Elidhiaze avait la chance de faire partie de ces gens qui, pour une raison inconnue, étaient nés plus beaux que les autres.
Oui, on pouvait haïr son visage aux courbes pleines et pures, on pouvait cracher sur ses yeux perlés, sur ses lèvres enfantines et gourmandes, on pouvait vouloir briser ce cou de cygne et arracher cette peau de miel, il n’y avait rien à faire. Elle restait belle, étincelante, comme un joyau.
Sa voix était belle.
Sa démarche était belle.
Son regard était beau.
Tellement parfois que c’en était…. écœurant. Vraiment. Trop de charme, de grâce, ça ne semblait pas normal. Ce n’était pas normal. Ça en devenait contrefait. Inquiétant. Mais…mais malgré tout…
Tout chez elle était hypnotique, captivant. Au lieu d’attirer le regard, elle le capturait.
Fière silhouette, plutôt grande pour une femme, fine, elle faisait partie de ces gens qui avaient « ce gros quelque chose en plus. ». Au milieu des poissonnières des quais, aux mains calleuses, à la voix éraillée, à la démarche fatiguée, elle détonait par son exotisme. Sa peau était tannée, ses cheveux soyeux encadraient son visage altier. Elle devait avoir, quoi, la vingtaine ? Si jeune, et avec un regard si enchanteur, si intelligent.
Mais vous n’êtes pas bêtes, n’est-ce pas ?
Vous savez bien que, pour survivre dans les quais, il faut avoir plus d’un tour dans son sac, ou alors se fondre dans la masse et courber l’échine. La vie n’est pas douce ici.
Alors, en apercevant du coin de l’œil cette forme colorée aux vêtements clairs, cachée sous son ombrelle de soie, vous ne pouvez vous empêcher de vous demander…quel dieu s’est penché sur son berceau.
La vie, vous la connaissez. Ça laisse des traces. Des coups. Des rides.
Comme quoi, il semblerait que certaines personnes ont plus de chances que d'autres.