Un jour pas comme les autres

Le sanctuaire de Mystra était l'un des moins importants de la ville, plus petit que la majorité des nombreux boutiques et bazars que l'on pouvait trouver dans la ville. Situé au coin d'une rue, on ne pouvait le distinguer qu'au symbôle affiché sur la porte.
Hannyss tapa à la porte, et ce fut un jeune gnome atteint de calvitie qui lui ouvrit...

"Oui? Qu'est-ce que vous voulez?" lui demanda-t-il d'un ton agacé.

Nullement découragé par l'attitude désagréable du prêtre, Hannyss s'inclina et lui sourit joyeusement, haussant ses sourcils fin, ce qui donna un nouvel éclat à ses yeux de panthère, puis il prononça quelques paroles de sa voix chantante :

"Je vous salue, messire, je suis Hannyss Lirennan, mais on m'appelle Corbeau."

Il marqua une petite pause pour ménager son interlocuteur, et récita quelques vers :

"Je viens passer en ce lieu saint
A la recherche de quelqu'un.
Il répond je crois au nom
De Caldrin Meryl, serviteur du bien et bon."

Il adressa un clin d'oeil espiègle à l'homme et lui montra son symbole religieux, afin de prouver que ses intentions étaient bonnes. Hannyss était un serviteur en secret de la Dame des Mystères, alors il aurait sans doute toutes les informations dont il avait besoin ici.

"Bah c'est bon, vous pouvez entrer."

... et Hannis entra. Comme il s'y attendait, le sanctuaire était de taille réduite. La salle principale comportait quatre bancs disposés en carré autour d'un autel, et la salle servait plus de bibliothèque que de lieu de culte. Des coussins étaient également posés sur le sol. Dans le coin qui lui faisait face, une embrasure de porte donnait sur un escalier à colimaçon.
Hormi le gnome, un grand homme chauve portant un monocle se trouvait dans la pièce. A la plus grande satisfaction de Hannis, il portait sur sa robe toute simple une broche représentant une harpe dans un croissant de lune. Il était sur la bonne voie.
L'homme s'approcha de lui en souriant.

"Bonjour à vous. Puis-je savoir, messire Corbeau, quelle raison vous amène à la rencontre de Maître Caldrin Meryl?"

Hannyss entra et fit le tour de la salle du regard. Très vite, ses yeux se fixèrent sur l'homme à la broche, et il lui sourit. Il s'approcha légèrement et s'inclina. Puis il dit de sa voix musicale :

"Après un an passé en cette ville, comme me l'a indiqué la douce Aralen, je viens en quête du ménestrel Caldrin Meryl, car il m'a été dit que je saurais me rendre utile, mais aussi parce que je l'ai promis à cette personne, qui m'est chère."

Il marqua une pause, détaillant l'homme au monocle, puis reprit, avec un petit rire amusé :

"Et après un an enfin,
De son errance Hannyss vit la fin,
Face à un homme il se retrouva
Dans une chapelle dédiée à Mystra.

Qui êtes-vous, mon seigneur,
Si n'êtes point ce ménestrel ?"

Hannyss s'arrêta et continua à regarder la pièce dans son ensemble, ayant du mal à réaliser depuis combien de temps il n'avait pas mis les pieds dans un bâtiment construit par les hommes...

Etre dans un chapelle dédiée à la Dame... cela faisait encore plus longtemps, et des souvenirs d'enfance remontèrent à sa mémoire, vite chassés par la suite des évènements et un retour à la réalité.

Est-ce que cet homme était Caldrin Meryl ? Peu importait au fond, à présent il allait avoir un but plus excitant que découvrir les noms des ruelles de Port-Ponant.

L'homme esquissa un sourire alors que Hannis lui posait cette question.

"Héhé, je vois. Eh bien, certes, je ne suis pas le Seigneur Caldrin Meryl. En revanche, je gage que vous le trouverez si vous montez ces escaliers..., dit-il en montrant les escaliers en colimaçon. Et je pense que vous pourrez vous rendre utile si c'est bien là ce que vous désirez. N'hésitez pas à parler fort si vous n'arrivez pas à vous faire comprendre. Maître Meryl est vieux, et son ouïe a faiblit en même temps que ses forces ont diminué."

Hannyss sourit gaiement :

"Merci bien, messire, il semble que j'aie frappé à la bonne porte du premier coup."

Puis il salua avec panache et se dirigea vers les escaliers en sautillant presque. Un vieil homme... Aralen ne l'avait pas mentionné, mais peut-être n'y avait-elle tout simplement pas pensé. Elle aurait très bien pu le connaître dans sa jeunesse. Aaah les elfes !

Arrivé à l'étage supérieur, il s'arrêta et passa le revers de sa main sur ses vêtements pour lisser les plis. Il se demandait comment il pourrait aborder Caldrin Meryl, mais peut-être pourrait-il lui parler d'Aralen.

Les yeux de fauve du "Corbeau" affichaient à nouveau sa tristesse, parce qu'il était si loin de celle qu'il aimait... Mais il revoya ces pensées dans un coin de son esprit, le seigneur Ménestrel ne devait plus être bien loin, et il entreprit de faire le tour de la pièce du regard.