, intérieurement elle se demandait ce qu'était "l'entente", et si c'était une bonne idée d'en demander plus...

Mais elle ne tenait plus, et tranquillement elle dévisagea Erébus, qui avait ralenti son rythme de déchiquetage de viande. Sur un ton éclaircit par la bière fraîche elle lui posa la question fatidique :

"Quelle entente ? Enfin peut-être que cela ne me regarde pas mais à votre place...

Elle s'arrêta un court instant, son visage marqué par un large sourire, puis reprit du même ton :

"J'irais mettre les choses au clair, l'arme à la main... Je ne supporte pas vraiment les gens qui ne tiennent pas leurs parts de contrat..."

Indirectement elle espérait en savoir un peu plus, faire parler son camarade dans l'emportement dont il pourrait faire preuve.