Dalekh Weftynlei

Ceci est un récit dans l'univers de Faerûn, mettant en scène les elfes noirs, dits "Drows", amoureux du chaos et d'alignement Neutre Mauvais (pour info). Ce récit se passera dans la ville nommé Menzoberranzan, la Cité des Araignées, car c'est le ville sur laquelle j'ai le plus de documentation et surtout une carte, que je scannerais dès que possible.

Ce récit débute durant l'année 1251 à Menzoberranzan, cité elfe noir d'environ quatre-vingt mille habitants, dont à peine un dizième de nobles. Le reste est de simples roturiers ou des esclaves, qui constituent près de la moitié de la population.
Les différentes maisons nobles se livrent des guerres discrètes mais sans merci pour s'anéantir entre elles, visant à atteindre le statut envié des Huit Premières Maison de Menzoberranzan ; ces huit maisons contrôlent la ville, sinon de fait, du moins dans l'ombre. La maison la plus élevée est la maison Baenre. Sa Mère-matrone, connue sous le nom de Baenre, est déjà à sa tête depuis plus d'un demi-millénaire, et contrôle la ville, forte de ses deux milles soldats surentrainés et suréquipés, du fils ainé qui est l'Archimage de la cité, des filles Grandes Prêtresses et maîtresses à Arach-tinilith, l'école des prêtresses, et du second fils Dantrag Baenre, le plus grand maître d'armes de la cité, à l'exception de la demi-fiélonne, mi-humaine mi-démone, qui est la Maître d'Armes de la maison Weftynlei, vingt-et-unième de Menzoberrazan...

C'était le matin. Gromph Baenre, l'Archimage, venait de lancer sur Narbondel le sort qui indiquait "l'heure" de la "journée", si ce terme pouvait s'appliquer à une caverne située à des kilomètres de profondeurs. Matrone Jinye, de la maison Weftynlei, vivait les derniers instants de sa grossesse. Agée d'un peu plus de quatre cents ans, elle attendait son second enfant ; les Drows n'étaient pas fertiles, et elle espérait que cela serait une fille, afin d'épauler la fille aînée, Keren. Autour de la Matrone, vue rouge comme une furie en fusion à cause de l'infravision utilisée par ses assistantes, étaient sa fille et six prêtresses mineures qui psalmodiaient des litanies afin d'apaiser Lolth, la cruelle princpale déesse du panthéon Drow. Lorsqu'enfin l'enfant se décida à sortir, Keren le saisit, trancha le cordon et le déposa dans l'espèce de bénitier prévu à cet effet. Reprenant son souffle, Matrone Jinye se leva et vint observer l'enfant. C'était un fils. Grognant, elle saisit une torche qu'elle alluma pour observer les yeux de l'enfant. Elle lui cacha les yeux de la main pour ne pas l'éblouir, mais lorsque vint la lumière, le jeune fils se mit à pleurer de ses yeux couleur ambrée... Couleur qu'ils avaient dans le noir, au lieu de la couleur rougeoyante habituelle.
"Est-il aveugle ?
-Non, fille ignare, sinon il n'aurait pas pleuré à cause de la lumière.
-D'ailleurs il se calme... Comment vas-tu le nommer ?
-Dalekh. Il se nommera Dalekh.
-Comme...
-Oui, le premier Maître d'Armes de cette Maison.
-Un nom prophétique ?
-J'espère. L'enfant est à toi, Keren. Eduque-le comme il se doit.
-Matrone Jinye."
La jeune Drow s'inclina avant de saisir le jeune mâle. Elle allait l'éduquer, oh que oui, et dans la gloire de Lolth...

Pendant six longues années, le jeune Dalekh fut sous la tutelle de sa soeur. Il vivait dans la chapelle familliale, apprenant la soumission des mâles à coups de fouets et de leçons, apprenant aussi la haine et la fourberie, que seul comptait le fait de ne pas se faire prendre, et surtout la haine envers les elfes de la surface, les maudissant à chaque fois que le fois mordait sa chair. Jamais il ne put voir sa mère, jamais il ne vit d'autres Drows que sa soeur, en fait, en dehors des cérémonies religieuses, chaque dizaine*.
Les dix années suivantes furent des années terribles elles aussi. Il vivait cette fois-ci dans la salle d'audience de Matrone Jinye, mais était torse nu et ne devait détacher les yeux du sol. Il l'avait compris lorsqu'il l'avait fait une fois. Une seule. La vingtaine de coups de fouet qui suivirent, lui déchirant le dos et laissant des cicatrices encore présente, le dissuada de recommencer. Il ne faisait que servir de page, servait les boissons, donnait les parchemins, faisait le ménage, prenant soin de ne rentrer dans personne ni même de parler ou de s'approcher trop près de sa mère par peur du fouet ; les femelles Drows étaient plus grandes et plus fortes que les mâles, et ceux-cu apprenaient vite à les craindre. Le jour de ses seize ans, il fut surpris en entendant une foule de personnes entrer dans la salle, y compris un pas léger et feutré qu'il ne conaissait pas ; après dix ans, il était parvenu à identifier tout le monde, y compris le plus humble soldat, à partir du bruit de ses pas.
Matrone Jinye l'appela.
"Dalekh... regarde-moi."
Il osa enfin lever les yeux, la tête craintivement ramassée dans ses épaules. Sa mère semblait... heureuse. En tout cas, elle souriait. A sa droite se trouvait Keren, tenant dans ses mains un piwafwi, la cape avec capuche qu'affectionnaient les Drows, dont les entrelacs pourpre et rouge sombre sur le fond noir désignait la Maison, et à sa gauche était un être pour le moins bizzare. Une légère lumière régnant dans les les lieux, Dalekh put la détailler sans l'aide de l'infravision.
Cette personne était une femelle, une humaine à priori, d'une beauté à en couper le souffle : de longs cheveux de jais soigneusement coiffés à l'aide de perles, une peau blanche comme l'albâtre, des mains aux doigts longs et fins, un visage superbe aux grands yeux verts. Elle était vêtue d'un corsage de cuir moulant, une jupe longue largement fendue et des bottes Drows habituelles. Elle portait de chaque côté une arme : du côté droit, une épée courte finement ouvragée, et du côté gauche, un sabre étrange. Ce qui la distinguait d'une humaine était toutefois deux grandes ailes membraneuses, noires comme la nuit, la désignant comme une fiélonne, créature du mal s'il en était.
"Cette personne se nomme Medri. C'est notre Maître d'Armes, et c'est sous sa tutelle que tu vas t'entraîner jusqu'à ton entrée dans l'Académie. Approche."
Le jeune mâle avanca doucement, à pas feutrés et une grâce presque surnaturelle. Matrone Jinye hocha légèrelent la tête à l'intention de Keren, qui passa derrière Dalekh et lui placa le piwafwi sur les épaules, l'accrochant avec une broche représentant le symbole familial.
"Tu n'es plus un page. Tu es désormais Dalekh Weftynlei, noble et fils aîne de la Maison Weftynlei, Vingt-et-unième de Menzoberranzan."
A ce moment, les portes de la salle explosèrent, et une armée commenca à entrer. Derrière luisait un portail dimensionnel, par où l'armée était arrivée. L'absence d'assaut psychique accompagnant la soldatesque désignait clairement l'assaillant. Medri bondit vers la corne située derrière le trône et souffla dedans, alertant les soldats de la maisonnée. Puis elle dégaina, observant son futur élève, s'il survivait.
Dalekh avait saisit deux épées courtes dans un des rateliers accrochés au mur. Les faisant tournoyer, il estima leur équilibre, avant de se jeter dans la mêlée. Juste avant le contact, il utilisa le pouvoir familial et une forte lumière envahit la salle, brutalement mais brièvement. Le but était néanmoins atteint puisque les assaillants étaient aveuglés et désorientés. Medri et les prêtresses chargèrent à leur tour, rejoingnant le jeune noble, qui avait déjà tué deux ennemis, mais maintenant que ses adversaires se ressaisissaient, il fut vite entouré par des ennemis supérieur en nombre et en entraînement. Il décida de léviter en tournoyant sur lui-même, tuant un autre ennemi, et atterit près du trône, haletant, observant sa mère, sa soeur et son professeur au travail, rejoints sur les arrières par les soldats Weftynlei. Un nouveau flash jaillit, ce qui permit aux défenseurs de vaincre aisément.
Quelques heures plus tard, une fois que les survivants, une cinquantaine de soldats, eurent prêté allégeance à la maison qu'ils avaient attaqué, Matrone Jinye s'approcha de lui, accompagnée de Medri.
"Tu t'es bien battu, fils aîné. Mieux que ce que l'on pourrait attendre d'un mâle. Je te laisse donc le choix : aller à l'Académie, ou rester sous la tutelle de Maître Medri."
Le jeune mâle se releva de toute sa taille, impresionnante puisqu'il était déjà aussi grand que les plupart des femelles Drows, et déclara :
"Je préfère rester ici, Mère Matrone. Je vous remercie de me laisser le choix."
Un geste de Matrone Jinye, et la fiélonne s'éloigna, passant un bras autour des épaules de Dalekh, encore un peu plus petit qu'elle, rejoignant les appartements de la Maître d'Armes...

Lorsque le tout jeune Dalekh entra dans cette enfilade de salles, il fut stupéfait. En fait, ce qu'il avait pris pour une succesion de pièces n'en étaient qu'une : dans un coin trônait une couche monumentale, dans un autre, une vaste baignoire taillée dans un bloc de granit, agrémenté de marbre, avec à côté une armoire ; et enfin, plus près de l'entrée, une demi-douzaine de manequins et une collection impressionnante d'armes sur plusieurs rateliers, des dagues aux épées à deux mains, en passant par les épées longues, courtes ou bâtardes, des cimeterres, des rapières et des sabres, entre autres.
"Choisis tes armes, jeune Drow. Tu semble être doué pour te battre à deux armes, aussi je pense que t'entraîner avec deux lames sera plus efficace que si tu ne te servait que d'une seule d'entre elles."
Le jeune mâle avanca vers les râteliers, regardant de droite et de gauche, indécis, avancant doucement une main ou l'autre pour saisir les armes et éprouver leur équilibre, parfait comme il sied à toute arme drow.
"Je vais prendre mon bain, pendant que tu choisis tes armes. Ensuite, nous commencerons l'entraînement."
D'un geste de la main, elle invoqua un paravent léger pour masquer la baignoire à la vue du garçon et fit couler l'eau.
Dalekh, lui, prêtait à peine attention à ses paroles. Il n'avait eu de cesse de s'ennuyer jusqu'à présent, et il tenait l'occasion de s'occuper intensément. De plus, il pourrait ainsi faire payer les Elfes de la Surface, ces iblith de darthirii, pour tous les maux de son peuple. Après avoir testé toutes les armes, il se décida pour saisir de la main droite un sabre étrange tel que celui de sa Maître d'Armes, et dans la main gauche une épée longue.
"Veldruk, j'ai trouvé mes armes !"
Madri sortit alors du couvert offert par le paravent, le congédiant d'un claquement de doigt, tandis que son élève l'avait appelé. Elle était juste vêtue d'une courte tunique sans manches mais avec des bretelles étranges, et de bottines de soie.
"Parfait."
Elle bondit vers ses armes, les dégainant.
"En garde, mon élève ! Voyons ce que tu vaux !"
Elle chargea alors, sabre haut et épée courte plus bas, en un éclair...

Le jeune Drow para le sabre de son Maître avec le sien, puis d'une rotation esquiva l'épée courte. Il lanca ensuite son bras gauche avec la volonté de frapper la nuque de l'alu, mais celle-ci se baissa, et faucha son élève d'une rotation. Dalekh rétorqua en invoquant un globe des ténèbres, roula hors de celui-ci et se releva d'un bond, se replacant instantanément en garde. Une épée courte jaillit du globe droit vers lui, et il lévita pour l'esquiver, se trouvant face à Mandri qui s'était envolée. Elle frappa avant que son élève ne puisse relever sa garde, le plat de la lame l'envoyant voler contre un mur. Il sentit un choc brutal, puis plus rien.

Lorsqu'il s'éveilla, il était assis contre un mur, la tête dans un bandage, sentant le sang séché contre sa tempe et sa joue. En face de lui se tenait l'alu, tenant dans chaque main la garde d'une arme brisée.
"Tu as tué ces lames. Leur perte est acceptable, mais que cela te serve de lecon. Ne baisse jamais ta garde. Ne combat jamais défensivement. Ce n'est visiblement pas ton style. Avec quelle autre arme étais-tu familier ?"
Dalekh désigna une épée large, imposante. L'alu le jaugea d'un regard critique.
"Tu n'as pas la carrure suffisante. Du moins pour le moment. Alors DEBOUT !"
L'elfe obéit instantanément, attrapant l'arme imposante que Mendri venait de lui envoyer, ployant sous le poids. Elle lui désigna un mannequin.
"Entraîne-toi là-dessus. Tant que tu ne seras pas capable de manier cette arme avec grâce, je ne pourrais rien t'enseigner."
Elle sortit ensuite de ses appartement, le noble ne pouvant que regarder, impuissant, l'arme entre ses mains et le mannequin... Puis il décida de commencer à s'entraîner, levant avec difficulté son arme avant de la laisser retomber sur le mannequin, encore loin de maîtriser son coup...

*la dizaine est léquivament des semaines, celle ci comportant dix jours dans Faerun.