Berca-Froisi, ville sans intérêt (ou presque)

Maître du jeu Nombre de messages : 1170 Date d'inscription : 08/10/2005

A environ soixantes kilomètres au sud de Purskul se trouve la petite ville de Berca-Froisi. Comptant environ deux milles âmes, dont un tiers sont de passage, cette agglomération de maisons aux murs ternes et sans caractère se niche à flanc de colline le long d'une petite rivière. Toute l'activité tourne autour du service aux caravanes, car Berca-Froisi se situe en bordure de la grande route commerciale nord/sud qui longe la côte des Epées.

On y trouve donc quantité d'auberges et de tavernes, de réparateurs de chariots, de maréchaux-ferrants, de boutiques d'alimentation, tout un tas de commerces liés au voyage, et bien sûr un paquets de mercenaires brutaux et sanguinaires qu'on appelle officiellement "gardes de caravanes". Toute cette activité assure non seulement la subsistance des habitants, mais contribue aussi grandement à mettre de la vie et de l'animation dans un patelin complètement dénué de particularités, qu'elles soient géographiques, culturelles, historiques, ou architecturales, où tout le monde serait mort d'ennui depuis longtemps. Ou de honte, parce que habiter dans une ville portant un nom pareil, il faut quand même se l'encaisser au quotidien.

Et c'est là que débarque le petit Lucien, halfelin courageux, déterminé à ne pas (trop) se faire marcher dessus par les "grands".

Arrivant Nombre de messages : 16 Date d'inscription : 10/07/2007

Lucien, tristement surnommé foutriquet, nous verrons pourquoi, descendit prestement de son poney "Plan".
Ce nom datait de l'époque où, en Hin insouciant, une plaisanterie aussi ridicule que Poney Plan et blanc bonnet, le faisait encore se tordre de rire.
Beaucoup d'orques avaient passé sur les ponts depuis …
Il arrivait en vue de Berca-Froisi et il était inutile de fatiguer davantage sa brave bête.

Elle lui avait d'ailleurs tiré une belle épine du pied, ou plus exactement un beau squelette du dos, quand il s'était enfui en hurlant du tombeau où il avait entrepris de prélever sa première dent de monstre sur une dépouille oubliée de tous.
Lorsqu'il avait demandé aux habitants du village proche, s'ils savaient où trouver un monstre mort, il aurait dû préciser "et suffisamment conscient de son état pour le rester tandis qu'on lui introduisait une tenaille dans la bouche".
Pourtant, tout avait bien commencé et Lucien avait fracturé avec aisance la serrure de la porte qui scellait la crypte. Les bons outils qu'il avait "emprunté" à son parent serrurier lui avaient été d'un grand secours.
Parvenu à pied d'œuvre d'une part, et du cercueil de pierre d'autre part, il s'était déjà avéré incapable de soulever le couvercle.
Une corde attachée à l'arçon de Plan avait résolu cette difficulté. Il lui avait bien semblé que la tête du mort avait bougé entre sa première inspection et le moment où, parès avoir farfouillé dans sa besace, il s'était enfin approché tenaille en main.
Quand la créature lui agrippa le poignet, il fut absolument convaincu que quelque chose clochait et il s'enfuit en hurlant, abandonnant l'outil et tranchant sa bonne corde dans sa précipitation.
Au village, où sa mésaventure avait bien fait rire, il gagna le surnom de Foutriquet et la certitude que la vie d'aventurier n'était pas de tout repos.
Il s'était rééquipé, et hormis quelques piécettes, ses pertes concernaient surtout ses illusions.
La leçon était amer, mais un Poicassé n'abandonnait pas si facilement !

Il était très difficile pour un Petite-Gens seul de devenir un héros préleveur de dents. Il lui fallait apprendre à travailler avec quelques Grande-Gens, et peut-être, s'il se débrouillait bien, monter par la suite sa propre équipe.
En définitive, il se voyait plutôt en préleveur de dents après qu'une demie douzaine de grands gens se fussent assurés de la coopération du monstre à grand renfort de coups de hache ou de bastarde.
Il convenait cependant volontiers qu'une ou deux boules de feu pouvaient parfaitement apporter une touche délicate à une telle perspective.
Il décida également, de concentrer ses prières sur Brandobaris. Il était jusqu'alors sans exclusive par rapport au panthéon Halfelin, mais il songea qu'il aurait grand besoin de la bienveillance que le dieu accordait généralement aux audacieux.
.....
Afin de laisser derrière lui le souvenir pénible de son échec et les railleries cuisantes des villageois, il s'était remis en route. Et c'est ainsi qu'il arrivait devant cette petite ville de Berca-Froisi où toutes les caravanes d'Amn et du Calimshan se devaient de passer tôt ou tard, si les renseignements qu'il avait pris en chemin étaient exacts.

L'endroit idéal pour observer ces Grandes-gens bagarreurs, voire se glisser au sein d'un groupe accompagnant une caravane en partance - La quête des dents imposait des voyages incessants ! - Mais dans un premier temps, l'endroit idéal surtout pour manger et que Plan prenne un peu de repos, se disait Lucien en franchissant l'enceinte

Maître du jeu Nombre de messages : 1170 Date d'inscription : 08/10/2005

Voilà une rue où l'on trouve une taverne tout les dix mètres. Avec des noms comme "la grande roue", "le banc", "le farfadet bossu", et le "le chien jaune" il y a l'embarra du choix. Et de la qualité? Difficile à dire. Beaucoup d'animation et de bruit, ça c'est sûr. Des rires, des beuglements, de la musique parfois, et des types qui en sortent régulièrement bien entamés tout en se foutant des claques dans le dos.

Il doit bien y avoir des rixes de temps et temps -ce qui signifiait des dents sans propriétaires ne demandant qu'à être ramassée- mais plus tard dans la soirée.

Arrivant Nombre de messages : 16 Date d'inscription : 10/07/2007

Il était important de trouver la taverne la meilleure possible. Non pas que Foutriquet ait un goût immodéré du luxe, encore que ... mais c'était généralement les seules à prévoir des tables et des sièges pour les Petites-Gens.
Ce Bourg de Berca-Froisi était vraiment particulier. En tant que ville de passage avec de courts séjours à la clef, des allées et venues incessantes, aucun établissement ne semblait nettement supérieur à un autre.
Le soleil, la poussière, les changements continus de clients les fatiguaient tous rapidement.
Peu renseigné par ses yeux, il fit confiance à ses oreilles et opta pour le Farfadet Bossu . Il lui semblait que le bruit y était à peine moindre qu'ailleurs. Il estima que les probabilités d'une rixe devaient plus ou moins suivre le volume sonore.

Cherchant une dépendance de l'établissement pour que son poney y soit bichonné, il lui sembla aviser ce qui devait être un palefrenier.

"Eh ... la bonne rencontre ... Une pièce d'argent pour toi si tu prends grand soin de mon poney"

Maître du jeu Nombre de messages : 1170 Date d'inscription : 08/10/2005

Le type pris la pièce, souriant de ses chicots gâtés. Réflexion faite, celui-là ne paraissait pas spécialement avenant. Enfin, en regardant du côté de la porte le halfelin pû contempler un échantillon de l'art pictural local : peint sur le bois, une créature aussi grotesque que difforme, ayant l'air de se tortiller sur le mur. Certainement que cela voulait représenter un farfadet... bossu.

Une fois franchis la porte, la vulgarité de l'intérieur éclate aux yeux, en digne exemple des cabarets de province. Le vernis rouge et luisant recouvre la plupart des pièces d'ameublement ainsi que les poutres et montants, donnant à l'ensemble un aspect oriental purement involontaire. La pièce est pleine aux trois quart, d'humain majoritairement, bien que Lucien aperçoive un gnome dans la foule. Et tout ça remue et beugle, jouant aux cartes ou s'empiffrant d'amuse-gueule. Le comptoir en forme de quart de cercle se trouve dans le coin au fond à droite, tandit qu'à gauche se trouve une petite scène vide pour le moment. Un humain moustchu s'occupe de remplir des chopes de mousseuses.

Arrivant Nombre de messages : 16 Date d'inscription : 10/07/2007

Eh eh ... Se dit Lucien tout en allumant sa pipe sur le seuil de la porte, craignant que la cohue à l"intérieur ne lui fasse renverser son précieux tabac, au moins y'a du monde ... Il avança donc dignement vers le comptoir comptant sur sa pipe pour éviter qu'on le prisse pour un enfant.
Arrivé à portée de voix du serveur, il l'héla sans vergogne :
"Une chopine je vous prie tavernier et quelque chose à grignoter ...
Dîtes moi peut-on trouver une caravane en partance et qui embaucherait à cette heure ?"

Il n'avait pas vraiment faim mais grignoter était une contenance comme une autre ... et puis ce serait peut-être très bon

Maître du jeu Nombre de messages : 1170 Date d'inscription : 08/10/2005

L'homme aux grosses moustaches se penche par-dessus son bar pour déterminer d'où viens cette voix. Il rigole et frappe du plat de la main sur le comptoir.

"Ha! T'es à Berca-Froisi, bonhomme. Des caravanes qui viennent et qui s'en vont, y'a que ça ici. J'ai reconnu Buriz Marchebois et Vithamar Denverness tout à l'heure, mais ils s'adressent pas à moi pour les petites annonces."

Prenant une des chopes qu'il viens de remplir, il en claque une sur le comptoir devant ton nez.

"Tiens, c'est deux jetons la chope. Qu'est ce que tu veux manger?"

Arrivant Nombre de messages : 16 Date d'inscription : 10/07/2007

Se saisissant prestement de sa chope, Lucien appliqua le bord contre ses lèvres et la stratégie suivante : Parler beaucoup afin de ne pas laisser loisir au commerçant de l'embobiner.
"Merci pour la bière. Je mangerai frugalement car je n'ai pas très faim.
Donnez moi je vous prie, 3 ou 4 saucisses avec une potée de légumes. Quelque chose de très simple, des choux, des navets, des carottes et quelques fèves pour tenir au corps.
Ensuite quelques morceaux de fromage un fruit ou une tarte, voire une compote peut-être ...
Il n'y a pas beaucoup de places de libres mais je vais essayer de mettre près du gnome là-bas.
Vous ne pouvez pas nous manquer nous sommes les deux personnalités les plus hautes - en couleur bien entendu - de la Taverne.
Ceci étant pendant que je suis là, vous faites auberge, n'est ce pas ?
il serait peut-être bon que je réserve ma chambre dès a présent, qu'en dites vous ?"
Mais il s'aperçut qu'il n'était plus en train de négocier un contrat, mais qu'il passait simplement une modeste commande. Et que ses gesticulations avaient comme effet essentiel de projeter la mousse de sa bière en l'air.
Il s'accorda donc une bonne rasade et repris plus simplement
"Faites moi un prix pour le tout, s'il vous plaît et apportez moi ma note avec mon repas, je file avant qu'on me prenne la place que j'évoquais tout à l'heure."
Se dirigeant tout en esquive de grande-gens gesticulant vers une table proche du gnome, il songeait :
Les caravanes doivent partir tôt et dans un grand vacarme. Il s'agit donc de conduire rondement ses affaires pour être prêt à la première heure embauché ou pas.
Au pire je remonterai vers le nord en suivant une caravane. Même s'ils ne m'emploient pas, ils me proposeront sans doute de me joindre à eux afin de mutualiser nos moyens et de voyager plus agréablement.

Maître du jeu Nombre de messages : 1170 Date d'inscription : 08/10/2005

Le moustachu essuya une goutte de mousse ayant sauté sur son nez et regarda le halfelin s'en aller, dubitatif. Quand au gnome, il semble bien occuper à déclamer quelque chose du haut de sa chaise surélevée d'un gros coussin. Quelque chose de visiblement très important, car son auditoire semblait très attentif. Mais Lucien n'eu pas le loisir d'en profiter. La seule place libre qu'il trouva se situait dans une table d'angle. Mais au moins, on ne le derangerais pas. Le tavernier moustachu lui apporta bientôt une bouillie de légume bien garnie avec deux saussisses flottant dedans.

"Y'a plus de chambre. Mais t'as de la chance, il restait des saussisses."

Et la note : tu t'en tire pour cinq pièce d'or.