L'étranger

Pierresauvage, Grand Val, entre les forêts de Rauwlin et de Léthyr

La nuit tombait sur le village. De temps à autre, quelques chiens aboyaient, ramassant une taloche de la part de leur maîtres. Dans la caserne, les gardes se préparaient pour les rondes, mettant de lourds manteaux ; la nuit allait être belle mais fraîche en ce début de printemps. Quelques hommes étaient déjà passablement émechés et cherchaient querelle à quiconque rencontrait leur chemin. Lorsqu'il croisa un étranger, Kanin ne fit pas exception.
C'était pourtant un étranger bizzare : il portait une armure faite de plaques laquées bleues et argentées, avec de larges épaulières surmonté d'oiseaux argentés. Son bas-ventre était protégé par des plaques étroitement lacées, semblant accrochées à une ceinture de tissu qui retenait deux sabres, un long et un court. Il était sur un grand cheval noir qui portait son casque sur la selle, un casque à cimier blanc et avec un masque représentant une gueule de démon. Les quelques vêtements que l'on distinguait, sur ses bras et ses jambes, suggéraient d'amples manches et pantalons, et de grandes chausettes remontant le long du mollet, protégées par un protège-tibia de fer forgé ne s'étendant pas sur un pied reposant sur une sandale de paille. Enfin, cet étranger était étonnament grand, et albinos : sa longue chevelure blanche était soigneusement coiffée, sa peau très pâle et ses fins yeux brillaient comme de la braise. Un peu en arrière, on voyait une femme habillée d'une robe étrange, très longue, dont la coupe rapellait un peignoir, une veste à manches larges retenue par un cordon sur l'abdomen, et dont la chevelure de jais descendait plus bas que sa selle ; elle aussi portait un sabre court à la ceinture.
"Hé, toi, l'étranger ! Tu viens faire quoi ici ?"
L'homme en question adressa un bref signe de tête à la jeune femme et descendit de son cheval. Il dépassait Kanin d'une demi-tête, Kanin qui pourtant était parmi les plus grand du village. L'homme lui parla d'un ton noble, mais sans condescendance.
"Ce que je vais faire ne regarde que moi. Je vous prierais de cesser de me chercher querelle et de vous écarter."
Kanin serra les poings, soutenant le regard glacé de son interlocuteur. Celui-ci porta la main gauche à sa ceinture, et poussa du pouce la garde finement forgée de son sabre long. Cela déssoula Kanin, qui comprit que s'il continuait, il se ferait tuer sans coup férir par ce qui semblait être un guerrier chevronné. Ravalant ce qu'il allait dire, il bredouilla une excuse et s'écarta rapidement, rouge de honte. L'étranger le suivit un temps du regard avant de remonter sur son cheval.
"Venez, Sora-chan, nous sommes presques arrivés à l'auberge."

Pfiou, il y a du style! J'aime beaucoup, les descriptions sont très détaillées... Ca donne envie de connaître la suite.


EDIT klaerla: oui, effectivement. mais peut etre veut il continuer son histoire ici meme. et a ce moment là, il faudrait mieux ne pas poster ici, non?

Taurnil, si tu préfère que je supprime ce post, envoie moi un MP.

Ca ne me gêne pas, bien au contraire, ca me donne envie de continuer ! Et si vous voulez, je pourrais mettre les dessins en ligne ? (enfin, celui du samuraï pour le moment, pour l'autre perso qu'on verra, j'y arrive pas encore)

Pendant ce temps, à l'auberge

Un autre étranger était présent. Mais lui était dans la petite communauté depuis plusieurs années, et il s'était fait accepté, s'occupant d'une petite fermette à l'orée de la forêt. Ce soir, pour fêter l'anniversaire de sa venue, il s'était habillé comme à son arrivé : un ample pantalon plié noir, déchiré et sali en bas, une large veste d'étoffe beige sombre, avec un symbole présent sur chaque côté de la poitrine ; ce qui ne le quittait jamais, en revanche, c'étaient son protège-poignet de cuir au poignet droit et l'espèce de manche, renforcée par du métal entre deux couches de tissu sur l'avant bras et le dos de la main, sans quoi personne n'avait jamais vu cet homme ; il se nommait Kenage.
Une autre chose dont il ne se séparait jamais était son sabre, sabre qui avait permis à la petite communauté de survivre lors de son arrivée, ce qui le convainquit de rester.

Et Kenage était en train de payer une autre tournée lorsque la porte s'ouvrit et qu'un étranger entra. Enfin, l'étranger n'en était pas un pour Kenage. Il ne le conaissait que trop bien : Kakita Sojiro, un ennemi mortel et renommé, dont la technique comme le sabre n'avaient surement rouillé ; quand à lui, un ancien vagabond qui ne s'était plus battu depuis des lustres, que valait-il ? Avant, il aurait pu vaincre cet homme, mais plus maintenant.

Les deux orientaux se fixèrent du regard un long, très long moment. Dans l'auberge, l'ambiance devint électrique. Les conversations se turent tandis que tous ceux qui étaient entre les deux hommes s'écartaient en emportant leurs consommation.
Après plusieurs minutes, l'albinos détourna doucement le regard avec un sourire, puis ressortit. Kenage ferma les yeux et soupira. Maintenant que sa Némésis était arrivée, nul doute qu'il allait souffrir... La fuite semblait sans fin, peut importe la distance qu'il mettait, elle était toujours réduite à néant.
Sentant une main lui tapoter l'épaule, il se retourna, pour voir le Sénéchal, enfin, plutôt le chef des miliciens,son meilleur ami, lui sourire affectueusement.
"Hé bien, Kenage mon gars, serait-ce la fameuse Grue Blanche ?
-Oui... A ma grande peur.
-Pourtant c'est lui qui s'est enfui !
-Nt nt, détrompe-toi. Il a juste décidé de remettre le combat à plus tard... Cela pourra me laisser une chance.
-Hé, ne repars pas !"
Kenage pouffa.
"Hors de question ! Il faudra juste que je m'entraîne.
-La milice est là pour ca en ce moment !"

Dehors, Sora voyait revenir l'albinos, qui remonta sur son cheval.
"Il y a un problème ?
-Non, non. Grâce aux kamis, l'assassin du père de ton fiancé est ici. Il mourra par ma main, je te le jure."
La jeune femme eu juste un pâle sourire. Elle ne comprenait pas pourquoi Sojiro tenait cette affaire tant à coeur... Ou alors, elle ne le savait que trop bien. Après toutes ces années, il était encore rongé par le remords...